Isabella Bird #10

IsabellaBird-10-covLe Japon du XIXe siècle hors des sentiers battus ! Après un trajet mouvementé durant lequel ils ont dû faire face à de nombreux imprévus, Isabella et Ito ont finalement réussi à rallier l’île d’Ezo et la ville de Hakodate. Accueillie par le Dr Hepburn et le consul britannique, l’exploratrice s’apprête à embarquer pour la dernière étape de son voyage, qui devrait la mener au hameau aïnou de Biratori.

C’est malheureusement sans compter la présence sur place de Charles Maries, le précédent employeur d’Ito. Le chasseur de plantes semble prêt à tout pour reprendre le jeune homme à son service… que l’intéressé le veuille ou non ! Le temps des adieux est-il venu pour Isabella et son guide-interprète ?

Lancez-vous à la découverte d’un Japon traditionnel désormais disparu à travers les yeux de l’intrépide Isabella Bird ! Basé sur les écrits réels de l’aventurière, Isabella Bird, femme exploratrice est un récit passionnant sur la rencontre de deux mondes, dessiné avec un rare souci du détail par Taiga Sassa, nouveau talent prometteur !”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Isabella Bird, femme exploratrice (ふしぎの国のバード / Fushigi no Kuni no bādo [Bird] / littéralement: “Bird au pays des merveilles”) nous offre le récit de voyage de la célèbre exploratrice britannique au Japon du début de l’ère Meiji en se basant sur sa correspondance avec sa soeur Henrietta qui fut publiée en 1880 sous le titre Unbeaten Tracks in Japan. Écrit et dessiné par Taiga Sassa, ce manga seinen historique a d’abord été publié en feuilletons dans le magazine Harta (Enterbrain), puis compilé en volumes chez Kadokawa. Le premier volume est paru en mai 2015 et le plus récent volume, le dixième, est paru au Japon en février 2023. J’ai commenté tous  les volumes précédents.

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vol. 10, pp. 38-39

 

Le récit de ce volume se divise en trois partie. D’abord, le Dr James Hepburn et Richard Eusden (consul Britannique en poste à Hakodate) tentent d’aider Isabella Bird à négocier une entente avec Charles Maries sur l’emploi du guide-interprète Itō Tsurukichi. Toutefois Maries est intraitable et refuse de laisser son employé servir de guide à Bird pour le reste de son expédition à Ezo (Hokkaidō). Plus tard Bird rends visite à Maries sur la ferme expérimentale de Nanae où il est consultant et lui fait une contre-proposition qu’il accepte finalement. Par la suite, alors qu’elle fait les préparatifs pour son expédition avec Ito, Isabella fait la rencontre de Henry Siebold (fils de Philipp Siebold) qui lui raconte les premiers contacts peu reluisant entre l’Occident et les Aïnous et qui s’apprête lui-même à se rendre à Biratori, la devançant de peu! Finalement, la troisième partie du récit nous raconte l’expédition de Charles Maries à Ezo l’année précédente, où il fait la découverte dans les monts Hakkoda du fameux sapin Morobi, plus touffu et plus résistant, qu’il nomme Abies Mariesi.

Ce manga nous fait le récit très romancé de l’expédition d’Isabella Bird à Hokkaidō, nous offrant une fenêtre intéressante sur le Japon de l’ère Meiji. Si le récit est un peu inégal, la qualité du dessin, précis et détaillé, est notable. L’ouvrage nous offre donc une lecture à la fois agréable, distrayante mais aussi très instructive. Un manga indispensable surtout pour les amateurs d’histoire et de culture Japonaise. 

Isabella Bird, femme exploratrice T.10 par Taiga SASSA. Paris: Ki-oon (Coll. Kizuna), août 2023. 224 pg, , 13 x 18 cm, 7,95 € / $14.95 Can., ISBN 979-10-327-1352-5. Pour lectorat adolescent (12+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© Taiga Sassa 2023.

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Eroica

Eroica-1-covRécemment mon épouse a fait l’acquisition de quatre volumes (#10-13) de Eroica dans un bazar du Centre Culturel Japonais. C’est un ouvrage que je désirais voir depuis longtemps. Ah ! Que je voudrais que ma compréhension du Japonais soit meilleure ! Je me lamente depuis des décennies qu’il y a tout un trésor de manga shōjo publiés dans les années ’70 et ’80 qui n’a jamais été traduit. Et Eroica en fait partie… Certains éditeurs, comme Akata avec sa collection Héritages, ont commencé à traduire quelques titres mais ils ne paraissent qu’au compte goûte…

Ce que je comprends mal c’est que Eroica, qui est considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre de Riyoko Ikeda et qui est également la suite directe de La Rose de Versailles — puisque certains de ses personnages s’y retrouvent (dont Rosalie ou Alain et même Oscar qui y fait quelques apparition dans des flash-back) — n’ait jamais été publié par Kana, l’éditeur de la version française de La Rose de Versailles. J’imagine que le fait qu’il s’agisse d’une saga de quatorze volumes et que l’ouvrage ne soit pas reconnu pour son exactitude historique, car la série romance fortement le règne de Napoléon, y soit pour quelques choses. Mais ce qui m’étonne encore plus c’est le fait qu’il n’y ait pas eut une seule traduction amateure sur l’internet (les fameuses scantrad,  ou “scanlation” en anglais, où le manga est numérisé et le texte japonais remplacé par une traduction amateure). Il y a bien eut une traduction italienne publiée chez Magic Press vers 2009-10 mais elle ne semble plus disponible… Il ne me reste plus qu’à implorer humblement Kana (ou tout autre éditeur français — où même anglais) de considérer entreprendre la traduction et la publication de ce chef-d’oeuvre au graphisme sublime.

Eroïca: La gloire de Napoléon (栄光のナポレオン – エロイカ / Eikou no Napoleon – Eroica) est un manga shōjo historique par Riyoko Ikeda qui a été publié en feuilletons dans le magazine féminin mensuel “Fujinkōron” avant d’être compilé en quatorze volumes chez Chūōkōron-shinsha entre 1986 et 1995. Cette série constitue en quelques sorte la suite de La Rose de Versailles (qui est l’un des deux seuls titres d’Ikeda, avec Très cher frère…, a avoir été traduit en français). Elle raconte l’histoire de l’empire Napoléonien à travers des événements comme la Convention Thermidorienne, les campagnes d’Italie, d’Égypte et de Russie ainsi que le Coup d’État du 18 Brumaire. Le titre de la série fait référence à la Symphonie no 3 en mi bémol majeur (Opus 55, dites “Eroica”) de Ludwig van Beethoven qui avait été originalement dédiée à Napoléon Bonaparte. Pour plus d’information vous pouvez consulter les sites suivants: ANNBaka-UpdatesGoodreadsGoogle • Wikipedia [EN / JP].

Pour bien vous démontrer tout l’intérêt et la beauté de ce titre, je vous en propose ici quelques extraits (volume 10, chapitre 7) dont j’ai moi-même (bien maladroitement) fait la scantrad-uction… (Remerciements à Google Translate, Apple Translate et à mon épouse Miyako pour leur précieuse aide).

© 1992 Riyoko Ikeda / Chūōkōron-shinsha.

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L’Iris Blanc (Astérix #40)

Asterix40-IrisBlanc-cov“« Pour éclairer la forêt, la floraison d’un seul iris suffit »

L’Iris blanc est le nom d’une nouvelle école de pensée positive, venue de Rome qui commence à se propager dans les grandes villes, de Rome à Lutèce. César décide que cette méthode peut avoir un effet bénéfique sur les camps qui se trouvent autour du célèbre village gaulois. Mais les préceptes de cette école exercent aussi une influence sur les villageois qui croisent son chemin…

Qu’est-il arrivé à notre chef Gaulois préféré et pourquoi cette mine renfrognée ?”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Vol. 40, page 5

Un gourou de la pensée positive propose à César de rendre ses légions, qui sont devenu démoralisées et démotivées, beaucoup plus combatives. César met donc Vicévertus au défi de se rendre à Babaorum pour y stimuler la garnison et soumettre le village gaulois. Toutefois il va jusqu’à professer sa méthode au village même, ce qui a l’effet contraire et réduit la combativité des gaulois. Il convainc même Bonemine de quitter le village pour aller à Lutèce, ce qui déprime le chef Abraracourcix. Toutefois, Astérix (toujours aussi sagace) perçoit le subterfuge de Vicévertus…

Suite au désastre du tome précédent, j’ai aborder la lecture de ce quarantième volume avec appréhension. Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir qu’il contient un bouquet d’assez bons calembours. Ce n’est certes pas comparable aux albums classiques mais il offre une lecture très agréable. J’ai pouffé de rire à de nombreuses reprises. Si le dessin est un peu différent des albums de Goscinny et Uderzo, il reste très fidèle aux maîtres. Toutefois, le récit est plutôt mince et la cadence des jeux de mots s’essouffle vers la fin. C’est malgré tout une très bonne bande dessinée qui, enfin, nous fait à nouveau rigoler.

L’Iris Blanc (Astérix #40), écrit par FabCaro et illustré par Didier Conrad. Vanves: Éditions Albert-René/Hachette, Octobre 2023, 48 pages, 22.8 x 29.4 cm.  € 10.50 / $14.95, ISBN 978-2-01400-133-4. Pour un lectorat jeune (7+). stars-3-5

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents.

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© 2023 Hachette Livre / Goscinny – Uderzo.

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Fleurs de pierre, vol. 2

FleursDePierre-2-cov“La paix n’est plus qu’un lointain souvenir. Tout comme l’enfance et l’innocence de Krilo, dont il a été dérobé. La réalité de la nature s’impose à lui, celle de la survie du plus fort. Ses actions de résistant vont le mettre à l’épreuve pendant que Fi semble perdre l’esprit devant les horreurs de la guerre. Quant à Ivan… sa mission se poursuit. Mais pour quel camp, exactement ?

Fidèles à leur politique de redécouverte d’œuvres majeures du patrimoine de la bande dessinée mondiale, les éditions Revival ont décidé de reprendre l’aventure éditoriale de Fleurs de pierre en publiant l’intégrale des aventures de Krilo en 5 volumes entre octobre 2022 et juin 2025.

Le 1er volume a été récompensé du prix du patrimoine lors de l’édition 2023 du festival international de la bande dessinée d’Angoulême”.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Fleurs de pierre (石の花 / Ishi no Hana) est un manga seinen par Hisashi Sakaguchi qui nous offre, chose rare, un drame historique prenant place en Yougoslavie durant la deuxième guerre mondiale. Il a été d’abord publié en feuilletons dans Comic Tom entre mars 1983 et août 1986 avant d’être compilé en six volumes chez Ushio Shuppansha (1984-1986). Une édition française complète, avec une nouvelle traduction par Ilan Nguyen et présentant des planches renumérisées, est publiée aux Éditions Revival depuis octobre 2022 dans un grand format qui offre le sens de lecture original. J’ai déjà commenté le premie volume.

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Vol. 2, p. 79

Krilo s’est joint à un groupe de résistants mais ils ont la vie dure et sont témoins des pires horreurs. Les actions d’un traitre coûtera très cher à son groupe. À bout de vivres et de munitions, ils décident de se joindre aux partisans du front de libération du peuple Yougoslave dirigé par Tito. Krilo s’inquiète pour son frère Ivan qu’il croit être un traître. Fi tente de s’échapper mais est frappé par une voiture et devient aveugle. Nous suivons aussi plusieurs autres personnages qui tentent de survivre aux terribles conditions que l’occupation nazi leur impose. En temps de guerre les circonstances ne s’avèrent jamais être tout à fait noir et blanc…

Ce manga nous offre un très beau récit sur les horreurs de la guerre ce qui en fait un ouvrage toujours d’actualité. Le style de Sakaguchi est certes très classique mais ses traits d’encrage plutôt simple mais réaliste expriment parfaitement l’action et les sentiments des personnages. Toutefois, le récit dans ce volume progresse plutôt lentement. C’est néanmoins un bonne lecture qui mérite notre attention.

