De l’écriture (4)

L’écriture c’est la solitude et le vide. Comment puis-je écrire quand tout bouge autour de moi, avec toutes ces boîtes qui parlent sans cesse et jouent de la musique. Je ne peux plus réfléchir ou me concentrer avec toutes ces voix dans ma tête. Et mes mots sont évanescents. Je tente de m’y accrocher mais ils me délaissent. Pour écrire je dois faire le vide mais il y a de plus en plus de monde autour de moi. Étrange en ce temps de confinement. Mais là est le paradoxe, car c’est de tous ces gens, de toutes ces boîtes, ces livres que j’absorbe les émotions, que je suce la vie, aspire le vécu, arrache la connaissance pour nourrir mes mots et combler l’absence et le vide en moi. C’est une balance, un cycle émotionnellement difficile à atteindre et à maintenir…

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Nostalgie pour des souvenirs volés

J’écoute des documentaires à la télé française. Je vois tous ces lieux où j’aurais aimé vivre, tous ces gens que j’aurais aimé connaître. Je ressens un complexe sentiment de frustration, de nostalgie et de jalousie pour ces milliers de vies que j’aurais aimé vivre. Je réalise O combien je ne sais rien. O combien je n’ai pas vécu. Où sont passé toutes ces années ? N’est-il pas trop tard pour tout recommencer ? Et mes yeux se remplissent de larmes…

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De ma poésie

Après avoir partagé sur ce blogue des extraits de mon [maintenant vieux] recueil — une douzaine de poèmes sur les vingt originalement publiés [vingt-et-un en fait avec celui de la couverture arrière] — je partage ici également la préface qui offrait un peu de perspective sur mon écriture…

Préface [à Inscriptions sur une pierre tombale icosaèdrique datant de 1986]

Ce petit recueil pseudo-poétique est un vieux rêve. Il se veut rassembler la quintessence des quelques vers ou proses poétiques que j’ai commis ces dix-sept dernières années. Il est certes incomplet puisque ce sont, d’une part, des pièces choisies et, d’autres part, parce qu’elles doivent être remises dans le contexte du reste de ma petite oeuvre prosaïque: quelques fictions, commentaires et réflexions que j’ai cru bon de coucher sur papier [pour les partager]. Je ne veux pas être considéré un auteur, ni un poète; je ne suis qu’un îlot [obscur] qui cherche la lumière…

Il peut paraître étrange que la majorité de ces vers soit morbide. Sans doute la mort m’apparaît-elle fascinante. La puissance des sentiments vient de notre propre impuissance. Pour moi, poème rime avec anathème, amor avec mort, strophe avec catastrophe, poésie avec agonie. Pourquoi les moments heureux suscitent-ils moins de vers? Lorsque l’on est heureux on se soucie peu de faire des rimes. On boit la vie à grandes gorgées. Lorsque la douleur nous étreint, on s’apitoie sur soi-même, on plonge dans l’univers de la ténébre et les plus belles perles rythmées voient alors le jour. Solitude, douleur, amour refusé, désespoir, onirisme, telles sont les clefs de mon univers. Étrangement, je ne découvre que maintenant quelle a été la puissance de mon imaginaire, ayant réussi à exprimer des sentiments vécus seulement en rêve. Ils paraissent bien fades sur le papier une fois qu’on les a vécus… J’ai été plongé dans un silence obscur pendant une longue période de ma vie. Un long sommeil. [Un long hiver.] La vie m’a giflé comme un éclair, et je m’éveille à la lumière. [Avec ce recueil,] Je fais donc une sorte de bilan, par crainte de retourner à la ténébre avant d’avoir vraiment vécu.

Pourquoi un tel titre à ce recueil? Je ne sais trop, une image vue en rêve. J’aimerais avoir un tel monument, symbole du hasard, du chaos qui a mené ma vie [1]. Une sorte de testament littéraire. De plus, je croyais que 1986 serait pour moi une sorte de point tournant: vingt-trois ans, l’année de la Grande Comète. Quelle déception!

