Lectures romaines (2)
Pour accompagner ma série d’articles sur la littérature romaine, je vais m’efforcer de lire la plupart (du moins un extrait) des titres d’auteurs romains que j’ai dans ma bibliothèque.
Caton l’Ancien
Le De agri cultura (De l’agriculture) de Caton l’Ancien n’est pas un ouvrage très littéraire, mais plutôt un traité technique sur l’agriculture et l’économie rurale, écrit vers 160 AEC, qui offre un guide et des conseils sur la gestion d’une grande ferme (latifundium) comme celle que Caton possédait. C’est non seulement la seule oeuvre de Caton à nous êtes parvenue dans son intégralité mais aussi le plus ancien ouvrage romain en prose que nous ayons. Composé de 162 “livres”, l’ouvrage aborde des sujets aussi divers que l’achat d’un domaine (I), les devoirs du propriétaire et de l’intendant (II-V), la disposition des terres (VI-IX), le personnel et l’équipement (X-XIII, LIII-LXIII), la construction d’une maison de campagne (XIV-XVII), le vignoble (XVIII-XXVI, CIV-CXXV), des conseils divers sur l’oliveraie (LXI-LXIX), l’élevage et la culture (LIV, LXX-LXXIII, CLVI-CLXII), des recettes (LXXIV-XC), les rites religieux agricoles (CXXXV-CXLI), les arrangements contractuels (CXLII-CLV), etc. Faute d’en avoir un exemplaire dans ma bibliothèque, je l’ai lu en ligne.
L’ouvrage est un peu désordonné et écrit dans un style simple, direct et pratique qui rends la lecture un peu fastidieuse puisque le sujet est plutôt technique. C’est toutefois très intéressant à lire puisque cela nous offre une fenêtre exceptionnelle sur la vie rurale des romains d’origine modeste. Par exemple :
LVI. Quantité de nourriture pour les gens: Les travailleurs recevront pour l’hiver quatre boisseaux de froment, et quatre et demi pour l’été ; l’intendant et son épouse, l’agent et le bouvier, chacun trois boisseaux; les esclaves entravés, quatre livres de pain pendant l’hiver, cinq livres depuis l’instant où ils commencent à bècher jusqu’à la maturité des figues: pour le reste du temps la ration sera réduite à quatre livres.
LVII. Quantité de vin pour les gens: Après la vendange, ils ont de la piquette pour boisson pendant trois mois. Au quatrième mois, ils auront par jour une hémine de vin (…), enfin pour le neuvième, dixième et onzième mois, ils en recevront trois hémines par jour, c’est-à-dire une amphore par mois. En outre on donnera un congé à chaque Individu pour les Saturnales et les Compitales. Telle est la quantité de vin que chaque homme consomme dans l’année. On y ajoutera pour les esclaves entravés une ration proportionnée à la somme des travaux : le chiffre de dix quadrantals par année n’est pas trop élevé.
LVIIII. Bonne chère pour les gens: Conservez la plus grande masse que vous pourrez d’olives tombées spontanément, pour la cuisine des domestiques. (…) Quand les olives seront consommées, donnez de la saumure et du vinaigre. Distribuez à chaque personne un setier d’huile par mois. Un boisseau de sel suffira aux besoins annuels de chaque consommateur.
LIX. Vêtements des gens: On leur donnera tous les deux ans une tunique de trois pieds et demi de long et des saies. Toutes les fois qu’on leur fournira une tunique ou une saie neuve, on reprendra la vieille pour en faire des casaques [Centō = patchwork, rapiécé]. On leur fournira aussi tous les deux ans une bonne paire de forts souliers [de bois; sculponias = soulier sculpté, sabot].
Pour plus de détails sur Caton l’Ancien (Marcus Porcius Cato Maior), voir l’entrée “Littérature pré-républicaine: 2. IIIe siècle AEC”
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