Là où naissent les histoires

LaOuNaissentLesHistoires-cov“Les Delphes, des créatures possédant le talent de raconter des histoires, sont chargés d’écrire les sitcoms qui cartonnent sur toutes les chaînes de Point Central. Malheureusement la substance qui nourrit leur créativité se fait rare… Il est urgent pour eux d’obtenir l’aide de Galaxity afin qu’un autre gisement soit exploité. Celui-ci se situe dans un coin perdu sur la Terre du XXe siècle ! Le service spatio-temporel terrien est sur le coup… Mais leurs meilleurs agents sont redevenus enfants. Pas facile de travailler avec un duo d’ados et interdiction pour eux de louper les cours de danse et de judo !”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

 

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Page 3

Valérian et Laureline ont trouvé refuge sur la Terre du XXIe siècle, loin des technocrates de Galaxity, mais ils sont redevenu enfants, sous la garde de Monsieur Albert. L’Agence Spatio-Temporelle fait néanmoins encore appel à eux pour superviser une transaction d’une grande importance pour la stabilité de la galaxie: approvisionner une race d’auteurs de sitcoms avec des nodules métalloïdes de Boroflium découvert sur Terre dans le Caucase post-soviétique afin d’assurer leur créativité et, par extension, la sérénité populaire. Mais plusieurs groupes convoitent les nodules… Les deux adolescents français en “excursion” dans l’Europe de l’Est vont user de leur intuition pour aider leur tonton dans sa tâche…

Cet album semble avoir été classé dans la série ”Valérian, vu par…” mais comme le récit présente une suite logique au dernier album “officiel”, qu’il est écrit par Pierre Christin et que le style de Virginie Augustin s’approche beaucoup de celui du défunt Jean-Claude Mézières je crois qu’il pourrait très bien prendre sa place dans le cannon des aventures de Valérian et Laureline. D’ailleurs, l’album lui-même — contrairement aux deux autres “hommages”, Shingouzlooz Inc par Wilfrid Lupano & Mathieu Lauffray et L’Armure du Jakolass par Manu Larcenet — ne fait aucune mention de la collection “Valérian, vu par…”

Cet album nous offre un très beau récit de science-fiction, plein d’humour, qui s’insère fort bien dans la série. De plus, le superbe style de dessin de Virginie Augustin qui, comme je l’ai déjà dit s’apparente beaucoup à celui de Mézières, rends la lecture d’autant plus agréable. C’est non seulement une belle aventure de Valérian et Laureline, mais c’est aussi un excellent album qui plaira sans aucun doute tant aux fans nostalgique de la série qu’aux non initiés. À lire.

Là où naissent les histoires (Valérian, vu par…), par Pierre Christin (Scénario) et Virginie Augustin (Dessin). Paris: Dargaud, septembre 2022. 56 pages, 22.5 x 29.8 cm, 13,50€ / $25.95 Can, ISBN 978-2-205-08997-4. Pour un lectorat tous publics (7+). stars-4-0

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© Dargaud 2022

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Olympia Kyklos vol. 5

OlympiaKyklos-5-covAprès Thermae Romae, la nouvelle comédie sportive de Mari Yamazaki !

Après avoir découvert les frissons du catch dans le Japon d’aujourd’hui et avoir rapporté ce divertissement haut en couleurs dans la Grèce antique afin d’édifier les Athéniens, Démétrios doit quitter la cité en catastrophe : un message alarmant vient d’arriver de Tritonia, son village natal, qui semble en grand péril ! Le jeune peintre sur céramiques saisit ses pinceaux et ses vases et s’élance aussitôt au secours des siens, l’estomac noué par l’angoisse. Que va-t-il trouver à Tritonia ?”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

OlympiaKyklos-5-p002Olympia kyklos (オリンピア・キュクロス / lit. “Cercles Olympique”) est un manga seinen par Mari Yamazaki qui est sérialisé au Japon dans le magazine bimensuel Grand Jump depuis mars 2018 et a été jusqu’à maintenant compilé en sept volumes chez Shueisha. Il a été traduit en français chez Casterman (six volumes de disponibles). C’est une comédie du style de Thermae Romae (voir aussi mon commentaire sur cette série) mais qui se situe dans l’antiquité grecque cette fois et traite de sujets autour du thème des jeux olympiques. Le manga a sans aucun doute été créé en anticipation des jeux olympiques de Tokyo de 2020 (mais qui furent reportés à l’année suivante à cause de la pandémie de Covid-19). J’ai déjà commenté le trois premiers volumes ainsi que le quatrième.

Avec l’aide de Platon, Démétrios décide d’introduire les Athéniens au catch, qu’il présente comme un mélange de théâtre et de lutte. Il en profite pour vendre ses vases ornés de dessins illustrant les grands moments du spectacle tel que Tezuka lui a enseigné. Toutefois, une missive de Apollonia lui apprends que le patriarche a organiser des jeux au village de Tritonia mais il s’est endetté auprès du village voisin afin de construire un stade et un temple. Les jeux n’ayant pas eut le succès escompté les nouveaux bâtiments restent inachevés et les villageois doivent maintenant payer un tribu au village voisin pour rembourser la dette ! Alors qu’il cherche une façon d’aider son village natal, Zeus transporte Démétrios à nouveau au Japon moderne où il découvre… le kabuki ! 

 

Cette série de manga, avec le superbe style détaillé et précis de Mari Yamazaki, nous offre encore une fois une lecture agréable qui s’avère non seulement divertissante de par ses mises en situation humoristique mais nous fait également réfléchir sur la culture et différents aspects de la société moderne. Un très bon manga que je recommande fortement.

