Le Monde d’Edena 6: Les réparateurs

Edena-6-LesReparateurs-covL’ultime volume de la grande saga du Monde d’Edena : quatre histoires en forme d’épilogue.

Après Sur l’Étoile, Les Jardins d’Edena, La Déesse, Stel et Sra, Les Réparateurs fait figure d’épilogue ou de points de suspension dans la vaste saga du Monde d’Edena. L’album rassemble en effet quatre récits courts, de formats variables, faisant tous écho, parfois explicitement parfois de façon plus elliptique, à l’univers de Stel et Atan. Les Réparateurs, l’histoire qui donne son titre à l’album, a été conçu pour l’ultime numéro de la revue (À Suivre) de décembre 1997, à la manière d’une boucle temporelle qui n’est pas sans rappeler l’anneau de Möbius auquel Jean Giraud avait emprunté son pseudonyme. La Planète Encore est la pièce de choix de l’album. Créée en 1990, elle renoue avec le principe de l’histoire muette qu’avait développé Moebius dans les années 70 avec Arzach. Les deux derniers récits, Voir Naples et Mourir et voir Naples, conçus autour du même sujet à treize années de distance, se renvoient la balle l’un l’autre, avec beaucoup de poésie.

Quatre échappées belles pour se convaincre, s’il le fallait encore, que Moebius restera pour toujours l’une des très grandes signatures du 9e Art. [Texte du site de l’éditeur]

Les réparateurs nous permet de retrouver Stel et Atan, les deux mécaniciens de l’espace, mais aussi les fameux Pif-Pafs et, en guest star, le Major Grubert. Les quatre récits courts réunis ici nous montrent une fois encore la diversité et la richesse du talent de Moebius. Un nuage de dépaysement, un zeste d’écologie, un soupçon de nostalgie et une très grande dose de poésie, le nouveau cocktail de Moebius ravira tous les fans du Monde d’Edena comme les nouveaux lecteurs. [Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Il n’y a pas grand chose que l’on peu rajouter au texte d’introduction de l’éditeur. Les réparateurs nous offre quatre histoires courtes superbement illustrées mais qui n’apportent toutefois pas beaucoup au récit de la série, sinon un peu de nostalgie. Bof. Elle demeurent tout de même intrigantes à lire. Et ce qui rend l’ouvrage un peu plus intéressant c’est que chaque histoire est accompagnée d’un texte explicatif. 

Edena-6-LesReparateurs-p003Dans “Les réparateurs” (8 pages), un duo de réparateurs traverse des ruines sur une planète désertique et parvient dans une vaste caverne. Au centre, un tube où l’on distingue l’image d’un dessinateur penché sur sa planche à dessin. Ils activent un mécanisme et l’image disparait. Sur Terre, le dessinateur a un air satisfait. Stel et Atan auraient-ils redonné l’inspiration à leur créateur? Créée pour le dernier numéro de (À suivre) en décembre 1997, ce récit muet fait écho à “Réparations”, la toute première histoire du Monde d’Edena. La boucle est bouclée…

Edena-6-Voir Naples-p012Dans “Voir Naples” (4 pages), on découvre un univers froid et aseptisé où un personnage affublé d’un manteau et d’un masque au long nez ridicule (la première apparition des pif-pafs!) entâmes un voyage. La destination n’offre que des sortes de cactus délavés. “Ce n’est pas du tout comme les dépliants” pense-t-il. Comme il étouffe, il enlève son vêtement et son masque pour se retrouver devant une superbe vue de la baie de Naples! Réalisé en 1987 dans le cadre de la manifestation “Futuro Remoto” consacré à la diffusion de la culture scientifique, organisée à Naples par la Città della Scienza.

Edena-6-PlaneteEncore-p025Dans ”La planète encore” (23 pages), deux réparateurs voyagent sur une planète désertique. Parfois, dans le ciel on aperçoit le vol d’un ptéroïde… Ils arrivent à un grand temple surmontée d’une statue, traversent une cour occupée par des humanoïdes catatoniques, puis pénètrent le temple par un grand escalier. Ils traversent des corridors, puis effectuent une réparation qui ouvre une porte sur un grand hall avec des statues alignées de chaque côtés sur des socles de pierre. Au bout du hall, un socle vide. En regardant ce dernier, l’un des réparateurs se retrouve dans un monde de rêve habité d’étranges créatures humanoïdes qui chantent et dansent. La statue d’un jeune garçon en position de méditation (le jeune aveugle du Nid dans La Déesse?) apparait sur le socle vide. Dès lors, la végétation se met à pousser rapidement, envahissant toute la planète. Les réparateurs rejoignent leur vaisseau et quittent la planète. Cette histoire muette, nous offre une fable écologique dessinée en 1990 pour un comic book américain célébrant la “journée de la Terre”. Ce récit fait cette fois écho à une histoire de Arzak parue dans Métal Hurlant #4 (4e trimestre 1975): 19-26.

Edena-6-MourirEtVoir Naples-p043dDans “Mourir et voir Naples” (14 pages), le Major voyage dans le désert sur une sorte de cheval à longues oreilles. Il rencontre d’abord une table perdue au milieu du désert, sur laquelle il trouve le dépliant “Moebius à Naples” qui contient “Mourir et voir Naples”. Puis, il fait escale à un petit temple. Trois Pif-pafs géants le capturent, le mettent dans une boite qu’ils jettent dans un volcan. Lorsque le volcan fait éruption, la boite est rejetée à la mer pour finir sur une plage. La Major sort de la boite et saute de joie: c’est la baie de Naples! Une autre histoire muette et absurde qui reprend le thème de “Voir Naples”, créée cette fois en 2000 pour le portfolio d’une exposition sur Moebius à la Città della Scienza de Naples.

Un bel ouvrage d’intérêt plutôt moyen. À lire surtout pour les amateurs de Moebius et du Monde d’Édena

Le Monde d’Edena 6. Les réparateurs, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 54 pages (52 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-38038-1. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-2-5

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© Casterman 2001

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents: Sur l’Étoile, Les jardins d’Édena, La Déesse, Stel et Sra.

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Le Monde d’Edena 5: Sra

Edena-5-Sra-covStel et Atana ont été séparés, mais, écrit Moebius en ouverture de Sra, « la force du désir qui pousse Stel vers Atana est telle que rien ne semble pouvoir stopper notre héros dans sa quête. » Ainsi ses pas le portent-ils au monastère de Sra, étrange village « olofène » – ce que signifie, comme chacun sait : « Réservé aux hommes déliés ». Mais déliés de quoi, au juste ?

Travaillé dans une forme onirique et souvent poétique qui fait fréquemment penser à l’écriture automatique des surréalistes, Sra marque le point final de la vaste fresque du Monde d’Edena entreprise par Moebius à partir du milieu des années 80 – Les Réparateurs, publié postérieurement, ne constituant qu’une sorte d’épilogue à l’ensemble de la série. À la manière d’un moderne Gulliver, Stel traverse une succession de mondes étranges ou enchanteurs, avant la confrontation finale avec son ennemi irréductible et malveillant, La Paterne, déterminé à prendre pour toujours le contrôle d’Edena… Tour à tour drôle ou inquiétante, mais toujours brillante et inspirée, l’oeuvre attachante d’un artiste en liberté.