Fleurs de pierre, vol. 2, par Hisashi Sakaguchi. Paris: Édition Revival, juin 2023. 280 pages, 21 x 28 cm, 29 € / $49.95 Can, ISBN 979-10-96119-69-1. Pour un lectorat jeune adulte (16+). stars-3-0

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© Hisashi Sakaguchi 2021. © Revival 2023 pour l’édition française.

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Indiana Jones and the Dial of Destiny

In 1969, an old Indiana Jones, broken by the death of his son in the war and separated from Marion, is finally retiring from his teaching job. He is visited by Helena, the daughter of his friend Basil Shaw, who seeks an artifact that Indy and Shaw took from some looting Nazis in 1944 and that Indy had promised her father that he would destroy: the Dial of Destiny (or half of it). However the artifact falls into the hands of an old Nazis (somehow helped by the CIA). Ensue a long chase through New York, Morocco and Greece to recover the artifact, finds clues to the location of its second half, recover it and prevent the ex-Nazis to change the course of history.

Meh. If the movie offers good action and is quite faithful to the character, it has nothing really new. My greater complain is that, of course, the Antikythera mechanism (the so-called dial of destiny) didn’t looked like that in reality when it was found, but it is nevertheless a very good plot device for the movie. There are also too many chase and fighting scenes to my taste. I would rather have had more scenes with Archimedes during the siege of Syracuse. The effects for the “de-aged” scenes (in the intro) are quite impressive — but no wonder that the advent of A.I. in movies are worrying the Actors’ Guild as they might not be needed anymore in a near future. Too bad it will also likely be the last Indiana Jones movie.

Over all, if it is not a very exciting movie (rated only 6.6 on IMDb or 69 % on RT), it is still quite enjoyable and entertaining. stars-3-0

DialOfDestinyIndiana Jones and the Dial of Destiny : USA, 2023, 154 min.; Dir.: James Mangold; Scr.: Jez Butterworth, John-Henry Butterworth, David Koepp and James Mangold (based on characters created by George Lucas and Philip Kaufman); Phot.: Phedon Papamichael; Ed.: Michael McCusker, Andrew Buckland and Dirk Westervelt; Prod.: ; Kathleen Kennedy (Lucasfilm), Frank Marshall and Simon Emanuel; Music: John Williams; Distr.: Walt Disney Studios; Cast: Harrison Ford (Dr. Henry “Indiana” Jones Jr.), Phoebe Waller-Bridge (Helena Shaw), Antonio Banderas (Renaldo), John Rhys-Davies (Sallah), Toby Jones (Basil Shaw), Boyd Holbrook (Klaber), Ethann Isidore (Teddy Kumar), Mads Mikkelsen (Dr. Schmidt / Jürgen Voller); Rated: PG. For more information you can visit: GoogleIMDbRotten TomatoesWikipediaYouTube.

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Les Saisons d’Ohgishima 2

SaisonsdOhgishima-2-cov“1867, Nagasaki, à la veille de la révolution de Meiji. Découvrez le récit de la jeunesse de Tamao, apprentie courtisane à Maruyama, le quartier des plaisirs, au rythme des saisons de la dernière année de l’époque Edo, ponctuée des signes avant-coureurs d’un changement inexorable…

Après Le Dernier Envol du papillon et La Lanterne de Nyx, découvrez la dernière partie de la “trilogie de Nagasaki”, par Kan Takahama — lauréate du 24e Grand Prix Osamu Tezuka en 2020.” 

[Texte du site de l’éditeur et du rabat intérieur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Les saisons d’Ohgishima (扇島歳時記 / Oogishima Saijiki / lit. “Registres saisonniers d’Ohgishima”) est un manga seinen par Kan Takahama qui a d’abord été prépublié dans les périodiques Torch et Comic Ran en 2019-2022 avant d’être compilé en volumes chez Leed Publishing (série complète de quatre tomes) en 2020-22. Il a été traduit en français chez Glénat en octobre 2022 (avec un deuxième tome paru en février 2023 et un troisième à paraître en octobre). Takahama est une mangaka au style particulier et qui est très populaire en France. Son sujet de prédilection est les relations amoureuses complexes et difficiles, mais elle s’est également intéressé au manga seinen historique, en particulier avec sa “Trilogie de Nagasaki” qui se déroule un peu avant et au tout début de l’ère Meiji (et dont j’ai déjà commenté les deux premières parties: Le Dernier envol du papillon et La lanterne de Nyx, ainsi que le premier volume des Saisons d’Ohgishima).

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T. 2, p. 32

Juillet 1867: Les troubles civils commencent à se faire plus important à Dejima. Certains radicaux s’attaquent aux étrangers et la révoltent gronde déjà contre le shogunat à Osaka et à Kyoto. Yasuke, un jeune Kirishitan avec qui Genji s’était lié d’amitié, est arrête dans une raffle contre les japonais chrétiens. Il ne peut pas trop l’aider sans s’exposer lui-même. La maison de Genji et Momotoshi brûle dans un incendie et le magistrat de la ville fuit. Monsieur Hartmans décide de renvoyer sa courtisane, Sakunosuke, pour sa sécurité (mais aussi parce qu’il a trouvé de l’opium dans sa tabatière). Tama a beaucoup grandit et a ses premières règles. Bientôt elle devra se prostituer elle aussi…

Les saisons d’Ohgishima est un très beau manga malgré le style un peu particulier de Kan Takahama. Les personnages sont attachants et il est captivant de suivre leurs activités quotidiennes. Il nous offre une agréable lecture qui est à la fois divertissante et instructive puisque ce manga nous fait découvrir une période mouvementé qui constitue sans doute l’époque la plus intéressante de toute l’histoire japonaise. Nous sommes maintenant au milieu du récit (il ne reste plus que deux volumes à paraître) et j’ai bien hâte de voir quel sort (probablement tragique) Takahama réserve à ses personnages…

Les saisons d’Ohgishima t.2,  par Kan Takahama (traduction par Yohan Leclerc). Grenoble: Éditions Glénat (Coll. Seinen, Roman Graphique), février 2023. 224 pages, 14.5 x 21.0 cm, 10.95 € / $18.95 Can, ISBN 978-2-344-05386-7. Pour un lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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© Kan Takahama. © 2023 Éditions Glénat pour la traduction française.

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Notable News [002.023.253]

Notable News (Spring 2020 – Summer 2023)

I used to regularly post those status reports where I was summarizing all the notable news that happened in my life and around the world during the last week, month, quarter or year in the form of a “scrap-book” of interesting links (scrap-linking?). With the pandemic I got too busy with my life and I neglected to do so. I recently tried to clean up my old emails and notes and I will now attempt to catch up on the last three years…

On the domestic front a lot has happened during those three years. My health has taken a down turn with frequent migraines and many small issues that make me feel much older. There are no day without pain, but life goes on. I have changed job: I used to work as a library assistant in a municipal library but I am now an office clerk in the technology resources department of a municipal law enforcement agency. My wife, who was a waitress and kitchen assistant in a Japanese restaurant, has stopped working with the pandemic and is now dedicating her life to gardening and painting. I am still reading and writing not as much as I should and probably watching too much television. I can’t wait for retirement (only 1350 days left!) so I could have more time to dedicate to my writing. I started biking to go to work in the summer. However, over all, life has been the same usual routine.

On the world stage nothing much has changed. 2020 was all about COVID-19, the global economic recession brought by the pandemic, and the U.S. presidential election which was won by Joe Biden. If 2020 was one of the worse years in recent memory, 2021 was not much better as the pandemic persevered with various variants and Trump, refusing to accept defeat, conspired to overthrow the U.S. government, this conspiracy culminating with his supporters attacking the Capitol in an attempt to prevent the election certification. The delayed 2020 Summer Olympics were finally held in Japan and science scored a few wins with the creation of COVID vaccines, the launch of the James Webb Space Telescope and the landing on Mars of the rover Perseverance, carrying the drone Ingenuity — which made the first powered flight of a man-made object on another planet! 

In 2022, the pandemic was easing enough to start removing most restrictions and mitigation measures. Unfortunately the year was marred by tragedy and disasters: the Atlantic hurricanes Fiona and Ian, the most powerful volcano eruption of the century in Tonga, the assassination of Shinzo Abe, the death of Queen Elizabeth II and, most notably, the Russian invasion of Ukraine. The FIFA World Cup (unfortunately held in Qatar) and the Winter Olympics (unfortunately held in Beijing, China) were not enough to cheer us up. 

So far 2023 has been marked by a difficult economy, the continuation of the Russian invasion of Ukraine (which highlights the European cowardice as well as the weakness and failure of both NATO and the United Nations) mitigated by the start of the Ukrainian counteroffensive, and a resurgence of the Trump craziness (this time generated by his legal troubles — if you are a crook, traitor, fraudster, racketeer and rapist the law tends to catch up to you eventually). However, the main lesson of this year should be that the increasing occurence and strength of the storms, forest fires, flooding, heat waves, droughts, etc., are a clear sign that the climate change is happening faster than expected and that humanity (now eight billion strong) must act NOW before it is too late to mitigate, slow and eventually reverse those drastic changes. Unfortunately, it is also clear that no governments is ready to implement measures that would go far enough to be even slightly effective. The measures must be not superficial (individual) but systemic (societal) in order to really reduce our greenhouse gases emissions by diminishing the number of cars, the use of fossil fuels and the environmental destruction mostly caused by agricultural and food industry. At the same time we must try to reverse the trend with the use of sustainable energy, agriculture and transport, environmental restauration and tree planting, carbon capture, etc. One countermeasure won’t be enough. We must try them all at the same time if humanity wants to have a chance to survive the next couple of centuries…

Through all this I tried to stay acquainted with the affairs of the world and gathered a few notable news & links — which I now share with you after the jump (in both french or english, slightly categorized, but in no particular order — note that, to save on coding time, the links will NOT open in a new window as usual). Many of those links and news will probably be obsolete…

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Les saisons d’Ohgishima 1

SaisonsdOhgishima-1-cov

Un récit qui déploie les souvenirs de Tamao, 14 ans, née dans le quartier des plaisirs, et conte, au fil des saisons, les jours aussi beaux que cruels d’une adolescente condamnée à mourir jeune.

1866, Nagasaki, à la veille de la révolution de Meiji. Dans cet estuaire où les influences étrangères se mêlent à la culture japonaise, Tamao, enfant du quartier des plaisirs, part travailler avec la courtisane dont elle est l’apprentie chez un commerçant hollandais de Dejima, le quartier occidental. Au fil des saisons et des rencontres avec une foule de personnages bigarrés, elle entrevoit le vaste monde au-delà de sa cage, mais la marche du temps la rappelle inexorablement au destin qui l’attend, tout comme la société qui l’entoure.

