Revue de Zines [02.019.302]

Une revue de quelques périodiques récents consacrés à la BD et au manga…

Animeland #227 (Juillet-Août 2019)

AL227Un numéro très volumineux (148 pages!) et riche en information mais où je n’ai malheureusement pas trouvé beaucoup de sujets qui m’intéressaient personnellement. Du côté anime, on note un article sur Carole & Tuesday (diffusé sur Netflix). Du côté manga, on note un volumineux dossier (14 pages!) sur les soixante ans de Shônen Magazine (Kōdansha) et Shônen Sunday (Shōgakukan), la partie 3 de la série “Comment éditer un manga: Édito, commercial et fabrication”. Pour le reste du contenu vous pouvez consulter le sommaire du numéro en lignestars-2-5

Animeland HS Été (Juillet-Septembre 2019)

AL-HS-Ete19Un numéro double estival (148 pg) toujours aussi riche en information mais aussi un peu plus ludique. Du côté anime, on y va de palmarès avec les top des persos féminins et masculins, un rapport sur le festival d’Annecy, un petit guide touristique du Japon de l’anime Yuru Camp additionné d’un interview avec le réalisateur Yoshiaki Kyôgoku, ainsi qu’un dossier sur les adaptations live de mangas et anime. Le cahier jeux inclus de nombreux mots mêlés, croisés et codés, ainsi que plusieurs quiz et tests de personnalité, des charades et même un horoscope! De longues heures de plaisirs… Côté manga, ce numéro offre une sélection de manga qui font de bonnes lectures estivales, ainsi que quelques articles sur la mode dans les mangas, sur GastronoGeek et sur des cours de Japonais sur Youtube. Donc, un numéro informatif et divertissant. stars-3-0

dBD #136 (Septembre 2019)

dBD136À la une on retrouve un interview avec Charles Berberian sur la BD de SF Nathanaëlle qui a créé pour son ami dessinateur Fred Beltran (chez Glénat). Il y a aussi des interviews avec Nicolas de Crécy pour Visa Transit 1 (Gallimard), avec Alain Ayroles & Juanjo Guarnido pour Les Indes fourbes (Delcourt), avec Régis & Clément Loisel au sujet de leur exposition au bastille Design Center, avec Tom Tirabosco sur Femme sauvage (Futuropolis), avec Jean-Pierre Dionnet au sujet de ses mémoires Mes Moires: un pont vers les étoiles (Hors Collection) et avec Waxx pour Silencio: l’intégrale (Glénat). 

Dans la cahier critique on note Lone Sloane: Babel une réimagination du personnage de Druillet par Avramoglou & Cazaux-Zago chez Glénat (Super!), l’adaptation de La nuit des temps de Barjavel par Philippe Gauckler: Kebek 1 chez Daniel Maghen (Top! “Un formidable conte d’anticipation”), Candy & Cigarette 2 par Tomonori Inoue chez Casterman (Super! “On prend un plaisir fou à dévorer les pages de ce manga”), et Hi Score Girl T.2 par Rensuke Oshikiri chez Mana Books (Bien. “Un must pour le fans de rétrogaming)”. stars-3-0

dBD #137 (Octobre 2019)

dBD137Dans l’actualité de ce numéro on retrouve la mention d’une vente aux enchères d’originaux de BD organisée par l’expert et galeriste Daniel Maghen (exposition du 9/24 au 10/11 à la galerie Daniel Maghen, l’événement était le 10/11 à la Maison de l’Amérique Latine), la parution de Histoire(s) du manga Moderne (édition augmenté de 1952-2020) par Pinon, Lefebvre & Valente (Ynnis), le manga fantastique Chiisako Garden par Yuki Kodama (Véga), Les recettes légendaires de Dragonball par Thibaud Villanova (Glénat), Génération Astérix un ouvrage collectif qui célèbre les soixante ans de la série (Éd. Albert-René), et Ici ou Ailleurs où Guy Delisle illustre des extraits de textes de Jean Echenoz (L’Association).

À la une on retrouve un interview avec Xavier Dorison autour de Le château des animaux t.1 (Casterman), Undertaker t.5 (Dargaud) et Aristophania t.2 (Dargaud). Le numéro se poursuit avec des interviews de Thierry Smolderen autour de Souvenirs de l’Empire de l’Atome, L’Été Diabolik, et Une année sans Cthulhu (tous avec Alexandre Clérisse chez Dargaud), avec  Laurent-Frédéric Bollée autour de Les Nouvelles Aventures de Bruno Brazil (Le Lombard), et avec Ugo Bienvenu sur Préférence système (Denoël Graphic). 

Dans le cahier critique on note Valkyrie Apocalypse t.1 par Umemura & Ajichika chez Ki-oon (bien) et Gigant t.1 par Hiroya Oku chez Ki-oon (Super). Pas de découverte extraordinaire mais un numéro tout de même riche en information. stars-3-5

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Capsules

Le Monde d’Edena 6: Les réparateurs

Edena-6-LesReparateurs-covL’ultime volume de la grande saga du Monde d’Edena : quatre histoires en forme d’épilogue.

Après Sur l’Étoile, Les Jardins d’Edena, La Déesse, Stel et Sra, Les Réparateurs fait figure d’épilogue ou de points de suspension dans la vaste saga du Monde d’Edena. L’album rassemble en effet quatre récits courts, de formats variables, faisant tous écho, parfois explicitement parfois de façon plus elliptique, à l’univers de Stel et Atan. Les Réparateurs, l’histoire qui donne son titre à l’album, a été conçu pour l’ultime numéro de la revue (À Suivre) de décembre 1997, à la manière d’une boucle temporelle qui n’est pas sans rappeler l’anneau de Möbius auquel Jean Giraud avait emprunté son pseudonyme. La Planète Encore est la pièce de choix de l’album. Créée en 1990, elle renoue avec le principe de l’histoire muette qu’avait développé Moebius dans les années 70 avec Arzach. Les deux derniers récits, Voir Naples et Mourir et voir Naples, conçus autour du même sujet à treize années de distance, se renvoient la balle l’un l’autre, avec beaucoup de poésie.

Quatre échappées belles pour se convaincre, s’il le fallait encore, que Moebius restera pour toujours l’une des très grandes signatures du 9e Art. [Texte du site de l’éditeur]

Les réparateurs nous permet de retrouver Stel et Atan, les deux mécaniciens de l’espace, mais aussi les fameux Pif-Pafs et, en guest star, le Major Grubert. Les quatre récits courts réunis ici nous montrent une fois encore la diversité et la richesse du talent de Moebius. Un nuage de dépaysement, un zeste d’écologie, un soupçon de nostalgie et une très grande dose de poésie, le nouveau cocktail de Moebius ravira tous les fans du Monde d’Edena comme les nouveaux lecteurs. [Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Il n’y a pas grand chose que l’on peu rajouter au texte d’introduction de l’éditeur. Les réparateurs nous offre quatre histoires courtes superbement illustrées mais qui n’apportent toutefois pas beaucoup au récit de la série, sinon un peu de nostalgie. Bof. Elle demeurent tout de même intrigantes à lire. Et ce qui rend l’ouvrage un peu plus intéressant c’est que chaque histoire est accompagnée d’un texte explicatif. 

