“Sôsuke et O-Yone vivent avec le poids d’un secret qui ombre de mélancolie leur amour tendre et leur jeunesse. L’heure est-elle venue de payer leur dette ? Pour savoir ce qu’il en est vraiment, Sôsuke se retrouve devant la porte d’un temple zen.
Un grand roman de Sōseki magistralement adapté en manga, dans le décor attachant du Japon d’il y a cent ans.”
[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]
Les Éditions Philippe Picquier se spécialisent dans la publication d’auteur japonais. Récemment ils ont commencé à inclure dans leur catalogue des adaptations en manga de classique de la littérature japonaise. En général, le style graphique de ces adaptations est très simple, alors que l’effort est surtout mis sur l’adaptation du texte (de façon assez similaire à la fameuse collection “Classiques” chez Soleil). Toutefois, même si ces mangas ne paie pas trop de mine visuellement, ils sont plutôt intéressant à lire car il nous font (re-)découvrir des classiques.
La Porte (門 / Mon) est une adaptation du roman éponyme de Natsume Sōseki par INOUE Daisuke (un ancien élève de Tezuka). Le roman original a été publié au Japon en 1910 — c’est le dixième roman de Sōseki, qui est surtout connu pour Je suis un chat (1905) et Botchan (1906). L’adaptation a été sérialisé dans Garaku no Mori et publié au Japon par Homesha en 2010.
Nonaka Sōsuke est un jeune fonctionnaire mélancolique et indécis (un grand flanc mou comme on dirait ici) qui mène une vie ennuyeuse avec son épouse O-Yone. On découvre leur parcours, leur vie quotidienne: O-Yone tombe malade, Koroku — le jeune frère de Sōsuke — leur rend visite, ils apprennent que leur oncle a dilapidé leur héritage et, surtout, le secret qui les ronge nous est révélé. O-Yone était la fiancé de Yasui, un ami de Sōsuke, mais ils tombèrent amoureux l’un de l’autre et s’enfuir ensemble. Cette union répréhensible les mis au banc de la société et la culpabilité garda leur mariage infécond. L’angoisse de sa situation étant devenue intolérable, Sōsuke veut changer sa vie et décide d’aller méditer dans un temple zen. Mais il doit réaliser que c’est au-delà de ses capacités et que la porte de l’éveil lui restera fermé.
L’histoire, qui ne semble pas progresser ni apporter de résolution aux personnages, nous apparait comme incomplète. Mais peut-être était-ce là le sujet dont Sōseki voulait traiter: Sōsuke découvrant ses limites et ses responsabilités… même si il lui est impossible de changer son destin. Cela constitue sans doute une intéressante réflection philosophique mais demeure peu divertissant. En effet, le style sobre et épuré (un peu trop simple à mon goût) de INOUE et le récit lent et contemplatif de SÔSEKI en fait une lecture un peu morne. Toutefois, La Porte nous permet de découvrir l’oeuvre de Sōseki et d’avoir un aperçu de la vie quotidienne à l’ère Meiji. C’est donc décevant mais quand même intéressant.
La porte par INOUE Daisuke (dessin) et SÔSEKI (texte). Arles: Éditions Philippe Picquier, février 2018. 224 p., 15 x 22 cm, 15,50€ / C$ 27.95. ISBN 978-2-8097-1275-9. Extrait disponible sur le site de l’éditeur. Pour lectorat adolescent (14+).
Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:
[ Amazon — Biblio — Goodreads — Google — Wikipedia — WorldCat ]
© Inoue Daisuke / HomeSha, 2010. © Éditions Philippe Picquier pour la traduction française – Tous droits réservés.
[ Translate ]