Les tétrarchies (2)
Maximianus (285-305, 306-308, 310 EC)
Marcus Aurelius Valerius Maximianus est né vers 250 à Sirmium (en Pannonie) dans une famille de marchands. Il n’est pas très éduqué mais il est rigoureux et honorable ce qui fait de lui un excellent militaire. Il épouse la syrienne Eutropia qui lui donne deux enfants: Maxentius (c. 278) et Fausta (c. 298). Il sert avec Diocletianus sous Aurelianus, Probus et, possiblement, Carus. Ami fidèle de Diocletianus, il est probablement à ses côtés lorsqu’il est proclamé empereur par les troupes le 20 novembre 284 à Nicomédie. Ce dernier le nomme Caesar (son second) en juillet 285, puis Augustus (co-empereur) l’année suivante, soit en avril 286. Pour assurer la pérennité du pouvoir et la stabilité de l’Empire, Diocletianus juge qu’il est préférable d’avoir deux empereurs qui se partagent la gestion du territoire: Diocletianus commande l’armée d’Orient et Maximianus celle de l’Occident. Il décide également de légitimer le pouvoir en l’ancrant dans la religion pour en faire une position non plus militaire ou politique mais sacrée (un peu comme dans le cas des monarchies de droit divin). Diocletianus prends alors le titre de Iovius (représentant et protégé de Jupiter) et Maximianus celui de Herculius (représentant et protégé d’Hercule).
Pendant que Diocletianus s’efforce de consolider l’Empire par de nombreuses réformes (militaires, administratives et économiques), Maximianus est surtout occupé à protéger les frontières. Il doit défendre la Gaule contre le soulèvement des Bagaudes, des invasions de Germains (Burgondes, Alamans et Hérules) et la révolte du Général Carausius qui se déclare Empereur du Nord, régnant pendant sept ans sur un Imperium Britanniarum qui incluait la Bretagne, une bonne partie du Nord-Ouest de la Gaule ainsi que toutes les côtes de la Manche. Toutefois, Maximinianus ne réussit pas à reconquérir l’Empire de Carausius. Les empereurs se rencontre à Mediolanum en décembre 290 ou janvier 291 pour réitérer publiquement leur solidarité et pour se concerter. Diocletianus constate que le duumvirat demeure insuffisant pour bien contrôler la vaste étendue de l’Empire et instaure donc la tétrarchie en 293 (voir mon entrée sur Diocletianus pour les détails), où chacun des deux co-empereurs se choisit un César parmi ses meilleurs officiers. Diocletianus prends comme second Galerius et Maximianus sélectionne Constantius.
Constantius a plus de succès dans le nord de la Gaule alors qu’il réussit à vaincre les alliés francs de Carausius, puis envahit la Bretagne pour défaire définitivement son successeur, Allectus. Pendant ce temps, Maximianus va rétablir l’ordre en Maurétanie où les tribus berbères se rebellent (Maures, Quinquegentanei et Bavares). Par la suite il se repose dans ses palais de Mediolanum et d’Aquileia, pendant que Constantius continue d’affronter les Francs et les Germains sur la frontière rhénane, et ne se rend à Rome que pour célébrer les vingt ans de règne de Diocletianus (vicennalia) en 303 et pour officier les Jeux séculaires en 304. Le 1er mai 305, malgré les réticences de Maximianus, les deux co-empereurs abdiquent leur pouvoir en faveur de leur césars et se retirent dans leur palais (Diocletianus près de sa ville natale et Maximianus en Campanie ou en Lucanie).
Maximianus est mécontent du choix des deux nouveaux césars, Severus et Maximinus, qui se fait au détriment de son fils Maxentius, et considère que Galerius (le nouvel empereur jovien) a trop de pouvoir. Lorsque Constantius meurt le 25 juillet 306, son fils Constantinus se déclare son successeur. Cependant, Galerius s’y oppose, nommant plutôt Severus, et propose à Constantinus d’être le césar de celui-ci à la place. Maxentius est jaloux de Constantinus et se déclare empereur, le 28 octobre 306, avec le support de son père. Ils font le siège contre Severus à Ravenne où celui-ci est tué le 16 septembre 307. Alors que Maxentius se replie sur Rome, Maximianus conclut une alliance avec Constantinus (en le mariant à sa fille Fausta) où se dernier donne son support à Maxentius tout en restant neutre contre Galerius. Pour mettre fin au conflit, Galerius convoque la conférence de Carnuntum le 11 novembre 308 et demande à Diocletianus d’arbitrer la querelle. Maximianus doit donc abdiquer de nouveau et se retire à la cour de Constantinus, ce dernier redevient césar et l’on nomme Licinius comme co-empereur herculéen. Quand à Maxentius, en tant qu’usurpateur, il conserve le contrôle de la ville de Rome et d’une partie de l’Italie jusqu’à ce que Constantinus l’y déloge lors de la bataille du pont Milvius le 28 octobre 312.
Maximianus n’a toutefois pas dit son dernier mot. En 310, il se rebelle contre Constantinus qui est occupé à faire campagne contre les Francs. Cependant, l’armée reste fidèle à Constantinus et Maximianus doit se réfugier à Massilia, où il ne réussit pas non plus à gagner le support de la population. Il est capturé en juillet mais Constantinus, magnanime, lui offre une mort honorable par suicide. Son mausolée sera découvert en 2018 à Milan.