Edena-6-LesReparateurs-p003Dans “Les réparateurs” (8 pages), un duo de réparateurs traverse des ruines sur une planète désertique et parvient dans une vaste caverne. Au centre, un tube où l’on distingue l’image d’un dessinateur penché sur sa planche à dessin. Ils activent un mécanisme et l’image disparait. Sur Terre, le dessinateur a un air satisfait. Stel et Atan auraient-ils redonné l’inspiration à leur créateur? Créée pour le dernier numéro de (À suivre) en décembre 1997, ce récit muet fait écho à “Réparations”, la toute première histoire du Monde d’Edena. La boucle est bouclée…

Edena-6-Voir Naples-p012Dans “Voir Naples” (4 pages), on découvre un univers froid et aseptisé où un personnage affublé d’un manteau et d’un masque au long nez ridicule (la première apparition des pif-pafs!) entâmes un voyage. La destination n’offre que des sortes de cactus délavés. “Ce n’est pas du tout comme les dépliants” pense-t-il. Comme il étouffe, il enlève son vêtement et son masque pour se retrouver devant une superbe vue de la baie de Naples! Réalisé en 1987 dans le cadre de la manifestation “Futuro Remoto” consacré à la diffusion de la culture scientifique, organisée à Naples par la Città della Scienza.

Edena-6-PlaneteEncore-p025Dans ”La planète encore” (23 pages), deux réparateurs voyagent sur une planète désertique. Parfois, dans le ciel on aperçoit le vol d’un ptéroïde… Ils arrivent à un grand temple surmontée d’une statue, traversent une cour occupée par des humanoïdes catatoniques, puis pénètrent le temple par un grand escalier. Ils traversent des corridors, puis effectuent une réparation qui ouvre une porte sur un grand hall avec des statues alignées de chaque côtés sur des socles de pierre. Au bout du hall, un socle vide. En regardant ce dernier, l’un des réparateurs se retrouve dans un monde de rêve habité d’étranges créatures humanoïdes qui chantent et dansent. La statue d’un jeune garçon en position de méditation (le jeune aveugle du Nid dans La Déesse?) apparait sur le socle vide. Dès lors, la végétation se met à pousser rapidement, envahissant toute la planète. Les réparateurs rejoignent leur vaisseau et quittent la planète. Cette histoire muette, nous offre une fable écologique dessinée en 1990 pour un comic book américain célébrant la “journée de la Terre”. Ce récit fait cette fois écho à une histoire de Arzak parue dans Métal Hurlant #4 (4e trimestre 1975): 19-26.

Edena-6-MourirEtVoir Naples-p043dDans “Mourir et voir Naples” (14 pages), le Major voyage dans le désert sur une sorte de cheval à longues oreilles. Il rencontre d’abord une table perdue au milieu du désert, sur laquelle il trouve le dépliant “Moebius à Naples” qui contient “Mourir et voir Naples”. Puis, il fait escale à un petit temple. Trois Pif-pafs géants le capturent, le mettent dans une boite qu’ils jettent dans un volcan. Lorsque le volcan fait éruption, la boite est rejetée à la mer pour finir sur une plage. La Major sort de la boite et saute de joie: c’est la baie de Naples! Une autre histoire muette et absurde qui reprend le thème de “Voir Naples”, créée cette fois en 2000 pour le portfolio d’une exposition sur Moebius à la Città della Scienza de Naples.

Un bel ouvrage d’intérêt plutôt moyen. À lire surtout pour les amateurs de Moebius et du Monde d’Édena

Le Monde d’Edena 6. Les réparateurs, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 54 pages (52 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-38038-1. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-2-5

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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© Casterman 2001

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents: Sur l’Étoile, Les jardins d’Édena, La Déesse, Stel et Sra.

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Le Monde d’Edena 5: Sra

Edena-5-Sra-covStel et Atana ont été séparés, mais, écrit Moebius en ouverture de Sra, « la force du désir qui pousse Stel vers Atana est telle que rien ne semble pouvoir stopper notre héros dans sa quête. » Ainsi ses pas le portent-ils au monastère de Sra, étrange village « olofène » – ce que signifie, comme chacun sait : « Réservé aux hommes déliés ». Mais déliés de quoi, au juste ?

Travaillé dans une forme onirique et souvent poétique qui fait fréquemment penser à l’écriture automatique des surréalistes, Sra marque le point final de la vaste fresque du Monde d’Edena entreprise par Moebius à partir du milieu des années 80 – Les Réparateurs, publié postérieurement, ne constituant qu’une sorte d’épilogue à l’ensemble de la série. À la manière d’un moderne Gulliver, Stel traverse une succession de mondes étranges ou enchanteurs, avant la confrontation finale avec son ennemi irréductible et malveillant, La Paterne, déterminé à prendre pour toujours le contrôle d’Edena… Tour à tour drôle ou inquiétante, mais toujours brillante et inspirée, l’oeuvre attachante d’un artiste en liberté.

[Texte du site de l’éditeur]

➡︎ (Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs) ⬅︎

Page 4

Ayant entendu dire qu’une nouvelle papesse est arrivée au monastère de Sra, Stel traverse le désert (sous l’oeil vigilant des agents de la Paterne) pour s’y rendre en espérant que celle-ci soit Atana. Au monastère, il mange un repas puis on lui offre une chambre. Il rêve qu’il se retrouve dans un monde lilliputien, toujours à la recherche d’Atana. En fait, depuis le début, il est dans un rêve créé par la Paterne afin de piéger Maître Burg… avec succès! Stel s’éveille et tente de sauver la papesse des mains de pif-pafs ninja mais les deux sont tués. Burg est sauvé par une Édelfe. Stel se réveille dans un hôpital psychiatrique. Il se nomme Stélékian, un pilote atteint d’un virus qui “crée un écart (…) entre la réalité de base et le labyrinthe onirique de son moi inconscient”. Guéris, le docteur Burglow le laisse sortir et le capitaine Pattern doit le raccompagner sur Terre. Mais il réussi à faire décoller le vaisseau seul, car rien ne peut l’arrêter dans sa quête pour retrouver Atana… 

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Page 26

Jusqu’à maintenant, le Monde d’Edena nous offrait une superbe histoire, intéressante et même captivante. Toutefois, dès que le combat entre le bien et le mal se poursuit dans les rêves des héros captifs et/ou endormis, on ne sait plus ce qui est le rêve, ce qui est la réalité et, surtout, qui rêve qui. Avec cette conclusion, Moebius renoue avec la science-fiction délirante et déjantée de ses débuts. Le résultat est un “mindf*ck” très dickien qui proclame que la réalité n’est pas ce que l’on pense et que le monde n’est qu’une illusion. Stel est-il fou ou est-il encore dans le rêve? En fait, il serait dans un rêve, qui est dans un rêve, qui est dans un rêve, etc., un peu comme le film Inception.

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Page 31

Moebius introduit ici et là dans le récit des éléments qui rappel ses autres histoires (Arzach, Major Fatal) afin de les réunir toutes dans un méga-univers. On retrouve donc une fin en parallèle avec celle du Garage Hermétique où le Major passe une porte pour se retrouver dans le métro de Paris, notre propre réalité. Finalement, en bout du compte, la bande (dessinée) de Moebius se retournerait-elle sur elle-même ???

La fin est un peu décevante car il n’y a pas de véritable conclusion — cela finit en queue de poisson comme disait Horace. Bien conclure une série est notoirement difficile. Toutefois, le récit demeure tout de même intéressant et il nous reste toujours le superbe dessin de Moebius… À lire malgré tout.

Le Monde d’Edena 5. Sra, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 64 pages (62 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-34524-1. Pour lectorat jeune adulte (16+). Voir la couverture arrière. stars-3-0

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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© Casterman 2001

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents: Sur l’Étoile, Les jardins d’Édena, La Déesse et Stel. 