Olympia Kyklos, 5, par Mari Yamazaki. Bruxelles: Casterman (Coll. Sakka), octobre 2022. 200 pages (2 en couleurs), 13.3 x 18.1 cm, 8,45 € / $C 15.95, ISBN 978-2-203-23739-1. Pour lectorat adolescent (14+). stars-3-5

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© 2018 Mari Yamazaki. All Right Reserved.

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Fleurs de pierre, vol. 1

FleursDePierre-01-cov“Yougoslavie, 1941. Les jours coulent paisiblement, loin des tensions politiques de Belgrade, jusqu’à ce que les troupes nazies envahissent et pillent le pays. Le jeune Krilo voit son village brulé et ses habitants massacrés. Son amie, Fi, est déportée. Il fuit dans la montagne et retrouve d’autres rescapés, qui tentent d’organiser la résistance. À travers le destin de ces enfants, de leurs amis et de leurs ennemis, Sakaguchi raconte un pan de notre histoire où deux visions du monde s’opposent et broient les individus.

Fidèles à leur politique de redécouverte d’œuvres majeures du patrimoine de la bande dessinée mondiale, les éditions Revival ont décidé de reprendre l’aventure éditoriale de Fleurs de pierre en publiant l’intégrale des aventures de Krilo en 5 volumes entre octobre 2022 et juin 2025.”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Vol. 1, page 24

Fleurs de pierre (石の花 / Ishi no Hana) est un manga seinen par Hisashi Sakaguchi qui nous offre, chose rare, un drame historique prenant place en Yougoslavie durant la deuxième guerre mondiale. Il a été d’abord publié en feuilletons dans Comic Tom entre mars 1983 et août 1986 avant d’être compilé en six volumes chez Ushio Shuppansha (1984-1986). La série a été rééditée cinq fois au Japon (chez Shinchosha en 1988, Kodansha en 1996 et 2002, Kobunsha en 2008 et Kadokawa en 2022). La plus récente publication, en cinq volumes, comporte une renumérisation complète des planches en haute résolution. Trois volumes ont été traduit en français chez Vents d’Ouest en 1997 mais la publication de la série a été abandonné avant d’être complétée. Une nouvelle édition, cette fois complète, est publiée aux Éditions Revival depuis octobre 2022 avec une nouvelle traduction par Ilan Nguyen et présentant les planches renumérisées en grand format dans le sens de lecture original. En janvier 2023, la série a reçu le prix du patrimoine au 50e festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Hisashi Sakaguchi fait son apprentissage du manga par l’entremise de l’animation car il commence à travailler très jeune au Studio Mushi de Osamu Tezuka, contribuant à des séries comme Astro Boy, Le Roi Léo, Princesse Saphir ou des films comme Cleopatra. Disparu trop jeune, à l’âge de quarante-neuf ans, il a surtout publié des histoires courtes mais on lui connait trois séries: Fleurs de Pierre (1983), Version (1989) et Ikkyu (1993). C’est un auteur relativement peu connu mais qui a tout de même contribué au développement du manga pour adulte.

 

Fleurs de pierre nous offre un style très classique, voir vieillot, fait de traits d’encrage simples composant un dessin réaliste mais dépouillé qui ne plaira sans doute pas à tous mais qui est très efficace pour exprimer l’action et les sentiments des personnages. Ce manga nous fait le récit captivant d’un jeune garçon qui doit fuir son village et survivre au monde complexe d’un pays non seulement déchiré par les multiples cultures qui le composent mais également par la violence d’un envahisseur sans merci. C’est une oeuvre volumineuse (près de mille quatre cent pages!) et intrigante dont le sujet reste malheureusement d’actualité. C’est une lecture intéressante qui mérite qu’on lui porte un peu d’attention. Je suis bien curieux de lire la suite et de voir quelle direction prendra le récit. 

Fleurs de pierre, vol. 1, par Hisashi Sakaguchi. Paris: Édition Revival, octobre 2022. 304 pages, 21 x 28 cm, 29 € / $49.95 Can, ISBN 979-10-96-119-60-8. Pour un lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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© Hisashi Sakaguchi 2021. © Revival 2022 pour l’édition française.

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Les futurs de Liu Cixin #7: L’attraction de la foudre

AttractionDeLaFoudre-cov“15 récits de l’écrivain de SF Liu Cixin adaptées en BD par des auteurs de tous pays; 15 voyages quantiques à la croisée de dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, pour y découvrir les futurs de l’humanité.

Chen est fasciné par la foudre globulaire depuis une expérience traumatisante vécue dans l’enfance. Doctorant en modélisations mathématiques, il est poussé par son université vers l’armée qui allie ressources financières et capacités d’expérimentation. Chen se retrouve ainsi à tenter de capturer et analyser ces boules d’énergie brute, alors que les tensions internationales s’intensifient.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

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J’ai déjà commenté la version anglaise des premiers volumes de cette série d’adaptation en BD des récits de l’excellent auteur de science-fiction chinois Liu Cixin: 1. Sea of Dreams, 2. The Wandering Earth, 3. The Village Teacher, ainsi que 4. YuanYuan’s Bubbles (publiés au USA dans la série “Liu Cixin Graphic Novels” de Talos Press). Pour des raisons pratiques (rapidité de publication et disponibilité) je vais poursuivre ma lecture avec l’édition française qui est publiée (dans un ordre légèrement différent) chez Delcourt sous le titre “Les Futurs de Liu Cixin” et dont j’ai déjà commenté les tomes 4. Nourrir l’Humanité et 5. La perfection du cercle ainsi que le sixième tome, Proies et Prédateurs. Les titres se succèdent au rythme d’environ un par mois.

