Les futurs de Liu Cixin #7: L’attraction de la foudre

AttractionDeLaFoudre-cov“15 récits de l’écrivain de SF Liu Cixin adaptées en BD par des auteurs de tous pays; 15 voyages quantiques à la croisée de dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, pour y découvrir les futurs de l’humanité.

Chen est fasciné par la foudre globulaire depuis une expérience traumatisante vécue dans l’enfance. Doctorant en modélisations mathématiques, il est poussé par son université vers l’armée qui allie ressources financières et capacités d’expérimentation. Chen se retrouve ainsi à tenter de capturer et analyser ces boules d’énergie brute, alors que les tensions internationales s’intensifient.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

J’ai déjà commenté la version anglaise des premiers volumes de cette série d’adaptation en BD des récits de l’excellent auteur de science-fiction chinois Liu Cixin: 1. Sea of Dreams, 2. The Wandering Earth, 3. The Village Teacher, ainsi que 4. YuanYuan’s Bubbles (publiés au USA dans la série “Liu Cixin Graphic Novels” de Talos Press). Pour des raisons pratiques (rapidité de publication et disponibilité) je vais poursuivre ma lecture avec l’édition française qui est publiée (dans un ordre légèrement différent) chez Delcourt sous le titre “Les Futurs de Liu Cixin” et dont j’ai déjà commenté les tomes 4. Nourrir l’Humanité et 5. La perfection du cercle ainsi que le sixième tome, Proies et Prédateurs. Les titres se succèdent au rythme d’environ un par mois.

 

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L’attraction de la foudre (Les Futurs de Liu Cixin, #7) est l’adaptation en bande dessinée du roman de science-fiction 球状闪电 (Qiúzhuàng shǎndiàn / lit. “foudre en boule”) par par Liu Cixin paru en Chine en 2014 et traduit en français chez Actes Sud en 2019. Ce volume nous raconte la vie de Chen Kun qui prends un tour inattendu le jour de ses quatorze ans alors que ses parents sont tués par une boule de foudre qui est entrée dans leur appartement. Fasciné par ce phénomène, il y consacre ses études universitaires. Lors d’un stage dans un centre de recherche localisé au sommet du mont Taishan, il fait la rencontre de Lin Yuan — une fille de général obsédée par l’armement militaire — qui étudie elle aussi la foudre mais pour en faire une arme. Alors que la tension internationale monte avec l’intervention de navires de la “Coalition Démocratique” en mer de Chine (constituant “une escalade intolérable et un signe d’agression évident”), il est “invité” par le Ministère des Armées à rejoindre le groupe de recherche “Nouveaux Concepts” dirigé par Lin. Ils tenteront d’étudier et de capturer de la foudre globulaire afin d’en faire une arme. Ils découvrent que le phénomène n’est pas créé par la foudre mais qu’il est préexistant et que la foudre ne fait que le rendre visible. Chen théorise que la foudre globulaire est en fait un électron géant qui constitue un macro-atome formant un univers macroscopique ! Après de nombreux échecs et alors que la guerre semble imminente, Lin refuse d’entendre les mises en garde de ses collègues contre les dangers de l’expérience et fait l’essai d’une arme si terrible qu’elle changera à jamais la géopolitique mondiale…

 

L’attraction de la foudre est un récit de hard SF, avec des échos étrangement d’actualité, typique de l’œuvre de Liu Cixin. Le dessin est très bien alors que le récit demeure fort intéressant et relativement vraisemblable. Comme elle adapte non pas une nouvelle mais un roman il en résulte une BD volumineuse qui nous offre une longue et agréable lecture et qui reste divertissante malgré la complexité de ses aspects scientifiques. Elle plaira sans aucun doute aux amateurs de hard SF et de l’oeuvre de Liu Cixin.

L’attraction de la foudre (Les Futurs de Liu Cixin, #7), par Thierry Robin (Scénario d’après une nouvelle de Liu Cixin et illustration), Yang Fei (assistant au décors) et Cyril Saint-Blancat (couleur). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), novembre 2022. 272 pages, 21.9 x 29.8 cm, 34.95 € / $59.95 Can, ISBN 978-2-413-03809-2. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-5

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© 2022 FT Culture (Beijing) Co., Ltd. All rights reserved. © 2022 Éditions Delcourt pour la présente édition.

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Les futurs de Liu Cixin #6: Proies et Prédateurs

ProiesEtPrédateurs-cov“15 récits de l’écrivain de SF Liu Cixin adaptées en BD par des auteurs de tous pays; 15 voyages quantiques à la croisée de dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, pour y découvrir les futurs de l’humanité.

Un surprenant émissaire informe l’ONU que des extraterrestres sont en route sur leur planète-vaisseau en forme de tore, le Dévoreur. Ceinturant notre planète, ils en absorberont la moindre ressource, puis la recracheront comme on le fait d’un noyau. Notre fin est inéluctable : leur supériorité technologique ne laisse aucun doute. Un soldat met en oeuvre tous les moyens imaginables pour riposter.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

J’ai déjà commenté la version anglaise des premiers volumes de cette série d’adaptation en BD de nouvelles de l’excellent auteur de science-fiction chinois Liu Cixin: 1. Sea of Dreams, 2. The Wandering Earth, 3. The Village Teacher, ainsi que 4. YuanYuan’s Bubbles (publiés au USA dans la série “Liu Cixin Graphic Novels” de Talos Press). Pour des raisons pratiques (rapidité de publication et disponibilité) je vais poursuivre ma lecture avec l’édition française qui est publiée (dans un ordre légèrement différent) chez Delcourt sous le titre “Les Futurs de Liu Cixin” et dont j’ai déjà commenté les tomes 4. Nourrir l’Humanité et 5. La perfection du cercle. Le sixième tome, Proies et Prédateurs, adapte en bande dessinée 吞食者 (Tūnshí zhě / lit. “Le Dévoreur”) qui est une nouvelle de science-fiction par Liu Cixin publiée en 2002 dans le magazine chinois 科幻世界 (Kēhuàn shìjiè / lit. “Le monde de la Science Fiction”). 

