SDL 2022

SDL22-PosterComme tout les ans, le mois dernier je suis allé faire mon tour au Salon du Livre de Montréal. Cette visite annuelle est une tradition que je respecte depuis que je suis adolescent. Cela fait donc une bonne quarantaine d’année que je visite le salon (j’ai sûrement sauté quelques années ici et là car j’étais occupé ailleurs mais cela doit bien faire une trentaine de fois). Je le fais parce que j’aime les livres, que je veux découvrir les dernières parutions et cela me permet de prendre le pouls du milieu de l’édition.

SDL22-planC’est la seconde année que le salon se tient au Palais des Congrès. Le bon vieux salon de la Place Bonaventure me manque un peu mais c’est surtout que j’avais une vieille habitude de parcourir le salon dans tous les sens pour ne rien manquer (dans le sens du cardo et du decumanus selon la centuriation de l’urbanisme romain) et que je trouve une configuration différente (en forme de “L” — comme dans littérature) un peu désorientante. Mais, bon, je vais m’y habituer. Il suffit de parcourir le salon par section. Au moins le salon cette année est un peu plus grand que le précédent (qui avait souffert des suite de la COVID-19).

Le Salon du Livre s’est donc tenu du 23 au 27 novembre au Palais des Congrès, avec quelques activités éparses en ville et en ligne depuis le 11 novembre. Comme toujours, on y découvre une offre de choix énorme. Il se publie tellement de choses intéressantes que j’aimerais avoir dix vies pour goûter à tous ce qui m’attire. Par contre, il y a beaucoup d’éditions qui ont une apparence amateure: de l’auto-édition et beaucoup d’éditeur collectif ou d’aide à l’édition où je suis sûr que le travail éditorial est minimal et tend plus à plaire à l’auteur pour lui soutirer de l’argent (étrange monde où c’est l’auteur qui paie l’éditeur!). Difficile dans cette pléthore littéraire (quoique les gros éditeurs semblent maintenant publier plus de documentaires que de fictions) de séparer le bon grain de l’ivraie.

Ma première impression est qu’il y a pas seulement les légumes qui coûtent plus chers cette année, la culture aussi. J’ai du payer un prix d’entrée de $13 pour visiter le salon !!! J’ai été un peu déçu car j’ai fait un bon tour du salon et je n’ai rien trouvé de bien intéressant. Quoi qu’il y a tellement de titres publiés de nos jours que c’est souvent difficile de trouver quelques choses de précis (c’était plus facile quand j’étais ado car il y avait beaucoup moins d’éditeurs et de choix). Toutefois, un grand choix est une bonne chose, j’imagine. J’ai noté qu’il y avait beaucoup plus de livres jeunesses que pour adultes. Et étrangement, cette année (C’est peut être juste une coincidence) j’ai remarqué aussi beaucoup d’auteur japonais (notamment chez Picquier qui est distribué par le diffuseur Harmonia Mundi, ici associé à Dimédia). Par contre je n’ai pas vu beaucoup de nouveautés mangas ou bds…

Comme toujours ces dernières années, je termine mon tour du salon avec une visite au kiosque de mes amis d’Alire — un kiosque rempli d’un grand choix de lectures dans toutes les littératures de l’imaginaire: science-fiction, fantasy, fantastique, horreur, polars. Il y en a pour tout les goûts. Et comme tous les  samedi du SDL, c’était le cinq à sept des revues (maintenant c’est plutôt le six à sept de LA revue, puisque Alibis n’est plus disponible qu’en ligne) avec le lancement de la dernière cuvée de Solaris, le numéro 224. Plusieurs des auteurs étaient présent pour signer votre exemplaire. Un verre de vin à la main c’était l’occasion de discuter de la situation des littératures de genre post-pandémie, d’un éventuel prochain congrès Boréal ou du cinquantième anniversaire de la revue qui approche à grand pas (en 2024).

Maintenant, il faut juste que je trouve un peu plus de temps et d’énergie pour lire. Je traine un peu et ma pile de tsundoku prends du volume !