Après Le Dernier Envol du papillon et La Lanterne de Nyx, découvrez la dernière partie de la “trilogie de Nagasaki”, par Kan Takahama — lauréate du 24e Grand Prix Osamu Tezuka en 2020.”  [Texte du site de l’éditeur et du rabat intérieur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Les saisons d’Ohgishima (扇島歳時記 / Oogishima Saijiki / lit. “Registres saisonniers d’Ohgishima”) est un manga seinen par Kan Takahama qui a d’abord été prépublié dans les périodiques Torch et Comic Ran en 2019-2022 avant d’être compilé en volumes chez Leed Publishing (série complète de quatre tomes) en 2020-22. Il a été traduit en français chez Glénat en octobre 2022 (avec un deuxième tome paru en février 2023 et un troisième à paraître en octobre). Takahama est une mangaka au style particulier et qui est très populaire en France. Son sujet de prédilection est les relations amoureuses complexes et difficiles, mais elle s’est également intéressé au manga seinen historique, en particulier avec sa “Trilogie de Nagasaki” qui se déroule un peu avant et au tout début de l’ère Meiji. J’ai déjà amplement commenté plusieurs de ses ouvrages (Mariko Parade, L’eau amère, 2 Espressos, Tokyo, amour et libertés, Le goût d’Emma, L’Amant, et Invincibles: Au pays du Dalaï-Lama) notamment les deux premières parties de la “Trilogie de Nagasaki”: Le Dernier envol du papillon et La lanterne de Nyx.

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Le récit des Saisons d’Ohgishima débute en l’an 2 de l’ère Keio (1866) et s’insère donc au milieu des deux premières parties de la trilogie en offrant une sorte de transition. Le récit cette fois est centré sur la petite servante Tama. Kicho a quitté la maison Chikugo car elle a contracté la syphilis et elle est en convalescence. Tama est maintenant l’apprentie de Sakunosuke, qui vient d’être engagée comme courtisane chez Monsieur Hartmans, un commerçant hollandais de Dejima. Tama est contente car elle pourra ainsi revoir le Docteur Thorn. Au fil des mois, le récit nous révèle le quotidien de Tama alors qu’elle s’épanouie dans ce monde étranger et qu’elle se fait de nouveaux amis. On y découvre notamment comment Tama fait la connaissance Genji et Victor, alors qu’elle croise Momotoshi sans jamais le rencontrer.

Comme pour les volumes précédents de la série, ce manga nous fait découvrir au travers de son récit les particularités de cette intéressante époque de transition dans l’histoire du Japon, en s’attardant surtout sur l’univers des courtisanes et la relation que le Japon de l’époque entretenait avec les étrangers. Cet aspect didactique est accentué par des capsules informatives (cette fois appelées “Boîte à secrets de Dejima”) où l’auteur explique le contexte historique des lieux, des événements ou personnages rencontrés dans le récit. Au début je trouvais le style graphique de Takahama un peu brouillon et déplaisant mais on s’y habitue et elle s’est beaucoup améliorée avec le temps. Elle utilise beaucoup de trames et de ton de gris ce qui donne beaucoup de dimension et d’originalité à son dessin. Somme toute, ce manga nous offre un beau récit à la fois informatif et divertissant. C’est donc une très bonne et agréable lecture. J’ai bien hâte de lire la suite…

Les saisons d’Ohgishima t.1,  par Kan Takahama (traduction par Yohan Leclerc). Grenoble: Éditions Glénat (Coll. Seinen, Roman Graphique), octobre 2022. 224 pages, 14.5 x 21.0 cm, 10.95 € / $18.95 Can, ISBN 978-2-344-05384-3. Pour un lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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© Kan Takahama. © 2022 Éditions Glénat pour la traduction française.

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Homère: L’Iliade & L’Odyssée

Homere-liliadeEtLodysse-covL’adaptation en manga de l‘Iliade et l’Odyssée d’Homère, deux oeuvres basées sur la mythologie de la Grèce Antique et acclamées comme étant les plus grands poèmes épiques grecs.

Il s’agit du temps des légendes, quand les Hommes et les Dieux tissaient ensemble la trame de l’Histoire. Sous le regard de Zeus, le père des Dieux, omniscient et omnipotent, se déclenche la Guerre de Troie qui allait durer dix ans. Bientôt, cette guerre atteint son point culminant avec l’affrontement décisif opposant les héros Achille et Hector…”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

L’Iliade & L’Odyssée (ホメロス / イリアス・オデュッセイア) est l’adaptation en manga de deux poèmes épiques que l’aède grec Homère aurait composé au VIIIe siècle AEC. Il a été publié par l’éditeur japonais East Press en octobre 2011 au sein de la fameuse collection Manga de dokuha (まんがで読破 / lit. “lire à travers les mangas”) — le #94 sur 139. Celle-ci a été créé par le collectif “Variety Art Works” dans le but de rendre accessibles au grand public (sous forme d’adaptations en manga) des chefs-d’œuvres de la littérature qui sont rarement lus. Toutefois le groupe Team Banmikas, qui a succédé à Variety Art Works, a résilié le contrat de distribution avec l’éditeur East Press et la collection a cessé de paraître. Cependant certains titres demeurent disponible en format électronique. Les Éditions Soleil ont entrepris de traduire en français, dans leur collection “Classiques”, une vingtaine de ces adaptations comme La Divine comédie de Dante, Ulysse de James Joyce, À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche, Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau, Le prince de Machiavel, Le rouge et le noir de Stendhal et, le titre le plus récent paru en juin 2023, le Kamasutra de Vatsyayana. Malheureusement, si ces adaptations constituent une bonne introduction à ces oeuvres classiques, elles sont dessinées dans un style qui est généralement plutôt grossier. J’ai déjà parlé de cette collection et commenté plusieurs de ses titres (Les mots de Bouddha, L’interprétation des rêves, Guerre et Paix, Manifeste du parti communiste, Les misérables, Le Capital, Le rouge et le noir, À la recherche du temps perdu, et même La Bible: ancien et nouveau testament).

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Dans L’Iliade, Homère nous fait le récit de la guerre de Troie. L’adaptation s’attarde surtout sur la cause de la guerre (le jugement du mont Ida, l’enlèvement d’Hélène par Pâris), la querelle entre Agamemnon et Achille, le combat entre ce dernier et Hector mais consacre très peu de temps à la conclusion du conflit (avec le fameux stratagème du cheval de Troie). Dans L’Odyssée, il raconte le retour du sagace héros Ulysse qui, après la fin de la guerre, ayant offensé le dieu Poséidon, se perd en mer et met une vingtaine d’année à retrouver son île natale. L’adaptation traite surtout de l’épisode de Charybde, de la quête de Télémaque pour trouver son père, son séjour chez Calypso, le combat contre le cyclope Polyphème et son retour à Ithaque où il fait un sort aux prétendants de sa femme Pénélope qui le croyait mort — ce faisant on passe sous silence, entre autres, les épisodes des Lotophages, d’Éole, de Circé et des Cimmériens).

L’Iliade & L’Odyssée nous offre ce même style plutôt simpliste et grossier auxquels les adaptations de Variety Art Works nous ont habitué. Il nous fait le récit abrégé des principaux événements des épopées homériques ce qui donne une certaine idée des oeuvres mais n’a pas le même intérêt que le texte original intégral. Le manga nous laisse donc sur notre faim et présente une lecture certes amusante mais qui manque une occasion de nous faire vraiment découvrir toute la richesse des oeuvres originales. Cela aurait été beaucoup mieux si l’adaption avait traité les oeuvres séparément en leur consacrant chacune un volume. À lire par curiosité mais sans plus.

L’Iliade & L’Odyssée, par Variety Art Works (d’après les oeuvres d’Homère). Paris: Édition Soleil, décembre 2021. 192 pages, 13 x  18.4 cm, 7€99 / $13.95 Can, ISBN 9782302093331. Pour un lectorat adolescent (12+, violence). stars-2-5

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© Team Banmikas. All rights reserved. © 2021 Éditions Soleil pour la traduction française.

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Olympia Kyklos vol. 5

OlympiaKyklos-5-covAprès Thermae Romae, la nouvelle comédie sportive de Mari Yamazaki !

Après avoir découvert les frissons du catch dans le Japon d’aujourd’hui et avoir rapporté ce divertissement haut en couleurs dans la Grèce antique afin d’édifier les Athéniens, Démétrios doit quitter la cité en catastrophe : un message alarmant vient d’arriver de Tritonia, son village natal, qui semble en grand péril ! Le jeune peintre sur céramiques saisit ses pinceaux et ses vases et s’élance aussitôt au secours des siens, l’estomac noué par l’angoisse. Que va-t-il trouver à Tritonia ?”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

OlympiaKyklos-5-p002Olympia kyklos (オリンピア・キュクロス / lit. “Cercles Olympique”) est un manga seinen par Mari Yamazaki qui est sérialisé au Japon dans le magazine bimensuel Grand Jump depuis mars 2018 et a été jusqu’à maintenant compilé en sept volumes chez Shueisha. Il a été traduit en français chez Casterman (six volumes de disponibles). C’est une comédie du style de Thermae Romae (voir aussi mon commentaire sur cette série) mais qui se situe dans l’antiquité grecque cette fois et traite de sujets autour du thème des jeux olympiques. Le manga a sans aucun doute été créé en anticipation des jeux olympiques de Tokyo de 2020 (mais qui furent reportés à l’année suivante à cause de la pandémie de Covid-19). J’ai déjà commenté le trois premiers volumes ainsi que le quatrième.

Avec l’aide de Platon, Démétrios décide d’introduire les Athéniens au catch, qu’il présente comme un mélange de théâtre et de lutte. Il en profite pour vendre ses vases ornés de dessins illustrant les grands moments du spectacle tel que Tezuka lui a enseigné. Toutefois, une missive de Apollonia lui apprends que le patriarche a organiser des jeux au village de Tritonia mais il s’est endetté auprès du village voisin afin de construire un stade et un temple. Les jeux n’ayant pas eut le succès escompté les nouveaux bâtiments restent inachevés et les villageois doivent maintenant payer un tribu au village voisin pour rembourser la dette ! Alors qu’il cherche une façon d’aider son village natal, Zeus transporte Démétrios à nouveau au Japon moderne où il découvre… le kabuki ! 

 

Cette série de manga, avec le superbe style détaillé et précis de Mari Yamazaki, nous offre encore une fois une lecture agréable qui s’avère non seulement divertissante de par ses mises en situation humoristique mais nous fait également réfléchir sur la culture et différents aspects de la société moderne. Un très bon manga que je recommande fortement.

Olympia Kyklos, 5, par Mari Yamazaki. Bruxelles: Casterman (Coll. Sakka), octobre 2022. 200 pages (2 en couleurs), 13.3 x 18.1 cm, 8,45 € / $C 15.95, ISBN 978-2-203-23739-1. Pour lectorat adolescent (14+). stars-3-5

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© 2018 Mari Yamazaki. All Right Reserved.

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Fleurs de pierre, vol. 1

FleursDePierre-01-cov“Yougoslavie, 1941. Les jours coulent paisiblement, loin des tensions politiques de Belgrade, jusqu’à ce que les troupes nazies envahissent et pillent le pays. Le jeune Krilo voit son village brulé et ses habitants massacrés. Son amie, Fi, est déportée. Il fuit dans la montagne et retrouve d’autres rescapés, qui tentent d’organiser la résistance. À travers le destin de ces enfants, de leurs amis et de leurs ennemis, Sakaguchi raconte un pan de notre histoire où deux visions du monde s’opposent et broient les individus.