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Le Monde d’Edena 4: Stel

Edena-4-Stell-covPerdu dans le désert d’Edena, Stel n’a qu’une idée en tête : retrouver Atana. Sur sa route, il ne cesse de croiser Burg. Ce dernier l’encourage dans sa quête tout en lui parlant par énigmes. Ce qui irrite Stel au plus haut point. Il finit par tomber sur un groupe de ces drôles de types masqués, la même engeance que les kidnappeurs d’Atana (voir : La Déesse). Ils sont en panne de radio, leur vaisseau ne marche plus… Stel décide de les aider, dans l’idée de se rapprocher du nid de la “Paterne“, donc d’Atana. Bien lui en prend : piégé par la “Paterne“, le héros sera, dans des conditions effrayantes, envoyé vers une destination inconnue. Comment retrouver Atana ? Où est-elle ? Personne ne peut rien dire à Stel, égaré dans sa course éperdue et solitaire à la recherche de celle qu’il aime. Son seul guide est le message de l’Edelfe, “Ochandaï Swanii Atana“: La Déesse Atana va mourir si personne ne fait rien. 

Quatrième tome de la saga du Monde d’Edena, l’histoire de Stel est terrible et oppressante. Serait-ce, cette fois-ci, une volonté de l’auteur de disserter sur la soif de pouvoir et les folies qu’elle engendre ? Dans un univers truffé de surprises, comme toujours chez Moebius, une description sans merci du machiavélisme et de la manipulation.

[Texte du site de l’éditeur]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Avec ce quatrième volume, l’attention du récit revient sur Stel qui est toujours à la recherche d’Atana. Burg lui apparait à nouveau pour l’avertir d’une part que Atana, après avoir remis de l’ordre dans la cité-Nid, s’est perdu dans des dédales oniriques et que, d’autre part, la Paterne en a certes été délogé mais qu’il en subsiste des traces résiduelles qui continuent de hanter Édéna. Ces émanations de la Paterne demeurent un danger car elles peuvent prendre une forme dense — comme un dinosaure à tête de perroquet! Il lui confie avoir créé cette planète spécialement pour lui et Atana… (tout comme Gruber avait créé Flore, l’astéroïde à trois niveaux!)

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Page 7

Stel tombe sur une patrouille de la Cité-Nid dont le flybus est en panne. Il se propose de les aider mais leur chef, tombé sous le contrôle de la Paterne, le fait prisonnier et l’amène à un nouveau Nid, d’où il espère mener une guerre sainte contre les usurpateurs et reconquérir la cité-nid originelle. Là, Stel retrouve son ami Trollopen (voir le premier volume) qui lui raconte ce qu’il s’est passé depuis qu’ils ont embarqué sur la pyramide: survie difficile sur la planète, découverte du nid, les deux seuls survivants de l’équipage originel — Trollopen et Oran Silverberg — crées des clones, Oran rendu fou par les cauchemars de Burg a écrit le Livre de la Pyramide et fuit le nid, pour échapper à l’influence de Burg Trollopen se fait mettre dans une stase onirique d’où il peut continuer à controller le nid. Trollopen EST la Paterne! Il a créé un capteur subonirique qui plonge son antenne dans les entrailles bouillonnantes d’Édéna afin de piéger Burg mais maintenant il veut plutôt se servir de Stel comme appât pour capturer Atana. Tout ça pour ultimement vaincre Burg, “notre geôlier… Le seul obstacle à notre retour au monde réel” ! 

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Page 31

Stel nous offre un autre récit d’action passionnant et plein de révélations — un récit qui nous rappel beaucoup Le Garage Hermétique (une planète créé par Gruber/Burg avec plusieurs niveaux de réalités, dont le habitants se rebellent contre leur créateur)… Et c’est tout aussi superbement dessiné par Moebius que le volume précédent (et même plus). Un crescendo de convergence thématique et stylistique dans l’oeuvre du maître! Une très bonne bande-dessinée à lire absolument!

 

Le Monde d’Edena 4. Stel, par Moebius. [Tournai] : Casterman, avril 1994. 78 pages (74 planches), 22 x 29 cm, ISBN 2-203-34504-7. Pour lectorat jeune adulte (16+). Voir la couverture arrière. stars-3-5

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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© Casterman 1994

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents: Sur l’ÉtoileLes jardins d’Édena et La Déesse.

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Le Monde d’Edena 3: La déesse

Edena-03-LaDeesse-covAtan est devenu Atana : son séjour prolongé sur Edena, sans hormonode, lui a rendu un corps de femme. Elle erre, traversant une forêt infinie. Elle cherche sans savoir exactement ce qu’elle cherche. Mais elle pressent un danger. Soudain elle est cernée par une bande d’êtres étranges, tous affublés d’horribles masques aux longs nez, qui la capturent. Atana est emmenée dans leur monde, un monde souterrain, sinistre, hyper régulé, gouverné par une entité invisible nommée “La Paterne”. C’est dans cet univers effrayant et grâce aux dons médiumniques d’un enfant aveugle, qu’Atana pourra commencer à découvrir sa véritable identité. Que lui veut “La Paterne“ ? Pourquoi l’enfant aveugle l’emmène-t-il dans ses rêves ? Peut-être parce que, comme beaucoup d’autres, il attend d’être délivré des prisons de l’ignorance…  [ texte du site de l’éditeur ] 

— Vous êtes un cas embarrassant, Monsieur. Aucune marque d’identification, aucun tatouage matricule. Aucune trace de vous dans les archives. Alors qui êtes-vous, d’où venez-vous?
— Mon nom est Atana ! Atana Merigold, je suis née en 27 sur Lazlan dans l’ère de gaïne. Mais je suis membre de la guilde spatiale. Je proteste contre mon arrestation arbitraire, ma détention injustifiée. Et je demande qu’on me délivre im-mé-dia-te-ment de cet horrible masque affublé de ce nez grotesque !” [Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Page 6

Ce troisième tome du Monde d’Edena est beaucoup plus volumineux que les précédents (quatre-vingt planches!). Ce récit est consacré à Atan, devenue maintenant Atana — une superbe guerrière avec une longue chevelure blonde, qui parcours seule l’interminable forêt édénique. En songe, elle rencontre l’ombre du rêve. Elle aperçoit une explosion à l’horizon et prends cette direction pour investiguer. Elle n’y trouve qu’un trou et une tête sur un pieu. Elle est capturée par des soldats habillés d’un long manteau et d’une sorte de masque à gaz avec un long nez ridicule (qui leur donne un air de soldat de la première guerre mondiale). Elle a la vision éveillé de  l’ombre du rêve qui la saisie et l’écrase, puis elle perds connaissance.

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Page 7

Elle se réveille dans le Nid, une cité moderne et sousterraine habitée de clones, où tout le monde s’appelle poliment l’un l’autre “Monsieur” et porte un masque au long nez pour se protéger des germes. C’est une société aseptisée, asexuée, autocratique, dirigée par la “Paterne”. Comme Atana constitue une menace pour l’ordre, elle est exécutée. Elle est toutefois ressuscitée par un groupe de rebels qui suivent la prophétie du Livre de la Pyramide, prédisant que la déesse Atana viendrait les sauver des prisons mortelles de l’ignorance. Ils fuient dans les fins fonds du Nid, là où se terrent les cafardos, des clones défectueux. C’est là qu’elle rencontre l’enfant aveugle qui ressemble à un moine bouddhiste. Il amène Atana dans son rêve et lui explique que les habitants du Nid sont les “descendants” (clonés à partir d’une source unique, la Paterne) des passagers de la Pyramide (voir le tome 1) arrivés sur Edena il y a mille ans! Atana et Stell auraient donc été en animation suspendue durant tout ce temps… Atana part dans son propre rêve et l’enfant est attaqué par l’Ombre. La révolte atteint le siège de la Paterne, qui est le corps momifié d’un des passagers original de la Pyramide et nul autre que l’Ombre du rêve! Dans le combat, la Paterne est tuée. Les habitants du nid sont donc libres et jettent leurs masques.

