L’art subtil du commentaire-critique

On me demande souvent quels sont les critères que j’utilise quand j’écris des critiques (reviews) de livres ou de films. En fait, j’utilise les même critères que j’ai développé au cours des années alors que j’écrivais des critiques d’abord pour Samizdat (un fanzine de science-fiction et fantastique québécois, 1987-1994) et, par la suite, pour Protoculture Addicts (un magazine sur la culture, le dessin animé et la bande-dessinée japonaise, 1987-2008). J’ai été rédacteur-en-chef pour ce dernier pendant plus d’une vingtaine d’années et ce sont ces même critères auxquels je demandais à mes collaborateurs d’adhérer. Je vais donc profiter de la présente occasion pour vous expliquer un peu comment je procède. Et je suggère à quiconque qui désire écrire des critiques de suivre ces quelques lignes directrices.

J’aimerais d’abord définir la critique comme étant un simple commentaire et non pas une critique analytique. Cette dernière cherche à étudier, en profondeur, les moindres aspects d’une oeuvre: les motivations des personnages, les choix narratifs, le message de l’auteur, etc. Une simple critique, quant à elle, n’est qu’un commentaire qui se veut ni objectif, ni constructif, ni négatif : c’est juste une opinion, un ressenti, que l’on exprime. On aime ou on aime pas, et on tente d’expliquer pourquoi, en décortiquant brièvement les impressions que l’oeuvre nous a laissé.

Je préfère d’ailleurs parler de “commentaire” et non de “critique” car ce dernier terme fait plus pompeux et peut aisément être confondu avec son cousin analytique. Un commentaire donne une impression plus modeste. On ne cherche pas a donner de leçon mais simplement à dire ce qu’on en pense. Dans le cas d’un livre, on pourrait parler de commentaire de lecture mais comme on peut commenter aussi des documents audio-visuels (des BD ou des manga, des films (vu au cinéma, en Dvd, ou Blu-ray), ou même de la musique (concert, CD)) je préfère m’en tenir simplement à “commentaire.” Bien sûr, l’approche sera un peu différente selon le type d’ouvrage  que l’on commente (livre, cinéma, musique).

Une autre question que j’entend parfois c’est “pourquoi se donner la peine de faire un commentaire” alors que l’on pourrait bien se contenter d’apprécier une oeuvre pour ce qu’elle est sans trop se poser de question. Je dois avouer que pour moi c’est plus une déformation professionnelle. J’ai écrit tellement de commentaires pour les publications pour lesquelles je travaillais que maintenant je ne peux pas m’empêcher d’analyser et de penser à ce que je ressens au fur et à mesure que je progresse dans le livre que je lis ou dans le film que je visionne. Et tant qu’à avoir des idées ou des opinions, pourquoi ne pas les partager? Car la raison fondamentale d’un commentaire c’est cela: partager ses coups de coeur (ou de foudre!), son amour (ou parfois son aversion) pour une oeuvre, ou simplement donner son opinion. Parfois, aussi, il s’agit de vouloir aider les autres à comprendre et à mieux apprécier une oeuvre ou, tout au moins, à partager la façon dont nous percevons une oeuvre (à travers le prisme de nos expériences personnelles, de notre savoir, de notre vécu). Si nous sommes passionné par un sujet, il est tout naturel de vouloir partager cette passion. Le lecteur (du commentaire) en fera bien ce qu’il veut…

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Avant toute chose, un commentaire se doit d’être bref. Sinon on tomberais dans l’analytique. Pour ma part, je n’entrevois que deux type de commentaires. Le commentaire standard (où je donne mon appréciation et tente de justifier mon opinion) devrait avoir entre cent et mille mots. Pour être intéressant un commentaire doit tout de même avoir de la substance (et cela est un peu difficile en moins de cent mots) mais pas trop (après mille mots ça devient plutôt un essai et non un commentaire). J’ai vu trop de commentaires où les gens disaient simplement “je recommande ce titre parce que je l’ai lu et que j’ai trouvé ça bon.” Mais encore? Pourquoi avez-vous aimé ça? Il faut mettre un peu de chaire pour qu’un commentaire en vaille le peine!

À moins, bien sûr, qu’il s’agisse d’un commentaire-capsule. On y exprime brièvement, simplement et sans détour notre opinion. On la justifie laconiquement si possible. On fait de son mieux pour accrocher l’intérêt du lecteur, l’intriguer à l’aide d’allusions judicieuses. Une capsule de cinquante à cent mots sera facilement avalée et digérée par le lecteur. On lui laisse le soin de rechercher par lui-même les détails de l’oeuvre (à l’aide de quelques indices qui peuvent prendre la forme d’hyper-liens s’il s’agit d’un blogue). Je suggère de regrouper ensemble plusieurs commentaires-capsules (selon une thématique ou pour couvrir brièvement par exemple les livres lus ou les films vus dans le dernier mois).

