Images du mer-fleuri [002.021.090]

Tagetes tenuifolia

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/09/09 ]

DSC_1358La Tagète à feuilles ténue (aussi appelé Tagète citron ou Signet marigold en anglais) est une espèce de plante herbacée à fleurs de l’ordre des Asterales, de la famille des Asteraceae et du genre Tagetes (qui comporte une cinquantaine d’espèces). Elle est caractérisée par ses petites fleurs jaunes qui sentent le citron. Originaire d’Amérique du Sud, cette annuelle est utilisée bien sûr pour sa valeur décorative (coupée ou dans une rocaille), en pot-pourri pour son odeur, comme plante médicinale (contre les morsures de serpents, les ecchymoses et l’indigestion) et, comme ses fleurs sont comestibles, même en confiseries. Comme les autres espèces de tagètes qui contiennent du thiophène (un composé biocide), elle peut agir comme un pesticide naturel et repousser les insectes (comme les moustiques). Les principaux cultivars sont les “Acajou” (rouge), “Tangerine Gem” (jaune avec des traces d’orange au centre) et, comme illustré ici, “Lemon Gem” (jaune). Son nom provient du dieu étrusque Tagès, qui était le petit-fils de Jupiter et est né du labour de la terre. (Sources: Wikipedia)

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POÉSIE DU DIMANCHE [002.021.087]

Au rêve…

La mélancolie
Des jours de pluie
Fait place au remord
D’un précoce départ

Le soleil brille de tout ses feux
Il m’est indifférent dans mes adieux
À cette paisible et oisive vie
Ou pendant deux pléiades, ici
J’ai vécu dans l’insouciance
Et l’oubli de l’horreur rance

Je vis dans un monde de terreur et de merveille
Des forces s’affrontent, secouant l’âme de mes rêves
Comme un navire malmené par une mer en furie

…voir

Biset
1980/07/24

Une autre poésie du dimanche tirée d’un vieux carnet trouvé dans une malle oubliée. À dix-huit ans, j’avais quitté ma banlieue d’Isléaval et mis ma vie sur pause pour deux semaines pour oublier mes soucis et le monde cruel au chalet de ma grand-mère . En pleine nature, sur les rives du lac Daphné, près du village rustique de Saint-Eloi-de-Paxton, j’ai fait un séjour d’oisiveté et de loisir qui hélas prenait fin… Une poésie simple et anarchique…

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Monnaies anciennes 31

Les Sévères (3)

Elagabalus (218-222 EC)

Après une brève interruption (le règne de Macrinus et de son fils Diadumenianus), la dynastie des Sévères se poursuit avec Varius Avitus Bassianus. Ce dernier est né à Émèse (Syrie) en 203. Dès l’âge de treize ans il est grand-prêtre du culte du dieu solaire Élagabal (d’où le surnom, parfois orthographié Heliogabalus, qu’on lui donnera surtout de façon posthume). Sa grand-mère Julia Maesa (qui était la soeur de Julia Domna et donc la belle-soeur de Septimius Severus et la tante de Caracalla) obtient le soutien de la légion romaine postée en Syrie (la Legio III Gallica) pour mettre au pouvoir Varius, qui est l’enfant de sa fille Julia Soæmias. Macrinus est assassiné et le jeune Varius, à peine âgé de quatorze ans, devient empereur en juin 218. Comme il ressemble physiquement à Caracalla et que l’on veut poursuivre l’association fictive avec la dynastie des Antonins, il prends alors le nom de Marcus Aurelius Antoninus.

Elagabalus est un empereur faible qui laisse l’administration de l’Empire à sa mère et à sa grand-mère pour se consacrer à la débauche (de fastes banquets et des orgies homosexuelles) et surtout à sa fascination pour le culte solaire. Il fait construire un temple où toutes les divinités romaines, orientales et même chrétiennes peuvent être vénérées sous la bienveillance d’Élagabalus. Il fait même venir d’Émèse (Homs) la pierre sacrée du dieu solaire (une bétyle, ou pierre météorique, qui ont souvent été vénérées comme c’est le cas de la pierre noire de la Kaaba à La Mecque). Tout comme Akhénaton l’avait fait en Égypte avant lui avec le culte de Aton (ou Aurelianus le fera plus tard avec Sol Invictus), il tente sans succès d’imposer une forme de monothéisme solaire. Pressentant que l’excentricité et la débauche de son petit-fils causeraient sa perte, Julia Maesa le convainc d’adopter et de prendre comme césar son cousin Alexianus Bassianus (enfant de son autre fille, Julia Mamæa). Lorsqu’en mars 222 Elagabalus perds le soutien de l’armée et est tué par le peuple en colère, Alexianus lui succède sous le nom de Severus Alexander. 

IMG_8936-8940Ma seule pièce d’Elagabalus est une petite dénomination de bronze (AE 18) dans un assez bel état (G [Good], Ae [bronze], 18 mm, 2.446 g, payé environ $7, caractérisée par sa couleur noire; die-axis: ↑↓) dont l’avers nous offre une tête laurée de l’empereur, à droite, avec l’inscription grecque AVT KAI MA ANT𝜴NEINOC (Autokrator Kaisar Marcos Aurelios Antoneinos = Imperator Caesar Marcus Aurelius Antoninus). Le revers ne représente qu’un grand S – C (Senatus Consulto, “par décret du sénat”), surmonté des lettres grecques “Δ Є” et avec un petit aigle en dessous, le tout dans une couronne de laurier agrémentée en haut d’une étoile.

Il s’agit d’une pièce provinciale (aussi appelé grecque impériale) frappé à Antioche. Rien ne nous permet malheureusement de dater la pièce avec précision et l’on doit se contenter des dates de règne de l’empereur comme datation: 218-222. La signification du “Delta-Epsilon” qui apparait fréquemment sur les pièces de Elagabalus et de son cousin Severus Alexander est incertaine. Est-ce une datation ou une marque d’officine? Les deux hypothèses les plus retenues par les spécialistes est qu’il s’agit d’une abréviation soit pour Δ[𝚮𝚳𝚨𝚸𝚾𝚰𝚱𝚮𝚺] Є[𝚵𝚶𝚼𝚺𝚰𝚨𝚺] (l’équivalent grec de Tribuniciae Potestatis), ou soit Δ Є[𝚷𝚨𝚸𝚾𝚬𝚰𝛀𝚴] (une “des quatre éparchies” [circonscription ou diocèse] de Syrie).

Sources: (Elagabalus [FR/EN], sénatus-consulte); BMCG 20: 434 (p. 203 + pl. XXIV 9); FAC (Elagabalus, S CGreek Imperials), ERIC (Elagabalus); WildWinds (text, image), WildWinds (text, image), Numista, CoinProject, CoinArchives, acsearch, Provincial Romans. Voir aussi ma fiche.

Bibliography: 

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Images du mer-fleuri [002.021.083]

Scaevola aemula

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/09/09 ]

DSC_1295Le Scaevola émule (appelé Fairy Fan Flower en anglais) est un petit arbuste originaire de l’Australie et qui appartient à l’ordre des Campanulales, à la famille des Goodeniaceae et au genre Scaevola (qui regroupe plus d’une centaine d’espèces). Cette plante est caractérisée par ses fleurs blanches ou bleues dont la corolle tubulaire à cinq lobes est unilatérale ce qui donne l’impression qu’elle a été coupé en deux (d’où son nom anglais qui signifie “éventail”). Le nom fait référence au légendaire héros romain Caius Mucius Scaevola (du latin scaevus, “gaucher”) qui se serait brûlé la main droite dans un brazier pour démontrer sa bravoure face à l’ennemi. Elle est considérée comme une mauvaise herbe mais fait néanmoins de belles fleurs décoratives. Ici il s’agit du cultivar “Scampi Blue”. (Sources: Wikipedia)

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POÉSIE DU DIMANCHE [002.021.080]

Hymne au printemps

C’est le printemps qui arrive
Les banquises partent à la dérive
La nature se réveille
Et les Hommes s’émerveillent

Que reviennent les oiseaux
Que chantent les p’tits moineaux
Que la marmotte se réveille
Que croassent les corneilles
Que chasse l’oiseau de proie
Que pondent les oies

Qu’aux arbres poussent les feuilles
C’est le printemps qui arrive
Faisons lui un bel accueil
Montrons lui notre joie de vivre !

