Les Royaumes Environnants 1
L’Empire Romain a accompli son expansion au détriment de peuples dit “barbares” (aux yeux de Romains) qui ont été soit conquis, soit repoussés. Lorsque l’Empire a atteint son expansion maximale il lui a fallut de constantes campagnes militaires pour maintenir ses frontières. Les trois principaux fronts ont été la Bretagne (contre les Pictes), le nord de l’Europe (les provinces de Germanie Inférieure et Supérieure, Rhétie, Norique, Pannonie, Dacie & Mésie où les Romains affrontent une grande variété de tribus germaniques telles les Marcomans, les Quades, les Sarmates, les Alamands, etc.) et le front orientale (principalement contre les Parthes). Avec le temps les frontières se sont plus ou moins stabilisées autour de lignes de fortifications (comme les murs d’Hadrien et d’Antonin en Bretagne) ou des barrières naturelles (comme le fleuve Danube ou le Rhin en Germanie). Et même malgré cela l’Empire a subit un assaut constant de populations qui désiraient reconquérir les territoires perdus ou simplement participer aux richesses de l’Empire. Au IIIe siècle, les frontières sont devenu peu à peu poreuses, permettant à une certaines quantités de migrants de s’assimiler, puis, aux Ve et VIe siècles, elles ont complètement cédé pour permettre à des peuples “barbares” (Goths, Vandales, Huns, Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Lombards, etc.) d’envahir et d’occuper l’Empire d’Occident.
La plupart de ces peuples possédaient une civilisation relativement frustre et n’avaient ni écriture, ni système monétaire. Ce n’était toutefois pas le cas des royaumes orientaux, comme les Parthes, qui possédaient déjà une civilisation assez sophistiquée et qui avaient largement bénéficier de l’influence hellénistique suite aux conquêtes d’Alexandre. Je voudrais donc m’attarder un instant sur quelques uns de ces royaumes environnants qui ont été tout à la fois ennemis et partenaires commerciaux de l’Empire.
Empire Parthe
D’abord, une brève histoire de l’Empire Parthe. Il aurait prit naissance vers 247 AEC lorsque Arsace Ier, le chef des Parni (une tribu scythe d’Asie Centrale [Indo-Européennes], établie entre la mer Caspienne et la mer d’Aral), décide d’agrandir son territoire. Il conquiert d’abord, vers 238 AEC, la province Parthe (Parthie) que le satrape Andragoras venait de déclarer indépendante de l’Empire séleucide et il fonde la dynastie des Arsacides. Profitant de la secession du Royaume gréco-bactrien et du fait que l’Empire séleucide est au prise successivement avec l’Égypte ptolémaïque et la République romaine, l’Empire Parthe, sous Mithridate Ier (171-135 AEC), conquiert éventuellement l’Hyrcanie, la Médie, la Mésopotamie, l’Élymaïde, la Characène et l’Arménie, pour s’étendre de l’est de l’Indus jusqu’à la Syrie. Au travers de nombreux conflits (dont la guerre parthique de Lucius Verus que j’ai déjà mentionné), les empires Parthe et Romain se disputent l’Arménie, la Mésopotamie et l’est de la Syrie. Affaiblie par ses guerres avec Rome et de nombreux conflits internes, l’Empire Parthe est remplacé par celui des Sassanide en 224 EC. Riche d’un mélange de culture hellénistique, iranienne et arménienne, l’Empire Parthe s’est imposé — grâce à la route de la soie — comme une plaque tournante du commerce entre Rome et la Chine des Han.
Vologese III (110-147)
Mon intérêt pour les pièces de monnaies Parthes m’est venu de mes recherches sur Lucius Verus et le fait qu’il ait mené campagne contre les Parthes en 161-166. J’aurais aimé mettre la main sur une pièce du roi Parthe de cette époque (Vologèse IV, 147-191) mais il semble que la pièce que j’ai acquise en est plutôt une de son prédécesseur, Vologese III (110-147). Fils de Pacorus II, son règne est caractérisé par une série de conflits où il doit d’abord affronter l’usurpateur Osroes Ier puis, après que ce dernier ait violé le traité de Rhandeia avec les Romains, il doit combattre les troupes de Trajan qui envahissent son territoire en représailles. Il doit également répondre à l’expansion de l’Empire Kushan à l’est et à une invasion des Alains au nord. Vologèse IV, fils de l’usurpateur Mithridate V, lui succède en 147.
