Monnaies anciennes 43

Les empereurs Illyriens (1)

Claudius Gothicus (268-270 EC)

Marcus Aurelius Claudius est né en Illyrie (ou une province environnante) le 14 mai 213 ou 214. Les sources sur cette époque étant pauvres, tout ce que l’on sait de lui est qu’il a fait une brillante carrière militaire. Déjà sous Trajan Decius (249–251) il était tribun militaire. Suite à la tentative d’usurpation de Auréolus en 268, Gallienus le nomme maître de cavalerie. Il est possible qu’il ait participé au complot des généraux (Heraclianus, Marcianus et Aurelianus) pour assassiner l’empereur mais, quoi qu’il en soit, il est choisi par les conspirateurs pour le remplacer (ou il est choisi par Gallienus lui-même sur son lit de mort, les sources ne s’entendent pas à ce sujet) et il est acclamé empereur par les légions basées à Mediolanum (Milan). Malgré qu’il ait promis la vie sauve à Aureolus, il laisse ses troupes le massacrer. Il devient ainsi le premier des empereurs illyriens.

Si la principale préoccupation du nouvel empereur était de rétablir de l’ordre dans l’Empire en mettant fin à l’anarchie militaire et aux incessantes révoltes qui étaient à la source de la crise, il a cependant dû d’abord faire face à une nouvelle invasion de Hérules, cette fois accompagnés du renfort d’autres tribus Goths (Greuthungi et Thervingi), Gépides et Peucini. Avec l’aide de son maître de cavalerie Aurelianus, il les a vaincu en 269 à la bataille de Naissus, méritant ainsi son surnom de Gothicus (vainqueur des Goths). À peine quelques mois plus tard, alors qu’Aurelianus termine de repousser les Goths au-delà du Danube, Claudius doit répondre à une invasion d’Alamans qui ont traversé les Alpes pour attaquer le nord de l’Italie. À la fin de l’automne 268, il les repousse à la bataille du lac Benacus, ce qui lui mérite le titre de Germanicus Maximus. Il tourne alors son attention vers l’Empire des Gaules et en reprend une partie (l’Hispanie et la vallée du Rhône) mais ne réussira pas à le reconquérir. À la fin de 269, il doit se rendre à Sirmium pour faire campagne contre les Vandales qui faisaient du pillage en Pannonie. Toutefois, il contracte la peste de Cyprien (possiblement une épidémie de variole ou de rougeole, ou même de fièvre hémorragique virale similaire à la fièvre jaune ou l’ébola) qui ravageait l’Empire à ce moment là. Il succombe au début janvier 270. Son jeune frère Quintillus lui succède brièvement.

J’ai quatre pièces de monnaie de cet empereur que, vous le devinerez, j’aime beaucoup (parce qu’il s’appelait Claudius, évidemment).

IMG_8259-8260La première pièce est un très très beau antoninianus (VF [Very Fine], BI [Billon], 19.5 mm, 2.4681 g, payé $18, de couleur gris mat; die-axis: ↑↑). L’avers nous présente un buste de l’empereur radié et drapé (et possiblement cuirassé?) à droite, avec l’inscription latine IMP[ERATOR] C[AESAR] CLAVDIVS AVG[VSTVS]. Le revers illustre Isis Pharia debout à gauche, tenant un sistrum de la main droite et un panier de la gauche, avec l’inscription latine SAL-V-S AVG[VSTI] (la santé de l’empereur) et un Є (epsilon, marque de la cinquième officine) en exergue. La pièce aurait été frappé à Antioche (cf. RIC, p. 207) vers la fin 268 / début 269 ou en 269-70.

Sources: Wikipedia (Claudius Gothicus [FR/EN], sistrum [FR/EN]), Google, FAC (Claudius II, Billon, Isis, Pharia Isis, Salus Aug, sistrum), ERIC (Claudius II); RIC v. 5, pt. 1: 217; WildWind (text, image), CoinArchives, acsearch, BeastCoins (image), CoinTalk. Voir aussi ma fiche.

IMG_9617-9622La seconde pièce est un beau antoninianus (F [Fine] / G [Good], AE [Bronze], 17 mm, 3.253 g, payé $US 9.50 le 1985/04/14; die-axis: ↑↑). L’avers nous offre un buste de l’empereur radié et drapé à droite avec l’inscription latine IMP[ERATOR] CLAVDIVS P[IVS] F[ELIX] (pieux et heureux) AVG[VSTVS]. Le revers illustre une Felicitas drapée, debout à gauche, tenant un caduceus dans la main droite et un long sceptre dans la gauche, avec l’inscription latine FELI-C[ITAS] T-EMPO[RVM] (temps heureux). Il n’y aucune marque d’officine de lisible en exergue mais il y en avait probablement une (un T). Ce type a été frappé à l’atelier de Rome mais sans marque d’officine en exergue et sans  P F dans titulature. Il est donc plus probable que cette pièce ait été frappé à Mediolanum (Milan). Toutefois, rien ne permet de la dater avec précision.

Sources: Wikipedia (Claudius Gothicus [FR/EN], Felicitas [FR/EN], caduceus [FR/EN]), Google, FAC (Claudius II, caduceus, Felicitas), ERIC (Claudius II); RIC v. 5, pt. 1: 145, Sear RCV (1983):  3099; MinautorCoins, Numista, Numismatics. Voir aussi ma fiche.