[Texte du site de l’éditeur]

➡︎ (Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs) ⬅︎

Page 4

Ayant entendu dire qu’une nouvelle papesse est arrivée au monastère de Sra, Stel traverse le désert (sous l’oeil vigilant des agents de la Paterne) pour s’y rendre en espérant que celle-ci soit Atana. Au monastère, il mange un repas puis on lui offre une chambre. Il rêve qu’il se retrouve dans un monde lilliputien, toujours à la recherche d’Atana. En fait, depuis le début, il est dans un rêve créé par la Paterne afin de piéger Maître Burg… avec succès! Stel s’éveille et tente de sauver la papesse des mains de pif-pafs ninja mais les deux sont tués. Burg est sauvé par une Édelfe. Stel se réveille dans un hôpital psychiatrique. Il se nomme Stélékian, un pilote atteint d’un virus qui “crée un écart (…) entre la réalité de base et le labyrinthe onirique de son moi inconscient”. Guéris, le docteur Burglow le laisse sortir et le capitaine Pattern doit le raccompagner sur Terre. Mais il réussi à faire décoller le vaisseau seul, car rien ne peut l’arrêter dans sa quête pour retrouver Atana… 

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Page 26

Jusqu’à maintenant, le Monde d’Edena nous offrait une superbe histoire, intéressante et même captivante. Toutefois, dès que le combat entre le bien et le mal se poursuit dans les rêves des héros captifs et/ou endormis, on ne sait plus ce qui est le rêve, ce qui est la réalité et, surtout, qui rêve qui. Avec cette conclusion, Moebius renoue avec la science-fiction délirante et déjantée de ses débuts. Le résultat est un “mindf*ck” très dickien qui proclame que la réalité n’est pas ce que l’on pense et que le monde n’est qu’une illusion. Stel est-il fou ou est-il encore dans le rêve? En fait, il serait dans un rêve, qui est dans un rêve, qui est dans un rêve, etc., un peu comme le film Inception.

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Page 31

Moebius introduit ici et là dans le récit des éléments qui rappel ses autres histoires (Arzach, Major Fatal) afin de les réunir toutes dans un méga-univers. On retrouve donc une fin en parallèle avec celle du Garage Hermétique où le Major passe une porte pour se retrouver dans le métro de Paris, notre propre réalité. Finalement, en bout du compte, la bande (dessinée) de Moebius se retournerait-elle sur elle-même ???

La fin est un peu décevante car il n’y a pas de véritable conclusion — cela finit en queue de poisson comme disait Horace. Bien conclure une série est notoirement difficile. Toutefois, le récit demeure tout de même intéressant et il nous reste toujours le superbe dessin de Moebius… À lire malgré tout.

Le Monde d’Edena 5. Sra, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 64 pages (62 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-34524-1. Pour lectorat jeune adulte (16+). Voir la couverture arrière. stars-3-0

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© Casterman 2001

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents: Sur l’Étoile, Les jardins d’Édena, La Déesse et Stel. 

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Le Monde d’Edena 4: Stel

Edena-4-Stell-covPerdu dans le désert d’Edena, Stel n’a qu’une idée en tête : retrouver Atana. Sur sa route, il ne cesse de croiser Burg. Ce dernier l’encourage dans sa quête tout en lui parlant par énigmes. Ce qui irrite Stel au plus haut point. Il finit par tomber sur un groupe de ces drôles de types masqués, la même engeance que les kidnappeurs d’Atana (voir : La Déesse). Ils sont en panne de radio, leur vaisseau ne marche plus… Stel décide de les aider, dans l’idée de se rapprocher du nid de la “Paterne“, donc d’Atana. Bien lui en prend : piégé par la “Paterne“, le héros sera, dans des conditions effrayantes, envoyé vers une destination inconnue. Comment retrouver Atana ? Où est-elle ? Personne ne peut rien dire à Stel, égaré dans sa course éperdue et solitaire à la recherche de celle qu’il aime. Son seul guide est le message de l’Edelfe, “Ochandaï Swanii Atana“: La Déesse Atana va mourir si personne ne fait rien. 

Quatrième tome de la saga du Monde d’Edena, l’histoire de Stel est terrible et oppressante. Serait-ce, cette fois-ci, une volonté de l’auteur de disserter sur la soif de pouvoir et les folies qu’elle engendre ? Dans un univers truffé de surprises, comme toujours chez Moebius, une description sans merci du machiavélisme et de la manipulation.

[Texte du site de l’éditeur]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Avec ce quatrième volume, l’attention du récit revient sur Stel qui est toujours à la recherche d’Atana. Burg lui apparait à nouveau pour l’avertir d’une part que Atana, après avoir remis de l’ordre dans la cité-Nid, s’est perdu dans des dédales oniriques et que, d’autre part, la Paterne en a certes été délogé mais qu’il en subsiste des traces résiduelles qui continuent de hanter Édéna. Ces émanations de la Paterne demeurent un danger car elles peuvent prendre une forme dense — comme un dinosaure à tête de perroquet! Il lui confie avoir créé cette planète spécialement pour lui et Atana… (tout comme Gruber avait créé Flore, l’astéroïde à trois niveaux!)

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Page 7

Stel tombe sur une patrouille de la Cité-Nid dont le flybus est en panne. Il se propose de les aider mais leur chef, tombé sous le contrôle de la Paterne, le fait prisonnier et l’amène à un nouveau Nid, d’où il espère mener une guerre sainte contre les usurpateurs et reconquérir la cité-nid originelle. Là, Stel retrouve son ami Trollopen (voir le premier volume) qui lui raconte ce qu’il s’est passé depuis qu’ils ont embarqué sur la pyramide: survie difficile sur la planète, découverte du nid, les deux seuls survivants de l’équipage originel — Trollopen et Oran Silverberg — crées des clones, Oran rendu fou par les cauchemars de Burg a écrit le Livre de la Pyramide et fuit le nid, pour échapper à l’influence de Burg Trollopen se fait mettre dans une stase onirique d’où il peut continuer à controller le nid. Trollopen EST la Paterne! Il a créé un capteur subonirique qui plonge son antenne dans les entrailles bouillonnantes d’Édéna afin de piéger Burg mais maintenant il veut plutôt se servir de Stel comme appât pour capturer Atana. Tout ça pour ultimement vaincre Burg, “notre geôlier… Le seul obstacle à notre retour au monde réel” ! 

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Page 31

Stel nous offre un autre récit d’action passionnant et plein de révélations — un récit qui nous rappel beaucoup Le Garage Hermétique (une planète créé par Gruber/Burg avec plusieurs niveaux de réalités, dont le habitants se rebellent contre leur créateur)… Et c’est tout aussi superbement dessiné par Moebius que le volume précédent (et même plus). Un crescendo de convergence thématique et stylistique dans l’oeuvre du maître! Une très bonne bande-dessinée à lire absolument!