Selon mon expérience, un commentaire de substance devrait contenir les cinq éléments suivants:

  • un bref résumé (pour donner une idée de ce quoi on parle)
  • une appréciation (où l’on exprime notre opinion). Est-ce que l’on a aimé ou pas?
  • une justification (qui nous permet d’expliquer notre opinion, d’étayer notre appréciation et d’élaborer notre argumentation). Qu’est-ce qu’on aime ou aime pas? C’est bon, pas bon, mais pourquoi? Il faut donner des détails, mettre de la viande autour des os. Par exemple: l’histoire est excellente car elle a une grande profondeur, de bons dialogues, et c’est crédible. L’animation est moyenne car elle manque de netteté ou de détails.
  • un contexte (où l’on tente comprendre l’oeuvre  dans un ensemble). Où se situe l’oeuvre dans le contexte du travail de l’auteur, de l’époque ou du genre? Où se situe-t-elle dans le contexte de notre propre expérience de lecture (qu’est-ce que cela évoque pour nous?) ou dans le contexte de notre expérience personnelle ? Si vous avez lu toutes les oeuvres de cet auteur, comment cette oeuvre particulière se compare-t-elle avec les autres? Il ne faut pas se gêner aussi pour donner des anecdotes personnels (“ça me rappel ce qui est arrivé à mon oncle George“, ou ce personnages me rappelle mon oncle Georges qui était comme ci, ou faisait toujours comme ça, etc.). On peut aussi approfondir un peu (mais pas trop) en se demandant si l’auteur avait un thème, un message. Que veut-il nous faire découvrir? Des fois c’est un peu comme un test de Rorschach : on peut y voir des choses qui n’y sont peut-être pas et cela en dit plus sur nous que sur l’auteur. Il n’y a donc pas de mauvaise réponse: on perçoit l’univers de l’auteur à travers le prisme de notre propre expérience…
  • une évaluation ou indice quantitatif (rating). C’est une façon de résumer très brièvement toute l’essence de notre opinion. De cette façon, même si on ne donnait que cette information, le lecteur aurait d’emblée une idée précise de ce que l’on pense de l’oeuvre. Pour ce faire, je favorise un simple système sur cinq étoiles (avec des demi-points à l’occasion) :

stars-0-0:  0    : complètement nul (indice à n’utiliser que très rarement)
stars-1-0:  1     : pathétique, à éviter (indice à utiliser rarement)
stars-2-0:  2    : pauvre, décevant, bof…, pour les mordus ou les curieux
stars-2-5:  2.5 : moyen, ordinaire, à voir mais sans plus
stars-3-0:  3    : bon, intéressant
stars-3-5:  3.5 : très bon
stars-4-0:  4    : excellent ! (soyons aussi parcimonieux avec ce genre d’indice)
stars-5-0:  5    : exceptionnel, chef d’œuvre !! (ce genre d’indice devrait être très rare)

Dans le cas d’un commentaire-capsule, on peut s’en tenir à une appréciation, une justification laconique et un indice quantitatif.

Pour terminer, un commentaire doit aussi être agrémenté de trois éléments importants:

  • de l’information sur l’oeuvre commentée (dans le cas d’un livre il faut mentionner mentionner l’auteur, l’éditeur, l’année de publication, le nombre de page, le numéro ISBN, etc.; dans le cas d’une BD, d’un DVD ou d’un CD il faut aussi mentionner toutes les information pertinentes). Il est important que le lecteur du commentaire puisse savoir précisément de quelle oeuvre on parle (i.e. quelle édition en particulier) et qu’il puisse facilement la retrouver s’il désir l’emprunter à une bibliothèque ou l’acheter.
  • des éléments graphiques pour agrémenter le commentaire: illustration de couverture et, dans le cas de BD ou d’un manga, des exemples de pages ou des dessins.
  • des hyper-liens Dans le cas d’un commentaire publié sur une page web ou un blog, il est important d’utiliser des hyper-liens pour étayer ses arguments avec concision à l’aide de références (en renvoyant à un article de journal par exemple pour démontrer que l’idée que l’on viens d’énoncer est bien établie), de clarifier un concept en renvoyant à une source encyclopédique ou un dictionnaire (par exemple, si on mentionne le bouddhisme on peux renvoyer à Wikipedia afin de permettre à ceux qui ne sont pas familier avec ce concept de mieux le comprendre) et d’offrir aux lecteurs des avenues qu’ils puissent emprunter s’ils sont intéressé à approfondir plus loin leur connaissances (en mettant des liens vers de l’information sur l’auteur, vers IMdB, vers d’autres critiques, etc.). C’est comme les notes en bas de page dans un livre. Personnellement, j’utilise beaucoup Wikipedia (je n’ai pas vraiment de crainte quand à la qualité de l’information car elle y est en général vérifiée par des pairs — mais il est quand même prudent de la vérifier soi-même avec une deuxième, ou même troisième, source), Amazon (pour permettre aux lecteurs d’acquérir le titre commenté), Youtube (pour les bandes-annonces de films afin que le lecteur puisse se faire une idée par lui-même), IMdB (pour les détails sur les films; pour les films asiatiques j’utilise aussi AsianWiki), WorldCat (pour les références bibliographiques), le catalogue du Réseau des bibliothèques de Montréal (pour que le lecteur ait l’option d’emprunter le document s’il le trouve intéressant ou pour les références bibliographiques) ou encore Goodreads (pour voir les commentaires d’autres personnes).