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P. 3

Dans le désert Éthiopien une expédition découvre une tombe contenant des restes humains et de dinosaures, ce qui démontre que dans des temps très anciens non seulement les dinosaures et les humains se sont côtoyés mais que les dinosaures avaient développé une civilisation avancée! Plus tard, un objet non-identifié est détecté alors qu’il approche à grande vitesse de la Terre. L’unité des troupes de défense spatiale de l’U.N., dirigée par le colonel Dongfang Zhiyan, est dépêchée pour l’intercepter. L’objet s’avère être un cristal contenant une intelligence artificielle (qui a l’apparence d’un personnage de “maid anime”!) venu alerter la Terre de l’arrivée prochaine du Dévoreur! Ce dernier est un vaisseau gigantesque qui parcours la galaxie en absorbant des planètes entières pour en extirper les ressources. Plus tard, un petit vaisseau spatial attaque New-York et atterrit aux Nations Unis. Il en sort un tyrannosaure en armure nommé Grandes-Dents qui parle la langue des humains. Il annonce que le grand empire dévoreur va engloutir la Terre et transformer l’humanité en bétail. Même si on négocie la survie de quelques millier d’humains pour repeupler ce qui restera de la planète après le départ du Dévoreur, l’Humanité fomente un plan secret de contre-attaque qui utilisera la lune comme projectile. Malheureusement le plan échoue et le Dévoreur n’est pas détruit. Le récit culmine avec un duel entre Grandes-Dents et un Dongfang Zhiyan en armure mécanisée! Toutefois, l’histoire se termine sur une note d’espoir car le Dévoreur a dû quitter le système solaire avant d’avoir complètement absorbé la Terre laissant entrevoir que la vie (et l’humanité) y prospérera à nouveau…

 

Liu Cixin semble beaucoup aimer les récits qui s’étirent sur une longue durée et où l’humanité doit, afin de faire face à une invasion, déployer une grande ingéniosité qui l’amène à mouvoir des corps céleste. Cela est vraiment une thématique récurrente chez lui. Si le concept de la race guerrière de sauriens n’a rien d’original, j’aime bien l’idée du tyrannosaure fier et honorable qui pousse son adversaire à ses limites afin d’obtenir un défi suffisent pour le divertir de l’ennui d’une vie trop longue… C’est un récit plein d’humour et d’ironie malgré son sérieux. Le dessin, même s’il n’est pas trop soigné, est plutôt agréable et représente bien tant l’action que le flux narratif du récit. Proies et prédateurs nous offre donc une histoire divertissante et agréable à lire. Cela plaira sans aucun doute à tout amateur de Liu Cixin et de science-fiction épique (ce qui est étrange car Cixin est plus connu pour ses récits de hard SF).

Proies et Prédateurs (Les Futurs de Liu Cixin, #6), par Jd Morvan (Scénario d’après une nouvelle de Liu Cixin), Yang Weilin (dessin) et Hiroyuki Ooshima (couleur). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), octobre 2022. 108 pages, 21.7 x 29.8 cm, 21.90 € / $36.95 Can, ISBN 978-2-413-03015-7. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-5

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Le Molosse

Un voyage aux tréfonds de notre monde, là où se tapit l’innommable…

Dans “Le Temple”, un sous-marin allemand isolé en haute mer est victime d’une étrange malédiction. La peur s’empare de l’équipage et entraîne le vaisseau au plus profond des abysses, là où aucun homme n’est encore allé…

Les héros du “Molosse”, eux, n’hésitent pas à profaner des tombes pour assouvir leur passion de l’occulte. Fervents lecteurs de leur copie du Necronomicon, ouvrage de magie noire, ils vont découvrir que certaines choses doivent rester enfouies à jamais…

Ce même Necronomicon guide le voyageur de “La Cité sans nom” au milieu du désert. Là, l’homme comprend que sa civilisation n’est pas la seule sur Terre, et que l’être humain est bien petit face aux forces de l’inconnu…

De son trait sombre et réaliste reconnaissable entre tous, Gou Tanabe met en images les pires cauchemars imaginés par H. P. Lovecraft, le maître du fantastique et de l’horreur. Aux frontières des mondes, les protagonistes mènent une lutte sans espoir pour ne pas sombrer dans la folie !”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Le Molosse (魔犬 ラヴクラフト傑作集 / Maken ravukurafuto [Lovecraft] Kessakushuu / lit. “Chien démon: Lovecraft Chef d’Oeuvre Collection”) est un manga Seinen de Gou Tanabe adaptant trois récits d’horreur de H.P. Lovecraft. Il a d’abord été publié en série dans le magazine Comic Beam d’Enterbrain et dans le magazine digital de Kadokawa Comic Walker avant d’être compilé en un volume par Kadokawa en août 2014. C’est le neuvième titre de Gou Tanabe a être traduit en français dans la prestigieuse collection de Ki-oon. J’ai déjà commenté la version anglaise de ce livre, The Hound and other stories, publié par Dark Horse Comics en juillet 2017.