 

Le Monde d’Edena 4. Stel, par Moebius. [Tournai] : Casterman, avril 1994. 78 pages (74 planches), 22 x 29 cm, ISBN 2-203-34504-7. Pour lectorat jeune adulte (16+). Voir la couverture arrière. stars-3-5

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© Casterman 1994

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents: Sur l’ÉtoileLes jardins d’Édena et La Déesse.

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Le Monde d’Edena 3: La déesse

Edena-03-LaDeesse-covAtan est devenu Atana : son séjour prolongé sur Edena, sans hormonode, lui a rendu un corps de femme. Elle erre, traversant une forêt infinie. Elle cherche sans savoir exactement ce qu’elle cherche. Mais elle pressent un danger. Soudain elle est cernée par une bande d’êtres étranges, tous affublés d’horribles masques aux longs nez, qui la capturent. Atana est emmenée dans leur monde, un monde souterrain, sinistre, hyper régulé, gouverné par une entité invisible nommée “La Paterne”. C’est dans cet univers effrayant et grâce aux dons médiumniques d’un enfant aveugle, qu’Atana pourra commencer à découvrir sa véritable identité. Que lui veut “La Paterne“ ? Pourquoi l’enfant aveugle l’emmène-t-il dans ses rêves ? Peut-être parce que, comme beaucoup d’autres, il attend d’être délivré des prisons de l’ignorance…  [ texte du site de l’éditeur ] 

— Vous êtes un cas embarrassant, Monsieur. Aucune marque d’identification, aucun tatouage matricule. Aucune trace de vous dans les archives. Alors qui êtes-vous, d’où venez-vous?
— Mon nom est Atana ! Atana Merigold, je suis née en 27 sur Lazlan dans l’ère de gaïne. Mais je suis membre de la guilde spatiale. Je proteste contre mon arrestation arbitraire, ma détention injustifiée. Et je demande qu’on me délivre im-mé-dia-te-ment de cet horrible masque affublé de ce nez grotesque !” [Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Page 6

Ce troisième tome du Monde d’Edena est beaucoup plus volumineux que les précédents (quatre-vingt planches!). Ce récit est consacré à Atan, devenue maintenant Atana — une superbe guerrière avec une longue chevelure blonde, qui parcours seule l’interminable forêt édénique. En songe, elle rencontre l’ombre du rêve. Elle aperçoit une explosion à l’horizon et prends cette direction pour investiguer. Elle n’y trouve qu’un trou et une tête sur un pieu. Elle est capturée par des soldats habillés d’un long manteau et d’une sorte de masque à gaz avec un long nez ridicule (qui leur donne un air de soldat de la première guerre mondiale). Elle a la vision éveillé de  l’ombre du rêve qui la saisie et l’écrase, puis elle perds connaissance.

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Page 7

Elle se réveille dans le Nid, une cité moderne et sousterraine habitée de clones, où tout le monde s’appelle poliment l’un l’autre “Monsieur” et porte un masque au long nez pour se protéger des germes. C’est une société aseptisée, asexuée, autocratique, dirigée par la “Paterne”. Comme Atana constitue une menace pour l’ordre, elle est exécutée. Elle est toutefois ressuscitée par un groupe de rebels qui suivent la prophétie du Livre de la Pyramide, prédisant que la déesse Atana viendrait les sauver des prisons mortelles de l’ignorance. Ils fuient dans les fins fonds du Nid, là où se terrent les cafardos, des clones défectueux. C’est là qu’elle rencontre l’enfant aveugle qui ressemble à un moine bouddhiste. Il amène Atana dans son rêve et lui explique que les habitants du Nid sont les “descendants” (clonés à partir d’une source unique, la Paterne) des passagers de la Pyramide (voir le tome 1) arrivés sur Edena il y a mille ans! Atana et Stell auraient donc été en animation suspendue durant tout ce temps… Atana part dans son propre rêve et l’enfant est attaqué par l’Ombre. La révolte atteint le siège de la Paterne, qui est le corps momifié d’un des passagers original de la Pyramide et nul autre que l’Ombre du rêve! Dans le combat, la Paterne est tuée. Les habitants du nid sont donc libres et jettent leurs masques.

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Page 29

Comme nous le font remarquer Jean-Marc & Randy Lofficier dans la préface de l’édition anglaise (voir plus bas), le premier tome nous offrait la recherche de la promesse de l’utopie, le second était un manifeste sur la voie spirituelle pour réconcilier l’Homme et l’utopie au travers d’une transformation alimentaire, et ce tome-ci nous fait découvrir que la révolution est peut-être la seule route de l’utopie. Écrit et dessiné à Paris et Los Angeles entre l’automne 1988 et le printemps 1989 (mais publié seulement en septembre 1990 après la sérialisation dans À Suivre), La Déesse serait possiblement une allusion allégorique à tous ces opprimés de l’époque (en Roumanie, en Europe de l’Est, en Chine, etc.) qui tentaient de secouer le joug de la dictature. Les habitants du Nid porte leur “visage” pour se protéger des germes extérieurs (le libéralisme bourgeois?) alors que le mal qui les atteint est en fait causé par la décadence même de leur institutions (la dégradation du clonage)!

La Déesse nous offre un intéressant récit d’aventure, plein d’action et de rêves, et qui est exceptionnellement linéaire et cohérent. L’attrait principal demeure toujours le superbe dessin de Moebius, où les plats de couleurs vives sont de plus en plus brouillés par les détails de l’encrage. Je trouve fascinant l’inconfort généré par le fait que presque tout les personnages portent un masque similaire et doivent donc être distingués par la couleur ou les détails de leur costume. Une très bonne BD à lire absolument.

Le Monde d’Edena 3. La Déesse, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 88 pages (80 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-34522-5. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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© Casterman 2001

TheGoddess-covL’édition anglaise, The Goddess, est assez fidèle à l’original (quoique la qualité de l’impression laisse un peu à désirer). Faute de place, l’édition française ne contenait aucun dossier explicatif, ce qui fait que la préface de Jean-Marc & Randy Lofficier ainsi que la postface de Moebius nous offrent d’autant plus d’éclairage sur le récit. Ainsi, Moebius nous explique qu’il avait d’abord eut l’intention de terminer le troisième tome sur la disparition d’Atana mais que, sur le conseil de son entourage, il ajouta une vingtaine de pages pour expliquer l’identité de la Paterne. Il ajoute que le masque des personnages et les formes de politesse utilisées symbolisent qu’ils sont coupés de leur environnement non seulement physiquement mais aussi spirituellement. Finalement, il nous apprend que le moindre détail (le changement d’une plume, le fait que la couleur a été appliqué non sur des lignes bleues mais sur l’encrage) peut affecter la qualité du dessin.

Ce volume 7 des Collected Fantasies of Jean Giraud, ne comporte qu’une seule histoire courte additionnelle: “Black Thursday” (2 pages). Le messager Jerman Closer est dégoûté par les jeux des dieux et jure de tout faire pour y mettre fin mais, bien sûr, sans le moindre effet! C’est une de ses histoires de SF absurde du début de Métal Hurlant (1977). Moebius cite l’influence de ses auteurs favoris (Zelazny, Dick) mais il est difficile de donner un sens à une histoire aussi courte.