Biset
1976/03/09
1978/05/03

Une nouvelle entrée nostalgique du poète du dimanche avec des vers joyeux qui accueillent le printemps. Le premier brouillon écrit à treize ans, remanié deux ans plus tard. J’y ai apporté quelques petits changements (un mot ici et là) pour cette occasion.

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Lone Sloane: Babel

LoneSloane-Babel-cov« Sloane, tu ne sais pas renoncer. C’est même là, la seule vertu qui te serve de compas. »

Quand, au milieu des années 1960, Philippe Druillet invente Lone Sloane, le navigateur solitaire arpentant les espaces interstellaires, il révolutionne la bande dessinée. Baroque, sans limites, fourmillant de mille détails, la science-fiction explose les cases, s’hybride à la littérature en croisant Flaubert, et marque durablement les imaginaires de créateurs en herbe dont un certain George Lucas…

Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, Lone Sloane revient sous la plume de Xavier Cazaux-Zago et le pinceau de Dimitri Avramoglou, jeune talent émergent adoubé par Druillet lui-même, pour une nouvelle aventure à l’ambition et aux proportions dantesques. Babel convoque tous les personnages de la saga de Sloane et met en scène leur confrontation à une menace inexorable : l’Écume, une force sombre qui anéantit tout sur son passage. Notre héros devra littéralement se réinventer, et faire appel à tous les grands voyageurs mythologiques – Ulysse, Hannibal, Gulliver ou Nemo – pour l’aider à triompher du Chaos.

Images spectaculaires, démesure graphique et folie narrative sont donc au rendez-vous de cet album épique et hors norme. À n’en point douter, l’événement SF de ce début d’année.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

LoneSloane-Babel-p05Je n’ai pas tout lu les albums de Druilllet (quoique j’ai lu plusieurs de ses histoires dans Pilote et Métal Hurlant). Je n‘en possède que sept: (d’abord ceux qui font partie des aventures de Lone Sloane) Lone Sloane 66 (1966, originalement publié sous le titre Le mystère de l’abîme), Delirius (1973, sur un scénario de Jacques Lob) et l’intégrale Salammbô (adapté/inspiré du roman de Gustave Flaubert; 1980: Salammbô, 1982: Carthage, 1986: Matho); mais j’ai aussi Vuzz (1974), Yragaël ou la fin des temps (1974), Urm le Fou (1975), et La Nuit (1976).

La moitié de l’oeuvre de Philippe Druillet (neuf albums) est consacrée au personnage avec lequel il débuta sa carrière: Lone Sloane. Il est d’abord apparu dans de courts récits publiés dans Pilote et qui ont été compilé en albums: Lone Sloane 66 (3 récits) et Les six voyages de Lone Sloane (6 récits). Il illustre ses récits d’abord avec un crayonné assez simple (qui rappel un peu le style de Mézières), qui se complexifie avec des textures et des hachures, et finalement explose de richesses avec la couleur. L’album suivant, Delirius, est un récit complet qui a été sérialisé dans Pilote #651-666. Il est suivie par Gaïl (sérialisé dans Métal Hurlant #18-27) et la série culmine avec son chef d’oeuvre, Salammbô (la première partie est sérialisée dans Métal Hurlant #48-54, mais la suite parait directement en album chez Dargaud). Après un long hiatus, Druillet reviendra sur le personnage avec Chaos (2000) et Délirius 2 (2012). Ce sont des récits complexes de space opera gothique ou se mêle science-fiction, fantasy et fantastique. Les pages sont superchargées de détails et ultra colorées, offrant des images dantesques, sinon inspiré d’un trip d’hallucinogène. Ultimement, chaque planche est pratiquement une peinture où l’artiste a travaillé des jours, voir des semaines. C’est une oeuvre très originale et unique. J’adore l’oeuvre de Druillet, même si je l’ai toujours trouvé un peu difficile à lire…

Récemment la tendance est de voir plusieurs vieilles séries de bande dessinée reprisent par de jeunes artistes pour faire soit des hommages ou des suites. C’est le cas ici avec Xavier Cazaux-Zago et Dimitri Avramoglou qui reprennent les aventures de Lone Sloane. Cependant, Babel est-il hommage ou suite ? Ou les deux?

Une mystérieuse force noire, l’Écume, consume l’univers. C’est l’instrument de Shaan pour anéantir son ennemi juré: Lone Sloane. Sur Zazhann, un prêtre/prophète du collectif apparait aux Barons Bleus et se sert d’eux pour retrouver Sloane. Il prétend que sur le monde-mémoire mythique de Babel il existe un livre qui raconte comment vaincre l’Écume. L’Abbé y guidera Sloane dans sa quête, à bord du vaisseau Ô Sidarta, en compagnie de sa belle Légende et de ses seconds Yearl et Vuzz. Est-ce un piège? Sloane a-t-il été trahi? Pendant qu’une bataille épique fait rage autour de la planète entre la flotte de Shaan et Ô Sidarta (avec le gunship de l’horloger Kurt Kurtsteiner en renfort), au coeur de l’atemporelle Babel, Légende écrit la fin de l’épopée. Car le véritable héros ne peut vaincre que dans la mort…

Babel respect bien l’esprit de l’oeuvre de Druillet: c’est un récit complexe et un peu difficile à suivre, avec des dessins gothiques qui offrent beaucoup de pleines ou doubles planches, qui semblent se lire dans toute les directions… Et, tout comme les albums de Druillet, c’est beau, intriguant, voir fascinant parfois. En résumé, on pourrait dire que l’art est épique et le texte lyrique. Toutefois, je suis tout de même un peu déçu. Babel est un ersatz qui paraît fidèle en surface mais qui n’offre en fin de compte un résultat qui n’est pas aussi riche et détaillé que l’original. J’étais intrigué mais je ne l’ai pas trouvé agréable à lire… C’est néanmoins un album qui mérite quand même d’être vu et lu, par les amateurs de Druillet mais aussi par une nouvelle génération de lecteurs qui pourront ainsi découvrir l’incomparable univers de Lone Sloane.

Lone Sloane: Babel, par Xavier Cazaux-Zago (scénario), Dimitri Avramoglou (dessin), d’après l’oeuvre de Philippe Druillet (Idée originale/adaptation par Serge Lehman). Grenoble: Glénat, janvier 2020. 88 p., 24 x 32 cm, 19.00 € / $C 31.95. ISBN 978-2-3562-6019-2. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-2-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© 2020, Éditions Glénat.

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Pictorial chronicles [002.021.078]

Hopefull spring

Snow, mud and ice
Disappearing at last
As the sun warm us all

On this last day of winter, I took a walk into the park. It was a little colder than the previous day, as if the winter wanted to remind us that it was still there… However, the hopeful signs of the coming spring could be seen everywhere: in the tiny shoots of daffodils (which will flower at last this year, I expect) or in the birds that were starting to populate the bare branches of the trees and fill the air with their songs. Today, I have seen a female cardinal (Cardinalis cardinalis), a downy woodpecker (Dryobates pubescens) and two crows (Corvus brachyrhynchos). 

At the same time, the coming of spring brings hope of more  than sunnier and warmer days. The coronavirus pandemic has reached its first anniversary and it has now been a year also since we started confinement and mitigation measures. People are exhausted and fed up with the distanciation and the mask wearing. Unfortunately, the threat of more potent virus variants forces us to persist in our efforts. But warmer temperature will allow for more outdoor activities which will in its turn alleviate our mental stress and the increasing vaccination pace will soon help everyone to better defend against the virus and create enough immunity to starve its spread and mutation.

I have never seen a spring burdened with so much hope…

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Monnaies anciennes 30

Les Sévères (2)

Caracalla (211-217 EC)

La dynastie des Sévères se poursuit avec Lucius Septimius Bassianus. Il est né le 4 avril 188 à Lugdunum (Lyon) alors que son père était gouverneur de la Gaule lyonnaise. Il est toutefois d’origine berbère-punique par son père (l’empereur Septimius Severus) et syrienne par sa mère, Julia Domna. Dès l’âge de huit ans il est fait césar par son père et prends alors le nom de Marcus Aurelius Antoninus (car son père voulait légitimer son pouvoir en s’associant à la dynastie Antonine) — mais on le surnomme “Caracalla” car enfant il aimait porter ce vêtement gaulois à capuchon et manches longues. L’année suivante, il est nommé pontife, puis, en 198, Augustus. En 202, il épouse Fulvia Plautilla (fille de Gaius Fulvius Plautianus, un ami de Severus et préfet du prétoire). À la mort de son père en 211, pour respecter ses volontés, Caracalla accède au pouvoir conjointement avec son jeune frère Publius Septimius Geta. Toutefois, dès l’année suivante, pour sécuriser sa position, il fait assassiner ce dernier ainsi que tous opposants ou possibles compétiteurs (incluant sa propre épouse!). Cela annonce déjà comment son bref règne sera sanglant (même ses portraits officiels lui donne un air de brute cruelle). 