 

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L’attraction de la foudre (Les Futurs de Liu Cixin, #7) est l’adaptation en bande dessinée du roman de science-fiction 球状闪电 (Qiúzhuàng shǎndiàn / lit. “foudre en boule”) par par Liu Cixin paru en Chine en 2014 et traduit en français chez Actes Sud en 2019. Ce volume nous raconte la vie de Chen Kun qui prends un tour inattendu le jour de ses quatorze ans alors que ses parents sont tués par une boule de foudre qui est entrée dans leur appartement. Fasciné par ce phénomène, il y consacre ses études universitaires. Lors d’un stage dans un centre de recherche localisé au sommet du mont Taishan, il fait la rencontre de Lin Yuan — une fille de général obsédée par l’armement militaire — qui étudie elle aussi la foudre mais pour en faire une arme. Alors que la tension internationale monte avec l’intervention de navires de la “Coalition Démocratique” en mer de Chine (constituant “une escalade intolérable et un signe d’agression évident”), il est “invité” par le Ministère des Armées à rejoindre le groupe de recherche “Nouveaux Concepts” dirigé par Lin. Ils tenteront d’étudier et de capturer de la foudre globulaire afin d’en faire une arme. Ils découvrent que le phénomène n’est pas créé par la foudre mais qu’il est préexistant et que la foudre ne fait que le rendre visible. Chen théorise que la foudre globulaire est en fait un électron géant qui constitue un macro-atome formant un univers macroscopique ! Après de nombreux échecs et alors que la guerre semble imminente, Lin refuse d’entendre les mises en garde de ses collègues contre les dangers de l’expérience et fait l’essai d’une arme si terrible qu’elle changera à jamais la géopolitique mondiale…

 

L’attraction de la foudre est un récit de hard SF, avec des échos étrangement d’actualité, typique de l’œuvre de Liu Cixin. Le dessin est très bien alors que le récit demeure fort intéressant et relativement vraisemblable. Comme elle adapte non pas une nouvelle mais un roman il en résulte une BD volumineuse qui nous offre une longue et agréable lecture et qui reste divertissante malgré la complexité de ses aspects scientifiques. Elle plaira sans aucun doute aux amateurs de hard SF et de l’oeuvre de Liu Cixin.

L’attraction de la foudre (Les Futurs de Liu Cixin, #7), par Thierry Robin (Scénario d’après une nouvelle de Liu Cixin et illustration), Yang Fei (assistant au décors) et Cyril Saint-Blancat (couleur). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), novembre 2022. 272 pages, 21.9 x 29.8 cm, 34.95 € / $59.95 Can, ISBN 978-2-413-03809-2. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-5

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© 2022 FT Culture (Beijing) Co., Ltd. All rights reserved. © 2022 Éditions Delcourt pour la présente édition.

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Yawara ! #9

Yawara-9-cov“L’oeuvre incontournable d’un narrateur hors pair. L’auteur de Monster, Pluto, et Asadora! vous entraîne dans le quotidien ordinaire d’une judoka extraordinaire !”

“Depuis toute petite, Yawara Inokuma a été entraînée par son grand-père Jigorô Inokuma, un champion de judo, qui voit en elle une future star de la discipline. Il a été annoncé que les JO de Barcelone accueilleraient enfin la discipline féminine dans la compétition. Jigorô rêve donc de faire de sa petite-fille la première championne olympique féminine de judo. Mais contrairement aux attentes de son aïeul, la jeune fille ne rêve que de mode, d’amour, d’idol… Bref, elle n’aspire qu’à une vie d’adolescente ordinaire, loin des entraînements et des compétitions. Mais c’est sans compter son talent inné pour le judo, que son entourage ne lui permettra pas d’oublier…!”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

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Yawara! (やわら!) est une oeuvre de jeunesse de l’excellent mangaka Naoki Urusawa. Elle a originalement été publié entre avril 1987 et octobre 1993 dans l’hebdomadaire seinen Big Comic Spirits, puis compilé en vingt-neuf volumes (tankōbon) chez Shōgakukan. En 1998-99, il y a eut une réédition en format plus petit (bunkoban) de dix-neuf volumes, puis une “collector edition” (Kanzenban) de vingt volumes en 2013-15. C’est cette dernière édition qui est présentement publiée en français chez Big Kana. Il y a onze volumes de paru jusqu’à maintenant, les suivants étant annoncé pour fin avril et juillet 2023. J’ai déjà commenté le premier, le second, le troisième, le quatrième, le cinquième, le sixième ainsi que les septième et huitième volumes.  

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vol. 9, p. 5

Pour pouvoir affronter Yawara et le club de Judo de l’Université pour filles de Mitsuba, Sayaka décide de créer son propre club de judo féminin à l’Université du Sacré-Corps. Celui-ci est composé de jeunes bourgeoises qui n’ont aucune expérience en judo mais cela ne concerne pas Sayaka qui compte gagner à elle seule. Et si l’équipe de Yawara est elle aussi composé de ceintures blanches inexpérimentées, elle est entraînée par Jigorô et compte parmi son rang une athlète surprenamment prometteuse, l’ex-ballerine Fujiko. Les deux équipes vont s’affronter à la coupe Hortensia du judo universitaire féminin. Toutefois, les co-équipières de Yawara se révèlent d’un tel niveau qu’elle n’a même pas à combattre et Sayaka se retrouve frustré de son duel avec elle. Cependant, en finale, Yawara se retrouve à affronter seule toute l’équipe championne de l’Université de Tsukushi!  En aura-t-elle la force ?

