La Littérature romaine (1)

Énoncé d’intention

Lorsque j’ai complété ma série d’articles sur l’histoire de l’Empire Romain au travers de sa monnaie, j’ai promis de poursuivre avec une nouvelle série sur la littérature romaine. Cela fait près de trois ans! J’ai été très occupé par un nouveau travail, par des problèmes de santé, je me suis reposé, j’ai lu et j’ai beaucoup procrastiné. J’ai tout de même tranquillement commencé à faire des recherche et à compiler de l’information sur le sujet. Cette fois-ci, ce ne sera pas une série hebdomadaire (car c’est trop demandant). Les articles seront publiés au fur et à mesure qu’ils sont écrits, au gré du temps disponible et sans calendrier de publication précis, mais en espérant en mettre un ou deux en ligne par mois.

Traiter de la littérature romaine m’apparait à prime abord comme un projet très ambitieux. Il me faudra en premier lieu définir ce qu’est la littérature romaine, puis me demander qui sont ses auteurs et en établir une liste. Ce n’est certainement pas une liste exhaustive, mais j’en ai tout de même dénombré plus d’une centaine ! Je les présenterai un à un dans de brèves capsules, par ordre chronologique et en les regroupant par période (sauf pour les auteurs majeurs qui méritent un peu plus de développement). Ce ne sera donc pas des articles volumineux, mais simplement une introduction avec une bibliographie et une liste de liens (pour ceux qui veulent approfondir le sujet).

Je vais probablement m’attarder sur les auteurs que j’aime bien (comme Lucien de Samosate) et sur les historiens, avant de poursuivre la série avec des articles plus thématiques, comme les écrits des empereurs (du moins ceux qui nous sont parvenus, tel César, Marc Aurèle, Julien, ou Justinien), l’humour à Rome, la cuisine romaine, la différence entre les biographes et les historiens, etc. Finalement, s’il me reste de l’énergie et si mon lectorat n’est pas mort d’ennui, j’ai l’intention de conclure la série avec une liste des romans historiques modernes qui ont  pour sujet la Rome antique (en incluant les uchronies mais en excluant la plupart des ouvrages biblique ou sur le Christianisme). Pour faire bonne mesure, j’y ajouterai sans doute les mangas et les bandes dessinées qui traitent du sujet.

Ambitieux disais-je ? Êtes-vous prêt ?

Introduction

La première chose à faire lorsque l’on veut discuter d’un sujet, c’est de bien le définir et de le circonscrire. Alors, qu’est-ce que la littérature romaine ?

De nos jours, quand on parle de littérature on exclut généralement les textes documentaires pour ne retenir que les récits de fictions. Toutefois, quand on parle de littérature romaine on fait plutôt référence à l’ensemble des écrits produits par la civilisation romaine, incluant non seulement les textes de fiction mais également les ouvrages historiques et les traités techniques.

Très fréquemment, il est  question non pas de “littérature romaine” mais plutôt de “littérature latine”. Cependant, parler de littérature latine est restrictif puisque cela fait référence aux auteurs latins, c’est-à-dire ceux qui parlaient et écrivaient en latin. Il ne faut pas oublier qu’une grande partie des intellectuels de l’époque romaine avait reçu une éducation grecque et écrivait donc dans cette langue (voir liste des écrivains grecs antiques). C’est le cas entre autres de Dion Cassius, Flavius Josèphe, Lucien de Samosate ou de Marc-Aurèle. Il est donc beaucoup plus inclusif de parler de “littérature romaine”.

Aussi, lorsqu’on parle de littérature, on a tendance à considérer surtout la prose alors que de nombreux textes sont également écrits en vers. C’est souvent le cas du théâtre mais, bien sûr, surtout de la poésie. La poésie grecque et romaine se divisent elles-même d’ailleurs en plusieurs sous-genres: la poésie élégiaque (élégie), poésie didactique, poésie satirique (satire), poésie épique (épopée), la fable, etc.