Fidèles à leur politique de redécouverte d’œuvres majeures du patrimoine de la bande dessinée mondiale, les éditions Revival ont décidé de reprendre l’aventure éditoriale de Fleurs de pierre en publiant l’intégrale des aventures de Krilo en 5 volumes entre octobre 2022 et juin 2025.”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

FleursDePierre-01-p024

Vol. 1, page 24

Fleurs de pierre (石の花 / Ishi no Hana) est un manga seinen par Hisashi Sakaguchi qui nous offre, chose rare, un drame historique prenant place en Yougoslavie durant la deuxième guerre mondiale. Il a été d’abord publié en feuilletons dans Comic Tom entre mars 1983 et août 1986 avant d’être compilé en six volumes chez Ushio Shuppansha (1984-1986). La série a été rééditée cinq fois au Japon (chez Shinchosha en 1988, Kodansha en 1996 et 2002, Kobunsha en 2008 et Kadokawa en 2022). La plus récente publication, en cinq volumes, comporte une renumérisation complète des planches en haute résolution. Trois volumes ont été traduit en français chez Vents d’Ouest en 1997 mais la publication de la série a été abandonné avant d’être complétée. Une nouvelle édition, cette fois complète, est publiée aux Éditions Revival depuis octobre 2022 avec une nouvelle traduction par Ilan Nguyen et présentant les planches renumérisées en grand format dans le sens de lecture original. En janvier 2023, la série a reçu le prix du patrimoine au 50e festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Hisashi Sakaguchi fait son apprentissage du manga par l’entremise de l’animation car il commence à travailler très jeune au Studio Mushi de Osamu Tezuka, contribuant à des séries comme Astro Boy, Le Roi Léo, Princesse Saphir ou des films comme Cleopatra. Disparu trop jeune, à l’âge de quarante-neuf ans, il a surtout publié des histoires courtes mais on lui connait trois séries: Fleurs de Pierre (1983), Version (1989) et Ikkyu (1993). C’est un auteur relativement peu connu mais qui a tout de même contribué au développement du manga pour adulte.

 

Fleurs de pierre nous offre un style très classique, voir vieillot, fait de traits d’encrage simples composant un dessin réaliste mais dépouillé qui ne plaira sans doute pas à tous mais qui est très efficace pour exprimer l’action et les sentiments des personnages. Ce manga nous fait le récit captivant d’un jeune garçon qui doit fuir son village et survivre au monde complexe d’un pays non seulement déchiré par les multiples cultures qui le composent mais également par la violence d’un envahisseur sans merci. C’est une oeuvre volumineuse (près de mille quatre cent pages!) et intrigante dont le sujet reste malheureusement d’actualité. C’est une lecture intéressante qui mérite qu’on lui porte un peu d’attention. Je suis bien curieux de lire la suite et de voir quelle direction prendra le récit. 

Fleurs de pierre, vol. 1, par Hisashi Sakaguchi. Paris: Édition Revival, octobre 2022. 304 pages, 21 x 28 cm, 29 € / $49.95 Can, ISBN 979-10-96-119-60-8. Pour un lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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© Hisashi Sakaguchi 2021. © Revival 2022 pour l’édition française.

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La Chronique de Nuremberg

Suite à ma récente visite au Salon du Livre Ancien de Westmount  je me retrouve donc maintenant le fier propriétaire d’une page d’incunable, c’est-à-dire un livre imprimé en Europe avant 1501, soit à l’aube de l’invention de l’imprimerie à caractère mobile (typographique par opposition à xylographique) par Gutenberg (vers 1450). Il s’agit d’une page tirée de La Chronique de Nuremberg.

Comme les tout premiers livres imprimés ne comportaient pas de page titre, le nom de “Chronique de Nuremberg” lui a été attribué ultérieurement par les spécialistes puisque c’est une “chronique” publiée à “Nuremberg”. Il s’agit d’une chronique universelle qui se veut raconter l’histoire du monde en se basant sur la Bible (et quelques autres sources anciennes et médiévales) et y ajoutant, de façon encyclopédique, des vignettes sur les villes et les personnages importants de l’époque traitée (rois, membres du clergé, penseurs et philosophes). L’ouvrage a connu deux éditions, toutes deux imprimées à Nuremberg par Anton Koberger en 1493. Il a d’abord été écrit en latin par Hartmann Schedel sur une commande des marchands Sebald Schreyer et Sebastian Kammermeister, puis il a ensuite été traduit en allemand par George Alt. L’édition latine, le Liber chronicarum, a été publié en juillet 1493 à environ 1500 exemplaires (dont il ne subsiste que quatre cent) et l’édition allemande, Das buch der Chroniken vnnd geschichten mit figuren vld pildnussen von Anbeginn der welt biss auff dise vnsere Zeyt [“Le livre des chroniques et histoires avec figures et illustrations depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours”] ou simplement Die Schedelsche Weltchronik [“Chronique universelle de Schedel”], a été publiée en décembre 1493 à environ mille exemplaires (dont il ne subsiste que trois cent). C’est l’incunable le mieux conservé et le plus étudié (le plus connu et le plus ancien étant La Bible de Gutenberg publiée en 1454).

L’ouvrage est divisé en dix sections: la page titre de l’index, l’index, une préface et sept sections consacrées aux différents âge du monde: de la Genèse au Déluge, jusqu’à la naissance d’Abraham, jusqu’au roi David, jusqu’à l’Exil à Babylone, jusqu’au Christ, jusqu’à l’époque de l’auteur, puis la Fin du Monde avec la venu de l’Antéchrist et finalement le Jugement Dernier. Il se termine sur des descriptions géographiques. L’ensemble est constitué de trois-cent-vingt-six feuillets imprimés pour l’édition latine et de deux-cent-quatre-vingt-dix-sept pour l’édition allemande (quoi que ces quantité peuvent varier d’une édition à l’autre). L’ouvrage est imprimé de préférence sur le format de papier “superregal” (485 X 660 mm) mais l’utilisation de plusieurs fournisseurs de papier et le fait que l’on rognait le papier pour refaire la reliure entraîne une grande variation dans le format du papier.

L’aspect le plus remarquable de cet ouvrage est le fait que c’est le premier livre imprimé (et sans doute le seul de son époque) à comporter un nombre aussi important d’illustrations. L’impression de ce livre a nécessité l’utilisation d’un double procédé: la presse typographique pour le texte et des panneaux de gravure sur bois pour les illustrations. Pour produire celles-ci, l’imprimeur a fait appel à l’atelier local de Michael Wolgemut et de Wilhelm Pleydenwurff (auquel a brièvement travaillé le jeune Albrecht Dürer). La plupart représentent des villes ou des personnages importants mais on retrouve également deux cartes géographiques (l’une représentant le monde selon la second projection de Ptolémée et l’autre l’Allemagne). L’ouvrage contient ainsi près de trois mille illustrations mais comme un millier d’entre elles sont des répétitions (la même image étant utilisée pour illustrer différentes villes ou personnages) il n’y a en fait que mille huit cent neuf illustrations uniques ayant nécessité la création de six cent quarante cinq gravures sur bois. Certains ouvrages contiennent des illustrations qui ont été par la suite rehaussée à la main de couleurs à l’aquarelle. 

La Chronique de Nuremberg peut facilement être consulté et étudié sur l’internet car on y retrouve des versions digitalisées (en jpg ou pdf) tant de la version latine que de la version allemande. Il existe même plusieurs reproductions de l’ouvrage qui peuvent être acquise sur Amazon. Finalement, on retrouve également plusieurs articles sur le sujet (par Adrian Wilson, Ronald Patkus, ou encore sur Wikipedia ou wiki Talk; pour plus de détails voir Google et WorldCat).

Disposition du feuillet CCXXIIII et le même feuillet (R/V) en version latine

Le feuillet que j’ai acquis appartient à l’édition allemande. Il est imprimé sur un papier de chiffon (principalement fait de chiffon de lin traité dans des moulins à papier) de format 315 x 460 mm avec une surface imprimée de 225 x 320 mm. Il n’y a aucune marque en filigrane de visible (pouvant identifier la provenance du papier). Il s’agit du feuillet (“Blat”) CCXXIIII [224] qui appartient à la section qui traite du “Sixième âge du monde” (“Das sechst alter (…) der werlt”) qui va du début de la chrétienté jusqu’à l’époque contemporaine de l’auteur (XVe siècle) et qui s’étend du recto du feuillet LXXXV [95] jusqu’au verso du feuillet CCLVIII [258]. La typographie du texte allemand est en gothique ce qui, en plus de l’utilisation d’abréviation parfois nébuleuse, en rends la lecture difficile. Heureusement, j’en ai trouvé une traduction anglaise.

Nuremberg Chronicle-SlatCCXXIIII

Feuillet CCXXIIII (R)

Le recto du feuillet CCXXIIII comporte un titre en entête (“Anfang der Carrarier herrschung” / “Origine du règne des seigneurs de Carrare”), cinq illustrations et six vignettes consacrées à Marsiglio (Marsilius) de Carrara (seigneur de Padoue), Arnaldus de Novavilla (Arnaud de Villeneuve, médecin et théologien valencien), Petrus Apponus (Pietro d’Abano, médecin et philosophe de Padoue), Dino Del Garbo (médecin florentin), Gentilis Fulginas (Gentile da Foligno, médecin et philosophe de la ville de Foligno) et Matheus Silvaticus (Matthieu Silvaticus, médecin et botaniste de Mantoue). Voir la traduction anglaise du recto.

Nuremberg Chronicle-SlatCCXXIIII-alter

Feuillet CCXXIIII (V)

Le verso du feuillet CCXXIIII comporte en entête une date (“Jar der werlt vi v i vi; Jar cristi i iii i vi” / “Année du monde 6516; An du Christ 1316”), deux illustrations et deux vignettes: l’une consacrées au pape Iohannes der xxii (Jean XXII) et l’autre, après une nouvelle date (“Jar der werlt vi v xxxiiii; Jar cristi i iii xxxv” / “Année du monde 6534; An du Christ 1335”), au pape Benedictus der xii (Benoît XII). Voir la traduction anglaise du verso.

 

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Verglas et incunable

IMG_3726Cette semaine la région de Montréal a subit une petite tempête de verglas (35 mm, ce qui est peu comparé au 125 mm reçu lors de la mythique crise du verglas de janvier 1998) qui a néanmoins causé une véritable hécatombe dans le parc arboricole de la ville ainsi que plusieurs pannes de courant qui ont déranger la routine de nombreux citoyens. Pour ma part, j’ai été chanceux car je n’ai pas été affecté par les pannes de courant. Toutefois, vendredi après-midi mon internet a subitement cessé de fonctionner. À 14h24 tout fonctionnait normalement, puis à 14h25 il n’y avait plus ni internet, ni caméra de sécurité, ni télévision ou même de téléphone. C’est incroyable la quantité de choses qui dépendent de l’internet dans une maison… 

J’ai passé un peu plus de trente minutes à “clavarder” avec un agent du service à la clientèle de Bell Internet Fibe et Télé pour obtenir un rendez-vous avec un technicien seulement dimanche après-midi… J’ai redémarré mon routeur et lancé l’outil de réparation virtuelle mais sans succès. Le modem me donne le message “Error 1202 – No HSI configured” et semble avoir perdu la communication avec le serveur de Bell. Je doute que le problème soit dans mon installation car rien n’a changé entre 14h24 et 14h25. Le problème se situe probablement dans un poteau de Bell, des cables optiques ayant probablement été endommagées, non pas par le verglas, mais plus par les vents forts qui soufflaient cet après-midi là. Étrangement le site de Bell n’indique qu’aucune panne n’a été signalé dans mon secteur et le service de Vidéotron (qui utilise pourtant les même poteaux) était, lui, toujours fonctionnel — heureusement car je peux utiliser le wi-fi de ma soeur qui est branchée sur Vidéotron. Un voisin m’a pourtant dit que plusieurs personnes du voisinage avaient des problèmes avec Bell en ce moment…

Mise à jour: Après la visite de DEUX équipes de techniciens de Bell et six heures d’investigation le problème n’a toujours pas été identifié… Le premier gars a refait tout le filage du poteau à la maison, juste au cas. La deuxième équipe a confirmé que tout semblait règlo entre le poteau et la maison. Le problème est définitivement en amont… Je trouve incroyable qu’un fournisseur de service comme Bell ne soit pas capable d’identifier où se trouve une panne dans son réseau! J’ai rappelé au service technique ET au service à la clientèle mais on ne me redonne un rendez-vous avec un autre technicien que pour jeudi !! À ce moment là cela va faire presqu’une semaine que je suis sans service! Je considère sérieusement changer de fournisseur pour Vidéotron (mais il y a plusieurs de mes postes de télé favoris qu’ils n’ont pas)… J’ai considéré prendre un autre service d’internet temporairement mais aucune compagnie ne peut faire d’installation rapidement… Arggh!