Ce volume nous offre une bonne dose d’action sportive enrobées d’humour et de quelques scènes coquines pour aguicher le lectorat masculin (le controversé “fan service”). Le dessin est de haute qualité et sait bien rendre les scènes de combats. Yarawa! est  une comédie romantique de sport qui nous offre une lecture à la fois captivante, agréable et distrayante. Vivement la suite! 

Yawara t. 9, par Naoki Urasawa. Bruxelles: Kana (Coll. Big Kana), juillet 2022. 306 pages, B&W (12 pages en “couleurs”), 14.8 x 21 cm, 15.50 € / $C 26.95, ISBN 978-2-5050-8655-0, Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-5

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Lire aussi mes commentaire sur les volumes précédents.

© 2014 Naoki Urasawa / Studio Nuts. All right reserved. © Kana (Dargaud-Lombard) 2022 pour l’édition française.  

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La Chronique de Nuremberg

Suite à ma récente visite au Salon du Livre Ancien de Westmount  je me retrouve donc maintenant le fier propriétaire d’une page d’incunable, c’est-à-dire un livre imprimé en Europe avant 1501, soit à l’aube de l’invention de l’imprimerie à caractère mobile (typographique par opposition à xylographique) par Gutenberg (vers 1450). Il s’agit d’une page tirée de La Chronique de Nuremberg.

Comme les tout premiers livres imprimés ne comportaient pas de page titre, le nom de “Chronique de Nuremberg” lui a été attribué ultérieurement par les spécialistes puisque c’est une “chronique” publiée à “Nuremberg”. Il s’agit d’une chronique universelle qui se veut raconter l’histoire du monde en se basant sur la Bible (et quelques autres sources anciennes et médiévales) et y ajoutant, de façon encyclopédique, des vignettes sur les villes et les personnages importants de l’époque traitée (rois, membres du clergé, penseurs et philosophes). L’ouvrage a connu deux éditions, toutes deux imprimées à Nuremberg par Anton Koberger en 1493. Il a d’abord été écrit en latin par Hartmann Schedel sur une commande des marchands Sebald Schreyer et Sebastian Kammermeister, puis il a ensuite été traduit en allemand par George Alt. L’édition latine, le Liber chronicarum, a été publié en juillet 1493 à environ 1500 exemplaires (dont il ne subsiste que quatre cent) et l’édition allemande, Das buch der Chroniken vnnd geschichten mit figuren vld pildnussen von Anbeginn der welt biss auff dise vnsere Zeyt [“Le livre des chroniques et histoires avec figures et illustrations depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours”] ou simplement Die Schedelsche Weltchronik [“Chronique universelle de Schedel”], a été publiée en décembre 1493 à environ mille exemplaires (dont il ne subsiste que trois cent). C’est l’incunable le mieux conservé et le plus étudié (le plus connu et le plus ancien étant La Bible de Gutenberg publiée en 1454).

L’ouvrage est divisé en dix sections: la page titre de l’index, l’index, une préface et sept sections consacrées aux différents âge du monde: de la Genèse au Déluge, jusqu’à la naissance d’Abraham, jusqu’au roi David, jusqu’à l’Exil à Babylone, jusqu’au Christ, jusqu’à l’époque de l’auteur, puis la Fin du Monde avec la venu de l’Antéchrist et finalement le Jugement Dernier. Il se termine sur des descriptions géographiques. L’ensemble est constitué de trois-cent-vingt-six feuillets imprimés pour l’édition latine et de deux-cent-quatre-vingt-dix-sept pour l’édition allemande (quoi que ces quantité peuvent varier d’une édition à l’autre). L’ouvrage est imprimé de préférence sur le format de papier “superregal” (485 X 660 mm) mais l’utilisation de plusieurs fournisseurs de papier et le fait que l’on rognait le papier pour refaire la reliure entraîne une grande variation dans le format du papier.

L’aspect le plus remarquable de cet ouvrage est le fait que c’est le premier livre imprimé (et sans doute le seul de son époque) à comporter un nombre aussi important d’illustrations. L’impression de ce livre a nécessité l’utilisation d’un double procédé: la presse typographique pour le texte et des panneaux de gravure sur bois pour les illustrations. Pour produire celles-ci, l’imprimeur a fait appel à l’atelier local de Michael Wolgemut et de Wilhelm Pleydenwurff (auquel a brièvement travaillé le jeune Albrecht Dürer). La plupart représentent des villes ou des personnages importants mais on retrouve également deux cartes géographiques (l’une représentant le monde selon la second projection de Ptolémée et l’autre l’Allemagne). L’ouvrage contient ainsi près de trois mille illustrations mais comme un millier d’entre elles sont des répétitions (la même image étant utilisée pour illustrer différentes villes ou personnages) il n’y a en fait que mille huit cent neuf illustrations uniques ayant nécessité la création de six cent quarante cinq gravures sur bois. Certains ouvrages contiennent des illustrations qui ont été par la suite rehaussée à la main de couleurs à l’aquarelle. 

