“En Australie au début du siècle dernier, un jeune homme, Alan Dundas, creuse une banale citerne dans son jardin lorsque sa pioche heurte une matière très dure… Il met ainsi à jour le sommet d’une sphère faite d’un or plus résistant que tous les matériaux connus. Au prix de nombreuses ruses, qui transforment sa descente en une sorte de voyage initiatique. Alan parvient au coeur de la sphère. Là, il découvre de véritables trésors culturels et scientifiques témoins d’une très ancienne civilisation auxquels Alan consacrera désormais tout son temps, négligeant, non seulement les travaux de sa ferme, mais également sa jeune fiancée. Car le véritable joyau du trésor souterrain, c’est une jeune femme d’une beauté incomparable qui vit là, en état de stase, depuis vingt-sept millions d’années. Avec l’aide de son ami, le docteur Barry, Alan la ramène à la vie. Hiéranie – tel est son nom – leur livrera alors les clefs fantastiques de son monde et de son histoire, mais aussi et surtout le terrifiant contenu de la mission pour laquelle elle a été placée dans cette sphère…”
[Texte de la couverture arrière]
(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)
La sphère d’Or (titre original: Out of the Silence) est un roman de l’auteur australien Erle Cox. Il a d’abord été publié en feuilletons dans le journal The Argus (120 episodes en 1919) puis sous forme de livre en 1925. Il a connu une édition américaine en 1928 et, l’année suivante, une première traduction française (par Richard de Clerval) est paru dans la collection Le Masque.
Ce roman de science-fiction raconte l’histoire de Alan Dundas, un jeune fermier australien qui, dans les années ’20, découvre un grand bâtiment sphérique enterrée dans son champs — fait d’une sorte de ciment très résistant qui est, nous le découvrirons vers la fin du récit, une forme d’or. Astucieux, il réussi non seulement à en trouver la porte mais également à déjouer tout les pièges qui protègent un précieux trésor: Plusieurs galeries concentriques exposent tout le savoir (artistique, technique, médical, littéraire, etc.) d’une civilisation ayant disparue dans un cataclysme il y a plusieurs millions d’années. Au centre, dans une sorte de “temple”, il découvre une sphère de cristal où git une femme d’une grande beauté qui se révèle être en animation suspendue. Grâce à un livre illustré qui explique comment la réveiller — et à l’expertise de son ami médecin, le Dr Dick Barry — il la ramène à la vie et en tombe immédiatement amoureux.
Alan venait tout juste de commencer à courtiser la jeune Marian Seymour lorsqu’il est subjugué par la fascinante Hiéranie mais cette relation romantique naissante sera vite oubliée. L’occupante de cette arche du Savoir est définitivement sur-humaine: non seulement elle possède une intelligence (et un cerveau) de loin supérieur à l’humain contemporain, des connaissances scientifiques extrêmement avancées, mais elle est aussi dotée de pouvoirs extra-sensoriels. Elle apprends l’anglais très vite et explique son histoire à Alan et Barry. Elle leur fait aussi promettre de ne rien révéler à personne sur son existence. Toutefois, en apprenant que la mission de Hiéranie est de restaurer sa civilisation, Barry commence à craindre que d’avoir ravivé cette femme supérieure, froide et implacable, n’ait un effet néfaste sur l’avenir de l’Humanité… Alan, quand à lui, est éperdument amoureux… Mais l’amour pure de Marian réussira-t-il, dans un dénouement digne d’un drame shakespearien, à sauver le monde?
On ne peut pas vraiment reprocher à l’ouvrage son sexisme considérant l’époque à laquelle il a été écrit: tant dans la société australienne du début du vingtième siècle que dans le monde de Hiéranie la femme est très peu considérée. Pourtant, la relation de pouvoir entre Alan et Hiéranie est inversée puisque c’est cette dernière qui domine la relation. De plus, la bonne société de la petite ville de Glen Cairn semble contrôlée en arrière-plan par les femmes… Cox était peut-être en avance sur son temps…
Par contre, le racisme exprimé par le récit est quant à lui tout à fait impardonnable (quoi que, encore une fois, compréhensible pour l’époque). Dans le monde de Hiéranie, les races de couleurs ont été éliminé dans un grand génocide et avec une politique eugéniste stricte car elles étaient inférieures en tout points. “Elles pouvaient imiter et non créer. Elles se multipliaient beaucoup plus rapidement (…) et partout elles exigeaient comme un droit l’égalité pour laquelle elles n’étaient pas faites.” [p. 203] Barry semble s’objecter mais Alan acquiesce: “je pense que le monde serait meilleur et plus propre si quelques-unes de ses [sic] races en venaient à s’éteindre” [p. 210] et il cite les Turcs en particulier — ce qui est compréhensible car la défaite de Gallipoli a laissée aux Australiens des séquelles importantes qui ont perdurées.
Je note que l’oeuvre de Cox a presque une qualité prophétique lorsqu’il décrit la technologie de Hiéranie (télévision, CT-scan) ou l’avenir de la planète (qui évoque vaguement le nazisme et la Seconde Guerre Mondiale pourtant presque deux décennies d’avance!). On note également que l’ouvrage offre un prologue qui figurait dans l’édition originale et qui avait été supprimé dans les éditions postérieures mais qui n’apporte absolument rien au récit. Je me dois aussi de remarquer que la traduction comporte plusieurs erreurs grammaticales et typographiques. J’ai par contre bien aimé le style vieillot de l’ouvrage (normal considérant son âge) et surtout l’utilisation d’une langue qui évoque les vieux films français (je n’ai pas pu lire la version anglaise mais j’imagine que la traduction reflète le style original). Toutefois les épithètes sucrée qu’utilisent les protagonistes amoureux pour s’interpeler me semblent bien exagérés..
Évidemment, la lecture de cet ouvrage me confirme que La nuit des temps de Barjavel (commenté précédemment) offre de grandes similitudes avec La sphère d’Or. Celui-ci l’a définitivement “inspiré” ou “influencé” et les similitudes sont si grandes que certains l’ont même accusé de plagiat. Je me souviens d’avoir lu que Barjavel avait commencé à écrire La nuit des temps comme un scénario de film et, le projet étant tombé, il en a ensuite fait un roman. Peut-être que son scénario était une adaptation de La sphère d’Or et que, par la suite (l’éditeur jugeant peut-être qu’il y avait assez de différences entre les récits), le crédit pour Cox a été “oublié”? Quoi qu’il en soit les deux romans sont bons et chacun est assez original à sa façon pour que l’on prenne du plaisir à lire les deux indépendamment.
Par son récit crédible, qui nous offre une histoire à la fois fascinante et captivante, remplie d’éléments intéressants, La sphère d’Or constitue une bonne lecture. À lire.
La sphère d’or, par Erle Cox (traduit par Pierre Versins et Martine Renaud). Dinan: Terre de Brume (coll. Terres Mystérieuses), janvier 2008. 360 pages, 14 x 24 cm, 20.50 € / $C 34.95. ISBN 978-2-84362-367-7. Pour un lectorat adolescent (14+).
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© Terre de Brume, 2008, pour la présente édition
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