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Page 29

Comme nous le font remarquer Jean-Marc & Randy Lofficier dans la préface de l’édition anglaise (voir plus bas), le premier tome nous offrait la recherche de la promesse de l’utopie, le second était un manifeste sur la voie spirituelle pour réconcilier l’Homme et l’utopie au travers d’une transformation alimentaire, et ce tome-ci nous fait découvrir que la révolution est peut-être la seule route de l’utopie. Écrit et dessiné à Paris et Los Angeles entre l’automne 1988 et le printemps 1989 (mais publié seulement en septembre 1990 après la sérialisation dans À Suivre), La Déesse serait possiblement une allusion allégorique à tous ces opprimés de l’époque (en Roumanie, en Europe de l’Est, en Chine, etc.) qui tentaient de secouer le joug de la dictature. Les habitants du Nid porte leur “visage” pour se protéger des germes extérieurs (le libéralisme bourgeois?) alors que le mal qui les atteint est en fait causé par la décadence même de leur institutions (la dégradation du clonage)!

La Déesse nous offre un intéressant récit d’aventure, plein d’action et de rêves, et qui est exceptionnellement linéaire et cohérent. L’attrait principal demeure toujours le superbe dessin de Moebius, où les plats de couleurs vives sont de plus en plus brouillés par les détails de l’encrage. Je trouve fascinant l’inconfort généré par le fait que presque tout les personnages portent un masque similaire et doivent donc être distingués par la couleur ou les détails de leur costume. Une très bonne BD à lire absolument.

Le Monde d’Edena 3. La Déesse, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 88 pages (80 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-34522-5. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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TheGoddess-covL’édition anglaise, The Goddess, est assez fidèle à l’original (quoique la qualité de l’impression laisse un peu à désirer). Faute de place, l’édition française ne contenait aucun dossier explicatif, ce qui fait que la préface de Jean-Marc & Randy Lofficier ainsi que la postface de Moebius nous offrent d’autant plus d’éclairage sur le récit. Ainsi, Moebius nous explique qu’il avait d’abord eut l’intention de terminer le troisième tome sur la disparition d’Atana mais que, sur le conseil de son entourage, il ajouta une vingtaine de pages pour expliquer l’identité de la Paterne. Il ajoute que le masque des personnages et les formes de politesse utilisées symbolisent qu’ils sont coupés de leur environnement non seulement physiquement mais aussi spirituellement. Finalement, il nous apprend que le moindre détail (le changement d’une plume, le fait que la couleur a été appliqué non sur des lignes bleues mais sur l’encrage) peut affecter la qualité du dessin.

Ce volume 7 des Collected Fantasies of Jean Giraud, ne comporte qu’une seule histoire courte additionnelle: “Black Thursday” (2 pages). Le messager Jerman Closer est dégoûté par les jeux des dieux et jure de tout faire pour y mettre fin mais, bien sûr, sans le moindre effet! C’est une de ses histoires de SF absurde du début de Métal Hurlant (1977). Moebius cite l’influence de ses auteurs favoris (Zelazny, Dick) mais il est difficile de donner un sens à une histoire aussi courte.

Comme pour l’édition française, The Goddess est une très bonne BD à lire absolument.

Cette édition n’est plus disponible mais The World of Edena a été réédité en anglais par Dark Horse en 2016 (dans sa série Moebius Library) sous la forme d’un intégral deluxe cartonné qui rassemble les principaux récits du cycle (360 pages, $49.99). [WorldCat]

Moebius 7, The Collected Fantasies of Jean Giraud: The Goddess, by Moebius. New York: Epic/Marvel, October 1990. 88 p., 8.5 x 11 in., $US 12.95 / $C 15.95. ISBN 0-87135-714-3. Pour lectorat jeune adulte (16+). (Voir la couverture arrière) stars-3-5

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© Starwatcher Graphics

Voir mes commentaires sur le tome 1: Sur l’Étoile, et sur le tome 2: Les jardins d’Édena.

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En la demeure d’Hadès

Où sont ces matins de printemps rieurs
Et ces après-midi calmes d’été
Où nous avions encore le temps de cueillir les fleurs
Et d’aller aux champs pour nous y amuser

Je ne vois plus que des carcasses d’arbres
Qui tendent leurs branches nues au fouet du vent
L’univers s’est figé dans la froideur du marbre
Et un désert blanc s’est substitué aux champs

C’est l’hiver éternel qui envahit mon esprit
C’est une prison de métal qui enferme mon coeur
Dans ma nuit, je rêve et je prie
Mon passé est mort et je le pleure

Mon sommeil est troublé par le poids de mes chaînes
Et mes chairs sont meurtries par une folle cadence
Je m’enveloppe d’un manteau de haine
Pour attendre que vienne ma renaissance

Isléaval
1983/12/03

InscriptionsPublié originalement (page 39) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente • La sentence du sonnet

Voir aussi mes haïku

Note: Baudelaire chérissait beaucoup la forme comportant quatre quatrains en alexandrins. Je m’en suis beaucoup inspiré, quoique je les ai presque toujours présenté de façon hétérométrique. En effet, la seule constance ici est la rime (ABAB, quoique généralement pauvre) alors que la métrique (10/10/14/11, 10/12/12/12, 13/14/8/9 et 12/13/10/11) et le genre des rimes (M/M/M/M, F/M/F/M, M/M/F/F et F/F/F/F) varient constamment ! J’ai toujours considéré qu’en poésie les règles étaient faites pour être brisées !

Note extra (2019/12/09): En me relisant, je viens de réaliser que ce poème fait allusion à la fin de l’innocence de l’enfance (le “printemps rieur”) et à la douloureuse oppression créée par le deuil (“une prison de métal”) — ma soeur ainée étant décédée (“Mon passé est mort et je le pleure”) dans un accident quelques mois plus tôt (en août).

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Image du chat-medi [02.019.299]

Caramel à la fenêtre

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[ iPhone 11 Pro, 2019/10/26 ]

IMG_0293L’observateur étant observé, voici donc le point de vue de Caramel qui appréciait lui aussi la chaleur de cet après-midi d’automne…

The observer being observed, here is the point of view of Caramel who was also appreciating the warmth of this autumn afternoon …

Image du mer-fleuri [02.019.296]

Physostégie de VirginieVirginia false dragonhead

LamiaceaePhysostegia Physostegia virginiana : “Rosea”

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[ Nikon D3300 + Tamron Tele-Macro 70.0-300.0 mm f/4.0-5.6, Jardin botanique, 2019/08/20 ]

DSC_1853Note: Pour me rappeler le nom des plantes photographiées je prends toujours un cliché de la fiche signalétique du jardin botanique. Toutefois, c’est plus compliqué d’identifier une fleur saisie en pleine nature…

Note: To remember the name of the photographed plants I always take a snapshot of the botanical garden’s data sheet. However, it’s more complicated to identify a flower seized in nature …

Le Monde d’Edena 2: Les jardins d’Edena

Jardin-d-Edena-covStell et Atan sont à bord de “la Pyramide“, un étrange vaisseau spatial qui les dépose sur la planète Edena. Les deux héros commencent à explorer ce monde nouveau. Ils ne peuvent qu’avancer, sans savoir où leur marche les mènera. Petit à petit, ils s’adaptent à leur nouvel environnement, découvrant le goût des pommes, la chaleur du soleil. La nuit leurs rêves se peuplent de fées et de créatures fantastiques. Leurs corps physiques, privés de leur dose quotidienne d’hormonode, se transforment. Une dispute éclate, Atan assomme Stell et disparaît. Commence alors pour l’un et l’autre, une longue quête, quelque part entre l’envers et l’endroit du réel… Quelles sont les intentions de “La Pyramide“? Pourquoi a-t-elle laissé Stell et Atan débarquer dans ce monde étrange, qui leur évoque l’ancienne “Terra“ ? Comment feront-ils pour survivre, s’alimenter ? Jusqu’où devront-ils marcher ? Les réponses se trouvent peut-être dans la vraie vision, loin de l’ombre du rêve… 

Avec la série du Monde d’Edena, Moebius a créé une œuvre presque philosophique. Dans Les Jardins, il pose, entre autres, la question du conditionnement de l’être humain en matière d’alimentation. L’auteur lui-même raconte comment sa rencontre avec l’instinctothérapie lui a inspiré une bonne partie du récit. Un monde inquiétant et onirique, magnifiquement illustré.

[ texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière ]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Page 5

Atan et Stell se réveille à bord de la pyramide mais il n’y a aucune trace des autres passagers rencontrés dans le tome précédent. En touchant des contrôles, ils révèlent deux sièges qui les téléportent sur une planète qui semble vierge, voir paradisiaque. Mais comment pourront-ils y survivre sans équipements, sans armes, ni synthétiseur d’aliments, bio-implants ou transplantation d’organes par les rob-médics (à trente-deux ans Stell a déjà reçu plus de soixante transplants dont dix-huit cardiaques !). Toutefois ils trouvent un cours d’eau et se souviennent qu’il y a quatre-mille ans leurs ancêtres terriens se nourrissaient de fruits poussant biologiquement, alors ils s’essaient à manger des pommes… Cela leur donne mal au ventre mais calme la faim. Ils font des rêves bizarres…

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Page 22

Avec le temps, Atan et Stell s’adaptent à leur environnement. Et avec une nouvelle alimentation et l’épuisement de leurs bio-implants, leurs corps changent: les poils repoussent et des caractéristiques sexuelles (jusqu’alors supprimées par les hormonodes) font leur apparition, révélant que Atan est une femelle et Stell un mâle! Ce dernier d’ailleurs réalise soudain qu’il est irrésistiblement attiré par sa compagne mais celle-ci, dégoûtée, repousse ses avances, l’assomme avec une pierre et disparaît dans la nature… Stell la cherche pendant six jours, puis décide de suivre le fleuve jusqu’à la mer. En rêve, il rencontre le Maître Burg, qui le guide jusqu’à Atan/Atana mais celle-ci est enlevée par un monstre, l’ombre du rêve. Grâce à l’enseignement de Maître Burg, Stell s’éveille à l’intérieur du rêve et ouvre son coté lumière pour vaincre le monstre…

Avec ce deuxième volume du cycle d’Edena, Moebius nous offre un récit similaire à l’Incal qui entame la convergence des différents éléments narratifs et thématiques de l’ensemble de son oeuvre. En effet, Maître Burg n’est nul autre que le [Major] Gruber à l’envers! La convergence est aussi stylistique puisque Moebius commence aussi ici a abandonner le style dépouillé et épuré de L’Incal et utilise de plus en plus de traits pour donner du détail comme il le fait avec Blueberry.

Après avoir vécu à Tahiti et travaillé à Los Angeles, Moebius se retrouve en 1984-85 à Tokyo pour travailler pour TMS sur le film Little Nemo. Ayant beaucoup de temps libre et réalisant que Sur l’étoile (qui venait d’être réédité chez Aedena) avait laissé beaucoup trop de questions en suspend, c’est là qu’il conçoit et dessine la première moitié des Jardins d’Edena. Il complète l’album après être rentré à Los Angeles et avoir dessiné le vingt-deuxième Blueberry, Le bout de la piste (1986). Le récit est sérialisé dans le périodique (À Suivre) avant de paraître en album chez Casterman en septembre 1988.

Mis à part une allusion à un thème biblique (sur Edena, Atan et Stell découvrent leur sexualité après avoir mangé des pommes!), la thématique dominante de cet album est nutritionnelle: le changement d’une alimentation artificielle à une alimentation naturelle transforme leurs corps! Ceci reflète simplement le fait que Moebius a changé de gourou et le récit exprime les idées de l’instinctothérapie (l’instinct alimentaire) développée par Guy-Claude Burger (Maître Burg?). Déjà végétarien depuis plusieurs années, Moebius pousse l’expérience encore plus loin avec une diète au confluent du régime paléo et du crudivorisme (alimentation vivante ou “rawism”). Il s’agit ici de suivre ses instincts préhistoriques (à l’odorat et au goût) et de ne consommer que des aliments naturels n’ayant subit aucunes transformation ou dénaturation mécanique (mélange, assaisonnement, superposition, broyage, mixage, etc), thermique (cuisson, congélation, surgélation, irradiation), bio-chimique (fermentation, engrais, pesticides, etc.) ou toutes autres modifications humaines (sélection d’espèces, OGM, techniques de culture et d’élevage, etc). Cela exclut aussi les produits laitiers et certaines céréales, qui sont considérés comme des développement “trop récents” !

Les jardins d’Edena est un excellent album, sans doute le meilleurs de la série. J’adore cet aspect du récit où les personnages se découvrent eux-même, entrent en conflits, et aussi l’aspect onirique (qui évoque les différents niveaux de réalités du Garage Hermétique). Et, bien sûr, il a le superbe style graphique de Moebius qui rend la lecture encore plus agréable… À lire absolument!

Le Monde d’Edena 2. Les jardins d’Edena, par Moebius. [Tournai] : Casterman, septembre 2001. 64 pages (52 planches), 24 x 32 cm, ISBN 2-203-34521-7. Pour lectorat jeune adulte (16+). Contient un cahier explicatif par Jean Annestay (“Les jardins : Pendant, Avant et Après”) agrémenté de six illustrations par Moebius. stars-4-0

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

[ AmazonBiblioGoodreadsGoogleWikipediaWorldCat ]

© Casterman 2012

GardensOfEadena-covÉtrangement, Les jardins d’Édena est paru en version anglaise chez Epic/Marvel avant même de paraître en français chez Casterman. L’édition anglaise comporte les habituelles (et fort utiles) préface et postface explicatives par le couple Lofficier (Jean-Marc & Randy) et Moebius. Elle inclus également deux courts récits additionnels: “Journey to the Center of an Unfaithful Body” (2 pages) et “Hit Man” (12 pages).

Dans “Unfaithful Body”, écrit en 1986, le Major (accompagné du Professeur et de son Second) explore (à la Fantastic Voyage) l’intérieur du corps de sa bien-aimée Malvina pour y découvrir… une lettre où elle le quitte, car l’ayant attendu trop longtemps elle est tombée amoureuse du lieutenant B (Blueberry?). On y retrouve des thèmes précurseurs au Cycle d’Edena, liés à la relation entre la maladie et le corps humain.

“Hit Man” est un récit déjanté (un humour absurde et un peu incohérent) qui rend un hommage stylistique à Tardi. Encore une fois, on y retrouve un thème précurseur à Edena: deux personnages prisonniers par le conditionnement de leur rôles (le voleur et le policier) finissent, au travers d’une expérience initiatique, par y échapper grâce à l’amour et à la liberté! J’avais déjà lu cette histoire en noir et blanc dans Les Vacances du Major

J’aime bien le format en couverture souple de cette édition, quoique bon, c’est la même histoire mais en anglais… Toujours aussi agréable à lire (ou relire).