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Les montagnes hallucinées t.2 (Tanabe)

montagnes_hallucinees_02-cov“À son arrivée au campement du Pr Lake, l’équipe du Pr Dyer découvre un véritable charnier… Seul Gedney, l’assistant du biologiste, aurait vraisemblablement réussi à fuir en traîneau. Mais l’homme a-t-il réellement une chance de survivre dans ces contrées hostiles ? Rien n’est moins sûr…

Il est pourtant le seul qui saurait expliquer le spectacle de désolation que les scientifiques ont sous les yeux, et surtout le mystérieux tumulus qui renfermait les spécimens décrits par son mentor quelques jours plus tôt ! Bien décidé à retrouver le disparu, le géologue part en expédition au-delà des montagnes…

Avec un trait sombre et réaliste, Gou Tanabe met en images les pires cauchemars imaginés par H.P. Lovecraft, le maître du fantastique et de l’horreur. Aux confins des terres inexplorées, la joie de la découverte laisse place à une lutte sans espoir contre la terreur et la folie.”

[texte de la couverture arrière]

Les montagnes Hallucinées (狂気の山脈にて – ラヴクラフト傑作集 / Kūki no Sanmyaku ni te – ravukurafuto kessaku-shu / lit. “Dans une chaîne de montagnes folle; collection de chefs-d’œuvres de Lovecraft”) a d’abord été publié en feuilleton dans le magazine Comic Beam (2016-17, Enterbrain), puis compilé en quatre volumes par Kadokawa. Ce manga seinen adapte une novella de H.P. Lovecraft, reconnu comme l’un des maîtres de la littérature fantastique et d’horreur. Écrit en 1931, ce court roman a été publié par le magazine Astounding Stories en 1936, juste une année avant la mort de Lovecraft. La traduction anglaise du manga a été publié par Dark Horse et la version française est paru chez Ki-oon. 

TANABE Gou a aussi adapté en manga plusieurs autres récits de Lovecraft: The Outsider (2007), The Hound and Other Stories (2014, publié en anglais chez Dark Horse et qui inclus “The Hound,” “The Temple,” et “The Nameless City”), The Colour Out of Space (2015), et The Haunter of the Dark (2016). La prochaine adaptation de Lovecraft par Tanabe à paraître chez Ki-oon en septembre 2019 sera Dans l’abîme du temps [時を超える影 / Toki o Koeru Kage / The Shadow Out of Time ] — publié dans Monthly Comic Beam entre avril et septembre 2018. Sa plus récente adaptation est celle de L’Appel de Cthulhu ( クトゥルフの呼び声 / Kutourufu no yobigoe / The Call of Cthulhu) qui a débuté sa sérialisation dans le numéro de mai 2019 du même magazine.

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Pages 26-27

Dans ce deuxième tome, le récit se poursuit là où on l’avait laissé avec la première partie (que j’ai déjà commenté fin avril). Deux membres de l’équipe de recherche de l’université Miskatonic, Dyer et Danforth, se lance à la recherche de Gedney à bord de l’un des aéroplanes de l’expédition dans l’espoir que celui-ci puisse expliquer ce qui s’est passé au campement du Pr Lake. Ils franchissent une énorme chaine de montagnes, au-delà de laquelle ils découvrent une cité cyclopéenne qui défie toutes les connaissances que l’humanité a de l’histoire de la planète! 

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Pages 48-49

Ils trouvent un espace suffisamment dégagé pour atterrir et décident de mettre temporairement de côté les recherches pour Gedney afin d’explorer la cité. Si celle-ci est envahie par la glace, ses murs de pierres sont néanmoins encore assez bien conservés malgré un âge de plusieurs centaines de millions d’années! À l’intérieur des bâtiments, ils découvrent de nombreuses fresques qui relatent l’histoire de cette fabuleuse civilisation pré-humaine. Dyer et Danforth les documentent par de nombreux croquis et photographies. 

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Pages 88-89

Venus de l’espace, ces créatures étranges (sans nom, fusiforme, ailé, à la tête en forme d’étoile) se sont d’abord installé au fond des océans avant que la vie y apparaisse. Cette vie, c’est eux qui l’ont créé pour en faire de la nourriture ou des esclaves afin de bâtir leur cités. Très résistants, ils survécurent à de nombreux bouleversements géologiques et à de terribles guerres — une contre d’autres fantastiques créatures ressemblant à des pieuvres, les enfants de Cthulhu, venus du plus profond de l’espace ou même d’une autre dimension; une contre leur esclaves révoltés, les Shoggoths, de puissantes créatures protoplasmiques, et finalement une autre guerre contre les Mi-go, des envahisseurs intersidéraux mi-champignon, mi-crustacés. Leur civilisation a fini par dépérir avec le temps, pour probablement éventuellement disparaître. L’humanité en a gardé le souvenir dans ses mythes sous le nom des Grands Anciens

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Page 209

Toutefois, au fur et à mesure que Dyer et Danforth s’enfoncent dans les profondeurs de la cité, vers l’abîme qui fut le dernier refuge des créatures, ils réalisent que la cité semble encore en partie habitée! Mais par qui? Pourront-ils échapper à l’horreur qui dors dans cette obscurité et rester suffisamment sein d’esprit pour avertir l’humanité de ne plus jamais remettre les pieds dans ces lieux maudits?