Ayant fait campagne auprès de son père (entre autres en Bretagne contre les Calédoniens), il se voit comme un grand général et s’identifie à Alexandre le Grand. Sans raison évidente (sinon l’arrogance des Alexandrins), il commet une série de massacres à Alexandrie en 215-216 qui déciment l’intelligentsia grecque de la ville. Comme son père, il passe la majorité de son règne en coûteuses campagnes militaires, principalement contre les Alamans (213) et les Parthes (216), utilisant des techniques qui tiennent plus de la fourberie et du massacre que de la tactique militaire. On se souvient de lui surtout pour ses énormes et luxueux thermes (bains publics inaugurés en 216) et pour l’Édit de Caracalla (Constitutio antoniniana) qui accorde en 212 la citoyenneté romaine (héréditaire) à tout homme libre de l’Empire. Cela a pour but d’uniformiser l’Empire et d’en accroître le revenu des impôts mais aura aussi pour effet de diminuer le recrutement de l’armée (jusqu’alors le service militaire était la seule façon d’obtenir la citoyenneté pour les provinciaux) et d’accroître la persécution des Chrétiens (tout citoyen se devant de faire des sacrifices aux dieux romains, les Chrétiens s’y refusent car ils sont monothéistes). Il a aussi introduit une nouvelle monnaie d’argent en 215, l’antoninianus, qui valait deux denarius. Considéré comme un tyrant impopulaire, Caracalla est assassiné le 8 avril 217 par Iulius Martialis, un officier de la garde Prétorienne, alors qu’il est au front Parthe. Le préfet du prétoire Macrinus (originaire de Maurétanie Césarienne) lui succède avec son fils Diadumenianus. Ils ne règneront toutefois que deux ans, puisque la syrienne Julia Maesa (soeur de Julia Domna, donc belle-soeur de Septimius Severus et tante de Caracalla) incite l’armée (la Legio III Gallica) encampée en Syrie à se rebeller pour restaurer les Sévères au pouvoir. Ils acclament empereur son petit-fils, Varius Avitus Bassianus (surnommé Elagabalus).

IMG_8562-8563Je n’ai qu’une seule pièce de monnaie de Caracalla: un très bel As (VG [very good], Ae [bronze], 23 mm, 6.136 g, payé $20 le 1985/01/25, die-axis: ↑↑) qui nous offre sur l’avers un buste de l’empereur lauré, drapé et cuirassé, à droite, avec l’inscription ANTONINVS PIVS AVG[VSTVS] – PONT[IFEX] TR[IBVNICIA] P[OTESTATE] VI [SEXTA]. Le revers illustre une Dea Caelestis (Déesse céleste), tenant un tambour (tympanum — quoique sur certaines pièces elle tient un fulmen, éclair, et on ne distingue pas sur ma pièce lequel de ses attributs elle tient dans sa main) et un sceptre (ou une branche?), assis, à droite, de face, sur un lion galopant au-dessus d’eaux tumultueuses sortant d’un rocher, avec l’inscription INDVLGENTIA[E] – AVG-G[VSTORVM] puis IN CARTH[AGINA] en exergue et S[ENATVS] C[ONSVLTVM] dans le champs droit (sous le lion) — ce qui se traduit par “A l’indulgence des empereurs (Augusti) à Carthage, avec la permission du Sénat”. Comme Caracalla reçoit la puissance tribunicienne pour la sixième fois en 203, on peut donc en déduire que la pièce a été frappé cette année là, alors qu’il était encore co-empereur avec son père.

On peut, bien sûr, s’interroger sur la signification symbolique du revers. Le lion est souvent utilisé pour représenter l’Afrique. De plus, l’épithète de “céleste” était attribué à de nombreuses divinités (Isis, Venus, Artemis ou Juno) mais, dans le cas de cette dernière, il s’agirait d’une forme romanisée de la déesse Carthaginoise Tanit. Par contre, certains identifient plutôt la divinité représenté à la déesse-mère Cybèle (dont les attributs étaient le tympanum et le lion), d’origine phrygienne mais qui était très populaire aussi dans le nord de l’Afrique (Cyrénaïque) et qui était elle aussi associée à Tanit. On peut donc en conclure que cette représentation vise donc probablement à rappeler les origines africaines de l’empereur.

Toutefois, l’inscription du revers (qui apparait aussi sur des pièces de Septimius Severus) semble faire référence à un événement précis, une indulgence accordée à Carthage par les empereurs (le double “G” de AVGG dénote un pluriel). En effet, Indulgentia était utilisé sur les pièces de monnaie romaines pour désigner soit une permission donnée, un privilège accordé ou un hommage remis. Severus (probablement en 202), pour honorer ses origines, aurait accordé certains bénéfices (dont la ius Italicum) aux villes de Carthage et de Utica, donnant à leur habitants les même droits juridiques romains (incluant la citoyenneté) que si ils étaient en sol italien — devançant ainsi pour ces cités les droits que Caracalla accordera à tout l’Empire dix ans plus tard.

Sources: Wikipedia (Caracalla [FR/EN]); RIC IV-1: 415c; WildWinds, Numista, CoinArchives, Numismatics, vcoins, FAC (INDVLGENTIA AVGG IN CARTH, Caracalla, Indulgentia,  AVGG, Indulgentia Augg In Carth, Cybele, Tympanum, Ius Italicum), ERIC (Caracalla). Voir aussi ma fiche

Comme je l’ai maintes fois répété, ces pièces de monnaie ne sont pas seulement des objets anciens qu’il est excitant de tenir entre ses mains, mais elle sont aussi des occasions fascinantes d’en apprendre plus sur les mœurs, la culture, les politiques socio-économiques des romains. La semaine prochaine nous nous intéresserons au règne de Elagabalus! 

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Images du mer-fleuri [002.021.076]

Echinops ritro

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

DSC_0979J’ai déjà illustré cette plante il y a quelques années. L’Azurite (aussi connu sous le nom d’oursin bleu ou de southern globethistle en anglais) est une espèce de plante herbacée vivace à fleurs de la classe des Magnoliopsida, de l’ordre des Asterales, de la famille des Asteraceae, et du genre Echinops (qui regroupe une peu plus d’une centaines d’espèces). Elle est caractérisée par une tige blanche qui porte des feuilles lobées vertes, coriaces et très épineuses. La tige se termine en de “nombreuses inflorescences sphériques bleu-violet disposées en panicule”. Le nom Echinops signifie en grec “qui a l’apparence d’un hérisson”. Ici il s’agit de la sous-espèce “ruthenicus” (oursin russe) et du cultivar “Platinum Blue”. Cette sous-espèce s’est mérité le “Award of Garden Merit” de la Royal Horticultural Society.  Elle est utilisé comme plante décorative (en fleurs coupées), dans les rocailles et comme plante mellifère (ou pour attirer les papillons et autres pollinisateurs). Elle est toutefois toxique et peut causer une irritation de la peau au contact. (Sources: Wikipedia)

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Shades: A Tale of Two Presidents

Shades-covFrom Pete Souza, the #1 New York Times bestselling author of Obama: An Intimate Portrait, comes a potent commentary on the Presidency — and our country.

As Chief Official White House Photographer, Pete Souza spent more time alongside President Barack Obama than almost anyone else. His years photographing the President gave him an intimate behind-the-scenes view of the unique gravity of the Office of the Presidency — and the tremendous responsibility that comes with it. 

Now, as a concerned citizen observing the Trump administration, he is standing up and speaking out. Shade is a portrait in Presidential contrasts, telling the tale of the Obama and Trump administrations through a series of visual juxtapositions. Here, more than one hundred of Souza’s unforgettable images of President Obama deliver new power and meaning when framed by the tweets, news headlines, and quotes that defined the first 500 days of the Trump White House. 

