La Littérature romaine (6)

Époque classique (1): Sous la République

b) Cicéron

  • Nom: Marcus Tullius Cicero
  • Date: 106 – 43 AEC
  • Genre: Discours, Traité (Philosophie, Rhétorique), Correspondance, Poésie

Cicéron est un avocat, magistrat, philosophe, orateur de talent et auteur prolifique. Né à Arpinum dans une famille de la classe équestre (mais pas dans la nobilitas, ce qui fait de lui un homo novus), il fait des études en rhétorique, droit et philosophie. Il fait ses débuts comme avocat en 81 puis se lance dans le cursus honorum (questeur [en 75], édile [en 69], préteur [en 66], consul [en 63], proconsul en Cilicie [en 51-50] et sénateur). Il n’est pas aussi riche que son ami Atticus, mais il possède plusieurs propriétés et est suffisamment à l’aise pour pouvoir se consacrer au droit (une entreprise bénévole pour un sénateur) et à la philosophie. Toutefois, ses tergiversations politiques et ses plaidoiries lui font beaucoup d’ennemis et il doit s’exiler à plusieurs reprises. Inévitablement, après avoir choisi le parti d’Octave dans la guerre civile et prononcé des discours incendiaires contre Marc Antoine (les Philippiques), il est proscrit et assassiné sur l’ordre de ce dernier en décembre 43. Selon Plutarque, sa tête et ses mains coupées (celles-la même qui avaient écrites les Philippiques) sont exposées à la tribune des Rostres.

Cicéron est sans aucun doute le plus grand auteur latin classique, tant par la qualité stylistique et la diversité que par la quantité de ses ouvrages [voir aussi la liste en anglais: “Writings of Cicero”]. Je ne développerai pas trop sur son œuvre, car elle est non seulement volumineuse et compliquée à traduire, mais surtout fastidieuse à lire (particulièrement ses discours; ses lettres sont toutefois plus intéressantes). En effet, pour bien comprendre — et surtout apprécier — les discours et les lettres de Cicéron, il faut avoir une excellente connaissance de la politique et de la société de l’époque (l’entourage de Cicéron, ses alliés et ses ennemis), ce qui n’est guère facile.

Voici une liste de ses ouvrages regroupés par genres (en ordre d’importance) et par ordre chronologique (dont les textes originaux, et parfois leurs traductions, sont disponibles sur des sites du domaine public comme Attalus, Remacle ou Wikisource):

Discours & Plaidoiries

Des quatre-vingt-huit discours (judiciaires et politiques) de Cicéron qui nous sont connu, seulement cinquante-huit ont été conservés:

Traités de philosophie

Cicéron aurait écrit une vingtaine de traités philosophiques:

Traités de rhétorique

Nous connaissons sept ouvrages de Cicéron sur l’art de la rhétorique:

Correspondance

Tout au long de sa vie, Cicéron a entretenue une abondante correspondance avec sa famille (son frère Quintus, son épouse Terentia), ses amis (Atticus, Brutus), ses relations (politiques ou d’affaires [commerçants ou clients]). La grande majorité de cette oeuvre épistolaire a été perdue, mais plus de huit cent lettres nous sont tout de même parvenues. Écrites entre 63 et 42, elles ont été publiée de manière posthume soit par son secrétaire Tiron, soit par son ami et éditeur Atticus (qui a prit la peine de n’inclure aucune de ses propres lettres et d’omettre toute correspondance qui aurait pu être compromettante pour leur auteur).

Poésie

Comme tout le monde, Cicéron a écrit un peu de poésie, surtout dans sa jeunesse et après s’être rallié à César, dont il ne reste que quelques fragments.

  • Pontius Glaucus (poème composé avant 90 et dont il ne reste aucun fragment)
  • les Phénomènes (adaptation latine d’un poème d’Aratos de Soles, composé vers 85)
  • Marius (un épopée à son compatriote d’Arpinum, Caius Marius, écrit vers 86 dont il ne reste qu’un extrait de treize vers)
  • De consulatu suo (De son consulat, trois chants autobiographique écrits en 60 dont il ne reste que quelques fragments)
  • De temporibus meis (Sur les vicissitudes de sa vie, trois chants écrit en 56 dont seulement deux vers sont conservés)
  • Poema ad Caesarem (un poème sur l’expédition de César en Bretagne mentionné dans une lettre à Quintus en 54 dont il ne reste aucun fragment)

Comparé aux autres auteurs de l’antiquité, la quantité des oeuvres de Cicéron qui nous sont parvenues est phénoménale. J’en ai quelques unes dans ma bibliothèque (Des termes extrêmes des biens et des maux T.1 et T.2, Traité des lois, Traité du destin, Divisions de l’art Oratoire / Topiques, De l’orateur T.1, T.2, T.3, Catilinaires, Pour le poète Archias / Pour L. Flaccus, Lettres à Atticus t.3) et je me promet bien de bientôt en (re)lire au moins une partie.

Si les discours et les lettres de Cicéron s’avèrent une source inestimable pour mieux connaître et comprendre la société romaine de la fin de la République, ce sont ses traités que je trouve le plus intéressants car ils révèlent une pensée critique et un profond désir de connaissance et d’humanisme qui semble malheureusement perdu de nos jours et que beaucoup de nos jeunes contemporains gagneraient grandement à acquérir.

Prochainement: La littérature romaine (7): Classique 1: Sous la République, c) L’après-Cicéron

[ Index ]

[ Translate ]