Jeune, je signais toujours mes vers du nom de Biset, en référence au pigeon commun qui hante les rues de nos grandes villes. Une sorte d’anti-idéal de l’anonymat, de la noblesse oubliée, d’ésotérisme. Adulte, j’ai plutôt choisi Le Rêveur Gris, plus en accord avec mon style et mes influences. La grisaille du béton, le yin et le yang tout à la fois, le chaos. [Pendant un temps j’ai aussi adopté Sejanus [CJ en forme latine, incluant Janus] mais, maintenant, je signe simplement clodjee…]

Mes influences? Ce furent Lovecraft, Nelligan surtout, toutes mes lectures de fiction spéculative (dont P.K. Dick) et ce qui se trouvait là où me portaient mes pas, mes rêves… Étrangement, ce n’est que récemment que j’ai découvert en Baudelaire un maître. Ainsi, si certaines pièces appartiennent à la SF ou à la Fantasy (et même [parfois] au mainstream) la plupart ont une forte teinte de fantastique. Il est amusant de constater que la majorité des textes ont été écrits en automne, particulièrement en novembre ou en décembre. Il faut croire que c’est la saison qui m’inspire le plus, de par la puissance qu’elle dégage.

À noter également que sous les noms de lieux fantaisistes où m’est venue l’inspiration, se cachent les différentes scènes de ma vie: Isléaval, c’est ce petit archipel obscur [où j’ai vu le jour –] aux sources de la rivières Des Prairies; Daphné, c’est un petit lac en Mauricie [près du village fictif de Saint-Eloi-de-Paxton] où je médite parfois sur les joies simples de l’existence; Morwajal, c’est cette montagne-cité où je me suis maintenant établi.

La plupart de ces vers ont été [écrit entre l’âge de dix et vingt-sept ans et ont été] légèrement remaniés le six décembre mil neuf cent quatre-vingt-neuf [en préparation pour la publication — mais, pour paraphraser FDR, c’est malheureusement un jour que l’on se remémorera dans l’infamie].

Voilà, je vous ouvre mon coeur, prenez garde de vous y blesser.

To the one I loved.

Clodjee Pelletier

Morwajal
1988/12/17
1989/12/06
[2019/11/18]

InscriptionsInscriptions sur une pierre tombale icosaèdrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [BAnQWorldCat]

Extraits de douze poèmes mis en ligne dans la série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!]SabbatVision morbide en rondelL’attenteLa sentence du sonnetEn la demeure d’HadèsCar elle était mortelleExcroissanceFantôme.

[1] Dans plusieurs jeux de rôle (e.g. le d20 system de D&D), le dé à vingt côtés (un icosaèdre qu’on appel d20 dans le jargon ludique) sert à déterminer la réussite d’une action (le résultat du roulé devant être inférieur au niveau de l’habilité du personnage (force, dextérité, charisme, etc.) nécessaire pour accomplir cette action) ou la quantité de dommage infligé à l’adversaire. D’où le fait que, en plus d’être une figure géométrique fascinante, l’icosaèdre peut aussi être considéré comme un symbole de hasard et de chaos… Évidemment, l’icosaèdre a vingt côtés et le recueil comporte vingt poèmes…

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About writing (3)

Sometimes, when I start writing a comment on a book or a movie, I have no idea what I will be writing. It just comes along, one idea bringing the next and the whole comment is slowly taking form. Sometime, I have a pretty clear idea of what I want to say and I have to make a plan, a structure, detailing the basic elements of each idea or concept I want to cover in order not to loose the tread of my thoughts (which happens sometime if I wait too long before putting it down on paper or on the computer).

I don’t have a good memory, I usually don’t remember much about a book I’ve just read or a movie I’ve just watched after a little while. When I want to remember, I just read what I’ve written about it. In fact, that’s one of the reason I write.