Moebius 5, The Collected Fantasies of Jean Giraud: The Gardens of Aedena, by Moebius. New York: Epic/Marvel, January 1988. 66 p., 8.5 x 11 in., $US 9.95 / $C 13.95. ISBN 0-87135-282-6. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-4-0

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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© Starwatcher Graphics

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La sentence du sonnet

Dans la froide étincelle de septembre
La voix des irréelles Immortelles se fait entendre
Douce crécelle qui morcelle l’ennui de la noire prison
Où, dans un frisson, s’entend encore une oraison

“La perfidie de ces siècles de barbarie”, disent-elles
“A sonné le glas de leurs complices ici-bas
Que le moindre faux-pas condamnera au trépas
Ne survivront à l’utopie que les infidèles”

Par une étrange alchimie mes exhalaisons se parsèment
Dans le cimetière, irradiant une froide lumière
Au travers des cyprès où le vent chante un requiem

Et les voix des Immortelles me tirent de ma tourbière
L’incroyant s’éveille car les anges ont crevé l’abcès
Et les mortels blèmes paient enfin leurs excès

Isléaval
1982/09/23

InscriptionsPublié originalement (page 35) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente 

Voir aussi mes haïku

Note: le sonnet est une forme poétique composée de quatorze vers divisés en deux quatrains et deux tercets qui doivent rimer selon une forme stricte (qui comporte cependant plusieurs variantes). De plus, la longueur du vers (la métrique syllabique) n’est pas fixe (en français) mais reste généralement isométrique. Comme à mon habitude, je m’inspire de la forme mais ne la respecte pas: ici mes vers n’ont aucune isométrie et suivent un schéma chaotique (AABB CDDC EFE FGG) et non une des variantes traditionnelles (sonnet pétrarquin: ABBA ABBA CDE CDE, marotique: ABBA ABBA CCD EED, Peletier: ABBA ABBA CCD EDE, ou élisabéthain: ABAB CDCD EFEF GG). Par contre la rime a souvent une résonance à l’intérieur même du vers allant parfois jusqu’à l’assonance ou l’allitération

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L’Attente

Je flotte dans ma nuit funèbre
La gorge serrée par mon propre deuil
Qui, à vingt ans, me condamna au cercueil
Plongeant mon esprit dans d’étranges ténèbres

J’attends depuis mille ans le céleste accueil
Dans mon attente j’ai froid, dans cet ossuaire
Où nous étions trop nombreux, même naguère
Quand viendra notre jour, à nous qui sommes sur le seuil ?

Isléaval
1982/09/23

InscriptionsPublié originalement (page 33) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel

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Damn you Apple !

Sad-Apple-Logo-FrownYou really don’t make things the way you used to.

I tried to install Catalina on my MacBook Pro but I got a message telling me there was not enough space and got stuck in a restart loop after that. I found some suggestions on how to resolve this on the web (apparently it is a common problem). I had to wipe my drive and re-install everything from the Time Machine backup. Then I erased some (backed-up) stuff and tried re-installing Catalina again. That took me an entire evening!

And that’s only the first computer… I also have an iMac to update.

Then I kept getting an alert message saying to “Update AppleID Settings” again and again despite me updating the said settings! I tried a few remedies found on the web (apparently I am not alone with that problem) but only turning iCloud off, restarting and resigning in, worked. (Same problem with the iMac!)

And that’s without saying that there’s now so much security and passwords that it’s hard to get anything done!

And with Catalina I am losing Microsoft Office (and a few other older utilities, mostly for video conversion) that were never updated to 64-bit. I will have to get used to LibreOffice

All in all, I wasted nearly two days with this installation… Very disappointed !

That’s all f***ing annoying !

At the same time I keep having wi-fi problems. Apparently I have too many devices using the wi-fi (about seventeen) and some of the Nest Cam don’t work most of the time. I also need to reset the Home Hub 3000 once in a while. I tried adding four of Bell wi-fi pods but it didn’t really improve anything… A tech at Bell suggested to also increase internet speed (strangely, at Bell, their solution is always to PAY MORE money). So I went from 300 to 500 Mbit/s but it didn’t change a thing. No improvement at all. Now I am considering going to 1 Gbit/s. We’ll see if it improves anything.

On the positive side, I am quite happy with my iPhone 11 Pro. I don’t use much the phone. For me it is mostly a universal internet device (like Star Trek’s tricorder) and an excellent camera. I am really satisfied with this new camera. If it wasn’t for the zoom I don’t think I would use my Nikon anymore… (yet again, the iPhone zoom pretty well but there is too much quality loss…)

Now that I made my civic duty and voted by anticipation in the Federal Elections, I can go back to solving computer problems (and hopefully, before the end of the day, be able to resume writing book comments — which is, after all, the main purpose of this blog !)…

[ Traduire ]

Le Monde d’Edena 1: Sur l’Étoile

Sur-l-etoile-covUn classique de la SF selon Moebius.

Mécanicien vagabonds de l’espace, Stel et Atan ne se contentent pas de réparer les machines : ils apprennent à renaître pour réenchanter le monde.

Conte écologique et fable spirituelle, Le Monde d’Edena est le récit le plus personnel et autobiographique de Mœbius. Chef-d’oeuvre de la SF mondiale, Le Monde d’Edena est un cristal étincelant dans la bibliographie du créateur de L’Incal et du Garage hermétique.

[ texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

Cet album nous offre deux récits. Dans “… Sur l’étoile… Une croisière Citroën” (37 planches) on découvre deux voyageurs (astronautes, forains de l’espace, amateurs de voitures et réparateurs) qui font escale sur une station spatiale à la recherche de carburant. Étrangement, celle-ci est complètement désertée. Alors qu’ils détectent un signal sur la planète géante autour de laquelle la station est en orbite, l’astéroïde qui abrite la station est mystérieusement attiré vers la surface. À l’aide de rétro-fusées, ils réussissent un écrasement controlé mais leur vaisseau, qui était dans le hangar de la station, est détruit. La nuit venue, ils aperçoivent une lumière très brillante à l’horizon, en direction du lieu où le signal avait été détecté. À l’aide d’un véhicule antique (un “engin de démonstration”) qu’ils transportaient dans leur vaisseau (une Citroën traction-avant modèle 15-six de 1938), ils décident d’aller y voir de plus près…

Sur-l-etoile-p017Tout au long du récit, nous découvrons peu à peu les deux personnages plutôt androgynes: Atan et Stel. Ce dernier est un pilote et mécanicien de génie. Au bout de leur périple, ils découvrent une pyramide bleue géantes, entourée de milliers de vaisseaux de tout genres et d’un campement où l’un retrouve un échantillonnage de toutes les races de la galaxie — certains étant là depuis des milliers d’années et n’ayant étrangement jamais vieilli — tous (incluant l’équipage disparue de la station) mystérieusement attiré par la pyramide. Mais personne n’a jamais réussi à pénétrer à l’intérieur, sauf Stel ! Le vaisseau-étoile attendait un pilote. Il peut maintenant embarquer tout le monde à destination d’Edena, la légendaire planète-paradis…

Sur-l-etoile-p007Le récit principal est précédée d’une histoire courte, “Réparations” (6 pl.), où Atan et Stel doivent réparer un “maître des voies” tombé en panne, son coeur étant au bord de la rupture faute d’entretien psychique. La clé du problème est une mémoire d’enfance du pilote… L’album est complété par un dossier explicatif (dans un style un peu confu) de quatre pages par Jean Annestay et cinq illustrations.

Chose surprenante, “Sur l’étoile” est une commande de Citroën qui désirait un portfolio à tirage limité (publié par Gentiane) “destiné à être offert aux concessionnaires comme cadeau de fin d’année.” Le directeur du Département Promotion de l’entreprise, Christian Baily, était de toute évidence un grand amateur de Moebius… Quelques mois plus tard, l’album a été republié aux Humanoïdes Associés (édition limitée, décembre 1983), puis chez Aedena en 1985 et finalement chez Casterman en 1990 et 2012. À noter que cette dernière édition omet le récit “La Planète Encore” (23 pl.) qui était présente dans la première édition. Aussi, ce premier tome de la série n’est plus en circulation mais peut quand même être lu dans l’édition intégrale publiée par Casterman en 2016.