Ce volume comprends trois récits:

pp. 18-19

Dans “Le Temple“, le seul survivant d’un U-Boat allemand échoué écrit sur sa découverte d’un temple de style hellénique sous la mer… La nouvelle originale a été écrite par Lovecraft en 1920 et publié dans Weird Tales #24 en septembre 1925. Tanabe publie son adaptation (「神殿」/ Shinden / lit. « Temple » ; 64 pages) dans les numéros de mars et avril 2009 de Comic Beam. Comme d’habitude, l’adaptation de Tanabe est assez fidèle – à part le fait qu’il a déplacé la chronologie de la Première Guerre mondiale à la Seconde Guerre mondiale.

pp. 98-99

Dans “Le molosse“, deux jeunes gentlemen qui recherchent des expériences ésotériques de plus en plus horribles (comme lire la traduction de John Dee du Necronomicon !) se lancent dans une expédition de pillage de tombes qui fera d’eux la cible d’une bête infernale ! La nouvelle a été écrite par Lovecraft en septembre 1922 et publié dans le numéro de février 1924 de Weird Tales — c’est la première fois qu’il mentionne le livre interdit écrit par l’arabe fou Abdul Alhazred. Tanabe a publié son adaptation (「魔犬」/ Maken / lit. « Chien Demon » ; 60 pages) dans le numéro en ligne de juillet 2014 de Comic Walker.

pp. 154-155

Dans “La Cité sans nom“, un explorateur découvre une ancienne ville mythique dans le désert d’Arabie. Il entre dans une grotte qui le fait descendre dans une crypte remplis des cercueils contenants les cadavres de reptiles paléogiens et de fresques évoquant une civilisation disparue. Au bout de cette salle se trouvent des portes ouvertes sur une lumière vive : il se retrouve dans un monde extérieur remplis de créatures ! Heureusement, les portes se referment et il peut fuir… Cette nouvelle a été écrite par Lovecraft en janvier 1921 et publiée dans le numéro de novembre 1921 de The Wolverine — c’est la première fois qu’il mentionne le mythe de Cthulhu. Tanabe a publié son adaptation (「名もなき都」/ Namo naki miyako / lit. « ville sans nom » ; 32 pages) dans le numéro en ligne d’août 2014 de Comic Walker.

J’ai encore plus apprécié ces récits avec une seconde lecture, d’autant plus que Ki-oon les présente dans une édition de grande qualité avec une reliure en simili cuir brun-beige. Tanabe adapte superbement les histoires de Lovecraft avec une narration fluide et une illustration très sombre, détaillée et imaginative. Ce manga offre une bonne et agréable lecture qui constitue une introduction intéressante au monde de H.P. Lovecraft. Fortement recommandé.

Le Molosse, par Gou TANABE (dessin) et H.P. Lovecraft (histoire). Paris: Ki-oon (Coll. Seinen), septembre 2022. 176 p., 15 x 21 cm, 15 € / $C 28.95. ISBN 979-10-327-1182-8. Pour lectorat jeune adulte (14+). Extraits disponible.

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© Tanabe Gou 2014

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La nuit des temps (De Metter)

NuitDesTemps-DeMetter-covÀ la veille d’un conflit mondial, dans les profondeurs de l’Antartique, une expédition scientifique internationale découvre un couple cryogénisé, survivant d’une civilisation disparue il y a 900 000 ans. L’héritage de cette population miraculeusement tirée de son sommeil pourrait être le salut de notre monde, fragile entre amours et trahisons…

Les Expéditions Polaires françaises enregistrent le signal d’un émetteur sous la glace de l’Antarctique… L’expédition internationale découvre les ruines d’une civilisation disparue depuis 900 000 ans et les scientifiques du monde entier affluent vers le site pour aider à explorer et comprendre. Ils découvrent un objet ovoïde en or de trois mètres de diamètre dans lequel se trouvent en état de biostase un homme et une femme dont les têtes sont recouvertes de casques d’or. Simon, médecin de l’expédition, décide de procéder au réveil des corps en commençant par celui de la femme, le corps de l’homme montrant des traces de brûlures sur le torse…

La Nuit des temps est un roman pacifiste et assez anarchisant. Russes et Américains, renvoyés dos à dos, travaillent malgré tout ensemble, à l’image de l’effort de dépassement des oppositions nationales, assez répandu dans le milieu des sciences de l’époque. Les savants court-circuitent les décisions des gouvernants. Notre civilisation paraît barbare face au raffinement et à la sagesse des savants des temps anciens, leur savoir immense risquant d’être perdu par la bêtise humaine. ”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

J’ai été fortement impressionné par la lecture du roman La nuit des temps lorsque j’étais adolescent (voir mon commentaire). Puis j’ai découvert que René Barjavel s’était fortement inspiré du roman de l’australien Erle Cox, alors je l’ai lu aussi. Et quelle ne fut pas ma joie de découvrir qu’un artiste que j’admirais beaucoup, Philippe Gauckler, avait adapté ce(s) roman(s) en bande dessinée: Kébek t.1: L’Éternité et t.2: Adamante. Le dessin est superbe mais il s’agit bien d’une “adaptation” puisqu’il déplace le récit dans le nord du Québec et le place dans un contexte socio-politique futur fictif. Il serait plus juste de dire que la bande dessinée est “inspirée” du roman de Barjavel. Finalement, je découvre récemment qu’un autre artiste a adapté le roman graphiquement. Je ne pouvais évidemment pas résister à la tentation de lire cette nouvelle interprétation par Christian de Metter et de vous en partager mes impressions. Toutefois, comme j’ai déjà amplement parlé du le récit de Barjavel alors je ne m’attarderai pas trop sur l’histoire…

