“Il n’y a aucune raison pour qu’une histoire soit comme une maison, avec une porte pour entrer, les fenêtres pour regarder les arbres et une cheminée pour la fumée… On peut très bine imaginer une histoire en forme d’éléphant, de champ de blé ou de flamme d’allumette souffrée.” — Moebius 1976
[ Texte de la couverture arrière ]
Cette compilation de 45 planches regroupe deux différents albums de Moebius.
Le premier album est Arzach qui nous offre quatre histoires sans dialogues et un peu plus d’une douzaine de planches (dont une avec dialogues, certaines en couleurs, d’autres en noir et blanc, certaines sur deux pages) qui semblent plus être des illustrations que des histoires et qui n’ont pas de lien apparent entre elles. Les titres sont des variations orthographiques de Arzach: Harzack, Harzak, Arzak, Harzakc, Harzach, Arrzak.
Dans une première histoire qui précède la préface (deux planches, en N&B), Harzack pisse derrière un building et se fait prendre, mais la flaque d’urine prends des allures tentaculaires et saisie le policier. (Parue dans Métal Hurlant #3 (2e trim. 1975): 6-7)
Dans une deuxième histoire (huit planches couleurs), Arzach espionne une femme nue qui s’habille mais est surprit le mari de celle-ci. Il capture celui-ci et le suspend à un squelette géant mais tout ça pour rien car, finalement, la beauté de la femme laisse à désirer… (Parue dans Métal Hurlant #1 (1er trimestre 1975): 19-26)
Dans une troisième histoire (huit planches couleurs), Harzak vole au-dessus de la plaine carnivore sur son fidèle Ptéroïde, son bagage étant sur le dos d’un deuxième ptérosaure bio-mécanique. Mais après un long vol, ce dernier fatigue et s’abime dans les herbes tueuses. Harzak doit reposer sa monture mais le seul havre possible est une sorte d’arche occupé par un primate géant, rouge et féroce. Plein de nonchalance, le héros triomphe. Celle-ci est mon histoire préférée grâce au superbe graphisme de Moebius. Dans ma jeunesse, j’avais fait un poster avec l’une de ces planches. (Parue dans Métal Hurlant #2 (2e trim. 1975): 19-26)
Dans la quatrième histoire (huit planches couleurs), un homme arrive en voiture près d’une sorte de temple en pierre. Il y entre, traverse une foule d’hommes verts passifs/agressifs, puis entre dans une pièce où il répare un équipement. Au loin, un Ptéroïde inanimé se réveille. Sa tâche accomplie, l’homme repart avec sa voiture… (Parue dans Métal Hurlant #4 (4e trim. 1975): 19-26)
Le deuxième album, L’Homme est-il bon?, nous offre onze histoires courtes: “Les clans de la lune alphane” (1 p.), “Le jeudi noir” (2 p.), “L’Homme est-il bon?” (10 p.), “Quelques books” (1 p.), “Le cerveau du Major (The Long Tomorrow, 16 p.)”, “Le café” (1 p.), “Science Fiction Chronicle” (1 p.), “Babel 17” (1 p.), “Une famille de nageur” (1 p.), “L’univers est bien petit” (8 p.) , et “Ballade” (9 p.). La plupart de ces histoires sont très courtes et souvent constituent une sorte de commentaires de lecture illustrés de romans de SF. Seulement quatre histoires méritent vraiment notre attention.
Dans l’histoire titre, un soldat est poursuivi par une troupe de créatures féroces et vertes. Ils le rattrapent, lui arrachent ses vêtements, puis leur chef lui arrache l’oreille gauche à l’aide d’un tentacule et la goûte. Il fait une grimace, et la recrache! La troupe poursuit son chemin laissant l’homme penaud et nue. On en déduit donc que la réponse à la question du titre est, non, l’homme n’est pas bon!
Dans de “The Long Tomorrow”, un détective privé est engagé par une riche dame pour récupérer un colis dans les bas fonds de la cité (dans un casier à bagage de la station de sub du 199e niveau). Il récupère la malle sans trop de mal, mais lorsqu’il revient au 12e niveau pour la remettre à la dame, le conapt de celle-ci est occupé par la police. La fille a été tué et torturé abominablement. On lui apprend qu’un espion arcturien rôde dans la ville à la recherche du cerveau du Major. Sur le chemin du retour, un assassin tente de le tuer mais il réussit à l’éliminer près de l’astroport. Chez lui, il ouvre la malle qui contient, bien sûr, le cerveau du Major. La fille lui rend visite inopinément, expliquant que la morte était un double androïde. Alors qu’il baise la fille, le lieutenant Fy l’appelle pour l’avertir que l’espion est en fait la fille. Le camouflage télépathique de celle-ci étant tombé, elle lui apparait comme une masse tentaculaire, qu’il élimine malgré ses suppliques. Le cerveau retrouve son propriétaire… affaire classée! Cette superbe histoire, ma favorite de l’album, créée sur un scénario de Dan O’Bannon, est en quelques sorte la genèse de l’Incal.
Dans “L’univers est bien petit”, un couple en voyage interstellaire atterrit sur une planète et y découvre un naufragé qui s’avère être un vieil ennemi. Toute le monde s’entretue…
Dans “Ballade”, un jeune explorateur traverse la bio-forêt en récitant du Rimbaud. Il rencontre une faunesse, qui le sauve de l’attaque d’un Euchinus et décide de se joindre à lui pour découvrir des villes humaines lointaines et pleines de merveilles. Mais dès leur première rencontre avec une troupe de ces citadins, ils sont massacrés sans questions. Moebius aime bien ces fins absurdes, subites et tragiques… Cette histoire nous montre un bel univers original et intriguant.
Cette compilation nous offre quelques uns des meilleurs exemples d’histoires de science fiction par Moebius. Très intéressant (et divertissant); à lire.
Cette édition compilant les deux albums n’est plus disponible mais ils sont sans doute encore disponible séparément (comme dans l’édition couleur USA: Arzach [ Amazon • Biblio ], L’Homme est-il bon? [ Amazon • Biblio ])…
Moebius, Oeuvres Complètes tome 2: l’Homme est il bon ? / Arzach, par Moebius. Paris: Les Humanoïdes Associés, février 1981. 124 p. ISBN 2-7316-0098-5. Pour un lectorat adolescent (14+).
Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:
[ Amazon — Goodreads — Google — Humanos — Wikipedia — WorldCat ]
© Les Humanoïdes Associés 1981.
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