Terre errante (Liu Cixin)

TerreErrante-cov“Je n’avais jamais vu la nuit. Je n’avais jamais vu les étoiles. Je n’avais jamais vu le printemps, ni l’automne, ni l’hiver. Je suis né à la fin de l’Ère du freinage. La Terre venait tout juste d’arrêter de tourner.”

Lorsque les astrophysiciens découvrent que la conversion de l’hydrogène en hélium s’est accélérée à l’intérieur du Soleil, ils comprennent que notre étoile est sur le point de se transformer en une géante rouge qui absorbera de manière inéluctable la Terre. Pour contrer cette extinction programmée de l’humanité, les nations se regroupent pour mettre en branle un projet d’une ambition folle : élaborer des moteurs gigantesques afin de transformer la planète bleue en véritable vaisseau spatial et de l’emmener à la recherche d’une nouvelle étoile…

Dans cette novella écrite en 2000, Liu Cixin manifeste déjà tout le talent que l’on retrouvera à l’œuvre dans la trilogie du Problème à trois corps. Disponible sur Netflix sous le titre The Wandering Earth, l’adaptation cinématographique qui en fut tirée en 2019 se hissa au troisième rang du box-office mondial.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

>> Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs <<

Vers la moitié du vingtième siècle les scientifiques découvrent que le soleil va se transformer beaucoup plus tôt que prévu en géante rouge, ce qui anéantira la Terre. Deux solutions s’opposent: le clan des Vaisseaux (qui propose de construire une armada de vaisseaux pour que l’humanité quitte le système solaire en laissant le Terre derrière elle) et le clan de la Terre (qui propose de transformer la planète en un énorme vaisseau). C’est ce dernier qui l’a emporté. Une coalition planétaire a été créée afin de coordonner les efforts de cette entreprise gigantesque. Il a fallut près de quatre-cent ans pour se préparer: construire douze mille propulseurs géants en Amérique du Nord et en Asie, puis éloigner la Lune de son orbite. L’opération devait se réaliser en cinq étapes. D’abord l’ère du freinage: les propulseurs ont été actionné en angle pour arrêter la rotation de la Terre, ce qui a pris quarante-deux ans. Cela a eut des conséquences dévastatrices puisque la chaleur des propulseurs changea les climats, causant des tempêtes, et l’arrêt de la rotation causa des raz de marée qui força l’humanité à habiter des cités souterraines — de toute façon l’éloignement du soleil transformerait la planète en un désert de glace. 

Puis vain l’ère de la fuite: la Terre ferait une quinzaines d’orbites, de plus en plus elliptiques, puis utiliserait la gravité de Jupiter pour accélérer jusqu’à atteindre la vitesse de libération qui lui permettrait de quitter le système solaire. C’est le moment le plus dangereux de l’opération particulièrement quand la planète passait en périhélie (au plus proche du soleil), lorsqu’elle traversait la ceinture d’astéroïdes, puis devait manœuvrer précisément pour échapper à la gravité de Jupiter. La crainte était surtout que le soleil n’explose avant que la Terre se soit suffisamment éloignée… Puis viendrait la Première ère de l’errance alors que la Terre sortirait du système solaire et accélèrerait pendant cinq-cent ans, atteignant une vitesse de 0.5% de la vitesse de la lumière, pour ensuite voguer en direction de son objectif pendant mille-trois cents ans. Puis ce serait la Seconde ère de l’errance, où la Terre se retournerait pour décélérer pendant cinq cents ans. Finalement, ce serait l’ère néosolaire, lorsque la Terre s’insèrerait dans l’orbite de Proxima Centauri. L’opération durerait une centaine de générations, soit deux mille cinq cents ans… Toutefois, alors que la Terre commençait à peine à accélérer, le soleil n’avait toujours pas explosé et la populace crue avoir été dupée et se révolta. Heureusement, l’explosion se produisit juste à temps pour empêcher l’irréparable…

La narration se fait au travers d’un seul personnage, un jeune chinois né à la fin de l’ère du freinage et qui est donc déjà assez âgé à la fin du récit alors que débute l’ère de l’errance. Le récit est fluide et captivant, les explications scientifiques étant claires mais suffisamment simple pour ne pas embêter le lecteur. Toutefois, c’est le genre de récit qui demande un sérieux effort de suspension de l’incrédulité car, si tout cela est scientifiquement possible, c’est tout de même assez invraisemblable… La seule chose qui m’a réellement agacé dans cette histoire c’est que, si l’auteur prend la peine d’expliquer que les propulseurs sont “nourrit” des rochers extraits des montagnes environnantes et que les humains se réfugient dans des cités souterraines, il n’explique aucunement ce qui est fait pour préserver la faune et la flore afin de repeupler la planète à la fin de son errance. C’est une grosse lacune.

Terre errante (流浪地球 / liúlàng dìqiú — originalement publié en mai 2019 dans le magazine Monde de la Science Fiction [科幻世界]) nous offre une courte lecture (c’est une novella) qui se lit fort bien. C’est aussi un excellent exemple de la littérature de science-fiction chinoise — quoique Liu Cixin reste encore l’un des rares auteurs chinois de SF a être traduit en anglais et en français [sur ce sujet voir La Presse, Slate, Res Futurae, Open Edition, Le petit journal]. Terre errante a reçu un “Galaxy”( prix chinois de la SF) en 2000. Liu Cixin a reçu le prix Hugo du meilleur roman en 2015, pour Le Problème à trois corps.

Terre errante, par Liu Cixin (traduction par Gwennaël GAFFRIC). Arles: Actes Sud, janvier 2020. 80 p., 10 x 19 cm, 9.00 € / $C 10.99. ISBN 978-2-330-13053-4. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© Liu Cixin (Ltd), 2000. © Actes Sud / FT Culture (Pékin) Co. & Chongqing Publishing & Media Co., Ltd, 2020 pour la traduction française.

WanderingEarth-movieCe court roman a également été adapté en un film chinois à grand déploiement que je me dois de mentionner ici. Malheureusement, le film s’est surtout inspiré de l’idée de base (à cause de l’explosion imminente du soleil, la Terre est transformée en vaisseau spatial) et offre un récit très différent de la novella. Ce n’est pas le même narrateur et l’aspect dramatique du récit tourne autour du fait que les scientifiques se sont trompé et que le Terre est capturée par la gravité de Jupiter, la mettant sur une trajectoire de collision destructrice. Les effets de la gravité causent l’arrêt des propulseurs et le jeune héros malgré lui doit aider un groupe disparate de militaires et de scientifiques à les repartir. Ce sera toutefois insuffisant et seulement un acte désespéré tout à fait invraisemblable sauvera la planète ! Sans être bien original, cela reste un film très divertissant mais qui est intéressant surtout parce qu’il démontre tout le progrès que le cinéma chinois a accompli ces dernières années.

The Wandering Earth (流浪地球 / liúlàng dìqiú / Terre errante): Chine, 2019, 125 min.; Dir.: Frant Gwo; Scr.: Gong Ge’er, Yan Dongxu, Frant Gwo, Ye Junce, Yang Zhixue, Wu Yi et Ye Ruchang; Phot.: Michael Liu; Ed.: Cheung Ka-fai; Mus.: Roc Chen, Liu Tao; Prod.: Gong Ge’er; Cast: Wu Jing, Qu Chuxiao, Li Guangjie, Ng Man-tat, Zhao Jinmai. Disponible sur Netflix. stars-2-5

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