Sometime, when I don’t know what to say about a book or a movie, I just sleep over it and it usually helps a lot. But I must not wait too long to write after that. If not I might just end up with some sketchy notes and not much substance…

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About writing (2)

Strangely, the more touched I am by a book or a movie, the more difficult it is to write about it. It seems easier to write about something I didn’t like so much… Maybe I am so overwhelmed that I just can’t organize the zillion things that I want to say. Or maybe I am just afraid to mess up something that I really like. I don’t know. I just find this strange…

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About writing

I realized recently that the best way to gather my thoughts in order to write a comment on a movie or a book (or any text) is to go take a poop or a shower right after viewing or reading. That’s when my mind gets freed from the daily drone and works better. It is also the case when I write early in the morning, when my mind is fresh from its nightly clean up and simulation.

They say that, in order to improve your writing, you must write at least a thousand words per day. I just can’t do that because, with my hellish job, I come back home at night completely exhausted and my mind is functioning just enough to eat, crash on the couch and watch TV… However, I have noticed that if I write regularly, the writing come easier to me and the result is generally more satisfying. I just have to keep going… I’ll do that thousand-word-a-day thing on the week-ends or, more likely, when I am retired (now in about only three-thousand-two-hundred-and-five days !!!)…

(Note: this blog entry is 194 words, so that means 806 words to go for today !)

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The Controversial Art of Reviewing

Last September I wrote an essay on the “Subtile art of writing a review/commentary” (in French, but it is also available in a machine-translated English version). It is an essay I wanted to write for a long time, explaining how I was approaching the writing of a book or movie review — which I did for twenty years for a magazine. The funny thing is that I discovered a few weeks ago that I had already written that article in 2009 (in English) and forgot about it! I was checking out some old hard drives looking for something and stumble upon this article that I had written for a special issue (PAX #3) of the magazine I was working for, but we stop publication before it was released. It is based on the guidelines I wrote for our staff writers. My views on how to write a review have not change much since then. I thought it would be interesting to share it with the readers of this blog.

Reviewing a media product (wether it is a book, a manga, an anime series or a live-action movie) might seems an easy task, but in reality it is far from being simple. In fact, we are all doing it when we express an opinion to friends, but it is usually done in an emotional and very imprecise manner: “it was so bad, man” or “it was really cool.” In opposition, a professional reviewer—someone who does it for a living—must do his/her best to remain objective, precise and rigorous.

I admit that, if I always try to be an objective and precise reviewer, I am rarely rigorous. I am lazy and tend to keep my reviews short, introducing the subject and expressing my opinion in the most elementary manner. Today everybody is a critic as they can easily post what they think of this or that on their blog , but what makes the appraisal of a professional reviewer more interesting and valuable is experience. I’ve spent about two decades watching videos or films and reading books related to the subjects I review. I have therefore developped a methodology to assess the subject, an understanding of its workings and a set of criteria that—I hope—better equip me to examine and judge a particular media product.

In this article I have attempted to explain how I approach the writing of a review, what I think a review should be and what aspects of a medium I take in consideration when writing a review. I wanted to talked about this for a long time as I think it can offer interesting insights to both our readers and would-be reviewers.

First, there is two types of reviews: the basic or elementary review (the one I tend to favour) and the exhaustive review.

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Lonely Bloggers

University of Calgary professor Michael Keren’s book Blogosphere: The New Political Arena says that bloggers are lonely and isolated people. He also adds that bloggers see themselves as rebels against the mundane society, but since their writings receive limited exposure on the internet, he compares them to Don Quixote.

His comments generated lots of reaction. I guess I agree with him on some points. Many personal bloggers are lonely people, and they throw their daily life-capsule in the internet like someone would throw a bottle in the sea. I consider myself in that category. I work at home, my little safe haven, and I barely see anyone beside my wife. I feel lonely, but I know that my weblog’s comments won’t be read by many. It’s like writing a journal and leaving it in plain view, in hope that someone will dare to read it.

However, many blogs go beyond a personal purpose: companies’ blogs serve as information hub, some organization set up blogs to gather volunteer or raise funds, many do political commentary. Also, some blogs can become very popular and be read by lots of people… Keren’s comment definitely doesn’t apply to those.

Source: The Gazette, Montreal, 1/31/07 A1-2. See also here and there.