Ce très très beau drachme (VF [very fine], AR [argent], 18.0 x 18.5 mm, 3.330 g, payé $85 le 1985/05/03) nous offre un avers qui ne comporte aucune inscription mais simplement une représentation du monarque (si je me fie aux détails de l’apparence, qui correspond au type 78 [variante 78.3b] de la classification de Sellwood, ce serait vraisemblablement un portrait de Vologese III — quoique dans certains textes il peut y avoir une possible confusion entre Vologèse III (105-147, qui fut anciennement numéroté II) et Vologèse IV (147-191, qui fut anciennement numéroté III)). Il s’agit d’un buste, regardant à gauche, coiffé d’une tiare carrée (faite de quatre lignes horizontales, surmonté de neuf pointes), avec une longue barbe pointue (composée de six lignes), une coiffure composée de trois niveaux de vagues de cheveux (quatre lignes et deux fois cinq lignes), portant un diadème (avec une boucle double en haut et trois extrémités pendantes), une boucle d’oreille, et un collier (fait de 3 lignes à peine visibles). Le portrait est entouré d’une bordure de points (absente pour la moitié inférieure).
Le revers est plus compliqué et est typique du début du IIe siècle. Il représente un archer assis à droite sur un trône (mais qui n’est pas illustré) tenant un arc, entouré d’une légende grecque maladroite (composée de sept lignes de texte: deux en haut [une partiellement visible], deux en bas et à gauche [une invisible], et une à droite). Sous le siège de l’archer, il y a un +, et sous l’arc on retrouve un monogramme (numéro 26 selon la classification de Babelon?) qui indique que la pièce a été frappée à l’atelier d’Ecbatane. L’inscription, qui serait commune aux pièces de Vologèse II (78-80), III (110-147) et IV (147-191), se lit ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΒΑΣΙΛΕΩΝ / ΑΡΣΑΚΟΥ ΟΛΑΓΑΣΟΥ / ΔΙΚΑΙΟΥ / ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΦΙΛΕΛΛΗΝΟΣ (BASILEOS BASILEON ARSAKOU [W]OLAGASOU DIKAIOU EPIFANOUS FILELLINOS) et se traduirait “Roi des rois Arsace, [V]ologèse [Walagaš], juste, glorieux, philhellène [Ami des Grecs]”.
Aucun élément ne nous permet de dater la pièce avec plus de précision que les dates du règne de Vologèse III (110 à 147 EC) et encore, la confusion sur le nom de celui-ci (Vologèse II? III? IV?) ou même sur la date du règne (soit 110-147 ou 147-191), rends cette identification incertaine. Toutefois, nous sommes sûr qu’il s’agit d’une pièce du IIe siècle.
C’est intéressant comment une simple pièce de monnaie peut nous amenez à découvrir toute une civilisation ancienne.
Sources: Wikipedia [Empire Parthe, Monnaie Parthe, Vologèse FR / EN; note: il y a une différence importante entre les deux versions!], Google, Sear GIC 5830/31; BMC 23.186,66/72, BMC 23.217,1; Sellwood 78; MA-Shop, MA-Shop, CoinArchives, CoinsHome, Parthika, Parthika (Types S.73 à 81), FAC (Parthia, Parthian Coins, Doug Smith’s Parthian Silver Drachms), Parthia (Parthian Coins, Identification, Monograms, Inscriptions, Vologases III). Voir aussi ma fiche.
Bibliographie:
- Lindsay, J. The History and Coinage of the Parthian. Cork: John Crowe, 1852.
- Sellwood, D. An Introduction to the coinage of Parthia. London: Spink, 1971. [Goodreads]
- Sear. D.R. Greek Imperial Coins and their values. London: Seaby, 1982. [Sear GIC]
- Shore, F. B. Parthian Coins and History: Ten Dragons Against Rome. Quarryville: CNG,1993. [Goodreads]
- Wroth, W. Catalog of Coins in the British Museum – Parthia (Greek Coins, vol. 23). London, 1903. [BMC 23]