“Le rabbin revient sur un élément ancien, fondateur du principe de départ de la série mythique de Joann Sfar. Le jour de l’enterrement de sa femme, il décide de garder un chat. Le chat. Pour Zlabya. Pour ne pas « être deux ». Des années plus tard, le chat se mit à parler. Un événement hors du commun qui questionna le rabbin sur sa foi, ses croyances, autant qu’il joua un rôle dans le désir de liberté et d’indépendance de la jeune Zlabya. Nous suivons Zlabya dans une aventure située entre le tome 1 et 2.”
[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]
Le Malka des Lions raconte à des enfants incrédules l’histoire du chat du rabbin. Comme preuve il leur présente la longue tresse coupée de Zlabya, puis raconte l’histoire du jour où, se sentant incomprise, elle avait fugué de la maison et s’est fait passé pour un homme afin de pouvoir sortir avec sa copine Oreillette sans se faire emmerder par les hommes. Une fable féministe où Sfar ne manque pas, comme toujours, d’écorcher la religion (particulièrement la sienne, le judaïsme) au passage. Il discours sur l’absurdité de la religion et sur la névrose du juif, qui étouffe car il se sent pris entre les règles religieuses qui interdisent trop de choses et l’étrange hostilité du monde (l’antisémitisme). Si la situation est oppressante pour le juif Maghrébins, elle l’est d’autant plus pour la femme juive…
J’avais peur que le chat du rabbin n’ait plus rien à dire mais, rassurez-vous, Sfar a plus d’un tour dans son sac. Grâce à un judicieux retour en arrière le félin philosophe retrouve toute sa verve. Il récapitule d’abord l’histoire du chat, et donc l’album est un peu lent à partir, mais dès la page quarante-six c’est le début du véritable récit. J’aime bien l’écriture de Sfar qui aborde des sujets difficiles avec humour. Il y a toujours quelques bon gags dans ses albums. J’adore l’épisode où, tant bien que mal, le rabbin essai de donner son sermon à la synagogue et ses ouailles n’arrêtent pas de l’interrompre: “C’est vrai peut-être que les juifs c’est les meilleurs pour raconter les histoires juives. Mais raconter une histoire juive à des juifs, pardon, mais c’est la croix.”
J’avais trouvé les derniers albums un peu décevants mais celui-ci nous offre à nouveau un récit fort, intéressant, intriguant et divertissant. Par contre, j’ai toujours des réserves quand au style de Sfar, caractérisé par les planches à six cases (il s’y tient les trois-quart de l’album), son dessin ondulant qui donne aux planches une apparence un peu brouillonne et criarde, de même que le texte des bulles parfois difficile à déchiffrer. Mais, bon, c’est son style: avec le temps on s’y habitue et ce n’est plus une distraction. Ses histoires sont suffisamment enrichissantes et amusantes pour qu’on lui pardonne cet écart.
Comme toujours (et même plus) c’est une excellente lecture. À lire absolument, surtout pour les amateurs de chats et de métaphysique! Et Sfar nous annonce déjà un dixième album intitulé “Retournez chez vous!”
Le chat du rabbin, 9: La Reine de Shabbat, par Joann Sfar. Paris: Dargaud (Coll. Poisson Pilote), octobre 2019. 76 pages. 22.5 x 29.8 cm, 15,00 € / $C 26.95, ISBN 978-2205-07950-0. Pour lectorat adolescent (12 ans et plus).
Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:
[ Amazon — Biblio — Goodreads — Google — Wikipedia — WorldCat ]
© Dargaud 2019.
Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents:
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
[ Translate ]