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Cette bande dessinée est presque l’opposée de celle de Gauckler. Le style de dessin de De Metter, en couleur directe à l’aquarelle dans des tons plutôt glauques, ne m’enthousiasme pas vraiment. Je trouve que cela fait un peu brouillon (stars-2-0). Par contre, si quelques aspects du récit sont éclipsés ou peu développés, cette bande dessinée est une excellente adaptation du roman (stars-4-0). Le récit reste très proche de l’histoire originale et la visualisation du monde de Gondawa que fait De Metter correspond bien à l’image que je m’en faisait à la (re)lecture du roman. Toutefois, pour rendre son récit plus pertinent auprès de son lectorat, De Metter n’a pas vraiment eut le choix, lui non plus, de l’adapter en le situant dans le contexte socio-politique actuel. Barjavel situe son roman à l’époque où il a été écrit c’est-à-dire dans un contexte de guerre froide tendue, de menace nucléaire et de la révolution sociale de Mai ’68 dans le monde et particulièrement en France. Il était donc tout à fait naturel de transposer le récit dans le contexte actuel de nouvelle guerre froide (exacerbé par le conflit russo-ukrainien) et de crise climatique. Mais ce n’est qu’un tout petit aspect du récit qui n’apparaît vraiment que dans les dernières pages (tant du roman que de la bande dessinée).

Dans l’ensemble, cette adaptation graphique du roman de Barjavel offre une bonne lecture, divertissante et intelligente, qui plaira sans aucun doute tant aux amateurs nostalgiques de Barjavel qu’à ceux qui apprécient la science-fiction à son meilleure.

La nuit des temps, par Christian De Metter (d’après le roman de René Barjavel). Paris: Éditions Philéas, décembre 2021. 184 pages (170 planches), 21.5 x 28 cm, 25.00 € / $45.95 Can, ISBN 978-2-491-46713-5. Pour un lectorat adolescent (14+, nudité, violence). stars-3-0

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Roman © Presses de la Cité. Adaptation © 2021, Éditions Philéas.

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Les futurs de Liu Cixin #4-5

Quinze récits de Liu Cixin adaptés en BD par des auteurs de tous pays. Quinze voyages d’un espace-temps où croisent les dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, tissant les possibles devenirs de l’humanité.

Les Futurs de Liu Cixin réunit quinze nouvelles, adaptées en bande dessinée, du plus grand écrivain contemporain [chinois] de science-fiction. Son oeuvre, qui explore les devenirs possibles de notre civilisation en conjuguant des dimensions scientifiques, géopolitiques et humanistes, a été couronnée d’innombrables prix (dont le prestigieux Hugo Award [en 2015]) et s’est vendue à des millions d’exemplaires dans le monde entier. Sa nouvelle “The Wandering Earth” (La Terre Vagabonde) a fait l’objet d’une adaptation cinématographique qui a battu tous les records, et une ambitieuse série télévisée tirée de sa trilogie Le problème à trois corps est en cours de production.

4. Nourrir l’Humanité

NourrirlHumanite-cov“Treize des plus riches personnalités du monde engagent un tueur à gages pour éliminer trois personnes parmi les plus pauvres. Hua Tang accepte le contrat mais s’interroge sur leur dangerosité. Est-ce lié aux étranges distributions populaires de sacs remplis de millions ? Ou bien aux extraterrestres qui se font appeler les Dieux et survolent inlassablement notre Terre depuis cinq ans ?”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

Nourrir l’Humanité (Les Futurs de Liu Cixin, #4), par Sylvain Runberg (scénario, d’après une nouvelle de Liu Cixin) et Miki Montllò (dessin et couleur). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), juin 2022. 126 pages, 21.7 x 29.8 cm, 21.90 € / $36.95 Can, ISBN 978-2-413-03801-6. Pour un lectorat adolescent (12+). 

5. La Perfection du Cercle

PerfectionDuCercle-cov“227 avant JC, époque des Royaumes combattants. Ying Zheng, roi de la dynastie Qin, veut unifier la Chine. S’il prouve qu’il connaît le langage du Ciel et en comprend les desseins, il les mènera tous vers un avenir meilleur. Grâce à un tout nouveau mode de calcul de données à grande échelle, le savant Jing Ke va lui enseigner ce langage qui réside dans la forme la plus parfaite au monde, le cercle.”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

La Perfection du Cercle (Les Futurs de Liu Cixin, #5), par Xavier Besse (d’après une nouvelle de Liu Cixin). Paris: Delcourt (Coll. Néopolis), août 2022. 74 pages, 21.8 x 30 cm, 17.95 € / $29.95 Can, ISBN 978-2-413-03806-1. Pour un lectorat adolescent (12+). 

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

J’ai déjà commenté la version anglaise des premiers volumes de cette série d’adaptation en BD de nouvelles de l’excellent auteur de science-fiction chinois Liu Cixin: 1. Sea of Dreams, 2. The Wandering Earth, 3. The Village Teacher, ainsi que 4. YuanYuan’s Bubbles (publiés au USA dans la série “Liu Cixin Graphic Novels” de Talos Press). Pour des raisons pratiques (rapidité de publication et disponibilité) je vais poursuivre ma lecture avec l’édition française qui est publiée chez Delcourt sous le titre “Les Futurs de Liu Cixin”. L’édition française se fait dans un ordre légèrement différent et à ce qui semble être un rythme effréné (à peu près un album par mois!): 1. Terre Vagabonde (mars 2022, par Christophe Bec, Stefano Raffaele et Marcelo Maiolo), 2. Pour que respire le désert (mai 2022, par Valérie Mangin, Steven Dupré et Cyril Saint-Blancat), 3. Les trois lois du monde (mai 2022, par Xiaoyu Zhang et Pan Zhiming), 4. Nourrir l’Humanité (juin 2022, par Sylvain Runberg et Miki Montllò) et 5. La perfection du cercle (août 2022, par Xavier Besse). La série se poursuit ensuite avec les titres suivants: 6. Proies et Prédateurs (octobre 2022, par Jd Morvan, Yang Weilin et Hiroyuki Ooshima), 7. L’Attraction de la foudre (novembre 2022, un imposant album de 272 pages! Par Thierry Robin et Cyril Saint-Blancat), 8. Brouillage intégral (janvier 2023, par Marko Stojanovic, Maza et Desko), 9. La Terre transpercée (février 2023, par Wu Qingsong), 10. L’Ère des anges (mars 2023, par Sylvain Runberg et Ma Yi), 11. Au-delà des montagnes (avril 2023, par Eduard Torrents et Ruben Pellejero), 12. Le calcul du papillon (par Dan Panosian), 13. L’Humanité invisible (par Liu Wei), 14. L’Océan des rêves (par Rodolfo Santullo et JOK), et 15. Les Migrants du temps (par Sylvain Runberg et Serge Pellé). 