Écrire un commentaire n’est pas très compliqué. Il faut simplement commencer par se faire un plan avec nos idées de bases, puis élaborer chaque points méthodiquement. L’idéal c’est de prendre des notes en cours de lecture ou de visionnement, ou toute de suite après, afin de bien se rappeler de nos premières impressions. Bien sûr ce n’est pas toujours facile: des fois on peut regarder un film ou lire un livre et avoir le sentiment qu’il n’y a rien à en dire. Il m’arrive même de ne pas être sûr si j’ai aimé ça ou pas. Dans ces cas là j’ai un petit truc qui me permet d’observer d’une façon plus objective la qualité d’une oeuvre: c’est d’essayer de décortiquer mes impressions en éléments plus simples, d’en donner une évaluation quantitative en divisant l’oeuvre en cinq critères techniques qu’il sera probablement plus facile de juger séparément.

Dans le cas d’un livre, je tente d’évaluer séparément les cinq critères suivants:

  • concept (histoire, idée de base)
  • récit (narration, fluidité)
  • intérêt (intéressant, captivant, conserve notre attention)
  • émotion (est-ce que le livre nous trouble, nous fait rire ou pleurer, nous laisse indifférent au sort des protagonistes?)
  • exécution (langue, orthographe, dialogue, division des tableaux, autant de petits détails qui peuvent parfois nuire à la lecture en nous agaçant et en distrayant du récit)

Dans le cas d’un anime (animation japonaise):

  • concept / design (originalité, proportions, attractivité)
  • animation (uniformité, précision, netteté, détails),
  • bande sonore (qualité, originalité, soutien à l’histoire),
  • histoire (intérêt, profondeur, cohérence, crédibilité, bon dialogues, bon montage, ambiance)
  • traduction (précision, timing, qualité du doublage).

Dans le cas d’une BD ou d’un manga:

  • concept / design (originalité, proportions, qualité);
  • dessin (originalité, qualité, détails);
  • encrage ou coloration / lettrage (qualité, apparence, rendu de l’art);
  • histoire (intérêt, profondeur, cohérence, crédibilité, traduction);
  • récit / narration (fluidité, rendu de l’histoire, dialogues).

Dans le cas d’un film (au cinéma ou en format DVD/Blu-ray):

  • scénario (histoire, adaptation)
  • cinématographie (photographie, montage et autres aspects techniques comme le son, l’éclairage, etc.)
  • jeu des acteurs (convainquant? riche en émotions?)
  • musique (originalité, montage sonore, soutien à l’histoire)
  • concepts (costumes, décors, effets spéciaux, etc.)

Dans le cas de musique (concert ou enregistrement sur CD):

  • texte (original, intéressant, pertinent, compréhensible, bien exécuté?)
  • mélodie (agréable, bien exécuté?)
  • originalité
  • persistance (est-ce que l’on se remémore facilement la pièce de musique, est-ce qu’elle reste accroché dans notre esprit, ou est qu’elle est peu mémorable)
  • pertinence (est-ce que la pièce s’accorde bien avec le reste de l’album, ou est ce que l’album s’intègre bien dans l’oeuvre de l’artiste)

Bien sûr, cet exercice de réduction n’a pas besoin d’apparaitre dans le commentaire. C’est simplement une façon de mieux comprendre et évaluer notre appréciation d’une oeuvre. Pour obtenir un indice quantitatif utilisable dans le commentaire on peux donner à chaque critère une évaluation en cinq points (en utilisant des demi-points si nécessaire). On peut même pousser plus loin et donner une évaluation aux sous-critères (les points ou questions entre parenthèses) en les qualifiant de bon, moyen ou mauvais et ainsi obtenir une bonne idée de notre impression de chacun des critères. On fait alors la moyenne du total de tout les critères (on additionne les points de tout les critères et on divise par cinq en arrondissant au demi-point près) et cela nous donne une impression générale de l’ensemble de l’oeuvre.