What began with Souza’s Instagram posts soon after President Trump’s inauguration in January 2017 has become a potent commentary on the state of the Presidency, and our country. Some call this “throwing shade.” Souza calls it telling the truth. 

In Shade, Souza’s photographs are more than a rejoinder to the chaos, abuses of power, and destructive policies that now define our nation’s highest office. They are a reminder of a President we could believe in, and a courageous defense of American values.

[Text from publisher’s website]

Shades_p74-75This makes us realize how great it is NOT to “hear” Trump’s tweets anymore. Shades is a great coffee-table book made mostly of pictures taken during Obama’s presidency with short captions contrasting the subject of the photo with some stupid comment or action from Trump that day (or the day before) and that Souza posted on his Instagram account. Putting a picture on the internet is great fun, but publishing it in a picture book really immortalized it for posterity. It is a quick read, but you can admire the pictures as long as you want. That’s a great book.

Shades: A Tale of Two Presidents, by Pete Souza. New York: Little, Brown & Co, October 2018. 240 pg., Hardcover, 7 x 9.25 in., $12.99 US / $16.99 Can. ISBN: 978-0-316-42182-9. stars-3-0

For more information you can check the following websites:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© 2018 by Pete Souza

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Poésie du dimanche [002.021.073]

L’agonie des dieux

Pourquoi faut-il que du fond du ciel ils soient venus
Sans que les oracles aient prévenu
Pour transmettre leur civilisation
Et leur odieuse religion?

Les Grands Anciens de loin étaient venu
Pour peupler cette terre que le destin semblait leur devoir
Mais un jour apparurent ceux qui cherchaient la gloire
Jusqu’au sang nous nous sommes défendu

Les Guerriers sur le sol ne se sont plus relevés
Les Chefs poussèrent alors le peuple à se soulever
Mais Ils occultaient toute notre puissance

Nous nous relevions chaque jour avec moins d’aisance
Et avec le dernier Chaman nos dieux se sont éteint
Pourquoi ont-ils pris ce chemin ?

Biset
Isléaval
1979/05/09
1980/07/07

Pour nos amer indiens

Publié originalement (page 17) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à 75 exemplaires. [ BAnQWorldCat ]. J’y ai encore fait quelques ajustement (changé un mot, ici ou là).

Un poème de science-fiction ou une référence aux autochtones d’Amériques? Qui sais…

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Justine et les Durrells

Justine-covEn Grèce, sur une île des Cyclades, un homme se souvient de la ville d’Alexandrie. Avec une mémoire d’archiviste, il raconte ce qu’il a vécu là-bas avant la Seconde Guerre mondiale. Narrateur anonyme, Anglo-Irlandais entre deux âges, professeur par nécessité, il classe ses souvenirs, raconte son amour pour Justine, une jeune pianiste séduisante, un peu nymphomane et somnambule ; il évoque sa liaison avec l’émouvante Melissa, sa maîtresse phtisique. D’autres personnages se dessinent. D’abord Nessim, le mari amoureux et complaisant de Justine, Pombal, le Français, Clea, l’artiste-peintre, Balthazar, le médecin philosophe. Mais Justine, d’abord Justine, est au coeur de ce noeud serré, complexe, étrange, d’amours multiples et incertaines… 

En achevant le premier tome de son fameux Quatuor d’Alexandrie (Balthazar, Mountolive et Clea succéderont à Justine et seront publiés entre 1957 et 1960), Lawrence Durrell (1912-1990) en donna à son ami Henry Miller une définition devenue célèbre : “C’est une sorte de poème en prose adressé à l’une des grandes capitales du coeur, la Capitale de la mémoire…”

[Texte du site de Renaud-Bray]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Un Britannique déchu, l’aspirant romancier et enseignant L.G. Darley, évoque les souvenirs d’une affaire qu’il a eu à Alexandrie avec la passionnée Justine Hosnari et par ce fait tente de s’exorciser de cet amour impossible. Justine est un roman d’atmosphère sur l’amour — l’amour d’une femme mais surtout l’amour d’une cité: Alexandrie. C’est très beau, très bien écrit mais aussi un peu ennuyant. Cela m’a pris presque deux ans à lire ces deux-cent cinquante pages, dans mes moments libres, entre d’autres livres. C’est la première partie d’une tétralogie (Le Quatuor d’Alexandrie) où chacune des parties est plus ou moins axées sur un personnage différent (Justine, Balthazar, Mountolive et Cléa), offrant chaque fois une perspective différentes sur l’entourage du narrateur (L.G. Darley).

Quatuor-d-Alexandrie-covL’auteur, Lawrence Durrell, est un homme très cosmopolite qui haïssait l’Angleterre (sa société rigide et son climat). Né en Inde il a successivement habité à Corfou en Grèce, à Paris (où il a collaboré avec Henry Miller, Anaïs Nin et Alfred Perlès), à Alexandrie (où il était attaché de presse de l’ambassade Britannique), à Rhodes, en Argentine (où il travaillait pour le British Council Institute), en Yougoslavie, à Chypre (où il a été enseignant) et il s’est établi finalement dans le sud de la France. Le Quatuor d’Alexandrie a définitivement des accents autobiographiques, Durrell s’inspirant d’éléments de sa propre vie: son travail pour le gouvernement Britannique, le fait que sa première épouse s’installe à Jérusalem après leur séparation (comme Justine qui part pour un kibboutz en Palestine), et sa deuxième femme (Eve, une juive alexandrine) étant hospitalisée en Angleterre suite à une dépression, il s’installe à Chypre avec leur fille et prend un travail d’enseignant (comme le narrateur du roman). Et il a sûrement beaucoup aimé la ville d’Alexandrie… C’est là qu’il a rencontré Eve. C’est une ville cosmopolite comme lui, qui offre un complexe mélange de toutes les cultures et toutes les religions. Riches et pauvres s’y côtoient, partageant une culture tant Européenne qu’Arabe, sans trop s’offusquer des moeurs ou de la religion de chacun, qu’ils soient musulmans, juifs, orthodoxes ou chrétiens.

Justine, publié en 1957, a été écrit pendant le séjour de Durrell à Chypre (1952-56). Si il a une belle écriture et qu’il utilise une prose sensuelle et poétique, son style est plutôt expérimental pour l’époque. La narration est désarticulée, avançant et reculant au fil des souvenirs et des sentiments du personnage principal. Et comme ces flashbacks interviennent généralement sans la moindre transition, cela peut laisser le lecteur confus. Si le coeur du récit est le triangle amoureux entre le narrateur, Justine et son mari, le banquier copte Nessim, Durrell y ajoute un ensemble de personnages colorés qu’il utilise pour évoquer la beauté et la diversité de l’Alexandrie d’avant-guerre, ajouter une intrigue socio-politique et même un discours philosophique (voir mystique, au travers du groupe d’adeptes de la Cabbale qui se réunit autour de Balthazar). Toutefois, il s’en sert surtout pour donner une perspective multiple au récit (un peu comme dans le film Rashōmon). C’est aussi en quelque sorte un concept dickien, puisqu’il explore comment notre perception de la réalité est somme toute relative…

“Nous cherchons tous des motifs rationnels de croire à l’absurde. (…) après tous les ouvrages des philosophes sur son âme et des docteurs sur son corps, que pouvons-nous affirmer que nous sachions réellement sur l’Homme? Qu’il est, en fin de compte, qu’un passage pour les liquides et les solides, un tuyau de chair.”