Cette série est un impressionnant projet d’envergure internationale puisqu’il mets en oeuvre trente-deux auteurs et artistes venus de onze pays (Chine, France, États-Unis, Argentine, Uruguay, Espagne, Belgique, Japon, Serbie, Italie et Bosnie Herzégovine) et sera publié dans au moins huit pays. Il a été conçu par le fondateur de la maison d’édition chinoise FT Culture, Li Yun (qui détient les droits internationaux sur les nouvelles de Liu Cixin), en collaboration avec la française Corinne Bertrand, qui a dirigé et édité la série. 

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Nourrir l’Humanité, p. 3

Nourrir l’Humanité (赡养人类 / Shànyǎng rénlèi / litt. “Soutenir les êtres humains” — le titre anglais est The Wages of Humanity) est adapté d’une nouvelle du même titre de Liu Cixin publiée en 2005 dans le périodique chinois 科幻世界 (Kehuan shijie / litt. “Le monde de [la] science-fiction“ ou Science Fiction World). C’est le récit de Hua Tang, tueur à gage professionnel, qui reçoit le contrat d’éliminer trois personnes très pauvres: un artiste démuni, un musicien de rue et une jeune femme qui ramasse les déchets dans une décharge. Il s’interroge sur les raisons d’une telle commande et découvre que des envahisseurs venant coloniser la Terre ont offert de payer en compensation un salaire à tous les Humains, équivalent au revenu de la personne la plus pauvre. Pour ne pas trop diminuer leur train de vie, les plus riches décident de partager leur fortune avec le reste de la population en donnant à chacun un million de dollars. Toutefois, trois individu parmi les plus pauvres refusent l’argent, mettant ainsi en péril le revenu des riches. Le récit est entrecoupé de flashbacks qui raconte la jeunesse de Hua Tang, montrant comment il est devenu assassin. En parallèle, nous suivons l’histoire d’une autre Terre. Une civilisation très avancée, qui se fait appeler les “Dieux”, a créé trois planètes similaires à la Terre habitées par des Humains. Sur l’une d’entre elles, un riche industriel est devenu, à force d’acquisitions, l’unique propriétaire de la planète qu’il transforme en jardin personnel où tout est automatisé par une intelligence artificielle. Il règne sur une cour d’Humains cyber-augmentés et la plèbe d’Humains inférieurs est reléguée sous terre et vit dans des conditions difficiles due à la pénurie de ressources (ils doivent payer même l’oxygène qu’il respire). Lorsqu’ils osent demander une meilleure condition de vie, le propriétaire les expulse dans l’espace et leur disant de venir coloniser notre Terre… 

Le récit est bien mené, fluide malgré sa complexité, et présente d’intéressants éléments socio-politiques qui font une sorte de mise en garde sur des possibles avenirs dystopiques de notre planète. Le dessin est excellent, agréable et contribue bien à la fluidité du récit. Chose intéressante, cette histoire contient plusieurs éléments précurseurs ou similaires au roman Le problème à trois corps (d’abord paru en feuilletons en 2006 dans Science Fiction World — et dont j’ai déjà commenté le premier volume). C’est donc une excellente lecture. stars-4-0

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La perfection du cercle, p. 5

La Perfection du Cercle (圆 / Yuán / Litt. “Rond” — le titre anglais est The Circle) est adapté d’une nouvelle du même titre de Liu Cixin publiée d’abord en anglais en 2014 dans l’anthologie de “hard” science-fiction Carbide Tipped Pens: Seventeen Tales of Hard Science Fiction compilée par Ben Bova et Eric Choi et publiée par Tor Books (où l’on retrouve d’ailleurs la nouvelle “Snows of yesteryear” par Jean-Louis Trudel!). Il s’agit ici non pas de science-fiction mais d’une uchronie se déroulant au IIIe siècle AEC, à la toute fin de l’époque chinoise des Royaumes Combattants, alors que la dynastie Qin a finalement unifié les différents royaumes. Après avoir tenté d’assassiner le roi Ying Zheng (le futur empereur Qin Shi Huangdi) avec une épée dissimulée dans une carte enroulée, le mathématicien Jing Ke (qui dans ce récit survit à sa tentative) le convainc qu’il peut déchiffrer les mystères de l’univers grâce à la perfection du cercle. En effet, “le ratio entre la circonférence du cercle et son diamètre est une série de chiffres qui commence par 3.1415926 [pi] et continue à l’infini sans jamais se répéter.” Si l’on calcul ce ratio jusqu’à au moins cent mille décimales, la série de chiffres, une fois traduite en formes et en images, contiendra un message dévoilant le plus profond mystère de l’univers! Pour effectuer le calcul, il crée un véritable calculateur en utilisant les trois millions de soldats de l’armée de l’empereur, regroupé par équipes de trois (une sorte de transistor humain formé de deux entrées et une sortie), chacun portant un drapeau blanc (représentant le 0) et un drapeau noir (représentant le 1) pour former un opérateur  de fonction logique appelé “porte”. Malheureusement, la calcul est interrompu à mi-chemin car l’empereur est devenu mentalement instable à cause de la potion de mercure qui devait le rendre immortel, ce qui suscite un complot de la part de la Reine-Mère et du faux eunuque Lao Ai ainsi que des révoltes qui menèrent à l’exécution du roi et de son mathématicien…

