Lectures romaines (1)
Pour accompagner ma série d’articles sur la littérature romaine, je vais m’efforcer de lire la plupart (du moins un extrait) des titres d’auteurs romains que j’ai dans ma bibliothèque.
Plaute
Asinaria (L’Asinaire ou “La comédie des ânes”), nous apprends Plaute dans le prologue, est en fait l’adaptation latine de la pièce Onagos de Démophile (un auteur comique grec inconnu; certains suggèrent que, suite à une erreur de transcription, il s’agirait en fait de Diphilos de Sinope). Écrite vers 211 AEC, la pièce est une fabula palliata qui met en scène Demaenetus, un vieil homme qui demande à son esclave Libanus de trouver un moyen de voler à sa femme Artemona l’argent de la vente d’un troupeau d’ânes, afin que son fils Argyrippus puisse gagner les faveurs de celle qu’il aime, Philaenium (“fille” de la courtisane Cleareta) à la condition qu’il puisse passer une nuit avec elle. Mais, à la fin, le vieux pervert est trahi et se fait prendre par sa femme.
Il s’agit donc d’une bouffonnerie vulgaire et contraire à la bonne morale moderne (mais pas à celle de l’antiquité et même plutôt fort populaire à Rome). Cela me rappelle beaucoup le théâtre de Molière, ce qui démontre bien que ce genre n’a pas beaucoup évolué entre la Grèce antique et le Roi-Soleil ! Si je n’ai jamais beaucoup aimé le théâtre, je dois admettre que j’ai trouvé cette courte pièce bien divertissante. Toutefois, ce qui rends ce texte intéressant c’est surtout qu’il est parmi les écrits les plus anciens de la littérature romaine qui nous soient parvenues. Je n’ai pas d’oeuvres de Plaute dans ma bibliothèque (quoi que j’en ai récemment vu une superbe édition latine, un in folio publié en 1511, mais trop cher pour moi!) alors j’ai lu cette pièce en ligne.
Fait amusant, cette pièce est à l’origine de plusieurs locutions latines bien connues:
- Homo homini lupus — Acte II, scène III, v. 495 : “Le Marchand : (…) L’homme qu’on ne connaît pas n’est pas un homme, c’est un loup.”
- Facias ipse quod faciamus nobis suades — Acte III, scène III, v. 644 : “LIBAN: (…) Faites donc vous-même ce que vous nous conseillez de faire.” (Mettez en pratique ce que vous prêchez / Appliquer ce que l’on prêche)
- O Libane, uti miser est homo, qui amat — Acte III, scene III, v. 616 : “LÉONIDAS : Ami Liban, qu’un amoureux est à plaindre !”
- Necesse est facere sumptum qui quaerit lucrum — Acte I, scene III, v. 217 : “CLÉÉRÈTE : (…) c’est qu’on ne gagne rien sans dépense”. (Ça prends de l’argent pour faire de l’argent / Pas de gain sans douleur / On ne fait pas d’omelette sans casser d’oeufs)
- Quasi piscis itidem est amator lenae: nequam est nisi recens — Acte I, scene III, v. 177 : “CLÉÉRÈTE : Un amant, pour nous, c’est un poisson ; s’il n’est pas frais, il ne vaut pas le zeste”.
Pour plus de détails sur Plaute (Titus Maccius Plautus), voir l’entrée “Littérature pré-républicaine: 2. IIIe siècle AEC”
[ Index ]