Quinze récits de Liu Cixin adaptés en BD par des auteurs de tous pays. Quinze voyages d’un espace-temps où croisent les dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, tissant les possibles devenirs de l’humanité.
Les Futurs de Liu Cixin réunit quinze nouvelles, adaptées en bande dessinée, du plus grand écrivain contemporain [chinois] de science-fiction. Son oeuvre, qui explore les devenirs possibles de notre civilisation en conjuguant des dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, a été couronnée d’innombrables prix (dont le prestigieux Hugo Award [en 2015]) et s’est vendue à des millions d’exemplaires dans le monde entier. Sa nouvelle “The Wandering Earth” (La Terre Vagabonde) a fait l’objet d’une adaptation cinématographique qui a battu tous les records, et une ambitieuse série télévisée tirée de sa trilogie Le problème à trois corps est en cours de production.
4. Nourrir l’Humanité
“Treize des plus riches personnalités du monde engagent un tueur à gages pour éliminer trois personnes parmi les plus pauvres. Hua Tang accepte le contrat mais s’interroge sur leur dangerosité. Est-ce lié aux étranges distributions populaires de sacs remplis de millions ? Ou bien aux extraterrestres qui se font appeler les Dieux et survolent inlassablement notre Terre depuis cinq ans ?”
[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]
Nourrir l’Humanité (Les Futurs de Liu Cixin, #4), par Sylvain Runberg (scénario, d’après une nouvelle de Liu Cixin) et Miki Montllò (dessin et couleur). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), juin 2022. 126 pages, 21.7 x 29.8 cm, 21.90 € / $36.95 Can, ISBN 978-2-413-03801-6. Pour un lectorat adolescent (12+).
5. La Perfection du Cercle
“227 avant JC, époque des Royaumes combattants. Ying Zheng, roi de la dynastie Qin, veut unifier la Chine. S’il prouve qu’il connaît le langage du Ciel et en comprend les desseins, il les mènera tous vers un avenir meilleur. Grâce à un tout nouveau mode de calcul de données à grande échelle, le savant Jing Ke va lui enseigner ce langage qui réside dans la forme la plus parfaite au monde, le cercle.”
[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]
La Perfection du Cercle (Les Futurs de Liu Cixin, #5), par Xavier Besse (d’après une nouvelle de Liu Cixin). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), août 2022. 74 pages, 21.8 x 30 cm, 17.95 € / $29.95 Can, ISBN 978-2-413-03806-1. Pour un lectorat adolescent (12+).
(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)
J’ai déjà commenté la version anglaise des premiers volumes de cette série d’adaptation en BD de nouvelles de l’excellent auteur de science-fiction chinois Liu Cixin: 1. Sea of Dreams, 2. The Wandering Earth, 3. The Village Teacher, ainsi que 4. YuanYuan’s Bubbles (publiés au USA dans la série “Liu Cixin Graphic Novels” de Talos Press). Pour des raisons pratiques (rapidité de publication et disponibilité) je vais poursuivre ma lecture avec l’édition française qui est publiée chez Delcourt sous le titre “Les Futurs de Liu Cixin”. L’édition française se fait dans un ordre légèrement différent et à ce qui semble être un rythme effréné (à peu près un album par mois!): 1. Terre Vagabonde (mars 2022, par Christophe Bec, Stefano Raffaele et Marcelo Maiolo), 2. Pour que respire le désert (mai 2022, par Valérie Mangin, Steven Dupré et Cyril Saint-Blancat), 3. Les trois lois du monde (mai 2022, par Xiaoyu Zhang et Pan Zhiming), 4. Nourrir l’Humanité (juin 2022, par Sylvain Runberg et Miki Montllò) et 5. La perfection du cercle (août 2022, par Xavier Besse). La série se poursuit ensuite avec les titres suivants: 6. Proies et Prédateurs (octobre 2022, par Jd Morvan, Yang Weilin et Hiroyuki Ooshima), 7. L’Attraction de la foudre (novembre 2022, un imposant album de 272 pages! Par Thierry Robin et Cyril Saint-Blancat), 8. Brouillage intégral (janvier 2023, par Marko Stojanovic, Maza et Desko), 9. La Terre transpercée (février 2023, par Wu Qingsong), 10. L’Ère des anges (mars 2023, par Sylvain Runberg et Ma Yi), 11. Au-delà des montagnes (avril 2023, par Eduard Torrents et Ruben Pellejero), 12. Le calcul du papillon (par Dan Panosian), 13. L’Humanité invisible (par Liu Wei), 14. L’Océan des rêves (par Rodolfo Santullo et JOK), et 15. Les Migrants du temps (par Sylvain Runberg et Serge Pellé).
Cette série est un impressionnant projet d’envergure internationale puisqu’il mets en oeuvre trente-deux auteurs et artistes venus de onze pays (Chine, France, États-Unis, Argentine, Uruguay, Espagne, Belgique, Japon, Serbie, Italie et Bosnie Herzégovine) et sera publié dans au moins huit pays. Il a été conçu par le fondateur de la maison d’édition chinoise FT Culture, Li Yun (qui détient les droits internationaux sur les nouvelles de Liu Cixin), en collaboration avec la française Corinne Bertrand, qui a dirigé et édité la série.