L’histoire courte “Réparations” a été conçu à la demande de Jean Annestay (son partenaire chez l’éphémère Aedena) pour être incluse dans l’édition grand-publique de 1985. Cet épisode se déroule avant “Sur l’étoile” et en le relisant, Moebius se rend compte que la fin ouverte laisse beaucoup trop de questions en suspend… C’est en réfléchissant à cela qu’il a conçu toute la série du Monde d’Edena (qui sera publiée en feuilletons dans la magazine À Suivre entre 1988 et 1997), en se basant sur la remise en question personnelle (de son mode de vie, de sa spiritualité) qu’il éprouvait à cette époque. En effet, introduit à la métaphysique par Jodorowsky et ayant fait la rencontre du gourou nouvel-âge Jean-Paul Appel-Guery, il se met en quête d’un nouvel idéal de pureté. 

On retrouve dans cet album le style épuré du Moebius de l’Incal (qu’il venait à peine de commencer, en 1981, alors que Sur l’étoile a été publié en 1983). Il est caractérisé par un dessin simple — très propre, léché, avec juste ce qu’il faut de détails — et des couleurs vives, très planes (les dégradés sont assez subtils). Moebius explique dans la postface qu’il avait recherché “un style aussi dépouillé et pur que possible” afin d’éviter de se perdre dans la “luxuriance de détails” et de se forcer à donner à chaque trait toute son importance car dans “toute véritable représentation de l’anatomie, la matière et la forme ne peuvent s’exprimer qu’à travers des lignes simples.”

Comme toute les oeuvres de science-fiction de Moebius, ce premier tome de la série du Monde d’Edena nous offre un récit captivant, intriguant, empreint d’une touche d’onirisme et même mystique. C’est non seulement beau et agréable à lire, mais nous pose un certain questionnement philosophique… 

Le Monde d’Edena 1. Sur l’Étoile, par Moebius. [Tournai] : Casterman, Octobre 2012. 62 pages (43 pl.), 24 x 32 cm, ISBN 978-2-203-06317-4. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

[ AmazonBiblioGoodreadsGoogleWikipediaWorldCat ]

© Casterman 2012

Upon-A-Star-covL’édition anglaise de Sur L’étoile, publié chez Epic/Marvel, inclus (en plus du récit principal “Upon a star” et du prequel “The repairmen”) deux autres histoires courtes. “Aedena” (6 planches, scénarisé par le gourou Appel-Guery lui-même et Paula Salomon, réalisé pour le magazine économique français L’Expension) raconte l’histoire de six chefs d’états terriens kidnappés par des êtres supérieurs. Ils sont amenés sur la Cité de Cristal  de la planète Aedena, formé de trois cercles concentriques: sur le premier, dédié aux activités matériel et physique, ils sont régénérés et reçoivent un nouveau corps sain, beau et jeune (qui ne sont pas sans me faire penser à l’apparence qu’avait le Major Grubert et Jerry Cornelius étant plus jeune); sur le second, dédié aux activités artistique et psychique, ils reçoivent un cristal qui leur permet de revivre l’âme de l’enfant qu’ils étaient; sur le troisième, dédié à la vie spirituelle, Ils rencontrent l’un des douze sages d’Aedena. Ce dernier leur donne un longue explication sur l’évolution qu’ils ont subite, que la suite devra venir de leur propres efforts et il les renvoie sur Terre pour qu’ils servent de guides au reste de l’Humanité vers une paix intérieure et une véritable spiritualité… Une histoire somme toute assez similaire à “Sur l’étoile” et qui véhicule sans honte les préceptes de Appel-Guery.

 

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Celestial Venice, pl. 5

Dans “Celestial Venice“ (9 pl.), une esquif Palloséenne accoste sur une île. La vierge Mana amène à Tridion, le gardien de la Venise, l’Âme Cristal qui devra faire revivre l’Île Cité, tel que prédit par les philosophes. Le Cristal est amené au Palais de la Mère Cosmique et déposé sur un réceptacle, entre les mains de la déesse. Alors que Mana et son pilote (qui ressemble un peu à Arzach) quittent l’île, celle-ci s’envole dans le ciel…

Les récits sont accompagnés de préfaces et postfaces (par Moebius et Jean-Marc & Randy L’Officier) qui sont beaucoup plus claires et explicatives que celle de Jean Annestay (quoi que certains paragraphes semblent être simplement la traduction de passages de l’album original). 

Upon a star est une très bonne lecture car cet album offre des récits captivants, superbement dessinés, qui sont un régal tant pour les yeux que pour l’esprit. 

Cette édition n’est plus disponible mais The World of Edena a été réédité en anglais par Dark Horse en 2016 (dans sa série Moebius Library) sous la forme d’un intégral deluxe cartonné qui rassemble les principaux récits du cycle (360 pages, $49.99). [WorldCat]

Moebius 1, The Collected Fantasies of Jean Giraud: Upon a star, by Moebius. New York: Epic/Marvel, September 1987. 72 p., 8.5 x 11 in.,  $US 9.95 / $C 13.95. ISBN 0-87135-278-8. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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Vision morbide en rondel

Hier, j’ai pleuré ma propre mort
Étendu sur ta tombe, j’ai répandu ma vie
Car mon navire s’appelait Utopie
Et le naufrage le prit au sortir du port

On descend ce cercueil où je dors
Ils sont tous là, interdits
Hier, j’ai pleuré ma propre mort
Étendu sur ta tombe, j’ai répendu ma vie

Ainsi tel est mon sort
Tout n’est qu’une funeste tragédie
Que je joue, muet, mal-mort

Hier, j’ai rêvé ma propre mort.

Isléaval
1982/09/22-23

Publié originalement (page 31) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat

Voir aussi mes haïku

Note: le rondel est un forme poétique — qui n’est pas respecté ici mais qui a servi d’inspiration. J’ai toujours résisté à l’envie d’y faire un petit ajout pour le conformer à la forme…

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Arzak: L’arpenteur

Arzak-cov“L’histoire s’ouvre sur deux actions apparemment sans aucun lien entre elles. La première nous emmène dans l’espace profond où un vaisseau de la confédération Dessmez est attaqué par Kimorg Barbax, le redoutable pirate. La deuxième se déroule sur Tassili, la planète d’origine des Wergs. L’ancienne race dominante a été vaincue par l’avancée irrésistible de la confédération Dessmez dans sa conquête humaine de la galaxie. Tassili, ruinée, désertique et abandonnée de tous, peuplée d’une maigre colonie humaine, se meurt doucement. La mission d’Arzak consiste à arpenter sans fin ce territoire chaotique pour y traquer l’anomalie et assurer l’ordre humain. C’est dans l’accomplissement de cette mission qu’il découvre un odieux trafic perpétré à l’encontre des survivants Wergs. Arzak entame son enquête ; il traversera épreuves et dangers, découvrira les secrets de Tassili et plongera dans les abîmes des passions de l’âme humaine…”

[Texte sur Amazon; voir aussi la couverture arrière]

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Page 3

Le personnage d’Arzach a d’abord été créé par Moebius dans une série d’histoires courtes sans dialogues publiées dans Métal Hurlant dans les années 1975-76 avant d’être compilées en album en 1976 chez Les Humanoïdes Associés. C’est un album fascinant qui aura une grande influence et sera maintes fois réédité (dont dans le volume 2 de ses Oeuvres Complètes et en version anglaise). C’est un héros énigmatique, avec son chapeau haut et sa monture ptéroïde, qui parcours un univers désertique, peuplé d’étranges créatures et de vestiges de civilisations disparues.

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Le mystère qu’était Arzach demandait à ’être développé, étoffé. En 2002, à la demande des Japonais, il ravive donc le personnage pour une série de dessin animé en quatorze courtes capsules: Arzach Rhapsody. Malgré un récit très décevant, il a finalement donné la parole à Arzach et le génie ne peut plus retourner dans la bouteille… Il fait donc une nouvelle apparition dans Inside Moebius (publié en français chez Stardom de 2004 à 2010 et en anglais chez Dark Horse en 2018) où Moebius se dessine lui-même rencontrant ses personnages préférés (Blueberry, Arzach, le major Grubert, etc.) afin de discuter de son processus artistique ainsi que des diverses problématiques qui le préoccupent.