La Chronique de Nuremberg peut facilement être consulté et étudié sur l’internet car on y retrouve des versions digitalisées (en jpg ou pdf) tant de la version latine que de la version allemande. Il existe même plusieurs reproductions de l’ouvrage qui peuvent être acquise sur Amazon. Finalement, on retrouve également plusieurs articles sur le sujet (par Adrian Wilson, Ronald Patkus, ou encore sur Wikipedia ou wiki Talk; pour plus de détails voir Google et WorldCat).

Disposition du feuillet CCXXIIII et le même feuillet (R/V) en version latine

Le feuillet que j’ai acquis appartient à l’édition allemande. Il est imprimé sur un papier de chiffon (principalement fait de chiffon de lin traité dans des moulins à papier) de format 315 x 460 mm avec une surface imprimée de 225 x 320 mm. Il n’y a aucune marque en filigrane de visible (pouvant identifier la provenance du papier). Il s’agit du feuillet (“Blat”) CCXXIIII [224] qui appartient à la section qui traite du “Sixième âge du monde” (“Das sechst alter (…) der werlt”) qui va du début de la chrétienté jusqu’à l’époque contemporaine de l’auteur (XVe siècle) et qui s’étend du recto du feuillet LXXXV [95] jusqu’au verso du feuillet CCLVIII [258]. La typographie du texte allemand est en gothique ce qui, en plus de l’utilisation d’abréviation parfois nébuleuse, en rends la lecture difficile. Heureusement, j’en ai trouvé une traduction anglaise.

Nuremberg Chronicle-SlatCCXXIIII

Feuillet CCXXIIII (R)

Le recto du feuillet CCXXIIII comporte un titre en entête (“Anfang der Carrarier herrschung” / “Origine du règne des seigneurs de Carrare”), cinq illustrations et six vignettes consacrées à Marsiglio (Marsilius) de Carrara (seigneur de Padoue), Arnaldus de Novavilla (Arnaud de Villeneuve, médecin et théologien valencien), Petrus Apponus (Pietro d’Abano, médecin et philosophe de Padoue), Dino Del Garbo (médecin florentin), Gentilis Fulginas (Gentile da Foligno, médecin et philosophe de la ville de Foligno) et Matheus Silvaticus (Matthieu Silvaticus, médecin et botaniste de Mantoue). Voir la traduction anglaise du recto.

Nuremberg Chronicle-SlatCCXXIIII-alter

Feuillet CCXXIIII (V)

Le verso du feuillet CCXXIIII comporte en entête une date (“Jar der werlt vi v i vi; Jar cristi i iii i vi” / “Année du monde 6516; An du Christ 1316”), deux illustrations et deux vignettes: l’une consacrées au pape Iohannes der xxii (Jean XXII) et l’autre, après une nouvelle date (“Jar der werlt vi v xxxiiii; Jar cristi i iii xxxv” / “Année du monde 6534; An du Christ 1335”), au pape Benedictus der xii (Benoît XII). Voir la traduction anglaise du verso.

 

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Verglas et incunable

IMG_3726Cette semaine la région de Montréal a subit une petite tempête de verglas (35 mm, ce qui est peu comparé au 125 mm reçu lors de la mythique crise du verglas de janvier 1998) qui a néanmoins causé une véritable hécatombe dans le parc arboricole de la ville ainsi que plusieurs pannes de courant qui ont déranger la routine de nombreux citoyens. Pour ma part, j’ai été chanceux car je n’ai pas été affecté par les pannes de courant. Toutefois, vendredi après-midi mon internet a subitement cessé de fonctionner. À 14h24 tout fonctionnait normalement, puis à 14h25 il n’y avait plus ni internet, ni caméra de sécurité, ni télévision ou même de téléphone. C’est incroyable la quantité de choses qui dépendent de l’internet dans une maison… 

J’ai passé un peu plus de trente minutes à “clavarder” avec un agent du service à la clientèle de Bell Internet Fibe et Télé pour obtenir un rendez-vous avec un technicien seulement dimanche après-midi… J’ai redémarré mon routeur et lancé l’outil de réparation virtuelle mais sans succès. Le modem me donne le message “Error 1202 – No HSI configured” et semble avoir perdu la communication avec le serveur de Bell. Je doute que le problème soit dans mon installation car rien n’a changé entre 14h24 et 14h25. Le problème se situe probablement dans un poteau de Bell, des cables optiques ayant probablement été endommagées, non pas par le verglas, mais plus par les vents forts qui soufflaient cet après-midi là. Étrangement le site de Bell n’indique qu’aucune panne n’a été signalé dans mon secteur et le service de Vidéotron (qui utilise pourtant les même poteaux) était, lui, toujours fonctionnel — heureusement car je peux utiliser le wi-fi de ma soeur qui est branchée sur Vidéotron. Un voisin m’a pourtant dit que plusieurs personnes du voisinage avaient des problèmes avec Bell en ce moment…

Mise à jour: Après la visite de DEUX équipes de techniciens de Bell et six heures d’investigation le problème n’a toujours pas été identifié… Le premier gars a refait tout le filage du poteau à la maison, juste au cas. La deuxième équipe a confirmé que tout semblait règlo entre le poteau et la maison. Le problème est définitivement en amont… Je trouve incroyable qu’un fournisseur de service comme Bell ne soit pas capable d’identifier où se trouve une panne dans son réseau! J’ai rappelé au service technique ET au service à la clientèle mais on ne me redonne un rendez-vous avec un autre technicien que pour jeudi !! À ce moment là cela va faire presqu’une semaine que je suis sans service! Je considère sérieusement changer de fournisseur pour Vidéotron (mais il y a plusieurs de mes postes de télé favoris qu’ils n’ont pas)… J’ai considéré prendre un autre service d’internet temporairement mais aucune compagnie ne peut faire d’installation rapidement… Arggh!