Le récit est un peu moins intéressant que le précédant mais demeure tout de même fascinant par sa complexité et le processus mathématique  astucieux qu’il présente. Le dessin est encore une fois excellent. Le récit reprend également une idée présentée dans le premier volume du roman Le Problème à trois corps. Comme il s’agit d’une uchronie, on peut se demander sur laquelle des trois Terres se déroule cette fresque historique… Cela demeure divertissant et une très bonne lecture. stars-3-5

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© 2021 FT Culture (Beijing) Co., Ltd. All rights reserved. © Éditions Delcourt pour la présente édition.

 

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Le DALIAF en ligne !

daliaf-cover-montage-091147a551fd120c77fdef9936a138150b4755cbed2f3074b579eebbf4bd59d0Les Éditions Alire ont récemment annoncé que le Dictionnaire des auteurs des littératures de l’imaginaire en Amérique française (publié chez Alire en 2011 — voir mon commentaire sur le sujet) était maintenant disponible en ligne sur le site Daliaf.com. Il faut bien se l’avouer: ce genre d’ouvrage de référence suscite un intérêt limité dans les librairies et il est donc difficile (et très coûteux) de le maintenir à jour en publiant périodiquement de nouvelles éditions augmentées. La meilleure solution est donc de le mettre disponible en ligne et de cette façon l’information qu’il contient peut être régulièrement mise à jour avec de nouvelles entrées sur les publications récentes et les découvertes d’ouvrages et d’auteurs plus anciens mais jusqu’alors non recensés. Cela nous fait donc un très beau cadeau de noël de la part des instigateurs du projet, c’est-à-dire Claude Janelle et Jean Pettigrew. Merci infiniment messieurs!

Le DALIAF en soit présente déjà un énorme “travail de recherche, d’analyse et de compilation (commencé en 1984)“ mais le site Daliaf.com représente plus qu’une simple mise à jour de ce répertoire de la “production francophone canadienne dans les genres de l’imaginaire (science-fiction, fantastique, fantasy [principalement la SFFQ]) de 1835 à nos jours”. Car il y combine également “le contenu rédactionnel de plusieurs tomes de L’Année de la science-fiction et du fantastique québécois (L’ASFFQ)”. Je vous invite à la consulter et ainsi découvrir dans toute sa beauté l’étendu de l’imaginaire en Amérique française (vous pouvez en profiter pour consulter la notice sur l’auteur de ce blogue!).

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Le cauchemar d’Innsmouth T.02

CauchemardInnsmouth-2-cov“Innsmouth est une ville bien étrange. Jadis prospère, elle paraît désormais à l’abandon, et les rares habitants semblent tous victimes d’une même affection qui déforme membres et visage… Robert Olmstead, voyageur de passage, cherche à en savoir plus. Le vieux Zadok Allen lui conte alors une sinistre histoire…

Quelques générations plus tôt, le capitaine Obed March aurait livré la cité aux griffes d’innommables créatures marines pour construire sa fortune ! Ébranlé, Robert n’a plus qu’une idée en tête : quitter ce terrible endroit. Mais sa curiosité pourrait encore lui coûter cher…

Découvrez la majestueuse adaptation d’un des récits les plus complexes et haletants d’H. P. Lovecraft ! Mêlant polar, suspense et horreur, Le Cauchemar d’Innsmouth ancre les obsessions de Lovecraft dans le quotidien d’une ville sinistre dont personne ne sort indemne.”

[Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Le cauchemar d’Innsmouth t.2 (インスマスの影 2 ラヴクラフト傑作集 / Insumasu no kage 2 — ravukurafuto kessaku-shū / lit. “L’Ombre sur Innsmouth 2 Chefs-d’œuvre de Lovecraft”) est l’une des nombreuses adaptations des oeuvres de H.P. Lovecraft en manga par Gou Tanabe. Ce manga seinen a d’abord été serialisé dans le mensuel Comic Beam (Enterbrain) entre mai 2020 et mars 2021, puis compilé en deux volumes en mai 2021 chez Kadokawa Shoten.  Il a été traduit en français chez Ki-oon: le premier volume est paru en octobre 2021 et le second en mars 2022. La plus récente adaptation de Lovecraft par Tanabe est L’Abomination de Dunwich (ダニッチの怪 / The Dunwich Horror) qui est publié en feuilleton dans le mensuel Comic Beam (d’octobre 2021 à avril 2022 et devait reprendre dans le numéro d’octobre 2022 après un hiatus de quelques mois). J’ai déjà introduit Le cauchemar d’Innsmouth lors de mon commentaire du premier volume.

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vol. 2, page 17

L’autobus qui devait amener Robert Olmstead ayant des problèmes mécaniques, il doit passé la nuit au lugubre hotel “Gilman House”. Lorsque quelqu’un tente de s’introduire dans sa chambre durant la nuit, il doit fuir par la fenêtre et le toit de l’édifice voisin. En évitant la troupe de villageois à sa poursuite, il réussit à rejoindre la gare désaffectée puis à longer l’ancienne voie ferrée et ensuite la route pour rejoindre le village de Rowley. Là il a prit le train de nuit pour Arkham. Il avertit les autorités de ce qu’il a vu et entreprend les recherches généalogiques qu’il avait planifier de faire. Un an plus tard, il se rend à Cleveland dans la famille de sa défunte mère pour en apprendre plus sur ses ancêtres. Il découvre avec horreur que son arrière-grand-mère était la fille d’Obed Marsh! Le sang des créatures des profondeurs coulait dans ses veines. Allait-il lui aussi lentement se transformer en l’une de ces créatures hideuses ?