Faute d’internet je ne peux pas vraiment travailler sur l’ordi et faire des recherches alors les entrées de blogues de ce week-end seront retardées (ou reportées à la semaine prochaine)…

wabfnewsmPar contre, je suis allé faire un tour au Salon du Livre Ancien de Westmount qui se tenait samedi de 10h à 17h au Centre Communautaire Greene. Comme je ne veux pas trop dépenser cette année j’ai décidé de resserrer mes critères de sélection et de vraiment m’en tenir à des éditions du XVIIe siècle d’auteurs grecs ou latins en dessous de $300. Malheureusement je n’ai vu aucune éditions du XVIIe avec les reliures originales en vélin (vellum, généralement en peau de porc). Une libraire avait un ouvrage de Dion Cassius avec texte grec et traduction latine en regard mais c’était une édition du XVIIIe siècle. Elle avait également un ouvrage assez grand (sans doute un petit in-folio), hors sujet pour moi mais avec beaucoup de belles gravures. Il était en dehors de mon budget et la reliure avait été refaite en veau mais, comme il avait quelques trous de vers et plusieurs taches, elle m’a dit de lui faire une offre. Toutefois, entre temps, un autre acheteur s’en est emparé. 

IMG_3733Un vendeur que je connais bien avait une édition de 1683 du Rerum Romanorum de Florus  mais la reliure avait également été refaite en veau et il était en dehors de mon budget. Toutefois, ce même vendeur (Wilfrid M. de Freitas) avait encore une page (différente cette fois) tirée de La Chronique de Nuremberg (édition allemande in-folio de 1493, donc un incunable). Cette page avait attiré mon regard dans un salon précédent mais, si elle était au-dessus de mon budget, je m’étais quand même juré d’en faire l’acquisition la fois suivante si je pouvais obtenir un petit rabais du vendeur — ce qui fut le cas. Cette fois-ci, n’ayant pas pu me payer un livre ancien, je me suis contenté d’en acheter une seule page… Mais quelle page!  C’est ma plus ancienne acquisition, la seule du XVe siècle. Jusqu’à maintenant mes ouvrage les plus anciens étaient deux livres du XVIe siècle (un volume du Digeste de Justinien publié en 1581 et les Fables d’Ésope publié en 1594).

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L’Histoire de l’Empereur Akihito

Histoire deEmpereurAkihito-covNaïvement, on aurait tendance à envier celui qui est présenté comme empereur d’un pays comme le Japon. Statut et honneurs, fastes et richesses cachent en vérité une vie d’esclave au service d’une fonction ingrate et d’un peuple en crise permanente. Une vie de chef d’État sans mandat, sans arrêt, de l’enfance jusqu’à la tombe. Qu’est-ce qui poussa ainsi Akihito à devenir le premier empereur japonais à démissionner de sa fonction ? La difficulté de succéder à Hirohito, l’empereur qui a mené le pays à la guerre puis à la défaite, la haine d’une partie du peuple qui reniera le pouvoir du trône du chrysanthème, les concessions et humiliations pour desserrer le blocus des occidentaux et relever son pays, le poids des traditions et des protocoles. De l’abdication de son père à la catastrophe de Fukushima, voici le récit de la vie d’un empereur à qui l’on n’aura jamais accordé d’être un homme.

Évitant l’écueil de la partialité, le propos de Eifuku, factuel mais tourné vers la personne humaine, qui ne pouvait être porté que par un moine bouddhiste, est illustré avec sobriété et élégance par Furuya, artiste majeur au réalisme saisissant.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

L’histoire de l’empereur Akihito (明仁天皇物語 / Akihito ten’nō monogatari) est un manga seinen biographique écrit par Issei Eifuku (Le Samourai Bambou) et dessiné par Usamaru Furuya (Je ne suis pas un homme, Je rêve d’être tué par une lycéenne). Il a été prépubliée en 2019 dans le magazine Shuukan Post (週刊ポスト) avant d’être compilé en un volume chez Shôgakukan. Il a été traduit en français chez l’éditeur belge Véga / Dupuis.

Histoire deEmpereurAkihito-p159

P. 159

 

Issei Eifuku (moine bouddhiste et mangaka !) n’est pas étranger avec les biographies impériales puisqu’il a déjà co-écrit, avec Kazutoshi Handō, le manga Empereur du Japon (昭和天皇物語 / Shōwa Tennō Monogatari) qui présentait en douze volumes la vie et le règne de l’Empereur Hirohito, le père de Akihito, publié en français chez Delcourt/Tonkam et dont j’ai déjà commenté les deux premiers volumes. Ce volume en constitue une postface en quelque sorte. Il nous offre un survol plutôt rapide de la vie et du règne d’Akihito: son enfance durant la guerre, sa rencontre sur un court de tennis avec celle qui deviendra son épouse, ses efforts pour se rapprocher du peuple ainsi que son dévouement envers la constitution japonaise et au pacifisme, puis son abdication. Le résultat est un récit très anecdotique avec peu de dialogues, constitué plutôt des tranches de vie accompagnées d’une narration. Ainsi, pour éviter sans doute de trop romancer le récit, l’ouvrage est construit autour d’extraits de discours ou de correspondance. Toutefois, écrit sous la supervision du palais impérial, l’ouvrage tombe dans l’opposé du récit romancé et s’apparente plus à un exercice de propagande pour mousser l’image de l’Empereur tout en expliquant et justifiant son abdication…

C’est un manga plutôt bien dessiné mais l’aspect anecdotique et politique du récit le rend plus didactique que divertissant. Cela reste néanmoins une lecture intéressante mais surtout pour les amateurs d’histoire du Japon.

L’Histoire de l’Empereur Akihito, par Issei Eifuku (scénario), Usamaru Furuya (dessin) et Hidetaka Shiba (Supervision). Marcinelle: Vega / Dupuis (Coll. Seinen), Décembre 2021. 216 pages (8 en couleurs), 21.0 x 15.0 cm, 11.00 € / $19.95 Can, ISBN 9782379501531. Pour un lectorat jeune (7+). stars-3-0

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© 2019 Issei Eifuku, Usamaru Furuya. All Rights Reserved. © 2021 Éditions Dupuis pour l’édition française.

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Le clan des Otori: le Silence du rossignol t.3

LeClanDesOtori-3-covPassions, sacrifices, luttes à mort… Le final éclatant du Silence du rossignol, premier cycle du Clan des Otori.

Alors que Takeo s’apprêtait à tuer sire Iida, chef du clan Tohan, il est fait prisonnier par la Tribu. Son père adoptif, Sire Otori, est désormais condamné, seul aux mains d’ennemis trop puissants. Quant à Kaede, sentant la mort roder autour d’elle et de ceux qui lui sont proches, elle sombre peu à peu dans la mélancolie… Takeo devra-t-il renoncer à son nom? Les deux amoureux parviendront-ils à joindre leur destin par delà les coups du sort?”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Le Silence du rossignol est une bande dessinée qui adapte la série de romans de fantasy historique Tales of the Otori par Lian Hearn. J’ai déjà commenté le premier et le second tome, et ce troisème volet conclue le premier cycle du récit.

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T.3, p. 8

Avant même qu’il puisse accomplir sa mission d’assassiner le chef du Clan Tohan, Iida Sadamu, Takeo est enlevé par Kenji. La Tribu, cette caste ancienne qui possède des pouvoirs surnaturels à laquelle Takeo appartient, ne désire plus supporter les Otori et veut mettre Takeo en lieu sûr où il pourra achever sa formation de kikuta. Tout bascule alors que Dame Maruyama et Orori Shigeru trouvent la mort. Takeo n’a pas vraiment le choix: il met ses affaires en ordre et dit adieu à celle qui aime, Kaede, pour se plier à la volonté de la Tribu…

Le Silence du rossignol offre un très beau récit qui se lit bien malgré la complexité de ses intrigues. Il est intéressant de voir les parallèles entre cette fantasy et l’époque des seigneurs de la guerre (Sengoku-jidai) du Japon féodal d’où s’est inspiré l’auteur. L’adaptation en BD est une bonne façon de découvrir l’oeuvre de  Lian Hearn. Par contre, je n’aime guère le style brouillon et angulaire du dessin mais on s’y habitue vite et on finit par l’apprécier. C’est donc une bonne lecture qui plaira aux amateurs de culture Japonaise.

Le Clan des Otori : Le Silence du rossignol, t. 3, par Stéphane Melchior (texte, d’après l’oeuvre de Lian Hearn) et Benjamin Bachelier (dessin). Paris: Gallimard BD, octobre 2022. 96 pages, 23.7 x 31.7 cm, 17.80 € / $C 22.99, ISBN 978-2-07-512342-6. Pour lectorat adolescent (12+). Extraits disponibles stars-3-5

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© Liam Hearn, 2002. © Gallimard 2022 pour la présente édition.

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Isabella Bird #9

IsabellaBird-9-cov“Avant de quitter Akita, Isabella est approchée une dernière fois par le Dr Kobayashi : l’homme lui fournit des vivres et l’informe que le Dr Hepburn l’attendra à Hakodate dans sept jours pour lui administrer les soins nécessaires à sa santé fragile.

Malheureusement, les éléments ne permettent pas aux voyageurs de progresser aussi vite qu’escompté ! Après avoir affronté les flots déchaînés du fleuve Yoneshiro, l’aventurière et son guide doivent faire face à la colère de la montagne… Arriveront-ils à temps au point de rendez-vous ?

Lancez-vous à la découverte d’un Japon traditionnel désormais disparu à travers les yeux de l’intrépide Isabella Bird ! Basé sur les écrits réels de l’aventurière, Isabella Bird, femme exploratrice est un récit passionnant sur la rencontre de deux mondes, dessiné avec un rare souci du détail par Taiga Sassa, nouveau talent prometteur !”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Vol. 9, p. 36

Isabella Bird, femme exploratrice (ふしぎの国のバード / Fushigi no Kuni no bādo [Bird] / littéralement: “Bird au pays des merveilles”) nous offre le récit de voyage de la célèbre exploratrice britannique au Japon du début de l’ère Meiji en se basant sur sa correspondance avec sa soeur Henrietta qui fut publiée en 1880 sous le titre Unbeaten Tracks in Japan. Écrit et dessiné par Taiga Sassa, ce manga seinen historique a d’abord été publié en feuilletons dans le magazine Harta (Enterbrain), puis compilé en volumes chez Kadokawa. Le premier volume est paru en mai 2015 et le plus récent volume, le dixième, est paru au Japon en février 2023.

