Après une première soirée plutôt tranquille, l’action commence vraiment à Boréal, le congrès québécois des littératures de l’imaginaire (science-fiction, fantastique et fantasy)!
Aujourd’hui (Samedi, 5 mai) j’ai assisté à une enfilade de panels qui m’apparaissaient au départ plus ou moins intéressants, mais qui offraient malgré tout toujours des aspects fascinants qui font de l’événement une occasion incontournable pour en apprendre plus sur la nature du genre ou sur la faune colorée formée par les auteurs et autres intervenants du milieu. J’y ai appris, par exemple, que l’éditeur Rivière Blanche (filiale francophone de l’éditeur américain Black Coat Press) avait été créé pour prendre la suite et rendre hommage à Fleuve Noir (non seulement en publiant des textes nostalgiques des années ’70, en pastichant ses couvertures mais aussi en poursuivant la numérotation de ses volumes là où Fleuve Noir s’était arrêté!); que Jo Walton écrivait de l’ “uchnonie discrète”; ou que l’on pouvait faire de la poésie de science-fiction (c’est le cas avec Nous rêvions de robots de Isabelle Gaudet-Labine)… Et le lieu où se déroulait les panels (le Temple Maçonnique de Montréal!) était vraiment fascinant…
Premier panel de la journée: “Atelier de Belta Lang” avec Hanne Madeleine Gates Paine qui nous introduit au langage parlé par les Belters (habitants de la ceinture d’astéroïdes, regroupés sous la bannière de l’OPA, the Outer Planets Alliance) dans l’excellente série télé The Expanse. J’ai été plutôt déçu car je m’attendais à ce qu’on discute de la génèse de la langue et non à un cours de langue! Amusant tout de même.
Je passe donc à l’autre panel : “La chaîne du livre, écosystème du domaine littéraire”, animé par la libraire Josée Lepire (Coop ETS), avec les éditeurs Séléna Bernard (Bragelonne), Jean Pettigrew (Alire) et Guillaume Voisine (Brins d’Éternité). Il est intéressant de voir comment la trajectoire d’un livre peut être complexe, de l’éditeur au distributeur, puis au libraire et au lecteur! Une chaîne du livre en constant changements, ce qui explique la grandes difficultés qu’éprouvent tant les éditeurs que les libraires…
Deuxième panel de la journée : “Rétro-futur: steampunk, pulp et autres emprunts au passé”, animé par la libraire Josée Lepire (Coop ETS), avec Frédérick Durand, Cédric Ferrand, Claude Lalumière et Christian Sauvé. En tant qu’historien et amateur de SF, les uchronies m’ont toujours intéressé. Il en est ressorti cet intéressant concept que, lorsque le futur des lendemains qui chantent est mort avec le XXIe siècle (où sont les pistolasers et les voitures volantes que l’on m’avait promis?!), l’imaginaire s’est réfugié dans le passé pour réinventer un futur à la hauteur de nos aspirations. Une discussion vraiment cool!
Troisième panel de la journée : “L’imaginaire a-t-il une langue” animé par Alain Ducharme, avec Marie Bilodeau, Derek Künsken, Sylvain Neuvel, Olivier Paquet et Patrick Senécal. Il y a-t-il des différences culturelles dans l’imaginaire anglophone et francophone? Certainement, puisque chacun perçoit son univers au travers de sa propre culture… Étrangement, les trois premiers auteurs mentionnés ci-haut sont francophone mais écrivent en anglais. Mais c’est pas juste une question de marché: j’ai moi-même beaucoup de difficulté à lire de la SF en français. Je ne sais pourquoi, en anglais cela me parait plus sérieux. Alors je comprend que certains préfèrent l’écrire en anglais…
Quatrième panel: “Cyborg et réalités virtuelles: corps et l’image en SF”, animé par Mathieu Lauzon-Dicso (Prof au College Marianopolis et instigateur d’Horizons Imaginaires), avec Sabrina Calvo, Isabelle Gaudet-Labine et Karoline Georges. L’identité et la perception de soi sont des thèmes cruciaux de la SF. Et ces auteures ont des imaginaires (ou des processus d’écriture) particulièrement étranges…
Cinquième panel : “Rétro ou futuriste, humain ou pas: le personnage dans la littérature de genre”, animé par Natasha Beaulieu, avec Sabrina Calvo, Esther Rochon, Patrick Senécal et Élisabeth Vonarburg. Natasha demande à ces auteurs quels sont leur personnage préféré, qui les a inspiré et pourrait-il exister dans un autre contexte, un autre genre? Le personnage préféré d’Élisabeth (réticente à répondre à ce genre de question) est Gilles dans Reine de mémoire. Pour Esther, c’est le prince dans la série Chroniques Infernales. Pour Patrick, c’est Maxime Lavoie dans Le Vide (et il nous révèle que le prof le plus débile de Malphas est actuellement son seul personnage inspiré d’une personne réelle). Pour Sabrina, il s’agit de Colline dans Sous la colline.
Après un bon souper, on termine la journée avec “Visionnement par la bande-annonce”, présenté par Christian Sauvé. C’est un événement incontournable de tout congrès Boréal, où Christian nous propose de nombreuse bandes-annonces de films (SF, étonnants, poches, super-héros, animations de Disney), histoire de rigoler. Il inclus souvent quelques videos édifiants (cette fois-ci un video mexicain anti-Trump et un video utilisant la technologie d’édition de visages où l’on voit Trump et ses acolytes se faire arrêter). On s’est bien amusé! Merci Christian!
Voir aussi mes commentaires sur le Jour 1, le Jour 3, et l’album “Visages de la SFFQ”.
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