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vol. 2, pages 156-157

De voir l’un des récits les plus forts de Lovecraft, un des textes développant le fameux “Mythe de Cthulhu”, adapté d’une main de maître par Tanabe est excitant. C’est une très bonne lecture car le récit est fluide et captivant, mais ce qui le rend encore plus intriguant est le style superbe de Tanabe, à la fois sombre et détaillé, qui exprime parfaitement l’horreur des histoires de Lovecraft (on y retrouve d’ailleurs près d’une vingtaine d’illustrations double-pages comme celle ci-haut!). De plus, c’est présenté dans beau livre à couverture simili-cuir. Je trouve juste dommage que le récit ait été publié en deux volumes. C’est une excellent occasion de découvrir (ou redécouvrir) l’oeuvre de Lovecraft.

Ne manquez pas de lire aussi mes commentaires sur les adaptations précédentes par Tanabe des “Chefs-d’oeuvres de Lovecraft“…

Le cauchemar d’Innsmouth T.2 (Les chefs-D’Oeuvres de Lovecraft, 7), par Gou TANABE (dessin) et H.P. Lovecraft (histoire). Paris: Ki-oon (Coll. Seinen), mars 2022. 240 p., 15 x 21 cm, 15 € / $C 28.95. ISBN 979-10-327-1114-9. Pour lectorat jeune adulte (14+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© Tanabe Gou 2021 

 

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Acquisition au 37e SLAM

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Nuremberg Chronicle

Le mois dernier je suis allé faire un tour au 37e Salon du Livre Ancien de Montreal qui s’est tenu au pavillon McConnell de l’Université Concordia les 1er et 2 octobre 2022. Comme toujours je recherche surtout des éditions du XVIe ou XVIIe siècle d’auteurs de l’antiquité, dans un état respectable et dans un budget de moins de deux-cent cinquante dollars. Avec des critères aussi restrictifs je ne risque pas trop de dépenser. J’ai trouvé des tas de livres intéressants mais beaucoup trop chers! Comme cet in folio du XVIIIe siècle des Commentaires de [Jules] César [sur la Guerre des Gaules et la Guerre Civile] pour 14,000$ !! Ou un in folio de 1604 des oeuvres de Sénèque pour 1500$ ! En plus petit format il y avait un Tite Live en trois tomes datant de 1634 pour 1250$, ou deux tomes des Tragédies de Sénèque (1659-1664) pour 500$. Un marchand avait plusieurs ouvrages en Flamand ou en Hébreux assez anciens mais dans un piètre état et malgré tout assez cher. Là où j’ai commencé à être intéressé c’est avec une édition de 1683 du Rerum Romanorum de Florus pour 325$ (encore un peu trop cher…). Et il y avait toujours cette page in-folio d’incunable que j’avait vue au salon précédent (à 350$) tirée de La Chronique de Nuremberg (édition allemande de 1493) qui était maintenant juste 300$ — encore au-dessus de mon budget mais si le marchand l’a toujours au prochain salon j’espère peut-être l’obtenir pour moins cher encore, le rêve! Mais pour cette fois-ci, afin de ne pas repartir les mains vides, j’ai porté mon dévolu sur une édition du XVIIIe siècle des Satires de Perse et Juvénal pour un petit 50$… Pas mal tout de même.

IMG_3366La page titre de l’ouvrage se présente comme telle: “TRADUCTION DES SATIRES DE PERSE, ET DE JUVÉNAL. Par le Reverend Pere TARTERON, de la Compagnie de JESUS. NOUVELLE EDITION. Augmentée d’Argumens à chaque Satire. A PARIS, De la Compagnie des Libraires. M DCC LII. [1752] AVEC PRIVILEGE DU ROI.”

On peut décrire l’ouvrage comme un In-12 (10 x 17 cm), 1 feuillet blanc, xxxiv et 355 p., et 10f. (Table, errata, privilège). C’est une édition bilingue (latin et français en regard). C’est une reliure d’époque en veau, en assez bon état (quelques égratignures), basane, dos orné, 5 nerfs, pièce de titre brune, tranches rouges, coins frottés, coiffes limées, une garde marbré détachée. L’intérieur est très beau (à part quelques rares tâches). Le premier feuillet blanc contient un ex-libris moderne au stylo (“Geo.?Caron”). C’est un peu récent selon mes critères mais c’est tout de même un bon achat. [WorldCat]

En fait c’est une acquisition qui tombe à point car je prévois bientôt traiter de l’humour à Rome (et dans l’antiquité) et des auteurs comme Perse, ou même plus particulièrement Juvénal, en sont de bon exemples. Perse est moins intéressant car son style est notoirement obscure. Juvénal est plus léger et se moque sans vergogne, par la satire, de la décadence morale de ses contemporains… À suivre donc.

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Invisible Library #8: The Untold Story

UntoldStory-cov“Time-traveling Librarian spy Irene has faced unimaginable challenges across a multitude of worlds, but to keep her friends safe, Irene will have to do what has never been attempted and cut through the tangled web of power at the heart of the Library.

Irene is trying to learn the truth about Alberich — and the possibility that he’s her father. But when the Library orders her to kill him, and then Alberich himself offers to sign a truce, she has to discover why he originally betrayed the Library.

With her allies endangered and her strongest loyalties under threat, she’ll have to trace his past across multiple worlds and into the depths of mythology and folklore, to find the truth at the heart of the Library, and why the Library was first created.”