Comme pour l’édition française, The Goddess est une très bonne BD à lire absolument.

Cette édition n’est plus disponible mais The World of Edena a été réédité en anglais par Dark Horse en 2016 (dans sa série Moebius Library) sous la forme d’un intégral deluxe cartonné qui rassemble les principaux récits du cycle (360 pages, $49.99). [WorldCat]

Moebius 7, The Collected Fantasies of Jean Giraud: The Goddess, by Moebius. New York: Epic/Marvel, October 1990. 88 p., 8.5 x 11 in., $US 12.95 / $C 15.95. ISBN 0-87135-714-3. Pour lectorat jeune adulte (16+). (Voir la couverture arrière) stars-3-5

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© Starwatcher Graphics

Voir mes commentaires sur le tome 1: Sur l’Étoile, et sur le tome 2: Les jardins d’Édena.

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Le Monde d’Edena 2: Les jardins d’Edena

Jardin-d-Edena-covStell et Atan sont à bord de “la Pyramide“, un étrange vaisseau spatial qui les dépose sur la planète Edena. Les deux héros commencent à explorer ce monde nouveau. Ils ne peuvent qu’avancer, sans savoir où leur marche les mènera. Petit à petit, ils s’adaptent à leur nouvel environnement, découvrant le goût des pommes, la chaleur du soleil. La nuit leurs rêves se peuplent de fées et de créatures fantastiques. Leurs corps physiques, privés de leur dose quotidienne d’hormonode, se transforment. Une dispute éclate, Atan assomme Stell et disparaît. Commence alors pour l’un et l’autre, une longue quête, quelque part entre l’envers et l’endroit du réel… Quelles sont les intentions de “La Pyramide“? Pourquoi a-t-elle laissé Stell et Atan débarquer dans ce monde étrange, qui leur évoque l’ancienne “Terra“ ? Comment feront-ils pour survivre, s’alimenter ? Jusqu’où devront-ils marcher ? Les réponses se trouvent peut-être dans la vraie vision, loin de l’ombre du rêve… 

Avec la série du Monde d’Edena, Moebius a créé une œuvre presque philosophique. Dans Les Jardins, il pose, entre autres, la question du conditionnement de l’être humain en matière d’alimentation. L’auteur lui-même raconte comment sa rencontre avec l’instinctothérapie lui a inspiré une bonne partie du récit. Un monde inquiétant et onirique, magnifiquement illustré.

[ texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière ]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Page 5

Atan et Stell se réveille à bord de la pyramide mais il n’y a aucune trace des autres passagers rencontrés dans le tome précédent. En touchant des contrôles, ils révèlent deux sièges qui les téléportent sur une planète qui semble vierge, voir paradisiaque. Mais comment pourront-ils y survivre sans équipements, sans armes, ni synthétiseur d’aliments, bio-implants ou transplantation d’organes par les rob-médics (à trente-deux ans Stell a déjà reçu plus de soixante transplants dont dix-huit cardiaques !). Toutefois ils trouvent un cours d’eau et se souviennent qu’il y a quatre-mille ans leurs ancêtres terriens se nourrissaient de fruits poussant biologiquement, alors ils s’essaient à manger des pommes… Cela leur donne mal au ventre mais calme la faim. Ils font des rêves bizarres…

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Avec le temps, Atan et Stell s’adaptent à leur environnement. Et avec une nouvelle alimentation et l’épuisement de leurs bio-implants, leurs corps changent: les poils repoussent et des caractéristiques sexuelles (jusqu’alors supprimées par les hormonodes) font leur apparition, révélant que Atan est une femelle et Stell un mâle! Ce dernier d’ailleurs réalise soudain qu’il est irrésistiblement attiré par sa compagne mais celle-ci, dégoûtée, repousse ses avances, l’assomme avec une pierre et disparaît dans la nature… Stell la cherche pendant six jours, puis décide de suivre le fleuve jusqu’à la mer. En rêve, il rencontre le Maître Burg, qui le guide jusqu’à Atan/Atana mais celle-ci est enlevée par un monstre, l’ombre du rêve. Grâce à l’enseignement de Maître Burg, Stell s’éveille à l’intérieur du rêve et ouvre son coté lumière pour vaincre le monstre…

Avec ce deuxième volume du cycle d’Edena, Moebius nous offre un récit similaire à l’Incal qui entame la convergence des différents éléments narratifs et thématiques de l’ensemble de son oeuvre. En effet, Maître Burg n’est nul autre que le [Major] Gruber à l’envers! La convergence est aussi stylistique puisque Moebius commence aussi ici a abandonner le style dépouillé et épuré de L’Incal et utilise de plus en plus de traits pour donner du détail comme il le fait avec Blueberry.

Après avoir vécu à Tahiti et travaillé à Los Angeles, Moebius se retrouve en 1984-85 à Tokyo pour travailler pour TMS sur le film Little Nemo. Ayant beaucoup de temps libre et réalisant que Sur l’étoile (qui venait d’être réédité chez Aedena) avait laissé beaucoup trop de questions en suspend, c’est là qu’il conçoit et dessine la première moitié des Jardins d’Edena. Il complète l’album après être rentré à Los Angeles et avoir dessiné le vingt-deuxième Blueberry, Le bout de la piste (1986). Le récit est sérialisé dans le périodique (À Suivre) avant de paraître en album chez Casterman en septembre 1988.

Mis à part une allusion à un thème biblique (sur Edena, Atan et Stell découvrent leur sexualité après avoir mangé des pommes!), la thématique dominante de cet album est nutritionnelle: le changement d’une alimentation artificielle à une alimentation naturelle transforme leurs corps! Ceci reflète simplement le fait que Moebius a changé de gourou et le récit exprime les idées de l’instinctothérapie (l’instinct alimentaire) développée par Guy-Claude Burger (Maître Burg?). Déjà végétarien depuis plusieurs années, Moebius pousse l’expérience encore plus loin avec une diète au confluent du régime paléo et du crudivorisme (alimentation vivante ou “rawism”). Il s’agit ici de suivre ses instincts préhistoriques (à l’odorat et au goût) et de ne consommer que des aliments naturels n’ayant subit aucunes transformation ou dénaturation mécanique (mélange, assaisonnement, superposition, broyage, mixage, etc), thermique (cuisson, congélation, surgélation, irradiation), bio-chimique (fermentation, engrais, pesticides, etc.) ou toutes autres modifications humaines (sélection d’espèces, OGM, techniques de culture et d’élevage, etc). Cela exclut aussi les produits laitiers et certaines céréales, qui sont considérés comme des développement “trop récents” !

Les jardins d’Edena est un excellent album, sans doute le meilleurs de la série. J’adore cet aspect du récit où les personnages se découvrent eux-même, entrent en conflits, et aussi l’aspect onirique (qui évoque les différents niveaux de réalités du Garage Hermétique). Et, bien sûr, il a le superbe style graphique de Moebius qui rend la lecture encore plus agréable… À lire absolument!