— Lawrence Durrell, Justine (Le Quatuor d’Alexandrie, Le livre de Poche, p. 93) [une réflexion qui rappelle beaucoup Marcus Aurelius dans ses Pensées pour moi-même]

Cette complexité stylistique fait de ce roman, paradoxalement, à la fois un texte attrayant qui captive par sa beauté (au point qu’on en continue la lecture parfois sans même porter attention au récit) et une lecture difficile, voir même par moment désagréable. Je ne sais trop si c’est parce que j’ai lu ce roman par petits bouts, ou parce que j’ai changé plusieurs fois de la version originale à la traduction française (selon la disponibilité du document) mais l’écriture de Durrell m’est apparu compliquée et même parfois difficile à déchiffrer. Il me fallait souvent relire un paragraphe plus d’une fois pour en saisir le sens — certaines phrases échappant totalement à ma compréhension! C’est la version originale qui m’a donné le plus de fil à retordre. Est-ce dû à mon niveau de lecture de la langue de Shakespeare (que je croyais pourtant excellente) ou est-ce que le traducteur français en a poli le texte plus qu’il n’aurait dû en arrondissant certains angles du style de Durrell? Ou alors c’est simplement le style désarticulée de Durrell qui est très demandant. Étrangement, pour passer le temps au travail, j’ai commencé à lire le second tome, Balthazar. Je le lis par curiosité sans avoir vraiment l’intension de le terminer. Chose surprenante, je trouve cette lecture plus facile et plus agréable. Sans vraiment parler d’ “action”, l’histoire progresse plus rapidement et est moins “atmosphérique.” Avec la seconde partie, l’auteur a probablement trouvé son rythme… On verra si j’en continue la lecture…

D’une certaine façon ce roman m’a plus intéressé pour ce qu’il reflétait de la vie de son auteur que pour son récit lui-même. Durrell est un auteur réputé (qui a même été considéré pour un prix Nobel de littérature) et Justine (en fait, l’ensemble de la tétralogie) est considéré comme son chef-d’oeuvre, se plaçant soixante-dixième parmi les cents meilleurs romans de langue anglaise du vingtième siècle. Alors, même si mon impression est plutôt mitigé parce que j’en ai trouvé la lecture difficile, je crois que c’est tout de même un beau roman, profond, qui mérite d’être lu.

Justine (The Alexandria Quartet #1), by Lawrence Durrell. New York: Penguin, July 1991. 253 pages, $19.00 US / $22.50 CND. ISBN 9780140153194. stars-2-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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Le Quatuor d’Alexandrie (Justine, Balthazar, Mountolive, Clea) par Lawrence Durrell (Traduction par  Roger Giroux). Paris: Livre de Poche (Coll. Classiques modernes / Pochothèque), octobre 1992. 1056 pages, 25,00 € / $44.95 Can., ISBN 978-2-330-07074-8. Pour lectorat jeune adulte (16+).

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Justine, le film

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que la tétralogie a été adapté en un film hollywoodien à la fin des année soixante ! Il est décrit comme “Les amours d’un jeune Anglais à Alexandrie à la fin des années 1930 avec une prostituée et la femme d’un riche banquier qui complote contre les Anglais” (Wikipedia). 

Le film me semble relativement fidèle au roman. Bien sûr certaines scènes ont été changées et, comme je n’ai lu que le premier quart de la tétralogie, je ne peut pas juger du reste. Je me demande cependant si la partie avec le traffic d’arme et le fait que Darley a été manipulé par Justine a été ajouté pour le film ou si c’est simplement dans la partie du roman que je n’ai pas lu. Si cela représente bien reste de l’histoire, je suis intrigué et peut-être continuerai-je à le lire… Le roman se lit peut être comme un oignon et, avec chaque nouvelle partie, Darley découvre sans doute des vérités de plus en plus profondes sur Justine…

Le film offre une narration bien évidemment linéaire avec juste les éléments essentiels de l’intrigue. Vu de cette façon les personnages sont étrangement bidimentionnels. Est-ce que cela fait du sens pour celui qui n’a pas lu le roman? Et le film nous présente une Alexandrie qui semble plus perverse que belle…

Malheureusement, malgré un casting rempli d’acteurs connus, le film fut un échec total puisqu’il ne rapporta qu’un peu plus de deux millions de dollars au Box Office (alors qu’il en a coûté presque huit à produire).  Il semble aussi qu’il ait fait piètre impression sur l’audience qui ne lui a donné une cote que 5.6 / 10 sur IMBd et 36% sur Rotten Tomatoes. 

Justine-dvdJustine: USA, 1969, 116 min.; Dir.: George Cukor & Joseph Strick; Scr.: Lawrence B. Marcus & Andrew Sarris (basé sur le roman éponyme de Lawrence Durrell); Phot.: Leon Shamroy; Ed.: Rita Roland; Mus.: Jerry Goldsmith; Cast: Michael York (Darley),  Anouk Aimée (Justine), Dirk Bogarde (Pursewarden), Robert Forster (Narouz), Anna Karina (Melissa), Philippe Noiret (Pombal), John Vernon (Nessim), George Baker (Mountolive) et Severn Darden (Balthazar). Disponible pour visionnement sur Youtube. stars-3-0

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Les Durrells

Toutefois, ce qui est vraiment intéressant (et amusant) dans cette expérience de lecture, c’est ce qui m’a fait découvrir Lawrence Durrell — et toute sa famille. Car, à une exception près, ce sont tous des auteurs publiés que j’ai découvert en regardant sur PBS la série télé de la ITV Les Durrells à Corfou (The Durrells). Cette série télé de vingt-six épisodes relate les mésaventures (parfois loufoques) de la famille durant un séjour de quatre ans (1935–1939) sur l’île grecque de Corfou. 

À la mort de son époux à Dalhousie, en Inde, en 1928, Louisa Durrell décide de déménager sa famille en Angleterre, à Bournemouth (Dorset), en 1932. Mais la famille y est misérable et à l’instigation de l’aîné — Lawrence (Larry), qui suggère qu’un climat tempéré serait plus agréable — elle déménage à nouveau à Corfou en 1935. Lawrence, vingt-trois ans et écrivain en herbe, s’y rend en premier avec son épouse Nancy Myers. Louisa l’y rejoint avec le reste de la famille: Leslie (dix-huit ans, dont l’intérêt se limite à la chasse et aux armes à feux), Margaret (Margo, seize ans et égocentrique, qui s’intéresse surtout aux garçons) et le cadet Gerald (Gerry, dix ans, qui ne s’intéresse qu’aux animaux). Ils seront aidé dans leur aventures par le chauffeur de taxi exubérant Spýros Hakaiópoulos et le médecin, naturaliste et traducteur Theódoros (Théo) Stefanídis. Chose amusante, si Lawrence parle de son séjour à Corfou dans son livre Prospero’s Cell, il y mentionne à peine la présence de sa famille. À l’opposé, Gerry, dans sa Trilogie de Corfou, ne mentionne jamais la présence de Nancy, la femme de Lawrence, ce qui fait qu’elle n’apparait pas dans la série télé… Avec le début de la deuxième guerre mondiale et l’invasion imminente de la Grèce par les Allemands, la famille retourne en Angleterre en 1939. Lawrence et Nancy, quant à eux, fuient à Alexandrie en 1941.

La série télé est très amusante et divertissante. Je la recommande chaudement. 

TheDurrells-dvdThe Durrells: UK, 2016-2019, 4 seasons de 6 episodes; Dir.: Steve Barron & Roger Goldby; Scr.: Simon Nye (basée sur la Trilogie de Corfou par Gerald Durrell); Phot.: Julian Court, James Aspinall; Mus.: Ruth Barrett; Prod.: Christopher Hall; Cast: Keeley Hawes (Louisa), Milo Parker (Gerry), Josh O’Connor (Larry), Daisy Waterstone (Margo); Callum Woodhouse (Leslie), Alexis Georgoulis (Spiros), Anna Savva (Lugaretzia), Yorgos Karamihos (Theo), Leslie Caron (Countess Mavrodaki), Ulric von der Esch (Sven), et James Cosmo (Captain Creech). stars-3-5

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En plus de l’oeuvre prolifique de Lawrence Durrell (dont Citrons acides qui relate son séjour à Chypre), son frère Gerald a écrit plusieurs ouvrage sur son travail de naturaliste et de conservationniste (il a pour ainsi dire réinventé le concept moderne du zoo) mais il est surtout connu pour sa “Trilogie de Corfou” (Ma famille et autres animaux publié en 1956 [Nelligan], Oiseaux, bêtes et grande personnes publié en 1969 et Le jardin des dieux publié en 1978) qui relate avec beaucoup d’humour le séjour de la famille en Grèce et a inspiré la série télé.  Même sa soeur Margaret a écrit un livre sur la pension de famille qu’elle a tenu à Bournemouth après le retour de Grèce, intitulé Whatever happened to Margo? [Nelligan], écrit dans les années ’60 et publié par sa petite-fille en 1995 (qui a retrouvé le manuscrit dans le grenier). Je vais m’efforcer de lire quelques uns de ces ouvrages et de les commenter plus tard…

À noter aussi que le 11 mars 1968 Lawrence Durrell a été interviewé à Radio-Canada sur l’émission Le Sel de la Semaine, animée par Fernand Seguin. L’entrevue est disponible sur les archives de Radio-Canada, sur Youtube et sur DVD [Nelligan]. On la décrit ainsi: “Lors de son passage au «Sel de la semaine», l’écrivain dévoile la source de son inspiration pour son chef-d’oeuvre [«Quatuor d’Alexandrie»]. L’animateur le questionne d’abord sur son parcours inusité, sur son enfance, sa carrière diplomatique, sa discipline d’écriture, ses rencontres, entre autres sa rencontre déterminante avec l’Américain Henry Miller”. C’est fort intéressant d’entendre l’auteur lui-même parler de sa vie et de son oeuvre.