J’ai trois pièce de monnaie de Maximianus. Comme à mon habitude, je vous les présente, non pas par ordre chronologique, mais par ordre de qualité…
La première est un très très beau antoninianus / aurelianus (VF [Very Fine], AE / BI [Bronze argenturé / Billon], 22 mm, 4.089 g, payé environ $6 le 1985/06/16, patine brunâtre avec traces d’argenture; die-axis: ↑↓). L’avers nous offre un buste de l’empereur radié, cuirassé (et drapé sur l’épaule) à droite, avec l’inscription latine IMP[ERATOR] MAXIMIANVS AVG[VSTVS]. Le revers illustre une Pax (Paix) debout à gauche, tenant une petite victoire sur un globe et un long sceptre, avec l’inscription latine PAX A-VGG[VSTORVM] (“la Paix des deux empereurs”) et un “C” en exergue (marque de la troisième officine).
Selon le RIC (Webb, P.H., ed. by Mattingly, H. & Sydenham, E.A. Roman Imperial Coinage, Vol. V, Part II, London: Spink & Son, [1927] 1972, pp. 212-213, 267), cette pièce aurait été frappée à Lugdunum (Lyon) vers 290-294 EC. C’est donc un aurelianus d’avant la réforme de Diocletianus.
Sources: Wikipedia (Maximianus [FR/EN]), Google, FAC (Maximianus, Pax), ERIC (Maximianus); RIC v. 5, pt. 2: 399; Sear RCV (1983): 3517; acsearch, ARC, BeastCoins, CoinArchives, CoinProject (B: 01, 02), Numismatics, WildWinds (B: text, image; S: text, image). Voir aussi ma fiche.
La deuxième pièce est un très beau follis / nummus (F [Fine], AE [Bronze], 26 mm, 10.334 g, payé environ $8 le 1985/12/17, caractérisé par une patine brune avec des traces de vert-de-gris; die-axis: ↑↑). L’avers nous montre une tête de l’empereur laurée à droite, avec l’inscription latine IMP[ERATOR] C[AESAR] M[ARCVS] A[VRELIVS] MAXIMIANVS P[IVS] F[ELIX] AVG[VSTVS]. Le revers illustre un Génie (Genius) debout de face, la tête tournée à gauche, un modius sur la tête, nu mais avec une chlamyde sur l’épaule gauche, tenant une patère (patera) de la main droite et une cornes d’abondance (cornucopiae) dans la gauche, avec l’inscription latine GENIO POPV-LI ROMANI (“le Génie du Peuple Romain”) et un “KЄ” en exergue (marque de la cinquième officine [Epsilon] de l’atelier de Cyzique [K]).
Selon le RIC (Sutherland, C.H.V.; Ed. By Sutherland C.H.V. & Carson, R.A.G. The Roman Imperial Coinage, vol. VI: From Diocletian Reform (294) to the death of Maximinus (313). London: Spink & Son, 1967, p. 580), cette pièce a été frappée à l’atelier de Cyzique en 297-99 EC car elle appartient au groupe I, Aes I (iii) — cette titulature n’apparait que dans ce groupe, le follis est d’un format plus large et l’avers présente une tête plus large. Il s’agit de la première pièce post-réforme que je vous présente.
Sources: Wikipedia (Maximianus [FR/EN]), Google, FAC (Maximianus, Genio Populi Romani, genius, modius, patera, cornucopiae), ERIC (Maximianus); RIC v. 6: 12b; acsearch (01, 02, 03), CoinArchives, NumisBids, RCS. Voir aussi ma fiche.
La troisième et dernière pièce est un assez beau tétradrachme d’Alexandrie (G [Good], Billon (Cu+Zn+Ag) / Potin (Cu+Sn+Pb), 17 x 18 mm, 7.436 g, flan épais (2-3 mm), patine brun pâle avec important dépôt vert-de-gris sur le revers, payé environ $6 le 1985/06/16; die-axis: ↑↑). L’avers nous montre un buste de l’empereur lauré et drapé à droite, avec l’inscription grecque (difficilement lisible) A K M O VA MA𝚵IMIANOC CEB (Autocrator Kaisaros Markos Orelios VAlerios MAXIMIANOS SEBastos = Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Maximianus Augustus). Le revers illustre une Elpis (Spes, personnification de l’Espoir) avançant à gauche, tenant des fleurs et relevant l’ourlet de son chiton (tunique), avec la datation L B dans le champs de part et d’autre (L = ΕΤΟΥϹ [année] et Beta = marque de la deuxième année de règne, c’est-è-dire 286/7 EC) et une étoile dans le champs supérieur droit.
Sources: Wikipedia (Maximianus [FR/EN]), Google, FAC (Maximianus, Elpis), ERIC (Maximianus); BMCG v. 15: 2555 [Poole, R.S. British Museum Catalogue of the Greek Coins, v. 15: Of Alexandria and the nomes. (London, 1892), pp. 329]. acsearch, vcoins, WildWinds (text, image). Voir aussi ma fiche.
La semaine prochaine nous abordons le règne de Galerius.
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