Finalement, les écrits romains se divisent en plusieurs genres littéraires: il y a le théâtre, la poésie, l’histoire, les traités techniques (sur l’agriculture, l’architecture, l’art culinaire, l’astronomie, le droit, la géographie, l’histoire naturelle, etc.), la rhétorique (éloquence) et la grammaire, la philosophie, la littérature épistolaire (correspondance) et, enfin, le roman.

Traiter de la littérature romaine m’apparait comme une entreprise énorme qui pourrait me prendre des années ! J’ai en effet recensé plus d’une centaine d’auteurs notables (dont quelques uns sont un peu plus obscurs ou peu connu — voir une liste alphabétique et une liste chronologique). Il faudrait donc que je me limite un peu. Je pourrais me limiter dans le temps. La littérature romaine se divise en quatre périodes principales: la littérature pré-républicaine (époque archaïque, dès la fin de l’époque royale: vers les IIIe siècle AEC et IIe siècle AEC), la littérature sous la République (époque classique, vers le Ier siècle AEC), la littérature sous le Principat (époque Augustéenne: vers le Ier siècle EC) et la littérature sous l’Empire (époque impériale: le Haut Empire, vers le IIe siècle; le Bas-Empire, vers les IIIe siècle, IVe siècle et  Ve siècle). Je pourrais donc passer sous silence (au traiter sommairement) les périodes royale et tardive. Je pourrais également me limiter sur les genres traités, en me concentrant sur les écrits en prose, principalement les récits de fiction et sur l’histoire (en excluant cependant les théologiens).

Toutefois, si on se limite trop, il ne reste plus grande chose à dire… En effet, si on exclu la grande variété d’ouvrages de théâtre, de poésie, d’histoire, les nombreux traités, ainsi que la littérature épistolaire, et que l’on se limite seulement aux récits en prose — ceux qui se rapproche du “roman” — il ne reste malheureusement pas beaucoup d’ouvrages “littéraires” écrits dans la Rome Antique. Cela ne nous laisse en fait que trois ou quatre auteurs — principalement Pétrone, Lucien de Samosate, Apulée et peut-être Ovide (à mi-chemin entre le récit et la poésie)! Il va donc me falloir trouver un juste milieu…

Un peu d’histoire

Nous avons souvent tendance à croire que la littérature romaine n’est simplement que l’évolution de la littérature grecque, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Si l’on regarde l’histoire de la littérature latine, nous pouvons constater qu’une littérature latine existait bien avant que les latins n’aient conquis la Grèce. Il toutefois impossible de nier que la culture hellénistique ait eu une influence sur toute la Méditerranée et particulièrement sur le sud de l’Italie (qui faisait partie de la Grande Grèce). Les romains ont néanmoins produit une littérature qui a ses caractéristiques propres. Elle est largement dominée par le théâtre et la poésie (où l’on retrouve une préférence pour la comédie et la satire — en opposition à la tragédie grecque), les traités techniques, ainsi que les ouvrages d’histoire et de rhétorique. Contrairement à la Grèce, on retrouve très peu d’écrits sur la philosophie (mais un préférence pour le stoïcisme). La culture romaine a des origines rustique et s’est donc développée, non pas grâce à une grande créativité inspirée, mais plutôt par son esprit technique, rationnel et, parfois, un peu frustre et grivois.

Au cours de la prochaine année, nous allons donc faire un survol de chacune des périodes de la littérature romaine en présentant les auteurs qui ont marqués chaque époque.

Rérérences:

  • Bayet, Jean. Littérature latine: histoires et pages choisies. Paris: Armand Colin, 1960. 796 p. [Goodreads]
  • Bender, Hermann. Histoire abrégée de la littérature romaine. Paris: C. Klincksieck, 1885. 178 p. [Goodreads]
  • Grimal, Pierre. La civilisation romaine. Paris: Flammarion, 1981. 374 p. [Goodreads]
  • Laurend, Louis. Manuel des Études Grecques et Latines, Fascicule V: Littérature latine. Paris: Auguste Picard, 1923. 148 p. [Goodreads]

Liens: 

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