Hier matin, j’ai eu la chance — grâce à mon travail — d’assister à une conférence de l’écrivaine Kim Thúy, organisée par le comité culturel Un temps pour l’art à la salle de diffusion de Parc-Extension (au Centre William-Hingston). Ce fut une expérience très intéressante.
L’auteure nous a présenté sa toute dernière publication (octobre 2017), un livre de recette “unique en son genre” intitulé Le secret des vietnamiennes. Traditionnellement, les recettes de cuisines étaient considérées par les femmes vietnamiennes quasiment comme des secrets d’état. Avec ce livre, Kim Thúy partage quelques uns des secrets de sa mère et de ses nombreuses tantes.
Kim Thúy nous a parlé de son livre, certes, mais en faisant beaucoup de détours et discutant un peu de tout: de son expérience de “boat-people”, du fait qu’elle a été avocate pour une grosse firme, qu’elle a ensuite ouvert un restaurant, de ses voyages à Paris, au Japon, d’une visite à Washington pour le mariage d’un cousin où toute la famille s’est entassée dans la maison de sa tante (voir extrait vidéo plus bas), des fois où — malgré elle — elle a mangé du chien ou du rat, de ses conversations avec les chauffeurs de taxi, etc.
Si son oeuvre de romancière prends source dans son profond vécu, il n’est pas surprenant qu’elle produise aussi un livre de cuisine lorsque l’on sait que son parcours l’a aussi amené à être chef-propriétaire d’un restaurant et chroniqueuse culinaire. Elle nous a un peu parlé du rôle de la nourriture dans la culture vietnamienne et de la genèse du livre. Il s’agissait de partager des recettes familiales, certes, mais un livre de cuisine c’est aussi beaucoup de design et de photographies et ces aspects ont nécessité beaucoup d’efforts (certaines photos ont demandé plusieurs heures sinon parfois plus d’une journée de travail!).
Kim Thúy est une femme charmante (elle nous charme mais aussi nous séduit — j’oserais même dire que c’est une très belle femme: comme beaucoup de femmes asiatiques, au seuil de la cinquantaine, elle en paraît au moins vingt ans de moins!). Elle a la verve d’une conteuse née et enchaîne anecdotes après anecdotes avec l’enthousiasme d’une collégienne. Franchement, elle nous aurait lu sa liste d’épicerie que nous l’aurions écouté avec autant d’attention!
J’ai tout de même été un peu déçu car, étant donné que la conférence était intitulé “Profession: Écrivaine”, je m’attendais à ce qu’elle nous parle un peu plus de son travail d’auteur et de son processus d’écriture… Sur ce sujet d’ailleurs, une petite note sur le fait que le dernier numéro du magazine Collection (Vol. 5, no 1 – mars 2018 – “Écrire”) est justement consacré à l’Écriture (avec une majuscule).
Kim Thúy a écrit jusqu’à maintenant quatre romans (disponibles en bibliothèques ou en librairies): Ru (publié en 2009, où elle raconte les souvenirs d’une jeune réfugiée vietnamienne au Québec), À toi (paru en septembre 2011, écrit en collaboration avec Pascal Janovjak, une méditation / correspondance sur “le parcours de deux enfants de l’exil et du nomadisme”), Mãn (paru en avril 2013, “une histoire d’amour entre une femme et celles qui l’ont, tour à tour, fait naître, allaitée, élevée”) et Vi (paru en avril 2016, “raconte l’histoire de Bào Vi, la plus jeune soeur de trois grands frères”). Malgré les nombreux prix littéraires (prix du Gouverneur général du Canada, grand prix RTL-Lire, prix italien Premio Mondello per la Multiculturalità, Prix du grand public du Salon du livre de Montréal, Grand Prix littéraire Archambault, finaliste pour le prix Giller, etc.) et la traduction en plus de vingt-cinq langues, tout le tapage publicitaire, les multiples reportages et entrevues à la télé, je n’ai jamais vraiment été tenté de lire l’un de ces romans. Pourtant, après avoir rencontré Kim Thúy et l’avoir entendu en conférence, je suis malgré moi tombé sous son charme et me suis précipité pour lire Ru…
Voici un extrait de la conférence pour vous donner une idée (1 min.):
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