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Monnaies anciennes 29

Les Sévères (1)

La mort de Commodus en décembre 192 amène une brève guerre civile où, encore une fois, plusieurs empereurs se succèderont en une courte période. Le sénat choisit Pertinax comme successeur en janvier 193, mais dès avril il est assassiné par des prétoriens, qui vendent alors le poste au plus offrant, en l’occurence Didius Julianus. Toutefois, les armées simultanément proclament empereurs Septimius Severus en Pannonie, Pescennius Niger en Syrie, et Clodius Albinus en Bretagne ! Septimius Severus se révèle le plus fort des candidats: il marche sur Rome où il décapite Julianus en juin, puis il s’allie avec Albinus contre Niger qu’il défait à la bataille d’Issos en 194, et finalement se retourne contre Albinus qu’il vainc à la bataille de Lugdunum en 196. Ce sera la début de la dynastie des Sévères.

Septimius Severus (193-211 EC)

Lucius Septimius Severus est né le 11 avril 146 à Leptis Magna (dans la province d’Afrique, l’actuelle Khoms en Libye). Sa mère, Fulvia Pia, était d’origine romaine (descendante d’immigrant) et son père, Publius Septimius Geta, était d’origine locale (descendance berbère-punique). Il se rend à Rome pour entreprendre son cursus honorum sous Marcus Aurelius, Commodus et Pertinax. Il sera consul en 190 et légat (gouverneur) de Pannonie supérieure en 191. Après la guerre civile, il se révèle un bon juriste et un brillant administrateur. Dès qu’il est empereur il établit la légitimité de son pouvoir en créant un lien filial fictif avec Marcus Aurelius et il se dit le vengeur de Pertinax. Il renforce aussi l’idée de la nature dynastique du pouvoir en associant très tôt à son règne ses deux fils, Caracalla et Geta — nés en 188 et 189 de sa seconde épouse, Julia Domna, d’origine Syrienne. Son règne a été relativement sans histoires. Il a fait des réformes administratives (de la gestion de l’armée, des provinces, réduction des pouvoirs du sénat, etc.) mais ses accomplissements ont surtout été militaires: il combat les Parthes (étendant la frontière orientale) en 197, agrandit les provinces d’Afrique et de Numidie en 202, et tente de repousser les Calédoniens au nord de la Bretagne en 208. Toutefois, ses campagnes militaires ont coûté si chères à l’Empire qu’il lui a fallut dévaluer la monnaie. Il meurt (de maladie ou d’empoisonnement?) le 4 février 211 à Eboracum (York en Angleterre) durant sa campagne contre les Calédoniens et est succédé (non sans quelques conspirations) par son fils Caracalla. Ses (célèbres) dernières paroles auraient été, selon Dion Cassius (LXXVI, 15, 2), “ὁμονοεῖτε, τοὺς στρατιώτας πλουτίζετε, τῶν ἄλλων πάντων καταφρονεῖτε” [omonoeíte, toús stratiótas ploutízete, tón állon pánton katafroneíte / “Maintenez la concorde, enrichissez les soldats et moquez-vous du reste”]. Il aura régné presque dix-huit ans.

IMG_8305-8306Je n’ai qu’une seule pièce de monnaie de Septimius Severus: un très beau denarius (F [Fine], Ar [argent], 16-17 mm, 2.693 g, payé $20, die-axis: ↑↓) qui nous présente sur l’avers la tête de l’empereur lauré, à droite, avec l’inscription L[VCIVS] SEPT[IMIVS] SEV[EVERVS] PERT[INAX] – AVG[VSTVS] IMP[ERATOR] VIIII. Le revers illustre Severus en armure avançant à dos de cheval, à droite, et tenant une lance de travers, avec l’inscription PROFECTIO[NES] AVG[VSTI] (le départ de l’empereur).

Septimius Severus prit le titre de Augustus et aussi le nom de Pertinax lors de son accession au pouvoir en juin 193. Il reçoit le titre de Imperator pour la neuvième fois (VIIII) en 197. Le “Profectio“ fait référence au départ cérémonial de l’empereur pour le limes Orientis au début de 197 pour répondre à l’invasion de la Mésopotamie par les Parthes. Il voyage par mer de Brundisium jusqu’à Aegeae en Cilicie, puis par terre jusqu’en Syrie, où il traverse l’Euphrate jusqu’à Nisibis. L’année suivante, il occupe Séleucie et Babylone, puis pille Ctésiphon. Il acquiert ainsi tout le nord de la Mésopotamie, jusqu’aux régions autour de Nisibis et Singara. lI a également étendu le Limes Arabicus et construit de nouvelles fortifications dans le Désert d’Arabie. Ce denarius, frappé à Rome ou à Laodicea (en Syrie) en 197 EC, commémore donc le début de cette campagne militaire.

Sources: Wikipedia (Septimius Severus [FR/EN], profectio), Google; RIC IV-I: 106 ou 494, Sear RCV: 1682; FAC (Septimius Severus, PROFECTIO AVG), ERIC (Septimius Severus), acsearch, coinproject, Wildwinds (text, image), Wildwinds, CoinArchives, numismatics, vcoins. Voir aussi ma fiche.

Bibliographie:

Il est important de comprendre que tout les empereurs romains n’étaient pas originaire de Rome. En effet, Claudius est né à Lugdunum (en Gaule), Triaianus et Hadrianus sont né à Italica (dans la province de Bétique, en Espagne). Dans le cas du premier, il est né à l’extérieur de Rome simplement parce que son père était en campagne militaire en Germanie. Le deux autres sont les descendants de colons romains car leurs ancêtres étaient des soldats blessés de la Deuxième guerre punique que Scipio l’aîné avait laissé derrière lui pour fonder la ville d’Italica. Toutefois les choses changent avec Septimius Severus: sa mère appartenait à une famille d’immigrés romains mais son père était d’origine libyenne. À partir de cette époque (début du IIIe siècle), la plupart des empereurs romains seront d’origine provinciales: Caracalla est né en Gaule, Macrinus en Maurétanie, Heliogabalus en Syrie, Severus Alexander en Judée, etc. L’Empire est de moins en moins centré sur Rome…

La semaine prochaine nous nous intéressons à une pièce de Caracalla !