Le Monde d’Edena 2. Les jardins d’Edena, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 64 pages (52 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-34521-7. Pour lectorat jeune adulte (16+). Contient un cahier explicatif par Jean Annestay (“Les jardins : Pendant, Avant et Après”) agrémenté de six illustrations par Moebius. stars-4-0

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© Casterman 2012

GardensOfEadena-covÉtrangement, Les jardins d’Édena est paru en version anglaise chez Epic/Marvel avant même de paraître en français chez Casterman. L’édition anglaise comporte les habituelles (et fort utiles) préface et postface explicatives par le couple Lofficier (Jean-Marc & Randy) et Moebius. Elle inclus également deux courts récits additionnels: “Journey to the Center of an Unfaithful Body” (2 pages) et “Hit Man” (12 pages).

Dans “Unfaithful Body”, écrit en 1986, le Major (accompagné du Professeur et de son Second) explore (à la Fantastic Voyage) l’intérieur du corps de sa bien-aimée Malvina pour y découvrir… une lettre où elle le quitte, car l’ayant attendu trop longtemps elle est tombée amoureuse du lieutenant B (Blueberry?). On y retrouve des thèmes précurseurs au Cycle d’Edena, liés à la relation entre la maladie et le corps humain.

“Hit Man” est un récit déjanté (un humour absurde et un peu incohérent) qui rend un hommage stylistique à Tardi. Encore une fois, on y retrouve un thème précurseur à Edena: deux personnages prisonniers par le conditionnement de leur rôles (le voleur et le policier) finissent, au travers d’une expérience initiatique, par y échapper grâce à l’amour et à la liberté! J’avais déjà lu cette histoire en noir et blanc dans Les Vacances du Major

J’aime bien le format en couverture souple de cette édition, quoique bon, c’est la même histoire mais en anglais… Toujours aussi agréable à lire (ou relire).

Moebius 5, The Collected Fantasies of Jean Giraud: The Gardens of Aedena, by Moebius. New York: Epic/Marvel, January 1988. 66 p., 8.5 x 11 in., $US 9.95 / $C 13.95. ISBN 0-87135-282-6. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-4-0

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Le Monde d’Edena 1: Sur l’Étoile

Sur-l-etoile-covUn classique de la SF selon Moebius.

Mécanicien vagabonds de l’espace, Stel et Atan ne se contentent pas de réparer les machines : ils apprennent à renaître pour réenchanter le monde.

Conte écologique et fable spirituelle, Le Monde d’Edena est le récit le plus personnel et autobiographique de Mœbius. Chef-d’oeuvre de la SF mondiale, Le Monde d’Edena est un cristal étincelant dans la bibliographie du créateur de L’Incal et du Garage hermétique.

[ texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

Cet album nous offre deux récits. Dans “… Sur l’étoile… Une croisière Citroën” (37 planches) on découvre deux voyageurs (astronautes, forains de l’espace, amateurs de voitures et réparateurs) qui font escale sur une station spatiale à la recherche de carburant. Étrangement, celle-ci est complètement désertée. Alors qu’ils détectent un signal sur la planète géante autour de laquelle la station est en orbite, l’astéroïde qui abrite la station est mystérieusement attiré vers la surface. À l’aide de rétro-fusées, ils réussissent un écrasement controlé mais leur vaisseau, qui était dans le hangar de la station, est détruit. La nuit venue, ils aperçoivent une lumière très brillante à l’horizon, en direction du lieu où le signal avait été détecté. À l’aide d’un véhicule antique (un “engin de démonstration”) qu’ils transportaient dans leur vaisseau (une Citroën traction-avant modèle 15-six de 1938), ils décident d’aller y voir de plus près…

Sur-l-etoile-p017Tout au long du récit, nous découvrons peu à peu les deux personnages plutôt androgynes: Atan et Stel. Ce dernier est un pilote et mécanicien de génie. Au bout de leur périple, ils découvrent une pyramide bleue géantes, entourée de milliers de vaisseaux de tout genres et d’un campement où l’un retrouve un échantillonnage de toutes les races de la galaxie — certains étant là depuis des milliers d’années et n’ayant étrangement jamais vieilli — tous (incluant l’équipage disparue de la station) mystérieusement attiré par la pyramide. Mais personne n’a jamais réussi à pénétrer à l’intérieur, sauf Stel ! Le vaisseau-étoile attendait un pilote. Il peut maintenant embarquer tout le monde à destination d’Edena, la légendaire planète-paradis…

Sur-l-etoile-p007Le récit principal est précédée d’une histoire courte, “Réparations” (6 pl.), où Atan et Stel doivent réparer un “maître des voies” tombé en panne, son coeur étant au bord de la rupture faute d’entretien psychique. La clé du problème est une mémoire d’enfance du pilote… L’album est complété par un dossier explicatif (dans un style un peu confu) de quatre pages par Jean Annestay et cinq illustrations.

Chose surprenante, “Sur l’étoile” est une commande de Citroën qui désirait un portfolio à tirage limité (publié par Gentiane) “destiné à être offert aux concessionnaires comme cadeau de fin d’année.” Le directeur du Département Promotion de l’entreprise, Christian Baily, était de toute évidence un grand amateur de Moebius… Quelques mois plus tard, l’album a été republié aux Humanoïdes Associés (édition limitée, décembre 1983), puis chez Aedena en 1985 et finalement chez Casterman en 1990 et 2012. À noter que cette dernière édition omet le récit “La Planète Encore” (23 pl.) qui était présente dans la première édition. Aussi, ce premier tome de la série n’est plus en circulation mais peut quand même être lu dans l’édition intégrale publiée par Casterman en 2016.

L’histoire courte “Réparations” a été conçu à la demande de Jean Annestay (son partenaire chez l’éphémère Aedena) pour être incluse dans l’édition grand-publique de 1985. Cet épisode se déroule avant “Sur l’étoile” et en le relisant, Moebius se rend compte que la fin ouverte laisse beaucoup trop de questions en suspend… C’est en réfléchissant à cela qu’il a conçu toute la série du Monde d’Edena (qui sera publiée en feuilletons dans la magazine À Suivre entre 1988 et 1997), en se basant sur la remise en question personnelle (de son mode de vie, de sa spiritualité) qu’il éprouvait à cette époque. En effet, introduit à la métaphysique par Jodorowsky et ayant fait la rencontre du gourou nouvel-âge Jean-Paul Appel-Guery, il se met en quête d’un nouvel idéal de pureté. 

On retrouve dans cet album le style épuré du Moebius de l’Incal (qu’il venait à peine de commencer, en 1981, alors que Sur l’étoile a été publié en 1983). Il est caractérisé par un dessin simple — très propre, léché, avec juste ce qu’il faut de détails — et des couleurs vives, très planes (les dégradés sont assez subtils). Moebius explique dans la postface qu’il avait recherché “un style aussi dépouillé et pur que possible” afin d’éviter de se perdre dans la “luxuriance de détails” et de se forcer à donner à chaque trait toute son importance car dans “toute véritable représentation de l’anatomie, la matière et la forme ne peuvent s’exprimer qu’à travers des lignes simples.”