Faute d’internet je ne peux pas vraiment travailler sur l’ordi et faire des recherches alors les entrées de blogues de ce week-end seront retardées (ou reportées à la semaine prochaine)…

wabfnewsmPar contre, je suis allé faire un tour au Salon du Livre Ancien de Westmount qui se tenait samedi de 10h à 17h au Centre Communautaire Greene. Comme je ne veux pas trop dépenser cette année j’ai décidé de resserrer mes critères de sélection et de vraiment m’en tenir à des éditions du XVIIe siècle d’auteurs grecs ou latins en dessous de $300. Malheureusement je n’ai vu aucune éditions du XVIIe avec les reliures originales en vélin (vellum, généralement en peau de porc). Une libraire avait un ouvrage de Dion Cassius avec texte grec et traduction latine en regard mais c’était une édition du XVIIIe siècle. Elle avait également un ouvrage assez grand (sans doute un petit in-folio), hors sujet pour moi mais avec beaucoup de belles gravures. Il était en dehors de mon budget et la reliure avait été refaite en veau mais, comme il avait quelques trous de vers et plusieurs taches, elle m’a dit de lui faire une offre. Toutefois, entre temps, un autre acheteur s’en est emparé. 

IMG_3733Un vendeur que je connais bien avait une édition de 1683 du Rerum Romanorum de Florus  mais la reliure avait également été refaite en veau et il était en dehors de mon budget. Toutefois, ce même vendeur (Wilfrid M. de Freitas) avait encore une page (différente cette fois) tirée de La Chronique de Nuremberg (édition allemande in-folio de 1493, donc un incunable). Cette page avait attiré mon regard dans un salon précédent mais, si elle était au-dessus de mon budget, je m’étais quand même juré d’en faire l’acquisition la fois suivante si je pouvais obtenir un petit rabais du vendeur — ce qui fut le cas. Cette fois-ci, n’ayant pas pu me payer un livre ancien, je me suis contenté d’en acheter une seule page… Mais quelle page!  C’est ma plus ancienne acquisition, la seule du XVe siècle. Jusqu’à maintenant mes ouvrage les plus anciens étaient deux livres du XVIe siècle (un volume du Digeste de Justinien publié en 1581 et les Fables d’Ésope publié en 1594).

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L’Histoire de l’Empereur Akihito

Histoire deEmpereurAkihito-covNaïvement, on aurait tendance à envier celui qui est présenté comme empereur d’un pays comme le Japon. Statut et honneurs, fastes et richesses cachent en vérité une vie d’esclave au service d’une fonction ingrate et d’un peuple en crise permanente. Une vie de chef d’État sans mandat, sans arrêt, de l’enfance jusqu’à la tombe. Qu’est-ce qui poussa ainsi Akihito à devenir le premier empereur japonais à démissionner de sa fonction ? La difficulté de succéder à Hirohito, l’empereur qui a mené le pays à la guerre puis à la défaite, la haine d’une partie du peuple qui reniera le pouvoir du trône du chrysanthème, les concessions et humiliations pour desserrer le blocus des occidentaux et relever son pays, le poids des traditions et des protocoles. De l’abdication de son père à la catastrophe de Fukushima, voici le récit de la vie d’un empereur à qui l’on n’aura jamais accordé d’être un homme.

Évitant l’écueil de la partialité, le propos de Eifuku, factuel mais tourné vers la personne humaine, qui ne pouvait être porté que par un moine bouddhiste, est illustré avec sobriété et élégance par Furuya, artiste majeur au réalisme saisissant.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

L’histoire de l’empereur Akihito (明仁天皇物語 / Akihito ten’nō monogatari) est un manga seinen biographique écrit par Issei Eifuku (Le Samourai Bambou) et dessiné par Usamaru Furuya (Je ne suis pas un homme, Je rêve d’être tué par une lycéenne). Il a été prépubliée en 2019 dans le magazine Shuukan Post (週刊ポスト) avant d’être compilé en un volume chez Shôgakukan. Il a été traduit en français chez l’éditeur belge Véga / Dupuis.

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P. 159

 

Issei Eifuku (moine bouddhiste et mangaka !) n’est pas étranger avec les biographies impériales puisqu’il a déjà co-écrit, avec Kazutoshi Handō, le manga Empereur du Japon (昭和天皇物語 / Shōwa Tennō Monogatari) qui présentait en douze volumes la vie et le règne de l’Empereur Hirohito, le père de Akihito, publié en français chez Delcourt/Tonkam et dont j’ai déjà commenté les deux premiers volumes. Ce volume en constitue une postface en quelque sorte. Il nous offre un survol plutôt rapide de la vie et du règne d’Akihito: son enfance durant la guerre, sa rencontre sur un court de tennis avec celle qui deviendra son épouse, ses efforts pour se rapprocher du peuple ainsi que son dévouement envers la constitution japonaise et au pacifisme, puis son abdication. Le résultat est un récit très anecdotique avec peu de dialogues, constitué plutôt des tranches de vie accompagnées d’une narration. Ainsi, pour éviter sans doute de trop romancer le récit, l’ouvrage est construit autour d’extraits de discours ou de correspondance. Toutefois, écrit sous la supervision du palais impérial, l’ouvrage tombe dans l’opposé du récit romancé et s’apparente plus à un exercice de propagande pour mousser l’image de l’Empereur tout en expliquant et justifiant son abdication…

C’est un manga plutôt bien dessiné mais l’aspect anecdotique et politique du récit le rend plus didactique que divertissant. Cela reste néanmoins une lecture intéressante mais surtout pour les amateurs d’histoire du Japon.