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Vol. 9, p. 169

Les éléments continuent de se déchaîner causant beaucoup de retard à l’expédition d’Isabella Bird: pluie abondante, rivières transformées en torrents, glissements de terrain, etc. Forcée de faire halte à Ikarigaseki car la route a été coupée, Isabella en profite pour soigner les blessées. Elle s’étonne toujours de l’acceptation et de la résilience des japonais face à l’adversité. L’épuisement de leur équipement et surtout des vivres poussent Isabella aux limites de ses capacités. Les villageois célèbrent le nouvel an d’avance afin de ramener la bonne fortune. Isabella rencontre un jeune Chrétien persécuté et survivant de la Guerre du Boshin qui lui amène un message du Dr. Hepburn ce qui lui remonte le morale et lui fournit l’occasion d’en apprendre encore plus sur la culture Japonaise à l’ère Meiji. La route étant réouverte ils peuvent finalement rejoindre Aomori et prendre un bateau pour Hakodate. Isabella en profite pour expliquer à son guide, Tsurukichi Ito, que son intérêt pour les Aïnous provient d’une rencontre avec Charles Darwin qui s’interrogeait sur leurs possibles origines caucasiennes. À Hakodate, le Dr Hepburn examine Isabella et la trouve en meilleur forme qu’il pensait mais hésite à lui permettre de poursuivre son expédition. Le consul  Britannique Richard Eusden a obtenu pour elle un laisser-passer qui lui donne tous droits et privilèges ce qui lui facilitera la tâche. Il lui explique également que son expédition est d’une grande importance pour l’état car une bonne connaissance du Japon, surtout de Hokkaido, donnera à l’Empire Britannique un avantage précieux dans la compétition géostratégique avec l’Empire Russe ! Toutefois, l’ancien employeur de Ito, Charles Maries, ne sera-t-il pas tenté de nuire à leur expédition ?

Taiga Sassa met en scène des personnages historiques réels (Isabella Bird elle-même, Tsurukichi Ito, le Dr James Hepburn, le consul général Harry Parkes, le botaniste Charles Maries, etc.) dont il romance un peu les accomplissements pour nous faire le récit fascinant de cette expédition et nous faire découvrir toutes la beauté et la complexité du Japon de l’ère Meiji. L’intérêt du récit est rehaussé par la grande qualité de son style graphique qui, quoi que inégal, offre un dessin précis et détaillé. Isabella Bird est donc un excellent manga qui nous offre une expérience de lecture à la fois agréable, distrayante et aussi très instructive. Je le recommande fortement, surtout pour les amateurs d’histoire et de culture Japonaise. Toutefois, il me semble que malgré toutes les tribulations qui ont précédé (et huit tomes!) l’expédition d’Isabella Bird ne fait maintenant que commencer! Vivement la suite!

Isabella Bird, femme exploratrice T.09 par Taiga SASSA. Paris: Ki-oon (Coll. Kizuna), août 2022. 208 pg, , 13 x 18 cm, 7,90 € / $14.95 Can., ISBN 979-10-327-1167-5. Pour lectorat adolescent (12+). stars-4-0

Lire aussi mes commentaires sur les volumes précédents.

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© Taiga Sassa 2022.

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Un cri dans le ciel bleu

UnCriDansLeCielBleu-cov“Basés sur des récits véridiques, Seiho Takizawa raconte l’histoire de l’aviation de guerre. Des essais de nouveaux modèles à des confrontations surprenantes entre survivants des combats, de Guadalcanal au porte avion Yorktown, l’auteur nous entraine sur le front pacifique avec une rigueur historique reconnue par tous les spécialistes.”

“Du front asiatique à la guerre du Pacifique, des côtes françaises aux rives du nord de l’Europe, Seiho Takizawa raconte le combat des aviateurs. Tirés de récits de guerre, ces histoires courtes plongent le lecteur dans le quotidien des pilotes.”

« Peu importe que l’issue d’une bataille aérienne soit toujours totalement arbitraire, j’étais sûr et certain que mon ennemi et moi y avions pris beaucoup de plaisir. » — Eino Ilmari Juutilainen, As de l’aviation de l’armée de l’air finlandaise.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Un cri dans le ciel bleu est un manga Seinen par Seiho Takizawa qui compile une sélection de récits tirés de deux anthologies d’histoires courtes: 蒼空の咆哮 (Sōkū no hōkō / lit. “Rugissement du ciel bleu”) publié chez Dai Nippon Kaga en 1996 et 神々の糧 (Kamigami no kate / lit. “Nourriture des dieux”) regroupant des histoires sérialisées dans les magazines Model Graphix (janvier 2002 à mars 2003), Scale Aviation et Armor Modeling avant d’être publiées en un volume chez Dai Nippon Kaga en 2011.  Il a été traduit en français en 2015 dans la collection “Cockpit” des Éditions Paquet. Il est a noter que la traduction de deux récits de la première anthologie (“Les aigles de mer” et “La bataille du 19 Août”) ont été publié plutôt dans L’As de l’aviation.  Seiho Takizawa a débuté comme illustrateur dans le magazine Model Graphix et se spécialise dans les récits aéronautiques qui se déroulent durant la Guerre du Pacifique. Une demi-douzaine de ses titres (sur la vingtaine de publiée au Japon) ont été traduit en français. J’ai déjà commenté Sous le ciel de Tokyo (volume un et volume deux) ainsi que L’As de l’aviation. Ce volume regroupe quatorze histoires courtes:

 

“Battle Illusion I: Cris de guerre” (「鬨声」 / Kachidoki-goe; 8 pages): un pilote imagine son duel aérien comme un combat de samuraï.

“Battle Illusion II: Offensive” (「迎撃」/ Geigeki / lit. “Interception”; 8 pages): un pilote américain affronte un ennemi surprenamment puissant: un Tachikawa Ki-74 de reconnaissance.

“Battle Illusion III: Duel” (「決闘」 / Kettō; 8 pages): Son bateau ayant coulé dans la mer de Sibuyan, un soldat japonais se retrouve isolé sur l’île de Luçon dans les Philippines. Il y rencontre un autre japonais qui veut le tuer pour le manger !

“Battle Illusion IV: Souvenirs” (「回想」 / Kaisō; 8 pages): Deux concepteurs d’avions allemands se retrouvent à Buenos Aires et se souviennent de leur travail sur le Fockewulf TA-152.

“Battle Illusion V: Jours de calme” (「静寂」 / Shijima / lit. “Silence”; 8 pages): Durant la guerre Russo-Finlandaise, un groupe de jeunes pilotes Finlandais voient la tranquillité de leur aérodrome d’Immola interrompue par une attaque russe…

“Battle Illusion VI: Torpille” (「雷撃」 / Raigeki / lit. “Coup de foudre” ou “attaque à la torpille”; 8 pages): En juin 1942 près de Midway, le porte-avion Yorktown se fait attaquer par des torpilleurs japonais…

“Battle Illusion VII: Glace et neige” (「氷雪」 / Hyōsetsu; 8 pages): En novembre 1943, les pilotes de KI-43 “Faucon Pèlerin” de la base de l’île Paramouchir, au nord de l’archipel de Chishima (Kouriles), donnent un bonne raclée aux bombardiers B-24 et B-25 américains…

“Battle Illusion VIII: Tonnerre” (「雷鳴」 / Raimei; 8 pages): Un salaryman âgé et désabusé revient de travailler tard le soir dans le métro et il y a la vision de son père à bord d’un Mitsubishi J2M “Raiden” témoin impuissant des B-29 qui larguent des bombes incendiaires sur Tokyo…

“In the Grinder: Dans la broyeuse” (36 pages): En septembre et octobre 1942, les pilotes de Zéro japonais donnent beaucoup de fil à retorde aux pilotes américains de F4F et de P-400 de la base d’Henderson, à Guadalcanal, causant beaucoup de perte en hommes et en matériel. Le vent tournera pour les américains avec la venue du P-38, plus performant.

“Le Caprice du chasseur” (「狩人の気まぐれ」/ Kariudo no kimagure; 6 pages): Un pilote de LA-5 balte affronte en duel aérien un BF109G finlandais. Un combat mémorable qui leur procure beaucoup de plaisir…

“Les Forces aériennes royales amateurs” (「王立素人軍隊」/ Ōritsu shirōto guntai / lit. “Armée royale amateur”; 6 pages): En mai 1943, la base Australienne de Darwin est victime d’une attaque surprise de Zéro alors que tout les pilotes vétérans sont en permission et que la base n’est gardé que par des pilotes novices…

“Channel Dash: Opération Ruée sur la Manche” (12 pages): En février 1942, la flotte allemande basée à Brest est rappelée vers l’Allemagne et réussi à se faufiler dans la Manche. Les Spitfire et les torpilleurs Swordfish ne réussissent pas à les arrêter… (Ce récit est dans le sens de lecture occidental)

“L’allée des bombardements: La lutte de la défense aérienne sur le territoire Allemand” (8 pages): Fin avril 1944, des chasseurs ME109G et FW190 attaquent un convoi de bombardiers américains escorté par des Thunderbolts. Après un duel aérien impressionnant, deux pilotes ennemis doivent s’éjecter. Ils se rencontrent au sol et pendant une demi-heure discutent amicalement du combat et de leur famille… (Ce récit est dans le sens de lecture occidental)

“La lutte des défenses aériennes d’Iwo Jima: La guerre du Pacifique” (8 pages): En juillet 1944, des pilotes de Zéro modèle 52 et 21 tentent de défendre l’île d’Iwo Jima contre les Grummans F6F américains… (Ce récit est dans le sens de lecture occidental)

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Ce volume nous offre des histoires très courtes (la plupart n’ont que huit pages) mais dont plusieurs sont très belles. C’est tout un exploit de réussir à faire un récit d’action cohérent en si peu de pages. Ce qui est intéressant ici c’est que l’auteur nous présente plusieurs histoires d’un point de vue autre que japonais. Toutefois, il n’identifie pas toujours les avions dessinés ce qui est un peu décevant. Le style graphique est assez beau car il est simple et précis, surtout pour les détails mécaniques, mais il est également un peu plus inégale que le volume précédent car ces récits ont originalement été publié à différentes périodes de sa carrière et qu’il se sert de ces histoires très courtes pour expérimenter avec la technique et la narration. Somme toute, c’est un bon manga qui offre une lecture agréable qui sera surtout apprécié des amateurs de mangas historiques, d’aviation et de la deuxième guerre mondiale.

Un cri dans le ciel bleu, par Seiho Takizawa. Veyrier (Suisse): Paquet Éditeur (Coll. Cockpit Manga), décembre 2015. 176 pages, 23 x 16 cm, CHF 13,00 / $16.95 Can, ISBN 978-2-88890-717-6. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-0

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© 1996 Seiho Takizawa et © 2011 Seiho Takizawa. All rights reserved. © Éditions Paquet 2015 pour l’édition française.

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L’As de l’aviation

AsDelAviation-cov“1944 et 1945. Fin de la seconde guerre mondiale sur le front pacifique. Le Japon résiste à l’armée américaine grâce à l’engagement jusqu’à la mort de ses pilotes. Par de courts récits forts et graphiquement irréprochables, Seiho Takizawa illustre le combat d’une armée en déroute.”