Le récit de Gou TANABE est assez fidèle à celui de Lovecraft. Cependant, ce qui rends ce manga intéressant en comparaison à d’autres adaptations, c’est l’incroyable détails de ses superbes planches. Certains critiques lui ont reproché de manquer d’imagination lorsqu’il décrit graphiquement la cité et ses fresques mais, compte tenu de l’ampleur de la tâche, sa représentation précise du récit sur plus de six-cent pages tient du tour de force! 

La qualité du trait de TANABE et surtout celle de la reliure de l’édition française fait de ce manga un très beau livre. Le récit, malgré son rythme lent, est captivant mais n’a toutefois pas suscité chez moi l’horreur que ce genre d’histoire cherche habituellement à créer. Et c’est une des histoires de Lovecraft que je trouve particulièrement intéressante car elle dévoile en détail tout le le mythe des grands anciens — ou plutôt elle le mythifie en lui donnant une teneur (pré)historique. C’est donc à lire absolument si vous êtes le moindrement amateur de l’oeuvre de Lovecraft ou de mangas d’aventures.

Il est à noter que Les montagnes Hallucinées t.1 faisait partie de la sélection officielle du festival d’Angoulème de 2019. Aussi, la version anglaise du tome 2 paraîtra chez Dark Horse en octobre 2019 (ISBN 978-1-50671-023-5, $US 19.99).

Les Montagnes Hallucinées T. 2 (Les chefs-D’Oeuvres de Lovecraft), par Gou TANABE (dessin) et H.P. Lovecraft (histoire). Paris: Ki-oon (Coll. Seinen), mars 2019. 356 p. 15 x 21 cm, 15 € / $C 27.50. ISBN 979-10-327-0398-4. Pour lectorat jeune adulte (16+).stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© Tanabe Gou 2016 & 2017

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Ad Astra VI

AdAstra-v06-covMalgré les réserves d’Aemilus, Varron reste fidèle à son plan. Il lance son immense armée contre les troupes carthaginoises, persuadé d’avoir identifié la stratégie de l’ennemi : profiter du terrain pour prendre l’adversaire au piège.

Mais rien ne se passe comme prévu et, dès le début des combats, la cavalerie romaine se fait décimer ! Tandis qu’Aemilius, blessé, cherche à préserver Scipion du carnage, le second consul prend lâchement la fuite. Si l’infanterie de Rome domine encore, la bataille ne fait que commencer…

Bravoure, complots et stratégie… Plongez au cœur des batailles qui opposèrent les légendaires Hannibal et Scipion !” (Texte de la couverture arrière)

Ad Astra: Scipion l’Africain & Hannibal Barca (アド・アストラ -スキピオとハンニバル- / Ad Astra – Scipio to Hannibal) est un manga seinen historique par Mihachi KAGANO (dont c’est le premier titre) qui raconte les faits saillants de la deuxième guerre punique qui opposa Rome et Carthage. Il a été prépublié dans le magazine Ultra Jump (entre mars 2011 et février 2018), puis compilé en treize volumes chez Shūeisha. La version française paraît chez Ki-oon.

AdAstra-v06-p21Le sixième volume est entièrement consacré à la bataille de Cannae et à ses suites immédiates. Encore une fois, les romains sont victimes de la brillante stratégie d’Hannibal. Toutes les batailles précédentes n’ont servi qu’à convaincre les romains qu’ils commençaient à comprendre sa stratégie afin qu’il puisse à nouveau les surprendre. Il commence par rassurer ses alliés gaulois en affirmant qu’ils vaincront malgré leur infériorité numérique (80,000 romains contre 50,000 alliés Carthaginois) et de lourdes pertes mais que cela en vaut la peine pour se venger du joug romains et pour l’honneur de la Gaule! Après avoir feint la retraite, les Carthaginois encerclent les romains et les massacrent. Minucius et Aemilius sont tué par Giscon. Scipion, qui avait reçu l’ordre de rester en retrait avec la cavalerie, décide de mobiliser les 10,000 hommes restés au camp en renfort mais ceux-ci refusent. Leur dernier ordre était de garder leur position et, Aemilius étant mort et Varron ayant “retraité” (fuit), il n’y a plus de généraux pour donner de nouveaux ordres.