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Images du mer-fleuri [002.021.069]

Astrantia major

DSC_0968

[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

DSC_0969La Grande astrance (aussi appelée Great[er] masterwort en anglais) est une espèce de plante herbacée à fleurs vivace de la classe des Magnoliopsida, de l’ordre des Apiales, de la famille des Apiaceae (Ombellifères) et du genre Astrantia (qui ne comprend qu’une douzaine d’espèces). Elle est caractérisée par ses feuilles palmatilobées, ses inflorescences en ombelles simples qui forment des fleurs décoratives blanches ou rosées et ses racines aromatiques. Ses tiges et rhizomes peuvent avoir un usage médicinales: en huile essentielle elle peut avoir un effet bénéfique sur l’estomac et ses feuilles séchées en infusion peuvent aussi aider à la digestion et à stimuler l’appétit. Ici il s’agit du cultivar “Vanilla Gorilla”. (Sources: Wikipedia)

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Le problème à trois corps (Liu Cixin)

ProblemeATrois Corps-covEn pleine Révolution culturelle, le pouvoir chinois construit la base militaire secrète de Côte Rouge, destinée à développer une arme de grand calibre. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de “rééducation”, intègre l’équipe de recherche. Dans ce lieu isolé où elle croit devoir passer le restant de sa vie, elle est amenée à travailler sur un système de télétransmissions dirigé vers l’espace et découvre peu à peu la véritable mission de Côte Rouge…

Trente-huit ans plus tard, alors qu’une étrange vague de suicides frappe la communauté scientifique internationale, l’éminent chercheur en nanotechnologies Wang Miao est témoin de phénomènes paranormaux qui bouleversent ses convictions d’homme rationnel. Parmi eux, une inexplicable suite de nombres qui défile sur sa rétine, tel un angoissant compte à rebours…

Hugo 2015 du meilleur roman, Le Problème à trois corps est le premier volume d’une trilogie culte d’une ambition folle.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Le problème à trois corps (三体)  nous offre un récit complexe sur lequel je ne m’étendrai pas trop pour éviter les divulgachages. Pour préserver le suspense, l’histoire nous est racontée dans le désordre et en laissant des blancs qui ne seront comblé qu’à la fin. Le récit est donc désarticulé et demande de la patience. À la page cent, j’ignorais encore de quoi il en retournait avec cette histoire, juste pour vous dire… Je me disais “ça a gagné un Hugo, ça doit être bon alors continuons encore un peu…” C’est lent à décoller mais le sujet est toute de même fort intéressant. Il s’agit ici d’une histoire de premier contact qui pose une délicate question: si on lance un appel dans l’espace, que fait-on si quelqu’un répond?

Comme dans le cas de Terre errante, le récit est un peu  “gros” — Liu Cixin ne semble pas faire pas dans la dentelle. Certains éléments paraissent parfois tout à fait invraisemblable (particulièrement la partie sur les deux protons!) mais quand on parle de civilisation très avancé tout est possible. Comme on dit, une science très avancée paraitrait comme de la magie pour une société primitive… Liu Cixin, un ingénieur de formation, nous propose d’ailleurs une intéressante description de civilisation très avancé qui fait face à un problème particulier de survie dans un système solaire trinaire instable. Le tout enrobé dans un context socio-politique chinois, un thriller de conspiration scientifique et beaucoup d’élément de hard SF — mais qui reste toutefois compréhensible pour qui a une bonne base scientifique. Et il y a peut-être même une allégorie politique de caché dans tout ça (du genre un David oriental contre le Goliath occidental?). Chose certaine c’est un roman (en fait une trilogie) qui a fait beaucoup de bruit et qui a fait naitre beaucoup d’intérêt envers la SF chinoise.

Je ne suis malgré tout pas si sûr que ça mérite vraiment un Hugo mais c’est tout de même une intéressante lecture pour ceux qui aiment la science et ont la patience de lire jusqu’à la fin. (Mais, bon, il reste tout de même deux autres volumes à lire !) J’imagine que ça ferait un bon thriller SF au cinéma ou à la télé. En effet, un film chinois aurait été produit mais n’a jamais abouti (apparement ce serait un navet) et Netflix aurait commandé une série basé sur la trilogie. Cela risque d’être intéressant à voir…

Le problème à trois corps par Liu Cixin (Traduction par Gwennaël Gaffric). Arles: Actes Sud (Coll. Exofictions), octobre 2016. 432 pages, , 14.5 x 24 cm, 23,00 € / $39.95 Can., ISBN 978-2-330-07074-8. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-0

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© Liu Cixin, 2006. © Actes Sud, 2016 pour la traduction française

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Poésie du dimanche [002.021.066]

Robots, robots

Robots, robots
Cela fait si longtemps
Quand les humains avaient du pot
Du moins plus que maintenant

Avec vos petites roues
Faites de caoutchouc
Vous rouliez de ci, de là
Tout en faisant ceci, cela

C’était les balbutiements de la robotique
Frankenstein faisait peur, c’était cynique
Sans sentiments, mais vous parliez
Maladroits, mais que vous travailliez

Robots, robots
Vous étiez presque sot
Ce n’était que le début
Ah, si nous avions su !

Biset
1978/05/11

Le poète du dimanche frappe encore. À l’époque de mes presque seize ans, j’écrivais beaucoup de poésie de science-fiction (et même de fantasy comme vous le verrez plus tard), quoique la saveur la plus commune de mes vers restait généralement dans le fantastique… Ici c’est la rencontre du lyrisme asimovien et du récit de mise en garde du genre Terminator (qui ne verra pourtant le jour qu’en 1984)… C’est pas génial mais c’est du bonbon amer. Juste pour la postérité…

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Le dernier envol du papillon

DernierEnvolDuPapillon-covMémoires d’une geisha — Kicho, la plus belle courtisane de Nagasaki, séduit tous les hommes sans exception. Cependant, du vieux marchand ivrogne au médecin étranger, elle continue à accepter tous les clients, même les plus méprisables. Quel secret cache-t-elle derrière sa douce mélancolie ? Le jeune garçon qui nourrit une haine farouche envers elle détient peut-être les clefs du mystère…

Kan Takahama est déjà bien connue en France par les amateurs de romans graphiques pour ses œuvres à mi-chemin entre le manga et la bande dessinée franco-belge : L’Eau amère, Sad Girl, Two Expressos ou encore sa collaboration avec Frédéric Boilet sur Mariko Parade. Avec Le Dernier Envol du papillon, l’auteur parvient à repousser les limites de son style en nous livrant un beau récit dont la trame scénaristique n’a rien à envier à La Dame aux camélias, tout en gardant la finesse dont elle avait fait preuve dans ses récits intimistes.”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

DernierEnvolDuPapillon-p009

Page 9

Le dernier envol du papillon (蝶のみちゆき / Chō no Michiyuki / lit. “Le papillon de Michiyuki” [fait référence à une pièce de kabuki où “deux amants contrariés finissent réincarnés en papillons”]) est un manga seinen par Kan Takahama qui a été sérialisé dans Comic Ran puis compilé en volume chez Leed en 2015.

Kicho est une courtisane célèbre de la maison Chikugo dans le quartier de Maruyama à Nagasaki durant l’époque du Bakumatsu. Elle est aussi belle que pleine de mystères, mais tout au long du récit nous découvrons peu à peu son histoire (et celle de sa petite servante, Tama). Elle visite un de ses clients régulier, le Dr. Thorn, sur l’ile de Dejima, réservé pour les étrangers. Il est surpris de découvrir qu’elle a quelques connaissances en médecine et lui donne de la nourriture saine pour “son frère malade”. Il soigne également un homme atteint d’une tumeur au cerveau et il offre de prendre son fils, Kenzo, comme étudiant à l’école de Médecine Occidentale. Il en déduit que cet homme, Gen Tsuji, est le frère de Kicho mais en fait c’est son époux! Médecin veuf, il était tombé amoureux de la courtisane (qui était en fait une amie d’enfance) et s’était ruiné pour racheter son contrat auprès de la maison Chikugo. Lorsqu’il est tombé malade elle est retourné au Chikugo pour être capable de payer les dettes de la famille et les soins de son mari. À sa mort, elle est resté au Chikugo. Quelques années plus tard, après la guerre du Boshin qui ouvre la porte à l’ère Meiji, Kenzo, maintenant lui-même médecin, offre à Kicho (Konoha de son vrai nom) de revenir à la maison. Mais, se sachant condamné par la syphilis, elle refuse…

Le dernier envol du papillon nous offre une très belle histoire d’amour. Le récit est plutôt fluide et l’intrigue autour de Kicho nous tiens en haleine. C’est intéressant car les récits de courtisanes (comme Sakuran de Moyoco Anno) se déroulent généralement à Edo. Le dessin est agréable et détaillé (Takahama utilise beaucoup de trames très fines pour les dégradés). On voit que l’artiste gagne en assurance (c’est son huitième manga, publié juste après Tokyo, amour et libertés) et qu’elle a beaucoup recherché son sujet. C’est ce qui rend d’ailleurs ce manga très intéressant car elle dépeint bien la société et les moeurs de l’époque, un moment fascinant de l’Histoire japonaise qui fait la transition entre le shogunat Tokugawa (bakufu) et le japon moderne qui débute avec l’ère Meiji. C’est une très bonne lecture que je recommande, mais pour adultes car il contient, bien sûr, beaucoup de nudité et de sexualité (comme dans les autres productions récentes de Takahama).