Nourrir l’Humanité (赡养人类 / Shànyǎng rénlèi / litt. “Soutenir les êtres humains” — le titre anglais est The Wages of Humanity) est adapté d’une nouvelle du même titre de Liu Cixin publiée en 2005 dans le périodique chinois 科幻世界 (Kehuan shijie / litt. “Le monde de [la] science-fiction“ ou Science Fiction World). C’est le récit de Hua Tang, tueur à gage professionnel, qui reçoit le contrat d’éliminer trois personnes très pauvres: un artiste démuni, un musicien de rue et une jeune femme qui ramasse les déchets dans une décharge. Il s’interroge sur les raisons d’une telle commande et découvre que des envahisseurs venant coloniser la Terre ont offert de payer en compensation un salaire à tous les Humains, équivalent au revenu de la personne la plus pauvre. Pour ne pas trop diminuer leur train de vie, les plus riches décident de partager leur fortune avec le reste de la population en donnant à chacun un million de dollars. Toutefois, trois individu parmi les plus pauvres refusent l’argent, mettant ainsi en péril le revenu des riches. Le récit est entrecoupé de flashbacks qui raconte la jeunesse de Hua Tang, montrant comment il est devenu assassin. En parallèle, nous suivons l’histoire d’une autre Terre. Une civilisation très avancée, qui se fait appeler les “Dieux”, a créé trois planètes similaires à la Terre habitées par des Humains. Sur l’une d’entre elles, un riche industriel est devenu, à force d’acquisitions, l’unique propriétaire de la planète qu’il transforme en jardin personnel où tout est automatisé par une intelligence artificielle. Il règne sur une cour d’Humains cyber-augmentés et la plèbe d’Humains inférieurs est reléguée sous terre et vit dans des conditions difficiles due à la pénurie de ressources (ils doivent payer même l’oxygène qu’il respire). Lorsqu’ils osent demander une meilleure condition de vie, le propriétaire les expulse dans l’espace et leur disant de venir coloniser notre Terre…
Le récit est bien mené, fluide malgré sa complexité, et présente d’intéressants éléments socio-politiques qui font une sorte de mise en garde sur des possibles avenirs dystopiques de notre planète. Le dessin est excellent, agréable et contribue bien à la fluidité du récit. Chose intéressante, cette histoire contient plusieurs éléments précurseurs ou similaires au roman Le problème à trois corps (d’abord paru en feuilletons en 2006 dans Science Fiction World — et dont j’ai déjà commenté le premier volume). C’est donc une excellente lecture.
La Perfection du Cercle (圆 / Yuán / Litt. “Rond” — le titre anglais est The Circle) est adapté d’une nouvelle du même titre de Liu Cixin publiée d’abord en anglais en 2014 dans l’anthologie de “hard” science-fiction Carbide Tipped Pens: Seventeen Tales of Hard Science Fiction compilée par Ben Bova et Eric Choi et publiée par Tor Books (où l’on retrouve d’ailleurs la nouvelle “Snows of yesteryear” par Jean-Louis Trudel!). Il s’agit ici non pas de science-fiction mais d’une uchronie se déroulant au IIIe siècle AEC, à la toute fin de l’époque chinoise des Royaumes Combattants, alors que la dynastie Qin a finalement unifié les différents royaumes. Après avoir tenté d’assassiner le roi Ying Zheng (le futur empereur Qin Shi Huangdi) avec une épée dissimulée dans une carte enroulée, le mathématicien Jing Ke (qui dans ce récit survit à sa tentative) le convainc qu’il peut déchiffrer les mystères de l’univers grâce à la perfection du cercle. En effet, “le ratio entre la circonférence du cercle et son diamètre est une série de chiffres qui commence par 3.1415926 [pi] et continue à l’infini sans jamais se répéter.” Si l’on calcul ce ratio jusqu’à au moins cent mille décimales, la série de chiffres, une fois traduite en formes et en images, contiendra un message dévoilant le plus profond mystère de l’univers! Pour effectuer le calcul, il crée un véritable calculateur en utilisant les trois millions de soldats de l’armée de l’empereur, regroupé par équipes de trois (une sorte de transistor humain formé de deux entrées et une sortie), chacun portant un drapeau blanc (représentant le 0) et un drapeau noir (représentant le 1) pour former un opérateur de fonction logique appelé “porte”. Malheureusement, la calcul est interrompu à mi-chemin car l’empereur est devenu mentalement instable à cause de la potion de mercure qui devait le rendre immortel, ce qui suscite un complot de la part de la Reine-Mère et du faux eunuque Lao Ai ainsi que des révoltes qui menèrent à l’exécution du roi et de son mathématicien…
Le récit est un peu moins intéressant que le précédant mais demeure tout de même fascinant par sa complexité et le processus mathématique astucieux qu’il présente. Le dessin est encore une fois excellent. Le récit reprend également une idée présentée dans le premier volume du roman Le Problème à trois corps. Comme il s’agit d’une uchronie, on peut se demander sur laquelle des trois Terres se déroule cette fresque historique… Cela demeure divertissant et une très bonne lecture.
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© 2021 FT Culture (Beijing) Co., Ltd. All rights reserved. © Éditions Delcourt pour la présente édition.
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