Pièce de la Renaissance (1):
Maximilien de Bethune
Cette pièce de monnaie de la Renaissance est un très beau double tournois (F [Fine], Cu [Cuivre], 20 mm [0.79 po], 3.0873 g, payé environ $6 [30 FF], caractérisé par une patine brune tâchée de vert-de-gris; die-axis: ↑↓). L’avers présente, dans un cercle, un buste barbu à droite de Maximilien de Béthune, portant une large fraise et un manteau recouvert de mouchetures d’hermine, avec l’inscription française (débutant à 6h avec un fleuron) ❀ • MAXI • D • BETHVNE • P • S • DENRIC • (pour “MAXImilien De BETHUNE Prince Souverain D’hENRIChemont”). Le revers illustre un petit écu d’Henrichemont au centre, entouré dans le champ par huit lys (⚜︎), avec l’inscription française (débutant à 12h par une croix pattée) ✠ • DOVBLE • TOVRNOIS • 1636 • L •.
Le double tournois valait deux deniers tournois (un sixième de sou). À l’origine (du XIIIe au XVIe siècle) il était frappé sur un flan de billon mais par la suite, lorsque sa production se mécanise sous Henri III, on utilise du cuivre pur. C’est une dénomination qui était utilisée non seulement par le royaume de France mais également par de nombreuses principautés qui en parsemaient encore le territoires. Elle fut abandonné sous Louis XIV alors qu’elle est supplantée par le liard (qui vaut trois deniers tournois ou un quart de sou). Le “L” à la fin de l’inscription du revers est une marque de graveur, pour Jean Levrat qui fut maître de la Monnaie à Henrichmont en 1636-1637. Il semble que cette pièce ait été frappée avec deux types: l’un avec trois lys (type 1) et un avec huit lys (type 2). Il existe également sept variantes de la titulature de l’avers (noté de “a” à “g”) ainsi que deux de l’inscription du revers (présence d’un point (•) [1] ou pas [2] à la fin). Dans ce cas-ci il s’agit de la variante “d1” — qui serait la deuxième variante la plus fréquente (représentant environ le quart des pièces répertoriées).
Évidemment, j’exagère un peu quand je dis que c’est une pièce de la Renaissance puisque la Renaissance Française, qui a débuté vers le milieu ou la fin du XVe siècle, s’est terminé au début du XVIIe siècle. Cette pièce s’inscrit donc plus dans la période de l’Ancien Régime (et le début de l’ère moderne qui se situe entre l’âge des grandes découvertes et la révolution française). La pièce présente d’ailleurs déjà toutes les caractéristiques des pièces de monnaie modernes: un avers avec le portrait et la titulature du pouvoir émetteur et un revers qui indique sa valeur et une datation précise. Ce double tournois a donc été frappé sous l’autorité de Maximilien de Béthune, dans sa principauté de Henrichmont, en l’an 1636.
Maximilien de Béthune, duc de Sully (parfois simplement appelé Sully), est d’ailleurs une figure bien connue de l’Histoire française. Il est né le 13 décembre 1559 à Rosny-sur-Seine dans une famille calviniste descendant des comtes d’Artois. Il a été le compagnon d’armes de Henri III de Navarre (Henri IV de France), puis son conseillé et finalement Ministre des Finances (de 1598 à 1611). En plus de ses charges (Surintendant des fortifications) et de ses titres militaires (Grand maître de l’artillerie, maréchal de France), il cumule de nombreux titres, entre autres, ceux de Pair de France, marquis de Rosny, duc de Sully, et prince souverain d’Henrichemont et de Boisbelle. Il possède déjà de nombreuses propriétés mais agrandit aussi son duché (dont le siège est à Sully-sur-Loire, en Orléanais) par l’acquisition de nouveaux territoires dans la province de Berry pour se créer un véritable fief. Ainsi, en août 1605, il acquiert du duc de Nevers, Charles de Gonzague, la seigneurie souveraine de Boisbelle pour y construire une ville nouvelle qu’il dédiera à son roi et nommera Henrichemont. Si le développement de la ville ne se déroule pas comme il espérait, elle comporte néanmoins déjà un atelier monétaire qui produira des monnaies entre 1635 et 1656. Après l’assassinat de son roi en 1610 et un désaccord avec la régente, Marie de Médicis, il abandonne ses fonctions pour vivre dans son domaine, loin de la cour. Il meurt au château de Villebon le 22 décembre 1641 et est enterré à Nogent-le-Rotrou (ses cendres seront rapatriées à Sully-sur-Loire en 1999). Étant donné que cette pièce de monnaie a été frappé par une principauté (et non par le royaume), on peut encore la considérer comme une monnaie féodale.
[ Translate ]Sources: Wikipedia (Maximilien de Béthune [FR/EN], Double tournois, Principauté souveraine de Boisbelle, Henrichemont [FR/EN]), Google, CGB, Numista (type 1, type 2). Voir aussi ma fiche.
La semaine prochaine, pour terminer cette chronique sur la monnaie ancienne, je vais commencer à vous présenter des pièces de monnaie modernes du Canada et d’Europe (moderne mais tout de même du XVIIIe et XIXe siècle). Toutefois, elles ont pour moi une valeur très personnelle car je ne les ai pas acquise mais j’en ai hérité. Ce sont des pièces qui appartenaient à la collection de mon père (et probablement aussi de mon grand-père).