“8 histoires… 8 récits de pilotes, inspirés de missions réelles. La guerre du Pacifique, vue du Japon. Des forces inégales se combattent. La capitulation est proche, mais l’honneur commande de ne jamais renoncer. Des hommes se sacrifient, d’autres se découvrent des forces insoupçonnées. Certains feront trembler le ciel ou deviendront des As de l’aviation. Histoire complète.”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

L’As de l’aviation (撃墜王―太平洋航空決戦録 / Gekitsui-ō ― Taiheiyō kōkū kessen- / lit. “Roi de l’abattage – Record décisif de Pacific Air”) est un manga Seinen par Seiho Takizawa qui a été publié en deux volumes chez Nihon Shuppansha en 1995 puis en un volume chez Gakushuu Kenkyuusha (Gakken) en 2002 et Sekaibunkasha en 2007. Il a été traduit en français en 2015 dans la collection “Cockpit” des Éditions Paquet. Seiho Takizawa a débuté comme illustrateur dans le magazine Model Graphix et se spécialise dans les récits aéronautiques qui se déroulent durant la Guerre du Pacifique. Un seul de ses mangas a été traduit en anglais (Who Fighter with Heart of Darkness, une anthologie publié chez Dark Horse en 2006 qui comprend trois histoires courtes: “Who Fighters”, “Heart of Darkness” et “Tanks”) mais une demi-douzaine de ses titres (sur la vingtaine de publiée au Japon) ont été traduit en français. J’ai déjà commenté Sous le ciel de Tokyo volume un et volume deux. Contrairement à ce dernier, qui offre un long récit en deux volumes, L’As de l’aviation regroupe huit histoires courtes.

 

Dans “Ces hommes qui ont fait trembler le ciel” (『震天制空隊』/ Shinten Seikūtai / lit. “Corps de l’air séisme”; 24 pages) les pilotes japonais ont de la difficulté à abattre les bombardiers B-29 américains qui ont des capacités bien supérieures aux avions de combat de l’armée japonaise. L’utilisation de jeunes pilotes suicides dans des Kawasaki KI-45 “Tueur de dragon” n’est pas une solution viable…

Dans “Une précision démoniaque” (「急降下爆撃隊」/ Kyūkōkaba kugekitai / lit. “bombardier en piqué”; 24 pages) le pilote japonais d’un Yokosuka D4Y Suisei “Comète” doit prouver son courage en larguant son unique bombe sur le porte-avion américain “Princetown”…

Dans “En ordre de bataille” (「編隊空戦司令」/ Hentai kūsen shirei / lit. “Commandant de combat aérien de formation”; 24 pages) les pilotes japonais des Nakajima Ki-84 “Hayate“ doivent défendre les convois maritimes qui ramènent les précieuses ressources naturelles (dont l’essentiel pétrole de Bornéo) vers le Japon. Malheureusement, les Américains savent toujours trouver le point faible dans leur défense…

Dans “Le vol de l’hirondelle” (「飛燕」/ Hien / lit. “Hirondelle volante”; 24 pages) un pilote s’écrase sur une petite île de l’archipel Bismarck en Nouvelle-Guinée. Ne pouvant utiliser le Zéro A6M Modèle 22 monoplace posté sur l’île, il répare (grâce à un ingénieur de Kawasaki dépêché sur place) un vieux Kawasaki Ki-61 “Hirondelle” abandonné et peut finalement rejoindre Rabaul non sans avoir abattu le B-24 qui patrouillait la région…

Dans “Le soleil levant et les étoiles” (『旭と星』/ Asahi to hoshi / lit. “Soleil du matin et les étoiles”; 26 pages) un C-47 de transport s’écrase sur une petite île du pacifique et seul le pilote américain survit. La base japonaise n’a pas d’avion mais a besoin désespérément de matériel médical. Toutefois, en utilisant un des moteurs du C-47 pour réparer un Mitsubishi Ki-46 de reconnaissance abandonné sur l’île et les talents du pilote américain, ils tentent de rejoindre une base des Philippines. Mais comme celle-ci est sous attaque par un porte-avion américains, ils doivent faire demi-tour… Une histoire inspirée par le film The Flight of the Phoenix.

Dans “L’As de l’aviation” (『撃墜王』/ Gekitsui-ō / lit. “Shooting king”; 24 pages), Kudô et Sawaguchi rivalisaient constamment pour la position de lanceur de leur équipe de baseball universitaire, mais le premier était toujours l’As et le second en position de réserve. Leur rivalité se poursuit sur le champs de bataille pour piloter le Kawasaki Ki-61 “Hirondelle”, le seul assez puissant avec ses canons de 20 mm pour affronter les bombardiers lourds américains, mais cela s’avérera une cruelle leçon de survie…

Dans “Les aigles de mer” (「海の陸鷲」/ Umi no rikuwashi / lit. “Aigle de la mer”; 28 pages), malgré leurs rivalités, des pilotes de l’armée s’entraînent sur des Mitsubishi Ki-67 “Dragon Volant“ de la marine pour former une troupe d’attaque “Typhon” de bombardiers-torpilleurs. En octobre 1944, ils lancent un offensive généralisée à partir d’Okinawa pour tenter de contrer les forces américaines qui avances inexorablement depuis Taiwan et les îles du sud-ouest…

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Dans “La bataille du 19 Août” (「8月19日の戦争」/ 8 Tsuki 19-nichi no sensō / lit. “Guerre du 19 août”; 32 pages), le 15 août 1945 les soldats d’une base de Kyushu écoutent avec incrédulité le discours de l’Empereur qui accepte inconditionnellement le traité de Potsdam. Alors qu’ils se préparent au démantèlement de la base et au désarmement de leur appareils, certains d’entre eux complotent pour livrer la dernière bataille du Japon et abattre l’avion diplomatique qui amène les représentants américains à Okinawa pour la signature du traité de capitulation

Seiho Takizawa excelle dans les courts récits d’action. Son style de dessin, avec ses traits fins et précis, est beau et simple — il présente des arrière-plans peu détaillés sauf pour ce qui est des avions, qui sont toujours illustrés de façon minutieuse et précise. Son sujet est fort intéressant: des hommes qui font face à une guerre qu’ils se savent destiné à perdre. Toutefois, les véritables héros de ses histoires ne sont pas tant les pilotes que les avions eux-même. Il représente bien les scènes de combats, quoi que la fluidité de l’action est parfois déficiente ce qui rend difficile d’en suivre le déroulement. Somme toute, c’est un bon manga qui offre une lecture agréable qui sera surtout apprécié des amateurs de mangas historiques, d’aviation et de la deuxième guerre mondiale.

L’as de l’aviation, par Seiho Takizawa. Veyrier (Suisse): Paquet Éditeur (Coll. Cockpit Manga), novembre 2015. 224 pages, 23 x 16 cm, CHF 13,00 / $16.95 Can, ISBN 978-2-88890-716-9. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-0

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© 2004 Seiho Takizawa. All Rights Reserved. © Éditions Paquet 2015 pour l’édition française.

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Pilote Sacrifié, t.1

PiloteSacrifie-1-covDécouvrez l’histoire vraie de Sasaki Yuuji, un pilote kamikaze durant la Seconde Guerre Mondiale, qui a été envoyé sur neuf missions suicide dont il a réchappé vivant à chaque fois.

Sasaki Tomoji est aviateur à l’école des pilotes de l’armée de terre de Hokota. Ses capacités sont très vite remarquées et il devient pilote d’attaque spéciale dans 4e Corps aérien. La mission qu’il se voit confier consiste à se jeter avec son appareil sur l’ennemi. Il devient un Tokkôhei, plus connu en occident sous le nom de Kamikaze. Découvrez comment Tomoji a pu rentrer vivant à neuf reprises.”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Pilote Sacrifié (不死身の特攻兵 / Fujimi no Tokkô-hei / lit. “Immortel soldat d’attaque spéciale [kamikaze]”) est un manga seinen par Naoki Azuma (d’après une histoire de Shoji Kokami) qui raconte l’histoire véridique de Sasaki Tomoji qui devient pilote d’attaque spéciale dans le 4e Corps aérien de l’Armée de terre durant la Guerre du Pacifique et survit à neuf missions pour en faire plus tard le récit… Cette histoire a été d’abord publié sous forme d’essai par Shoji Kokami (不死身の特攻兵 生キトシ生ケル者タチヘ / Fujimi no tokkō-hei  Ikitoshi Ikeru Monotachi e / Lit. “Immortal Kamikaze Soldier — Pourquoi le dieu de la guerre s’est-il rebellé contre ses supérieurs?”) chez Kodansha Gendai Shinsho en 2017, puis adapté en manga par Naoki Azuma (sous le titre Fujimi no tokkō-hei-sei kitoshi nama Keru-sha tachihe / lit. “Immortal Special Attacker Raw Kitoshi Raw Keller Tachihe”) et publié en feuilletons dans l’hebdomadaire Young Magazine (#36/37 2018 – #25 2020) et dans le mensuel numérique Comic Days (juin à août 2020) avant d’être compilé en dix volumes chez Kôdansha. Le manga est publié en français chez Delcourt/Tonkam et quatre volumes sont disponibles jusqu’à maintenant (avec un cinquième à paraître en mai 2023).

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Vol. 1, p. 38

Toute son enfance, alors qu’il grandissait au sein d’une large famille sur une ferme de Hokkaido, Tomoji rêvait de devenir pilote d’avion. D’abord refusé par l’école aéronautique de l’armée de terre, il réussit à entrer à dix-sept ans dans un centre de formation privé de Sendai. Après un an d’entrainement, alors que débute la Guerre du Pacifique, il est muté au centre d’entrainement de l’armée de terre à Hokota. Naïvement, il est fier d’être assigné à un corps d’attaques spéciales, ne réalisant d’abord pas qu’il s’agit de mission suicides ! Malgré les ordres, il fera de son mieux pour accomplir les objectifs des missions tout en restant en vie… En 2015, hospitalisé à l’âge de quatre-vingt-douze ans, il raconte ses exploits à un mangaka…

Ce premier volume du manga ne fait qu’introduire la situation et les personnages. Le récit décrivant la vie d’un jeune pilote kamikaze et les inepties de l’armée Japonaise est intéressant mais la narration manque de fluidité et j’ai eu de la difficulté à suivre qui était qui et faisait quoi… De plus, même si le dessin est assez bien, je l’ai trouvé très inégale. Il faut dire que je ne suis pas un gros fan de manga d’action avec leurs lignes de vitesse et grosses gouttes de sueurs… Dans l’ensemble c’est un manga plutôt moyen qui mérite sans doute d’être lu si vous êtes curieux sur le sujet de la Guerre du Pacifique ou amateur de mangas de guerre.

Pilote Sacrifié: Chroniques d’un Kamikaze, t. 1, par Naoki Azuma (Scénario) et Shoji Kokami (Illustration). Paris: Delcourt/Tonkam (Coll. Seinen), Février 2022. 208 pages (198 planches), 13 x 18.3 cm, 7.99 € / $13.95 Can, ISBN 978-2-413-03828-3. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-2-5

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© 2018 Shoji Kokami, Naoki Azuma. All Rights Reserved. © 2022 Groupe Delcourt pour la présente édition.

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Sous le ciel de Tokyo… 2

SousLeCielDeTokyo-2-cov“La situation est grave.

Shirakawa, bien conscient de l’écart du potentiel militaire entre les deux camps, continue à protéger la Capitale depuis les airs. Puis, le 25 mai 1945, des milliers de bombes sont envoyées dans la région où se trouve sa femme Mariko, rentrée chez ses parents. Inquiet pour elle dans le cockpit, Shirakawa s’efforce de chasser les B-29.

Quel est le destin du couple séparé entre les airs et le sol ?”

[Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Sous le ciel de Tokyo (東京物語 / Tōkyō monogatari / litt. “Histoire de Tokyo”) est un manga seinen par Seiho Takizawa qui a d’abord été publié en feuilletons dans Comic Taiga en 2010 avant d’être compilé en deux volumes chez Dai Nihon Kaiga (juin 2012 et mars 2013). Il a ensuite été republié chez Futabasha en août 2015 (c’est cette édition qui a été traduite en français par Delcourt / Tonkam en 2017). Seiho Takizawa a débuté comme illustrateur dans le magazine Model Graphix et se spécialise dans les récits aéronautiques qui se déroulent durant la Guerre du Pacifique. Un seul de ses mangas a été traduit en anglais (Who Fighter with Heart of Darkness publié chez Dark Horse en 2006) mais une demi-douzaine de ses titres (sur la vingtaine de publiée au Japon) ont été traduit en français, principalement dans la collection “Cockpit” des Éditions Paquet (J’en commenterai plusieurs bientôt). J’ai déjà commenté le premier volume de ce manga.