En 2009, à l’occasion d’une d’exposition d’illustrations (aquarelles, peintures et fusains) intitulée “Arzach au Belvédère”, Moebius publie enfin une histoire qui reprend le personnage d’Arzach. Destination Tassili est un album grand format de 124 pages sans dialogues mais avec un texte en opposition. Sous le titre Arzak: L’Arpenteur l’album est aussi publié en collaboration avec Glénat, cette fois en couleurs et avec les textes intégrés dans des bulles. Arzach avait enfin une suite! Le récit devait comporter trois albums, mais malheureusement une seul fut publié avant le décès de l’auteur…

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Arzak nous offre une excellente histoire. Un récit captivant, intriguant qui nous fait découvrir enfin l’univers dans lequel le héros évolue. Le voile est aussi partiellement levé sur le mystère du personnage. On découvre son histoire, son rôle, mais pas trop. Avec Moebius on a toujours l’impression qu’il reste quelque chose d’inconnu derrière le décor, quelque chose de mystérieux, de mystique même, et, avec la construction d’un univers solide, c’est ce qui rend ses récits toujours aussi délicieux à lire.

Arzak-p013Toutefois, le plus extraordinaire de cet album c’est le trait précis, les dessins détaillés et les couleurs vives qui sont les caractéristiques du style de Moebius. Ici on le découvre au sommet de son art — qui reste encore parfois inégal mais néanmoins superbe — et le grand format des planches (24 x 35 cm) nous permet de l’apprécier encore plus. Étrangement le style de Moebius a changé au cours des ans et ici on ne retrouve ni les couleurs vives et uniformes du Moebius de l’Incal et ni les dessins détaillés avec beaucoup de textures du Blueberry de Giraud mais un style  qui fait la synthèse des deux. Arzak se termine sur quinze pages de bonus décrivant la génèse de l’album et reproduisant certains des dessins de l’exposition “Arzak au Belvédère”.

Arzak est donc un très bel album qu’il faut absolument lire mais malheureusement il se termine sur un suspense, un “À suivre” qui n’aura jamais de dénouement…

Arzak: L’Arpenteur, par Moebius. Paris: Moebius Production / Glénat, Septembre 2010. 80 p., 25 x 35.5 cm, 18.00€, ISBN 978-2-7234-6505-2 / 978-2-908766-58-5. Pour un lectorat adolescent (14+). stars-3-5

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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© Moebius.

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Capsules

Gunnm, t.6

Gunnm-t6-covLe sixième et dernier volume de l’édition deluxe (qui recouvre les chapitres quarante-six à cinquante, donc cela inclus la seconde moitié du tome huit [de la p. 117] et la première moitié du tome neuf [à la p. 155] de l’édition originale — éliminant du récit les cent dernières pages!) débute avec l’attaque infructueuse du Barjack et de Den contre Zalem — qui détruit le train cannon géant sans difficulté avec une arme électromagnétique scalaire. Le clone de Gally tue Mr. Buick, journaliste et ami de Koyomi, ainsi que Fury, le cyber-chien de celle-ci. Gally parvient finalement au repère de Nova, mais celui-ci réussit à infiltrer son esprit. Le secret de Zalem est révélé, ce qui rend fou le contrôleur Bigott. Mais Gally s’en sort avec l’aide de Kaos et finalement vainc Nova. Kaos se libère de l’emprise de Den et Gally prends la route pour rejoindre Fogia… mais elle tombe dans un guet-apens et un cyborg piégé la réduit en pièces! La suite dans Gunnm: Last Order !

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À part avoir fait sauter la page titre du dernier chapitre et l’élimination des dernières cent pages, je n’ai vu aucunes différences dans les dessins ou le texte. Bien sûr, l’édition originale a des bordure de pages alors que le dessin du grand format déborde de la page ce qui lui donne une allure plus dynamique. Ce format est d’ailleurs à peu près le même que celui de la publication originale en feuilletons qui rends vraiment justice au style riche et détaillé de Kishiro. C’est un volume bien balancé, plein d’action et de révélations qui finit en suspend au lieu de la fin rose-bonbon originale. Une bonne lecture pour les fans de Gunnm et de manga cyberpunk.

Gunnm, t. 6 par Yukito KISHIRO (Traduction par Yvan Jacquet). Paris: Glénat, mars 2002. 272 pages, N&B, 18 x 25.5 cm, ISBN 2-7234-3615-2. Sens de lecture occidental. Pour un lectorat adolescent (16+). stars-3-0

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© 1991, Yukito KISHIRO. © 2002, Éditions Glénat pour la traduction française.

Voir aussi mes commentaires des premier, second  et troisième volumes deluxe, ainsi que les cinquième, sixième, septième, huitième et neuvième volumes de l’édition originale (et, tant qu’à y être, pourquoi ne pas lire aussi mon commentaire de l’anime et du film live-action)…

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Capsules

Aménagement au parc

À la mi-août la ville annonçait, par communiqué et par Facebook, “l’octroi d’un contrat d’aménagement de 8,5 M$ pour les secteurs Iberville Nord et de la Plaine Est du parc Frédéric-Back.” Le travaux visent à “bonifier le réseau de sentiers” et à améliorer l’aménagement “avec l’ajout de mobilier urbain et d’éclairage.” Le conseiller de ville du district François-Perrault et vice-président du comité exécutif, Sylvain Ouellet, précise que “les espaces verts seront aménagés avec des chaises longues, des ombrelles et des tables [à] pique-nique, et (…) près de 550 arbres et plus de 17 000 arbustes seront plantés.” Valérie Plante complète en affirmant que cette nouvelle phase ajoutera “18 hectares au parc, consolidant son rôle en tant que véritable poumon pour le quartier de Saint-Michel et pour la métropole.” Les travaux incluront également de la réhabilitation des sols, l’installation de sphères sur les capteurs de biogaz et le mobilier urbain installé sera construit à partir de frênes recyclés.

Ces deux nouvelles sections du parc devraient ouvrir pour le printemps 2021.

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Il y a quelques semaines, j’ai reçu dans ma boite à malle un avis de la ville qui donnait un peu plus de précision pour les citoyens du quartier possiblement affecté par les travaux. Débutant à partir du 23 septembre, une première phase de travaux se fera sur la voie polyvalente, entre les entrées Louvain (Parc Champdoré) et Émile-Journault, pour y installer “notamment des lampadaires, des éléments de signalisation, des murets de soutènement en grosse pierre, du mobilier et [effectuer] d’importants travaux de verdissement et de plantation.” Comme la voie polyvalente sera fermée dans ce secteur, une voie de contournement a été aménagé pour les usagers du parc durant les travaux.

Des travaux seront aussi entrepris à partir de mai 2020 dans le secteur de la Plaine Est (vers le centre du parc) afin de créer de nouveaux “sentiers pour la marche, le vélo, le jogging, en toute saison, ainsi que pour le ski de fond.” Aucune mention n’est faite des travaux actuellement en cours dans le secteur Boisé-Sud…

Je suis fort heureux de cette annonce mais je demeure toute de même un peu déçu puisque ces échéanciers sont deux ans plus tard que ceux initialement annoncés à l’ouverture du parc… Mais, bon, ce ne serait pas la ville de Montréal si les travaux ne s’étiraient pas…

Nous sommes au début octobre et les travaux comme tels ne semblent pas avoir commencé — mise à part que le secteur affecté à été clôturé et les herbes coupées, comme vous pouvez le constater sur ces quelques photos:

[ iPhone 11 Pro, Parc Frédéric-Back, 2019/09/27 ]

[ iPhone 11 Pro, Parc Frédéric-Back, Update: 2019/10/04 ]

(Autres sources: MtlUrb, EstMediaMontreal, Newswire)

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