L’Histoire de l’Empereur Akihito, par Issei Eifuku (scénario), Usamaru Furuya (dessin) et Hidetaka Shiba (Supervision). Marcinelle: Vega / Dupuis (Coll. Seinen), Décembre 2021. 216 pages (8 en couleurs), 21.0 x 15.0 cm, 11.00 € / $19.95 Can, ISBN 9782379501531. Pour un lectorat jeune (7+). stars-3-0

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© 2019 Issei Eifuku, Usamaru Furuya. All Rights Reserved. © 2021 Éditions Dupuis pour l’édition française.

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Les futurs de Liu Cixin #6: Proies et Prédateurs

ProiesEtPrédateurs-cov“15 récits de l’écrivain de SF Liu Cixin adaptées en BD par des auteurs de tous pays; 15 voyages quantiques à la croisée de dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, pour y découvrir les futurs de l’humanité.

Un surprenant émissaire informe l’ONU que des extraterrestres sont en route sur leur planète-vaisseau en forme de tore, le Dévoreur. Ceinturant notre planète, ils en absorberont la moindre ressource, puis la recracheront comme on le fait d’un noyau. Notre fin est inéluctable : leur supériorité technologique ne laisse aucun doute. Un soldat met en oeuvre tous les moyens imaginables pour riposter.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

J’ai déjà commenté la version anglaise des premiers volumes de cette série d’adaptation en BD de nouvelles de l’excellent auteur de science-fiction chinois Liu Cixin: 1. Sea of Dreams, 2. The Wandering Earth, 3. The Village Teacher, ainsi que 4. YuanYuan’s Bubbles (publiés au USA dans la série “Liu Cixin Graphic Novels” de Talos Press). Pour des raisons pratiques (rapidité de publication et disponibilité) je vais poursuivre ma lecture avec l’édition française qui est publiée (dans un ordre légèrement différent) chez Delcourt sous le titre “Les Futurs de Liu Cixin” et dont j’ai déjà commenté les tomes 4. Nourrir l’Humanité et 5. La perfection du cercle. Le sixième tome, Proies et Prédateurs, adapte en bande dessinée 吞食者 (Tūnshí zhě / lit. “Le Dévoreur”) qui est une nouvelle de science-fiction par Liu Cixin publiée en 2002 dans le magazine chinois 科幻世界 (Kēhuàn shìjiè / lit. “Le monde de la Science Fiction”). 

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P. 3

Dans le désert Éthiopien une expédition découvre une tombe contenant des restes humains et de dinosaures, ce qui démontre que dans des temps très anciens non seulement les dinosaures et les humains se sont côtoyés mais que les dinosaures avaient développé une civilisation avancée! Plus tard, un objet non-identifié est détecté alors qu’il approche à grande vitesse de la Terre. L’unité des troupes de défense spatiale de l’U.N., dirigée par le colonel Dongfang Zhiyan, est dépêchée pour l’intercepter. L’objet s’avère être un cristal contenant une intelligence artificielle (qui a l’apparence d’un personnage de “maid anime”!) venu alerter la Terre de l’arrivée prochaine du Dévoreur! Ce dernier est un vaisseau gigantesque qui parcours la galaxie en absorbant des planètes entières pour en extirper les ressources. Plus tard, un petit vaisseau spatial attaque New-York et atterrit aux Nations Unis. Il en sort un tyrannosaure en armure nommé Grandes-Dents qui parle la langue des humains. Il annonce que le grand empire dévoreur va engloutir la Terre et transformer l’humanité en bétail. Même si on négocie la survie de quelques millier d’humains pour repeupler ce qui restera de la planète après le départ du Dévoreur, l’Humanité fomente un plan secret de contre-attaque qui utilisera la lune comme projectile. Malheureusement le plan échoue et le Dévoreur n’est pas détruit. Le récit culmine avec un duel entre Grandes-Dents et un Dongfang Zhiyan en armure mécanisée! Toutefois, l’histoire se termine sur une note d’espoir car le Dévoreur a dû quitter le système solaire avant d’avoir complètement absorbé la Terre laissant entrevoir que la vie (et l’humanité) y prospérera à nouveau…

 

Liu Cixin semble beaucoup aimer les récits qui s’étirent sur une longue durée et où l’humanité doit, afin de faire face à une invasion, déployer une grande ingéniosité qui l’amène à mouvoir des corps céleste. Cela est vraiment une thématique récurrente chez lui. Si le concept de la race guerrière de sauriens n’a rien d’original, j’aime bien l’idée du tyrannosaure fier et honorable qui pousse son adversaire à ses limites afin d’obtenir un défi suffisent pour le divertir de l’ennui d’une vie trop longue… C’est un récit plein d’humour et d’ironie malgré son sérieux. Le dessin, même s’il n’est pas trop soigné, est plutôt agréable et représente bien tant l’action que le flux narratif du récit. Proies et prédateurs nous offre donc une histoire divertissante et agréable à lire. Cela plaira sans aucun doute à tout amateur de Liu Cixin et de science-fiction épique (ce qui est étrange car Cixin est plus connu pour ses récits de hard SF).