Les pertes romaines sont lourdes: 60,000 morts (dix fois plus que les Carthaginois!) et 10,000 prisonniers (dont Rome refusera de racheter la liberté)! Maharbal est d’avis que les Carthaginois devraient profiter de la victoire et marcher sur Rome mais Hannibal refuse, ne voulant pas prendre de front un ville défendu par une muraille. Maharbal réponds “Tu sais vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire!” Par dépit, il massacre les villages environnants (Caius qui a survécu à la bataille mais a perdu un oeil, en est témoin). Hannibal envoi son frère Magon à Carthage pour réclamer des renforts. À Rome, Fabius reprends le pouvoir et envoi les soldats survivants en Sicile, sous le commandement de Marcellus. Scipion décide de suivre le cursus honorum et de briguer office pour éventuellement devenir consul même si la tâche se révèle ardue (“Per aspera ad astra” d’où le titre du manga). Il défit Marcellus pour obtenir son soutien à l’édilité mais celui-ci le punis. Lorsque Marcellus est rappelé en Italie pour défendre la Campanie contre Hannibal, Scipion demande à l’accompagner…

Ad Astra est un manga très bien dessiné — le style en est clair et précis. Le récit est fluide, intéressant et très instructif pour ceux qui s’intéresse à l’histoire et à la civilisation romaine. Cependant, malgré que le récit laisse de côté de nombreux détails historiques (si l’on compare à Tite-Live), ce manga s’étire sur treize volumes. Nous n’en sommes donc qu’à la moitié de l’histoire! Cela reste quand même, avec Pline, le manga historique idéal pour les amateurs d’histoire romaine.

Ad Astra: Scipion L’Africain & Hannibal Barca Vol. VI, par Mihachi KAGANO. Paris: Ki-oon, juin 2015. 210 pages, 13 x 18 cm, 7,90 € / $16.98 Can. ISBN 978-2-35592-829-1. Pour un lectorat adolescent (14 ans et plus). stars-3-5

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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Ad Astra Publius Cornelius Scipio Africanus Major & Hannibal Barca © 2011 by Mihachi Kagano / SHUEISHA Inc.

Voir mes commentaires sur les volumes précédents:

ad_astra-v01 ad_astra-v02 ad_astra-v03 AdAstra-v04-cov AdAstra-v05-cov

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Capsules

Stat’ice report

Pour suivre l’état des choses dans le parc…

Suite à mes commentaires sur l’état glacé des trottoirs du quartier VSP et des sentiers du Parc Frédéric-Back (voir mes billets Coeur de glace et N’ice park), je constate — une semaine plus tard — que, si il y a encore un effort pour déglacer les trottoirs, il n’y a par contre aucune amélioration du côté des sentiers du parc. Ce sont toujours de véritables patinoires, inaccessible à quiconque n’a pas de bons crampons aux pieds.

Pourtant, alors que je prenais ma marche de santé journalière, j’ai croisé une épandeuse qui sortait du parc Champdoré. Elle a laissé l’entrée du parc avec une quantité généreuse d’abrasif. Je me disais que c’était bon signe. Mais non! L’épandeuse n’est pas passé par les sentiers du Parc Frédéric-Back car il n’y avait pas la moindre trace d’abrasif sur la côte du sentier qui prend naissance près de l’édicule du parc Champdoré. Il n’y avais pas plus d’abrasif ailleurs jusqu’à l’entrée Émile-Journault (qui était elle aussi encore une patinoire et l’accès à l’intérieur du parc n’était toujours pas déneigé) ou même jusqu’à l’escalier de l’entrée du Pélican. Les sentiers polyvalents de ce parc devaient être accessible en toutes saisons aux promeneurs et ce n’est pas le cas! On ne peut pas s’y aventurer sans crampons! Je me suis fait dire que, plus tôt cette semaine, la situation était assez similaire dans le Parc Jarry. Cette administration municipale se fout vraiment de la gueules des citoyens! 

Je suis bien déçu… Vivement le printemps et l’été que l’on puisse à nouveau profiter de la nature que nous offre le parc. D’ailleurs la ville n’est-elle pas censé ouvrir une nouvelle section du parc en 2019?

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