Monnaies anciennes 31

Les Sévères (3)

Elagabalus (218-222 EC)

Après une brève interruption (le règne de Macrinus et de son fils Diadumenianus), la dynastie des Sévères se poursuit avec Varius Avitus Bassianus. Ce dernier est né à Émèse (Syrie) en 203. Dès l’âge de treize ans il est grand-prêtre du culte du dieu solaire Élagabal (d’où le surnom, parfois orthographié Heliogabalus, qu’on lui donnera surtout de façon posthume). Sa grand-mère Julia Maesa (qui était la soeur de Julia Domna et donc la belle-soeur de Septimius Severus et la tante de Caracalla) obtient le soutien de la légion romaine postée en Syrie (la Legio III Gallica) pour mettre au pouvoir Varius, qui est l’enfant de sa fille Julia Soæmias. Macrinus est assassiné et le jeune Varius, à peine âgé de quatorze ans, devient empereur en juin 218. Comme il ressemble physiquement à Caracalla et que l’on veut poursuivre l’association fictive avec la dynastie des Antonins, il prends alors le nom de Marcus Aurelius Antoninus.

Elagabalus est un empereur faible qui laisse l’administration de l’Empire à sa mère et à sa grand-mère pour se consacrer à la débauche (de fastes banquets et des orgies homosexuelles) et surtout à sa fascination pour le culte solaire. Il fait construire un temple où toutes les divinités romaines, orientales et même chrétiennes peuvent être vénérées sous la bienveillance d’Élagabalus. Il fait même venir d’Émèse (Homs) la pierre sacrée du dieu solaire (une bétyle, ou pierre météorique, qui ont souvent été vénérées comme c’est le cas de la pierre noire de la Kaaba à La Mecque). Tout comme Akhénaton l’avait fait en Égypte avant lui avec le culte de Aton (ou Aurelianus le fera plus tard avec Sol Invictus), il tente sans succès d’imposer une forme de monothéisme solaire. Pressentant que l’excentricité et la débauche de son petit-fils causeraient sa perte, Julia Maesa le convainc d’adopter et de prendre comme césar son cousin Alexianus Bassianus (enfant de son autre fille, Julia Mamæa). Lorsqu’en mars 222 Elagabalus perds le soutien de l’armée et est tué par le peuple en colère, Alexianus lui succède sous le nom de Severus Alexander. 

IMG_8936-8940Ma seule pièce d’Elagabalus est une petite dénomination de bronze (AE 18) dans un assez bel état (G [Good], Ae [bronze], 18 mm, 2.446 g, payé environ $7, caractérisée par sa couleur noire; die-axis: ↑↓) dont l’avers nous offre une tête laurée de l’empereur, à droite, avec l’inscription grecque AVT KAI MA ANT𝜴NEINOC (Autokrator Kaisar Marcos Aurelios Antoneinos = Imperator Caesar Marcus Aurelius Antoninus). Le revers ne représente qu’un grand S – C (Senatus Consulto, “par décret du sénat”), surmonté des lettres grecques “Δ Є” et avec un petit aigle en dessous, le tout dans une couronne de laurier agrémentée en haut d’une étoile.

Il s’agit d’une pièce provinciale (aussi appelé grecque impériale) frappé à Antioche. Rien ne nous permet malheureusement de dater la pièce avec précision et l’on doit se contenter des dates de règne de l’empereur comme datation: 218-222. La signification du “Delta-Epsilon” qui apparait fréquemment sur les pièces de Elagabalus et de son cousin Severus Alexander est incertaine. Est-ce une datation ou une marque d’officine? Les deux hypothèses les plus retenues par les spécialistes est qu’il s’agit d’une abréviation soit pour Δ[𝚮𝚳𝚨𝚸𝚾𝚰𝚱𝚮𝚺] Є[𝚵𝚶𝚼𝚺𝚰𝚨𝚺] (l’équivalent grec de Tribuniciae Potestatis), ou soit Δ Є[𝚷𝚨𝚸𝚾𝚬𝚰𝛀𝚴] (une “des quatre éparchies” [circonscription ou diocèse] de Syrie).

Sources: (Elagabalus [FR/EN], sénatus-consulte); BMCG 20: 434 (p. 203 + pl. XXIV 9); FAC (Elagabalus, S CGreek Imperials), ERIC (Elagabalus); WildWinds (text, image), WildWinds (text, image), Numista, CoinProject, CoinArchives, acsearch, Provincial Romans. Voir aussi ma fiche.

Bibliography: 

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