Par exemple, si j’ai visionné une animation japonaise et que je trouve l’histoire excellente (4.5 points), l’animation plutôt moyenne (2.5 pts), les designs intéressants (3 pts), les sous-titres mal minutés (bon mais avec une pénalité d’un demi-point: 2.5 pts) et la bande-sonore d’un piètre intérêt et qui parfois enterre les dialogues (2 pts) alors j’obtiens un total de 14.5 points, ce qui fait une moyenne de 3 étoiles  (2.9 arrondi vers la valeur la plus proche). J’espère que cela ne vous apparaît pas trop compliqué…

Il y a aussi deux aspects d’une oeuvre qui, selon moi, ont autant d’importance l’un que l’autre et qu’il faut considérer quand nous faisons un commentaire: l’aspect artistique (dans quelle mesure l’oeuvre est techniquement bien conçue) et l’aspect divertissement (dans quelle mesure l’oeuvre a été agréable à lire ou à visionner, et m’a fait passer du bon temps). On peut qualifier chacun de ces aspects avec un indice si on le désir (et l’inclure ou pas dans notre commentaire). C’est important car, par exemple, un film d’auteur peut être un chef d’oeuvre cinématographique (excellent techniquement et histoire très touchante) mais être ennuyant à mourir. En opposition, un film d’action Hollywoodien peut-être un thriller captivant qui vous tient sur le bout de votre siège avec ses poursuites de voitures et ses explosions extraordinaires mais être techniquement un navet (scénario nul et invraisemblable, inconsistances dans l’histoire, dialogues pauvres, personnages superficiels, etc.).

Bien sûr rien de tout cela n’est obligatoire. Ce ne sont que des lignes directrices que je me donne moi-même quand j’écris un commentaire et que je vous suggère d’adopter si vous en écrivez. Il faut avouer que c’est amusant d’écrire des commentaires et je vous le recommande. Alors, à vos clavier?

Il ne faut pas être gêné d’exprimer son opinion. Le style de l’écriture n’a pas d’importance. Ce qui est important c’est simplement d’être clair et précis, de bien se faire comprendre et de transmettre ses idées. On doit cependant bien faire transparaître notre enthousiasme pour une oeuvre et donner au lecteur du commentaire le goût de la lire. Les commentaires sont donc surtout positif car il n’est pas vraiment pertinent de vouloir partager une opinion négative (à moins de vouloir faire une mise en garde). Par contre, dans le cas d’un commentaire professionnel, il faut toujours avoir à l’esprit qu’un commentaire doit être bien balancé (comme le ying et le yang) et l’on doit essayer d’y mettre autant d’aspects positifs que négatifs.

De préférences, on devrait toujours signer ses commentaires (ne serait-ce que de vos initiales). Il faut avoir le courage (et la fierté) de ses opinions. Un commentaire anonyme n’a jamais le même impact. Surtout si les gens ont l’habitude de vous lire régulièrement, avec le temps ils connaissent vos goût et vous font confiance.

Écrire un commentaire ne devrait pas être une obligation, on le fait pour le plaisir de partager. Cela doit être une expérience amusante et même parfois enrichissante car en réfléchissant sur ses lectures, sur les émotions que cela provoque en nous, sur l’intention de l’auteur, les motivations des personnages, etc., cela nous fait découvrir un tas de choses sur le monde qui nous entour et sur nous même! La lecture et le cinéma nous font voyager, alors un commentaire c’est un peu comme un carnet de voyage.

Si vous êtes intéressé à écrire des commentaires (et que vous n’avez pas de blogue — quoi qu’il est très facile, et gratuit, d’en partir un avec Blogger) vous pouvez toujours les mettre sur votre page Facebook. Des tas de gens ont un blogue de lecture. Vous pouvez aussi contacter des périodiques (comme Les Libraires, Lurelu ou Solaris) pour voir s’ils acceptent des commentaires du public. Vous pouvez aussi envoyer vos commentaires de lecture au Club des Irrésistibles ou les mettre sur Goodreads (il suffit de s’inscrire gratuitement).

Pour ma part, j’écris des commentaires de films et de livres sur mon blogue (ou ses incarnations précédentes) depuis plus de dix ans. Si vous désirez voir des exemples concrets de ce que je vous ai présenté dans cet essai, vous y en trouverez en grand nombre (en français et en anglais — j’ai pour principe de commenter une oeuvre dans la langue où je la lis ou la visionne):

 

Chose amusante, j’ai découvert en décembre une version plus ancienne de cet article que j’avais écrite pour un numéro spécial de Protoculture Addicts (PAX #3) en 2009! J’avais complètement oublié cette version et j’ai ré-écris l’article à partir des notes que j’avais préparé pour l’équipe de rédaction du magazine. L’article est en anglais (il est toutefois disponible en traduction automatique) et peut toute de même constituer une lecture intéressante pour comparer mon approche actuelle à celle que j’avais il y a dix ans!

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3 thoughts on “L’art subtil du commentaire-critique

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