Proies et Prédateurs (Les Futurs de Liu Cixin, #6), par Jd Morvan (Scénario d’après une nouvelle de Liu Cixin), Yang Weilin (dessin) et Hiroyuki Ooshima (couleur). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), octobre 2022. 108 pages, 21.7 x 29.8 cm, 21.90 € / $36.95 Can, ISBN 978-2-413-03015-7. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-5

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© 2021 FT Culture (Beijing) Co., Ltd. All rights reserved. © 2022 Éditions Delcourt pour la présente édition.

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Le Molosse

Un voyage aux tréfonds de notre monde, là où se tapit l’innommable…

Dans “Le Temple”, un sous-marin allemand isolé en haute mer est victime d’une étrange malédiction. La peur s’empare de l’équipage et entraîne le vaisseau au plus profond des abysses, là où aucun homme n’est encore allé…

Les héros du “Molosse”, eux, n’hésitent pas à profaner des tombes pour assouvir leur passion de l’occulte. Fervents lecteurs de leur copie du Necronomicon, ouvrage de magie noire, ils vont découvrir que certaines choses doivent rester enfouies à jamais…

Ce même Necronomicon guide le voyageur de “La Cité sans nom” au milieu du désert. Là, l’homme comprend que sa civilisation n’est pas la seule sur Terre, et que l’être humain est bien petit face aux forces de l’inconnu…

De son trait sombre et réaliste reconnaissable entre tous, Gou Tanabe met en images les pires cauchemars imaginés par H. P. Lovecraft, le maître du fantastique et de l’horreur. Aux frontières des mondes, les protagonistes mènent une lutte sans espoir pour ne pas sombrer dans la folie !”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Le Molosse (魔犬 ラヴクラフト傑作集 / Maken ravukurafuto [Lovecraft] Kessakushuu / lit. “Chien démon: Lovecraft Chef d’Oeuvre Collection”) est un manga Seinen de Gou Tanabe adaptant trois récits d’horreur de H.P. Lovecraft. Il a d’abord été publié en série dans le magazine Comic Beam d’Enterbrain et dans le magazine digital de Kadokawa Comic Walker avant d’être compilé en un volume par Kadokawa en août 2014. C’est le neuvième titre de Gou Tanabe a être traduit en français dans la prestigieuse collection de Ki-oon. J’ai déjà commenté la version anglaise de ce livre, The Hound and other stories, publié par Dark Horse Comics en juillet 2017.

Ce volume comprends trois récits:

pp. 18-19

Dans “Le Temple“, le seul survivant d’un U-Boat allemand échoué écrit sur sa découverte d’un temple de style hellénique sous la mer… La nouvelle originale a été écrite par Lovecraft en 1920 et publié dans Weird Tales #24 en septembre 1925. Tanabe publie son adaptation (「神殿」/ Shinden / lit. « Temple » ; 64 pages) dans les numéros de mars et avril 2009 de Comic Beam. Comme d’habitude, l’adaptation de Tanabe est assez fidèle – à part le fait qu’il a déplacé la chronologie de la Première Guerre mondiale à la Seconde Guerre mondiale.

pp. 98-99

Dans “Le molosse“, deux jeunes gentlemen qui recherchent des expériences ésotériques de plus en plus horribles (comme lire la traduction de John Dee du Necronomicon !) se lancent dans une expédition de pillage de tombes qui fera d’eux la cible d’une bête infernale ! La nouvelle a été écrite par Lovecraft en septembre 1922 et publié dans le numéro de février 1924 de Weird Tales — c’est la première fois qu’il mentionne le livre interdit écrit par l’arabe fou Abdul Alhazred. Tanabe a publié son adaptation (「魔犬」/ Maken / lit. « Chien Demon » ; 60 pages) dans le numéro en ligne de juillet 2014 de Comic Walker.

pp. 154-155

Dans “La Cité sans nom“, un explorateur découvre une ancienne ville mythique dans le désert d’Arabie. Il entre dans une grotte qui le fait descendre dans une crypte remplis des cercueils contenants les cadavres de reptiles paléogiens et de fresques évoquant une civilisation disparue. Au bout de cette salle se trouvent des portes ouvertes sur une lumière vive : il se retrouve dans un monde extérieur remplis de créatures ! Heureusement, les portes se referment et il peut fuir… Cette nouvelle a été écrite par Lovecraft en janvier 1921 et publiée dans le numéro de novembre 1921 de The Wolverine — c’est la première fois qu’il mentionne le mythe de Cthulhu. Tanabe a publié son adaptation (「名もなき都」/ Namo naki miyako / lit. « ville sans nom » ; 32 pages) dans le numéro en ligne d’août 2014 de Comic Walker.

J’ai encore plus apprécié ces récits avec une seconde lecture, d’autant plus que Ki-oon les présente dans une édition de grande qualité avec une reliure en simili cuir brun-beige. Tanabe adapte superbement les histoires de Lovecraft avec une narration fluide et une illustration très sombre, détaillée et imaginative. Ce manga offre une bonne et agréable lecture qui constitue une introduction intéressante au monde de H.P. Lovecraft. Fortement recommandé.

Le Molosse, par Gou TANABE (dessin) et H.P. Lovecraft (histoire). Paris: Ki-oon (Coll. Seinen), septembre 2022. 176 p., 15 x 21 cm, 15 € / $C 28.95. ISBN 979-10-327-1182-8. Pour lectorat jeune adulte (14+). Extraits disponible.

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© Tanabe Gou 2014

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