Comme toute les oeuvres de science-fiction de Moebius, ce premier tome de la série du Monde d’Edena nous offre un récit captivant, intriguant, empreint d’une touche d’onirisme et même mystique. C’est non seulement beau et agréable à lire, mais nous pose un certain questionnement philosophique… 

Le Monde d’Edena 1. Sur l’Étoile, par Moebius. [Tournai] : Casterman, Octobre 2012. 62 pages (43 pl.), 24 x 32 cm, ISBN 978-2-203-06317-4. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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Upon-A-Star-covL’édition anglaise de Sur L’étoile, publié chez Epic/Marvel, inclus (en plus du récit principal “Upon a star” et du prequel “The repairmen”) deux autres histoires courtes. “Aedena” (6 planches, scénarisé par le gourou Appel-Guery lui-même et Paula Salomon, réalisé pour le magazine économique français L’Expension) raconte l’histoire de six chefs d’états terriens kidnappés par des êtres supérieurs. Ils sont amenés sur la Cité de Cristal  de la planète Aedena, formé de trois cercles concentriques: sur le premier, dédié aux activités matériel et physique, ils sont régénérés et reçoivent un nouveau corps sain, beau et jeune (qui ne sont pas sans me faire penser à l’apparence qu’avait le Major Grubert et Jerry Cornelius étant plus jeune); sur le second, dédié aux activités artistique et psychique, ils reçoivent un cristal qui leur permet de revivre l’âme de l’enfant qu’ils étaient; sur le troisième, dédié à la vie spirituelle, Ils rencontrent l’un des douze sages d’Aedena. Ce dernier leur donne un longue explication sur l’évolution qu’ils ont subite, que la suite devra venir de leur propres efforts et il les renvoie sur Terre pour qu’ils servent de guides au reste de l’Humanité vers une paix intérieure et une véritable spiritualité… Une histoire somme toute assez similaire à “Sur l’étoile” et qui véhicule sans honte les préceptes de Appel-Guery.

 

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Celestial Venice, pl. 5

Dans “Celestial Venice“ (9 pl.), une esquif Palloséenne accoste sur une île. La vierge Mana amène à Tridion, le gardien de la Venise, l’Âme Cristal qui devra faire revivre l’Île Cité, tel que prédit par les philosophes. Le Cristal est amené au Palais de la Mère Cosmique et déposé sur un réceptacle, entre les mains de la déesse. Alors que Mana et son pilote (qui ressemble un peu à Arzach) quittent l’île, celle-ci s’envole dans le ciel…

Les récits sont accompagnés de préfaces et postfaces (par Moebius et Jean-Marc & Randy L’Officier) qui sont beaucoup plus claires et explicatives que celle de Jean Annestay (quoi que certains paragraphes semblent être simplement la traduction de passages de l’album original). 

Upon a star est une très bonne lecture car cet album offre des récits captivants, superbement dessinés, qui sont un régal tant pour les yeux que pour l’esprit. 

Cette édition n’est plus disponible mais The World of Edena a été réédité en anglais par Dark Horse en 2016 (dans sa série Moebius Library) sous la forme d’un intégral deluxe cartonné qui rassemble les principaux récits du cycle (360 pages, $49.99). [WorldCat]

Moebius 1, The Collected Fantasies of Jean Giraud: Upon a star, by Moebius. New York: Epic/Marvel, September 1987. 72 p., 8.5 x 11 in.,  $US 9.95 / $C 13.95. ISBN 0-87135-278-8. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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Arzak: L’arpenteur

Arzak-cov“L’histoire s’ouvre sur deux actions apparemment sans aucun lien entre elles. La première nous emmène dans l’espace profond où un vaisseau de la confédération Dessmez est attaqué par Kimorg Barbax, le redoutable pirate. La deuxième se déroule sur Tassili, la planète d’origine des Wergs. L’ancienne race dominante a été vaincue par l’avancée irrésistible de la confédération Dessmez dans sa conquête humaine de la galaxie. Tassili, ruinée, désertique et abandonnée de tous, peuplée d’une maigre colonie humaine, se meurt doucement. La mission d’Arzak consiste à arpenter sans fin ce territoire chaotique pour y traquer l’anomalie et assurer l’ordre humain. C’est dans l’accomplissement de cette mission qu’il découvre un odieux trafic perpétré à l’encontre des survivants Wergs. Arzak entame son enquête ; il traversera épreuves et dangers, découvrira les secrets de Tassili et plongera dans les abîmes des passions de l’âme humaine…”

[Texte sur Amazon; voir aussi la couverture arrière]

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Page 3

Le personnage d’Arzach a d’abord été créé par Moebius dans une série d’histoires courtes sans dialogues publiées dans Métal Hurlant dans les années 1975-76 avant d’être compilées en album en 1976 chez Les Humanoïdes Associés. C’est un album fascinant qui aura une grande influence et sera maintes fois réédité (dont dans le volume 2 de ses Oeuvres Complètes et en version anglaise). C’est un héros énigmatique, avec son chapeau haut et sa monture ptéroïde, qui parcours un univers désertique, peuplé d’étranges créatures et de vestiges de civilisations disparues.

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Page 4

Le mystère qu’était Arzach demandait à ’être développé, étoffé. En 2002, à la demande des Japonais, il ravive donc le personnage pour une série de dessin animé en quatorze courtes capsules: Arzach Rhapsody. Malgré un récit très décevant, il a finalement donné la parole à Arzach et le génie ne peut plus retourner dans la bouteille… Il fait donc une nouvelle apparition dans Inside Moebius (publié en français chez Stardom de 2004 à 2010 et en anglais chez Dark Horse en 2018) où Moebius se dessine lui-même rencontrant ses personnages préférés (Blueberry, Arzach, le major Grubert, etc.) afin de discuter de son processus artistique ainsi que des diverses problématiques qui le préoccupent.

En 2009, à l’occasion d’une d’exposition d’illustrations (aquarelles, peintures et fusains) intitulée “Arzach au Belvédère”, Moebius publie enfin une histoire qui reprend le personnage d’Arzach. Destination Tassili est un album grand format de 124 pages sans dialogues mais avec un texte en opposition. Sous le titre Arzak: L’Arpenteur l’album est aussi publié en collaboration avec Glénat, cette fois en couleurs et avec les textes intégrés dans des bulles. Arzach avait enfin une suite! Le récit devait comporter trois albums, mais malheureusement une seul fut publié avant le décès de l’auteur…

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Arzak nous offre une excellente histoire. Un récit captivant, intriguant qui nous fait découvrir enfin l’univers dans lequel le héros évolue. Le voile est aussi partiellement levé sur le mystère du personnage. On découvre son histoire, son rôle, mais pas trop. Avec Moebius on a toujours l’impression qu’il reste quelque chose d’inconnu derrière le décor, quelque chose de mystérieux, de mystique même, et, avec la construction d’un univers solide, c’est ce qui rend ses récits toujours aussi délicieux à lire.