 [Text from the publisher’s website and the backcover]

>> Please, read the warning for possible spoilers <<

This series by British author Genevieve Cogman goes beyond any traditional genre as it mixes them all: fantasy, science-fiction, mystery, horror or even cyber- and steampunk! It offers a fascinating universe where a secret library hidden in-between worlds has doors opening to an infinite variety of parallel dimensions. Its librarians are “stealing” unique books and manuscripts from each of those worlds in order to create a link with them and preserve the balance between order and chaos. The universe is engulfed in an eternal war of influence between the Fae (the agents of chaos) and the dragons (the agents of order). Humans inhabiting those worlds are only pawns in their hands. The protagonists of the story are junior Librarian Irene and her companions: Dragon prince Kai, victorian investigator Vale (a doppelgänger of Sherlock Holmes) and Fae apprentice Catherine… I have already commented on books one to four and books five to seven.

Irene is determined to put an end to Alberich’s threat once and for all (whether he is her father or not). However, in order to do so she has to investigate why he wanted to destroy the library. All the clues and stories that she discovers brings her to the mythology behind the creation of the Library and she discovers a foe far worse in the heart of the Library itself! 

This series was probably originally intended for a Young Adults audience, so it is not surprising that it is such an easy reading. It is well written, interesting and quite captivating. With its travelling between worlds, it offers action in different time periods therefore it is never boring and allow to switch effortlessly between fantasy and science-fiction. It really provides an entertaining and enjoyable reading experience. So I strongly recommend it to everyone who likes adventures and books ! 

Unfortunately this book is the end of the Library universe for now. The author said that it is not the end of the series (more like the end of a season) and that she intended to eventually come back to it. For now she would like to dedicate herself to a new project “in a completely different area (involving vampires and the Scarlet Pimpernel and a hapless maidservant who’d rather be doing embroidery)“: Scarlet to be published by Penguin Random House in May 2023.

The Invisible Library 8: The Untold Story, by Genevieve Cogman. New York: ACE (Berkley, imprint of Penguin Random House), December 2021. 384 pages, 8.25 x 5.5 in., $US 16.00 / $22.00 Can, ISBN 978-1-9848-0480-8, For YA readers (14+). stars-4-0

For more information you can check the following websites:

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© Genevieve Cogman, 2021.

[ Traduire ]

La Guerre des Mondes #3

GuerreDesMondes-3-Cov“Au coeur de la guerre qui oppose Mars à la Terre, le photographe poursuit sa mission de documentation : sur la route de Londres, il constate qu’une étrange herbe rouge semant la mort et la désolation a envahi les lieux après le passage des Martiens… Pire encore, les terribles créatures capturent désormais les êtres humains !

Piégés dans des ruines, le jeune homme et le prêtre n’ont d’autre option que de se faire discrets pour échapper à l’oeil vigilant d’un tripode. Seulement, témoin d’une scène insoutenable, le prêtre perd la raison et s’en prend alors à son compagnon d’infortune…

Véritable prisme des angoisses d’une époque, le grand classique d’H. G. Wells tire sa révérence de façon magistrale dans cette adaptation originale portée par le trait réaliste de Hitotsu Yokoshima.”

[Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

La guerre des mondes (宇宙戦争 / Uchû Sensô / lit. “La Guerre de l’espace”) est un manga seinen par Sai Ihara (猪原 賽) et Hitotsu Yokoshima (横島 一) qui a été sérialisé dans le magazine Comic Beam 100 (Enterbrain) depuis octobre 2018 et dans Comic Beam entre mai 2019 et février 2021 avant d’être compilé en trois volumes chez Kadokawa Shoten. Il a été publié en français chez Ki-oon. J’ai déjà commenté le premier et le second volume.

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T. 3, p. 40

Alors que la domination des martiens semble maintenant totale, le photographe continue à documenter l’invasion. Les martiens capturent des humains pour les vider de leur sang, de leur énergie vitale. Ils s’arrêtent plusieurs jours pour construire de nouvelles machines de guerre, des engins volants cette fois-ci, qui leur permettent de couvrir plus de terrain, plus rapidement. Le photographe se réfugie quelques jours dans une maison abandonnée avec le prêtre mais ce-dernier perd la raison et finit par être capturé par les martiens. Il prend alors la route de Londres où il retrouve l’artilleur qui est gravement blessé. Ils trouvent refuge dans les égouts de Londres où l’armée (et la civilisation) se réorganise tranquillement. Quand l’artilleur a retrouvé la forme il reprend le combat et le photographe part à la recherche de sa femme. Mais, soudain, sans véritable explications, les vaisseaux martiens tombent du ciel et l’herbe rouge tourne en cendres. Le photographe retrouva sa femme, les humains retrouvent leurs vies d’avant mais, devant cette nouvelle menace, l’Humanité découvre une paix inégalée.

Avec ce troisième et dernier tome, je découvre une toute nouvelle appréciation de ce manga que je trouve bien meilleurs que le premier volume. Le récit est plus fluide, plus intéressant et même le dessin semble s’être amélioré (même s’il demeure bien ordinaire, il est du moins bien moins caricatural). C’est une adaptation qui me semble assez fidèle du roman de H.G. Wells et qui mérite d’être lu si les anticipations du 19e siècle ou les grands classiques de la science fiction vous intéresse. 

La guerre des monde 3, par Sai Ihara (scénario, basé sur le roman de H.G. Wells) et Hitotsu Yokoshima (dessin). Paris: Ki-oon (Coll. Seinen), mars 2022. 184 pages, 15 x 21 cm, 13,90 € / $C 25.95, ISBN 979-10-327-1116-3. Pour lectorat adolescent (14+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© Sai Ihara / Hitotsu Yokoshima 2020

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