Le dernier envol du papillon par Kan Takahama (Traduction par Yohan Leclerc). Grenoble: Glénat (Coll. Seinen Manga), avril 2017. 164 pages (152 pl.), , 14.5 x 21 cm, 10,75 € / $17.95 Can., ISBN 978-2-344-02260-3. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© Kan TAKAHAMA, 2013. © Glénat, 2017 pour l’édition française.

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Monnaies anciennes 28

Les Julio-Claudiens (4)

Nero (54-68 EC)

Lucius Domitius Ahenobarbus est né le 15 décembre 37. Il est le fils de Julia Agrippina (fille de Germanicus et soeur de Caligula) et de Gnaeus Domitius Ahenobarbus (qui était préteur et consul sous Tiberius). Après la mort de son père en 40, sa mère — très ambitieuse — se remarie à l’empereur Claudius en janvier 49. L’année suivante, elle convainc ce dernier d’adopter son fils qui prend alors le nom de Nero Claudius Caesar Drusus. Dès sa majorité (14 ans), en 51, il est fait proconsul et, en 53, il est également marié à la fille de Claudius, Claudia Octavia. À la mort de Claudius le 13 octobre 54 (fort possiblement empoisonné par sa femme Agrippina), son seul fils naturel, Britannicus (qui est né de son épouse précédente, Valeria Messalina), n’est pas encore majeur alors que Nero, lui, a dix-cent ans. C’est donc Nero qui devient le nouvel empereur. 

Si l’Empire a été bien géré et demeura prospère, le bref règne de Nero, qui dura treize ans et sept mois, est terni par de nombreux scandales: Britannicus meurt subitement juste avant sa majorité, Nero fait assassiner sa mère qu’il trouve trop intrigante, il divorce Octavia pour marier sa nouvelle favorite Poppæa Sabina, de nombreux quartiers de Rome brûlent en juillet 64 et Nero se fait construire un somptueux palais (la Domus Aurea) à la place, les Chrétiens sont accusé d’avoir causé l’incendie et sont persécutés, le peuple voit d’un mauvais oeil leur empereur qui joue les artistes car il aime chanter et jouer de la musique, Poppaea meurt en 65 et on accuse Nero de violence conjugale, et de nombreuses révoltes secouent l’Empire (c’est le cas du gouverneur de Gaule lyonnaise, Vindex; du gouverneur d’Hispanie, Galba; et du légat d’Afrique Lucius Clodius Macer; il y a aussi la révolte de Boudica en Bretagne, celle de Judée et l’invasion de l’Arménie par les Parthes). Le Sénat, craignant cette instabilité, choisit de supporter Galba et démet Nero, qui choisi de se donner la mort le 9 juin 68. Avec lui la dynastie des julio-claudiens prend fin et c’est à nouveau la guerre civile. En un an, quatre empereurs se succèdent: Galba, Otho, Vitellius, puis Vespasianus qui offrira enfin un peu de stabilité avec le début de la dynastie des Flaviens… (voir mes monnaies de Titus, Vespasianus et Domitianus)

IMG_8885-8887Je n’ai qu’une seule pièce de monnaie de Nero: c’est un assez beau quadrans (G [Good], Ae [bronze], 15 mm, 1.635 g, payé environ $8 le 1985/12/17; die-axis: ↑↘︎) qui nous offre sur l’avers une colonne ou un cippus surmontée d’un casque, et contre laquelle reposent un bouclier et une lance, avec l’inscription NERO CLAV[DIVS] CAE[SAR] AVG[VSTVS] GER[MANICVS]. Sur le revers on retrouve une branche de laurier debout avec l’inscription P[ONTIFEX] M[AXIMVS] TR[IBVNICIAE] P[OTESTATE] IMP[ERATOR] P[ATER] P[PATRIAE] et un S[ENATVS] C[ONSVLTO] dans le bas du champ de part et d’autre.

Nero prends les noms de Caesar et de Germanicus à son adoption en 50, puis reçoit la puissance tribunicienne dès 54 (renouvellée annuellement le 13 octobre), les titres de Pontifex maximus et Pater Patriae en 55 ainsi que Imperator à partir de 57. Toutefois aucun de ces titres ne comportent de dates précises sur la pièce. De plus, ce type de quadrans semble avoir été frappé plusieurs années consécutives, chaque fois avec de légères variations dans la nomenclature et la titulature (par exemple CL / CLA / CLAV / CLAVD / CLAVDIVS ou C / CAE / CAES / CAESAR ou le GER / GERM se trouvant soit sur l’avers ou le revers et P M / PON M / PON MAX). Comme l’inscription sur ma pièce n’est pas vraiment lisible, il est donc impossible de savoir précisément laquelle de ces variations s’y retrouve. Le RIC en répertorie plusieurs, certaines sans datation (#93-94), d’autres datés de 63 (#126, 129) ou de 63-64 (#250-51, 253), ou encore 65 (#318) et même dans certains cas (#255, 317) simplement de 62-68 EC. Il précise toutefois que les pièces de bronze avec un S C ont été frappé après 63, alors qu’en 64-65 on frappe presque uniquement des pièces en orichalcum [laiton] (#130-262), pour revenir au bronze en 65 (issue IV, #263-322). “Les quadrantes ont été attribués aux types avec Branche [de laurier], Colonne et Chouette. Cette frappe majeur de Rome, c. 65, comprenait un grand nombre de variétés communes dans toutes les dénominations, et a sans doute fourni le plus grand apport en aes [pièces de bronze] pendant près de deux décennies” (RIC I, p. 141). Il ne mentionne pas de quadrans après cette date. Il serait donc peut-être possible de préciser la datation à 65 EC… Par contre je n’ai trouvé aucune explication sur le symbolisme du cippus (symbole militaire?) ou de la branche de laurier (honneur et victoire?).

Sources: Wikipedia (Nero [FR/EN], Cippus [FR/EN]), Google, Sear RCV (4th Ed.): 694 (p. 177), RIC I pp. 158-169, FAC (Nero, cippus, laurel wreath, branches), ERIC (Nero), ancientcoins, WildWinds, coinproject, CoinArchives, numismatics. Voir aussi ma fiche.

C’est une intéressante pièce (mais en rien comparable à ma fascinante pièce de Quadratus aussi frappée sous Nero) qui demeure toutefois encore empreinte d’incertitude et de questions… Chose intéressante, le manga Pline par Mari Yamazaki se déroule justement durant le règne de Nero…

La semaine prochaine nous reprendrons le fil chronologique des empereurs romains (vu à travers mes monnaies) avec la dynastie des Sévères !

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Images du mer-fleuri [002.021.062]

Achillea borealis

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

DSC_0955L’Achillée boréale (connu sous de nombreux noms, dont Boreal Yarrow ou Woolly Yarrow en anglais) est une variété de l’Achillea millefolium (Achillée Millefeuille communément appelé Yarrow en anglais). C’est une espèce de plante herbacée vivace, à fleurs, de l’ordre des Asterales, de la famille des Asteraceae et du genre Achillea (qui inclus près de mille espèces). Elle est caractérisée par des feuilles dentelées, velues et aromatiques, ainsi que de nombreuses petites fleurs composées (ou capitules) rassemblées en corymbes, de couleurs variées (souvent blanches mais aussi jaunes, oranges, roses ou rouges) et qui attirent de nombreux insectes. Selon Pline, son nom fait référence à Achille, le héros grec légendaire de la guerre de Troie, qui en aurait fait usage pour panser ses blessures. Même si elle est souvent considérée comme une mauvaise herbe, on en fait une utilisation ornementale, mellifère et même comme fourrage. D’un point de vu phytochimiques il semble qu’elle contient de nombreux éléments bioactifs ce qui fait qu’elle a été utilisée en médecine traditionnelle depuis des millénaires. La plante entière, y compris les fleurs, peut être utilisée pour faire un thé qui soulage la toux et les ulcères. En cataplasmes elle peut également arrêter les saignements de nez ou contrôler les saignements dans les plaies, apaiser les éruptions cutanées, les coups de soleil et les piqûres d’insectes. Les jeunes feuilles sont comestibles (cuites ou fraîches en salades) et les fleurs peuvent être utilisées pour aromatiser des liqueurs ou même remplacées le houblon dans la bière. (Sources: Wikipedia, Nature).

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