Arzak-p013Toutefois, le plus extraordinaire de cet album c’est le trait précis, les dessins détaillés et les couleurs vives qui sont les caractéristiques du style de Moebius. Ici on le découvre au sommet de son art — qui reste encore parfois inégal mais néanmoins superbe — et le grand format des planches (24 x 35 cm) nous permet de l’apprécier encore plus. Étrangement le style de Moebius a changé au cours des ans et ici on ne retrouve ni les couleurs vives et uniformes du Moebius de l’Incal et ni les dessins détaillés avec beaucoup de textures du Blueberry de Giraud mais un style  qui fait la synthèse des deux. Arzak se termine sur quinze pages de bonus décrivant la génèse de l’album et reproduisant certains des dessins de l’exposition “Arzak au Belvédère”.

Arzak est donc un très bel album qu’il faut absolument lire mais malheureusement il se termine sur un suspense, un “À suivre” qui n’aura jamais de dénouement…

Arzak: L’Arpenteur, par Moebius. Paris: Moebius Production / Glénat, Septembre 2010. 80 p., 25 x 35.5 cm, 18.00€, ISBN 978-2-7234-6505-2 / 978-2-908766-58-5. Pour un lectorat adolescent (14+). stars-3-5

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Capsules

Arzak Rhapsody

ArzakRhapsody-DVDPerché sur son fidèle Ptéroïde anti-gravité (où rien de grave ne peut l’atteindre), Arzak explore le Désert ‘B’, un monde parallèle peuplé de créatures étranges, situé aux frontières du rêve et d’une réalité au-delà du réel. Mais Arzak ne rêve-t-il pas d’un univers qui est en lui…ou en chacun de nous ?

(Texte promotionnel — voir aussi la couverture arrière de la jaquette)

Ce dessin animé est une série de quatorze capsules de 3:30 min. chacunes qui offrent un dessin minimaliste qui est terriblement animé. On y retrouve différentes aventures (et mésaventures) du célèbre guerrier solitaire et (généralement) silencieux alors qu’il parcours le désert B, affrontant l’herbe-serpent ou diverses autres créatures. C’est un peu sans queue ni tête mais les récits sont étoffés par une narration et Moebius donne, pour la première fois, la parole à Arzak. Tout comme les planches de Moebius, ces capsules sont un peu inégales en qualité (et en intérêt). L’univers d’Arzak est un peu tourné en ridicule avec des personnages clownesques (où l’on pourrait peut-être discerner une influence de Winsor McCay?). 

C’est mauvais mais tout de même amusant et intriguant. À la défense de cette curiosité décevante, il faut admettre qu’elle est définitivement produite pour un public jeune alors que la série originale s’adressait aux adultes. On s’attendrait néanmoins à mieux de la part d’un créateur comme Moebius. C’est trop court et plein de potentiel inexploité (quoique le graphisme s’améliore avec les derniers épisodes). Cela aurait pu être tellement mieux…

Il est intéressant de constater que l’on voit déjà le début de la convergence des différents univers (et styles) de Giraud / Moebius avec des éléments qui rappellent Le Garage Hermétique, d’autres qui font définitivement partie du monde SF déjanté et imaginatif de Moebius — parfois hilarant et absurde, parfois mystique et obscure (avec des allusions au Arzach original ou à Edena) — et même des relents d’atmosphère western à la Blueberry. Cette série d’histoires nous laisse donc présager la suite — L’Arpenteur

À voir par amusement ou par curiosité.

Arzak Rhapsody: France, 2002, 51 min., série télévisée d’animation (14 episodes); Dir., Scr., Des.: Moebius; Dir. Art.: Alexandre Brillant; Ass. Réal.: Francois Narboux; Mus.: Zanpano; Studio: Millimages Online; Prod.: Wolfland Pictures, Carrere Group, France 2. stars-2-5

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Capsules

Moebius 2: Arzach & Other Fantasy Stories

Moebius-2_ArzachStrangely, this edition of Arzack, published by Epic / Marvel, offers the stories in a different order than the French edition.

In the first story, ”Arzach” (8 colour pages), the protagonist spies on a naked woman who dresses but he is surprised by her husband. He captures and suspends him to a giant skeleton but all for nothing because, finally, the beauty of the woman leaves something to be desired…

Arzach-p032In the second story, “Harzak” (8 colour pages), our heroes flies over the carnivorous plain on his faithful Pteroid, his luggage being on the back of a second bio-mechanical pterosaur. But after a long flight, the latter is tired and plunges into the killer grass. Harzak must rest his mount but the only haven possible is a kind of arch occupied by a giant primate, red and fierce. Full of nonchalance, the hero triumphs. This is my favorite story thanks to Moebius’ beautiful drawings. In my youth, I made a poster out of one of these boards.

In the third story, ”Arzak “(8 colour pages), a man arrives by car near some sort of stone temple. He enters, passes through a crowd of passive / aggressive green men, then enters a room where he repairs equipments. In the distance, an inanimate Pteroid wakes up. His task accomplished, the man leaves with his car…

Moebius-2_Arzach-p32-33The fourth “story” is a series of eight colour pages that do not seem related but which may form an enigmatic story titled Harzach… The quality and style of each is quite uneven, the best being a double-page fresco depicting an army.

When it comes to the “other fantasy stories”, this part includes a selection of completely different stories (except one).

In “The Detour” (7 p., B&W), Jean Giraud’s family take a detour on their way to the island of Re and makes strange encounters. The story doesn’t make much sense tout the art is beautifully detailed.

In “The Ballade” (9 colour pages), a young explorer crosses the bio-forest reciting Rimbaud. He meets a fauness, who saves him from the attack of an Euchinus and decides to join him to discover distant human cities full of wonders. But in their first meeting with a troop of these townspeople, they are massacred without questions. Moebius said that he used an absurd, sudden and tragic ending because he was coming close to the deadline… This story shows us a beautiful, intriguing and original universe.

Moebius-2_Arzach-p59In “The White Citadel” (6 colour pages), a knight crossed for months the wilderness until he encountered a citadel carved in one single stone. An elf appears and tells him the story of a prideful king who wed a beautiful princess, but as soon she entered the nuptial chamber it closed down, trapping her. The king was barred from entering by a dark creature. Soon the knight fall asleep, possessed by the king spirit, and in his dream fights the dark creature again. In the morning the traveling knight wakes up blind, deaf and mute… Moebius notes in the preface that his friends commented that his stories were always very negative, so to prove them wrong he wrote this one but failed as it ended up again dark and morbid!

In “Ktulu” (5 colour pages), after a last meeting the president goes down a dark tunnel to meet the hunt master who will grant him the agreed privilege to hunt the Ktulon… A short and unremarkable story. Moebius notes that this is a little humorous fable referencing Lovecraft’s mythology and, at the same time, criticizing the French president “using the privilege of his office to go to Africa and hunt wild game” which he found shocking.