IMG_9640-9644La troisième pièce est beau antoninianus (VG [Very Good], AE [Bronze], 17 x 18 mm, 2.880 g, payé environ $5 le 1985/06/16, patine brunâtre avec des traces de vert-de-gris sur le revers; die-axis: ↑↓). L’avers nous montre une tête de l’empereur radiée, avec l’inscription latine IMP[ERATOR] C[AESAR] CLAVDIVS AVG[VSTVS]. Le revers illustre une Providence debout à gauche, les jambes croisées, appuyée sur une colonne et tenant un baton (sceptre) dans la main droite et une corne d’abondance dans la gauche, un globe à ses pieds, avec l’inscription PROVIDENT[IA] AVG[VSTI] (prévoyance de l’empereur). Il n’y a pas de marque d’officine dans le champs droit (quoi que l’exergue a disparu dans la rognure). Cette pièce aurait été frappé à Rome mais nous n’avons aucune indication qui permettrait de la dater avec précision.

Sources: Wikipedia (Claudius Gothicus [FR/EN], Providentia [FR/EN], cornucopia [FR/EN]), Google, FAC (Claudius II,  Providentia), ERIC (Claudius II); RIC v. 5, pt. 1: 91, Sear RCV (1983):  3117; WildWinds, Numismatics, vcoins, Numista, Numista, CoinProject. Voir aussi ma fiche.

IMG_9625-9635La dernière pièce est un petit mais assez beau antoninianus commémoratif (G [Good], AE [Bronze], 13.5 x 14 mm, 1.192 g, patine verte foncée, rognure sur toute la circonférence, payé $US 12.50 le 1985/04/14;  die-axis: ↑↓). L’avers nous présente une tête radiée (ou un buste radié et drapé?) de l’empereur à droite, avec l’inscription DIVO CLAVDIO (Divin Claude). Le revers illustre un grand autel enflammé (la flamme centrale est bordée de part et d’autre de deux objets qui semblent sphériques — représentant de la fumée?) décoré de quatre panneaux carrés avec des points en leur centre, avec l’inscription CONSECRATIO (Consecration, i.e. acte de rendre sacré ou divin). L’exergue a disparu dans la rognure mais pourrait avoir comporté une marque d’officine (P, S, R ou Q dans le cas de Mediolanum ou XII dans le cas de Rome) ou pas. Cette pièce aurait donc été frappé à Rome ou à Mediolanum (Milan) dès le décès de l’empereur, en 270, et jusqu’à l’année suivante — c’est-à-dire sous le très bref règne de son frère Quintillus ou sous le début du règne de Aurelianus.

Sources: Wikipedia (Claudius Gothicus [FR/EN], ), Google, FAC (Claudius II,  ), ERIC (Claudius II); RIC v. 5, pt. 1: 261, Sear RCV (1983):  3128; acsearch, acsearch, rcs, CoinArchives, CoinArchives, acsearch, CoinTalk, CoinProject, Numismatics, vcoins, beastcoins. Voir aussi ma fiche.

Les types de revers produit par Claudius Gothicus nous montre encore une fois la volonté de présenter au peuple romain une propagande positive en ces temps difficiles: ainsi on fait la promotion de la santé et de la prévoyance de l’empereur et l’on promet des temps heureux alors que l’on tente de stabiliser l’empire. Claudius était en bonne voie d’y réussir mais malheureusement une épidémie à mis fin prématurément à son règne et c’est son successeur qui achèvera la tâche. La crise du IIIe siècle n’est donc pas encore tout à fait terminée.

La priorité a été de sécuriser les frontières et l’économie reste donc très fragile. Sous son règne, comme nous le dit le RIC (Webb, P.H., ed. by Mattingly, H. & Sydenham, E.A. Roman Imperial Coinage, vol. V, part I, London: Spink & Son, [1927] 1972, pp. 201-237) “La majeure partie de la monnaie du règne se compose d’antoniniani qui, bien que saucés dans l’argent au moment de l’émission, montrent rarement des traces de ce traitement maintenant. Il existe cependant quelques exemplaires (…) qui sont frappés en alliage blanc [billon?] (…)” [p. 202].

Toutefois, la pièce la plus intéressante des quatre est sans doute la dernière. “En effet, l’une des caractéristiques les plus intéressantes des monnaies qui portent le nom de Claudius est le témoignage qu’elles rendent à l’extraordinaire honneur dans lequel il a été tenu, et la durée pendant laquelle sa mémoire a été chérie, car nous ne trouvons pas moins de trois séries dédicatoires publiées en cet honneur. (…) [Tel que] Les monnaies inscrites DIVO CLAUDIO (…) avec une légende de revers CONSECRATIO (…) [et] avec des types posthumes: l’autel, l’aigle ou le bûcher funéraire. Ces pièces ont commencé à être émises immédiatement après sa mort et se trouvent dans tous les ateliers monétaires, y compris Antioche. Ils sont aussi communs dans les ateliers irréguliers de la Gaule, et certains spécimens barbares qui ont été trouvés semblent être d’origine orientale” (RIC, pp. 202-203).

La semaine prochaine nous nous arrêterons brièvement sur une pièce du frère de Claudius Gothicus, Quintillus.

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