The book ends with one last “Arzach” story (5 colour pages) giving some humorous background to the character, the last ptero-warriors helping an artist retrieving the red stone stolen by an evil wizard. Amusing.

As for the French edition of Arzack and the compilation of stories that included it, this book offers some of the best examples of science fiction stories by Moebius. It is very interesting (and entertaining) to read.  It’s really worth a look.

Moebius 2, The Collected Fantasies of Jean Giraud: Arzach & Other Fantasy Stories, by Moebius. New York: Epic/Marvel, April 1987. 72 p. $US 9.95 / $C 13.95. ISBN 0-87135-279-6. stars-3-0

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Moebius: Oeuvres Complètes 2

moebiusoeuvrescompletes02couvIl n’y a aucune raison pour qu’une histoire soit comme une maison, avec une porte pour entrer, les fenêtres pour regarder les arbres et une cheminée pour la fumée… On peut très bine imaginer une histoire en forme d’éléphant, de champ de blé ou de flamme d’allumette souffrée.” — Moebius 1976

[ Texte de la couverture arrière ]

Cette compilation de 45 planches regroupe deux différents albums de Moebius.

Le premier album est Arzach qui nous offre quatre histoires sans dialogues et un peu plus d’une douzaine de planches (dont une avec dialogues, certaines en couleurs, d’autres en noir et blanc, certaines sur deux pages) qui semblent plus être des illustrations que des histoires et qui n’ont pas de lien apparent entre elles. Les titres sont des variations orthographiques de Arzach: Harzack, Harzak, Arzak, Harzakc, Harzach, Arrzak. 

Arzach-p023Dans une première histoire qui précède la préface (deux planches, en N&B), Harzack pisse derrière un building et se fait prendre, mais la flaque d’urine prends des allures tentaculaires et saisie le policier. (Parue dans Métal Hurlant #3 (2e trim. 1975): 6-7)

Dans une deuxième histoire (huit planches couleurs), Arzach espionne une femme nue qui s’habille mais est surprit le mari de celle-ci. Il capture celui-ci et le suspend à un squelette géant mais tout ça pour rien car, finalement, la beauté de la femme laisse à désirer… (Parue dans Métal Hurlant #1 (1er trimestre 1975): 19-26)

Arzach-p032Dans une troisième histoire (huit planches couleurs), Harzak vole au-dessus de la plaine carnivore sur son fidèle Ptéroïde, son bagage étant sur le dos d’un deuxième ptérosaure bio-mécanique. Mais après un long vol, ce dernier fatigue et s’abime dans les herbes tueuses. Harzak doit reposer sa monture mais le seul havre possible est une sorte d’arche occupé par un primate géant, rouge et féroce. Plein de nonchalance, le héros triomphe. Celle-ci est mon histoire préférée grâce au superbe graphisme de Moebius. Dans ma jeunesse, j’avais fait un poster avec l’une de ces planches. (Parue dans Métal Hurlant #2 (2e trim. 1975): 19-26)

Dans la quatrième histoire (huit planches couleurs), un homme arrive en voiture près d’une sorte de temple en pierre. Il y entre, traverse une foule d’hommes verts passifs/agressifs, puis entre dans une pièce où il répare un équipement. Au loin, un Ptéroïde inanimé se réveille. Sa tâche accomplie, l’homme repart avec sa voiture… (Parue dans Métal Hurlant #4 (4e trim. 1975): 19-26)

Le deuxième album, L’Homme est-il bon?, nous offre onze histoires courtes: “Les clans de la lune alphane” (1 p.), “Le jeudi noir” (2 p.), “L’Homme est-il bon?” (10 p.), “Quelques books” (1 p.), “Le cerveau du Major (The Long Tomorrow, 16 p.)”, “Le café” (1 p.), “Science Fiction Chronicle” (1 p.), “Babel 17” (1 p.), “Une famille de nageur” (1 p.), “L’univers est bien petit” (8 p.) , et “Ballade” (9 p.). La plupart de ces histoires sont très courtes et souvent constituent une sorte de commentaires de lecture illustrés de romans de SF. Seulement quatre histoires méritent vraiment notre attention.

HommeEstIlBon--p078Dans l’histoire titre, un soldat est poursuivi par une troupe de créatures féroces et vertes. Ils le rattrapent, lui arrachent ses vêtements, puis leur chef lui arrache l’oreille gauche à l’aide d’un tentacule et la goûte. Il fait une grimace, et la recrache! La troupe poursuit son chemin laissant l’homme penaud et nue. On en déduit donc que la réponse à la question du titre est, non, l’homme n’est pas bon!

TheLongTomorrow-p094Dans de “The Long Tomorrow”, un détective privé est engagé par une riche dame pour récupérer un colis dans les bas fonds de la cité (dans un casier à bagage de la station de sub du 199e niveau). Il récupère la malle sans trop de mal, mais lorsqu’il revient au 12e niveau pour la remettre à la dame, le conapt de celle-ci est occupé par la police. La fille a été tué et torturé abominablement. On lui apprend qu’un espion arcturien rôde dans la ville à la recherche du cerveau du Major. Sur le chemin du retour, un assassin tente de le tuer mais il réussit à l’éliminer près de l’astroport. Chez lui, il ouvre la malle qui contient, bien sûr, le cerveau du Major. La fille lui rend visite inopinément, expliquant que la morte était un double androïde. Alors qu’il baise la fille, le lieutenant Fy l’appelle pour l’avertir que l’espion est en fait la fille. Le camouflage télépathique de celle-ci étant tombé, elle lui apparait comme une masse tentaculaire, qu’il élimine malgré ses suppliques. Le cerveau retrouve son propriétaire… affaire classée! Cette superbe histoire, ma favorite de l’album, créée sur un scénario de Dan O’Bannon, est en quelques sorte la genèse de l’Incal. 

Dans “L’univers est bien petit”, un couple en voyage interstellaire atterrit sur une planète et y découvre un naufragé qui s’avère être un vieil ennemi. Toute le monde s’entretue…

Ballade-p114Dans “Ballade”, un jeune explorateur traverse la bio-forêt en récitant du Rimbaud. Il rencontre une faunesse, qui le sauve de l’attaque d’un Euchinus et décide de se joindre à lui pour découvrir des villes humaines lointaines et pleines de merveilles. Mais dès leur première rencontre avec une troupe de ces citadins, ils sont massacrés sans questions. Moebius aime bien ces fins absurdes, subites et tragiques… Cette histoire nous montre un bel univers original et intriguant.

Cette compilation nous offre quelques uns des meilleurs exemples d’histoires de science fiction par Moebius. Très intéressant (et divertissant); à lire. 

Cette édition compilant les deux albums n’est plus disponible mais ils sont sans doute encore disponible séparément (comme dans l’édition couleur USA: Arzach [ AmazonBiblio ], L’Homme est-il bon? [ AmazonBiblio ])…

Moebius, Oeuvres Complètes tome 2: l’Homme est il bon ? / Arzach, par Moebius. Paris: Les Humanoïdes Associés, février 1981. 124 p. ISBN 2-7316-0098-5. Pour un lectorat adolescent (14+). stars-3-0

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