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T.2, p. 27

Dans ce second volume, la fin de la guerre approche. L’aviation Japonaise teste de nouveau appareils et surtout des carburants alternatifs (à base de bois ou d’huile de pin) car le Japon s’est vu couper l’accès à ses réserves d’essence. Kayo, la jeune soeur de Mariko, se fiance avec Ishimoto un pilote de la marine. Avec la conquête d’Iwo Jima et de son aéroport, les attaques Américaines se font plus fréquentes les bombardiers sont maintenant protégé par des escadrons de chasseurs ce qui rends la taches des pilotes japonais plus difficile, voir impossible. Tokyo est attaqué avec des bombes incendiaires et Hiroshima est détruite par une seule bombe d’un nouveau genre. Dans un discours à la radio l’Empereur accepte les termes des alliés. 

Avec un dessin beau et simple, ce manga nous présente la vie quotidienne des Japonais durant la guerre vue à travers un officier de l’aviation de l’armée vivant avec son épouse à Tokyo. Il offre un point de vue différent et plutôt intéressant (voir même instructif) sur la Guerre du Pacifique qui n’est évidemment pas dépourvu de tragédie. C’est une bonne lecture, agréable, qui sera surtout apprécié des amateurs de mangas historiques, d’aviation et de la deuxième guerre mondiale.

Sous le ciel de Tokyo…, t.2, par Seiho Takizawa. Paris: Delcourt / Tonkam (Coll. Seinen), janvier 2018. 208 pages, 12.8 x 18.2 cm, 7.99 € / $13.95 Can, ISBN 978-2-413-00086-0. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-0

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© Seiho Takizawa 2015. Édition française © 2018 Éditions Delcourt.

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Olympia Kyklos vol. 4

Après Thermae Romae, la nouvelle comédie sportive de Mari Yamazaki !

Projeté une nouvelle fois depuis sa Grèce antique natale jusque dans le Japon contemporain, Démétrios se retrouve mêlé au conflit qui secoue les différentes générations de la famille Iwaya. Du catch ou de la lutte gréco-romaine, quelle discipline est la plus noble ? Quand votre père a été l’espoir olympique de toute une nation, difficile de faire entendre sa propre voix. Pour régler ce différend, il faudra l’intervention d’une vieille gloire du catch japonais, que Démétrios a croisé il y a bien longtemps…”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Olympia kyklos (オリンピア・キュクロス / lit. “Cercles Olympique”) est un manga seinen par Mari Yamazaki qui est sérialisé au Japon dans le magazine bimensuel Grand Jump depuis mars 2018 et a été jusqu’à maintenant compilé en sept volumes chez Shueisha. Il a été traduit en français chez Casterman (six volumes de disponibles). C’est une comédie du style de Thermae Romae (voir aussi mon commentaire sur cette série) mais qui se situe dans l’antiquité grecque cette fois et traite de sujets autour du thème des jeux olympiques. Le manga a sans aucun doute été créé en anticipation des jeux olympiques de Tokyo de 2020 (mais qui furent reportés à l’année suivante à cause de la pandémie de Covid-19). J’ai déjà commenté le trois premiers volumes.

Page 3

Mari Yamazaki n’a as son pareil pour utiliser des artifices loufoques comme le voyage dans le temps pour nous faire réfléchir sur des sujets sérieux et comparer les cultures de l’antiquité et du Japon — cette fois grâce à la foudre de Zeus! Elle nous raconte les mésaventures de Démétrios, un jeune homme athlétique mais qui n’est pas du tout intéressé aux sports car il a l’âme d’un artiste (il peint des vases). Toutefois les circonstances le forcent toujours à faire de la compétition sportive. Pour l’édifier, les dieux l’envoient à tout bout de champs (et sans avertissement) dans le Japon moderne pour découvrir des aspects différents des disciplines olympiques. Dans ce volume, il découvre le catch (lutte professionnelle) et le compare à la lutte classique. Exceptionnellement, cette fois c’est le jeune Takuji qui est transporté à Athènes pour prendre quelques leçons auprès de l’entraîneur Platon qui allie discipline sportive et philosophie pour élever la conscience: “Toute pensée fausse qui traverse votre esprit entrave les mouvements de votre corps” !

Encore une fois Mari Yamazaki nous offre un récit qui non seulement nous diverti par sa mise en situation humoristique mais nous fait également réfléchir sur l’état de notre société. Son style est fort agréable car il est clair, détaillé et précis. Et, malgré les sauts dans le temps, la narration est fluide et facile à suivre. C’est donc une lecture tout à la fois plaisante, intéressante et même amusante. Comme toutes les oeuvres de Yamazaki, je recommande fortement ce manga. 

Olympia Kyklos, 4, par Mari Yamazaki. Bruxelles: Casterman (Coll. Sakka), août 2022. 200 pages, 13.2 x 18 cm, 8,45 € / $C 15.95, ISBN 978-2-203-22866-5. Pour lectorat adolescent (14+).

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© 2018 Mari Yamazaki. All Right Reserved.

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Marie-Antoinette

Marie-Antoinette-1-covSa véritable Histoire, pour la première fois en manga !

Marie-Antoinette est l’une des personnalités historiques les plus adaptées en fiction. Sophia Coppola, Chantal Thomas ou Riyoko Ikeda… de nombreux créateurs ont donné naissance à un personnage en adéquation avec leurs idéaux.

Cependant, quand Fuyumi Soryo s’attaque au mythe, ce n’est pas pour reproduire une énième icône malmenée par la vision trop partiale de Stephan Zweig, mais pour restituer dans la réalité historique une jeune fille dénuée de tout artifice. 

Avec la précision qu’on lui connaît déjà sur Cesare et grâce au soutien du Château de Versailles, ce n’est plus un simple manga, mais une plongée virtuelle au cœur de la cour au XVIIIe siècle que l’auteur vous offre. Que vous soyez adepte des fresques historiques, lecteur de manga ou tout simplement curieux de nouveauté, ne passez pas à côté de cette création ! D’autant plus que les Éditions Glénat, co-éditeur dans ce projet, auront la chance de publier ce titre en avant-première de sa sortie japonaise !!”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Marie-Antoinette (マリー・アントワネット) est un manga historique seinen par Fuyumi Sōryō qui a d’abord été pré-publié en feuilleton dans Morning (et son pendant digital: D Morning), un magazine hebdomadaire de Kōdansha. Il a débuté dans le numéro 38 (18 août 2016) et s’est étalé sur quatre publications (se terminant dans le numéro 41). Chose rare, la publication en volume (tankōbon) s’est faite au Japon en septembre 2016, soit quelques jours après la parution du volume en français!

La vie de la reine Marie-Antoinette a déjà fait l’objet de plusieurs adaptations en mangas (notamment par Mamoru KURIHARA & Natsuko WADA, KOMAGATA & Mayuho HASEGAWA, et sans oublier Riyoko IKEDA) mais il n’est pas surprenant de voir Fuyumi Sōryō y consacrer un ouvrage puisqu’elle avait déjà touché à la biographie avec son superbe manga traitant de la jeunesse de Cesare Borgia (que j’admire beaucoup — voir mes commentaires sur ce manga. J’ai d’ailleurs récemment découvert qu’un treizième, et semble-t-il, dernier volume est paru au Japon en janvier 2022. J’ai bien hâte qu’il paraisse en France mais aucune date n’a encore été annoncée). Je avais déjà lu Marie-Antoinette en 2017 mais j’avais omis d’en parler sur le blog (j’en avais toutefois touché quelques mots lors de la découverte de son existence). Le visionnement d’un épisode de la récente sérié télévisée franco-britannique Marie-Antoinette (par les créateurs de la série Versailles) m’a donné le goût de le relire et d’en parler. J’ai vu beaucoup de similitudes entre le premier épisode de la série et le manga de Sōryō.

Ce que j’admire le plus dans le travail de Fuyumi Sōryō c’est la qualité extraordinaire de son dessin. Les traits sont fins, clairs et précis, les personnages sont beaux et, surtout, les décors et les arrières-plans sont incroyablement détaillés (probablement grâce à la contributions d’assistants). C’est tout simplement superbe. C’est ce que je croyais avec Cesare mais avec Marie-Antoinette Sōryō se surpasse encore une fois. Malheureusement, le récit est très décevant. D’une part il ne s’y passe pas grand chose et c’est même un peu ennuyant. Il n’offre qu’une tranche de vie très brève: suite à un mariage arrangé la jeune archiduchesse Maria-Antonia doit quitter avec appréhension son Autriche natale pour se rendre à Versailles, y découvrir la complexité et l’absurdité des rituels de la cour, et peu à peu apprivoiser l’affection du jeune prince Louis-Auguste, futur Louis XVI. En France, on a beaucoup reproché à ce manga son inexactitude historique et le fait que l’histoire est romancée. Cela me surprend car Sōryō est reconnue pour ses recherches rigoureuses et elle a d’ailleurs travaillé étroitement avec le château de Versailles lors de sa création. C’est justement là, selon moi, qu’est le problème: ce manga, malgré son réalisme, est de toute évidence une “commande” de Versailles et c’est pourquoi tant la future reine que la famille royale sont présenté sous un jour un peu trop positif et rose à mon goût. Cela reste une bonne lecture, divertissante et intéressante. À lire surtout par les amateurs de beaux mangas et d’histoire.

Marie-Antoinette: La jeunesse d’une reine, par Fuyumi Sōryō. Paris: Château de Versailles / Glénat (Coll. Seinen), septembre 2016. 180 pg., 9.50 € / $14.95 Can. ISBN: 978-2-344-01238-3. Recommandé pour public adolescent (12+). stars-3-0

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© 2016 Fuyumi Soryo. All rights reserved.

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Sous le ciel de Tokyo 1

SousLeCielDeTokyo-1-cov“Tout comme le film Le vent se lève de Hayao Miyazaki, Sous le ciel de Tokyo… suit le quotidien d’un couple en pleine Seconde Guerre mondiale.

Fin 1943. Shirakawa, un pilote de chasse ayant combattu dans diverses régions du monde, rentre enfin à Tokyo. Il vient d’être muté au Centre d’essais aériens de l’armée impériale. Après une longue absence, Shirakawa essaie de reprendre sa vie de famille auprès de sa femme Mariko. 

Sous le ciel de Tokyo… raconte le quotidien ordinaire d’un couple à une époque où la vie et la mort se côtoient chaque jour.”

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Sous le ciel de Tokyo (東京物語 / Tōkyō monogatari / litt. “Histoire de Tokyo”) est un manga seinen par Seiho Takizawa qui a d’abord été publié en feuilletons dans Comic Taiga en 2010 avant d’être compilé en deux volumes chez Dai Nihon Kaiga (juin 2012 et mars 2013). Il a ensuite été republié chez Futabasha en août 2015 (c’est cette édition qui a été traduite en français par Delcourt / Tonkam en 2017). Seiho Takizawa a débuté comme illustrateur dans le magazine Model Graphix et se spécialise dans les récits aéronautiques qui se déroulent durant la Guerre du Pacifique. Un seul de ses mangas a été traduit en anglais (Who Fighter with Heart of Darkness publié chez Dark Horse en 2006) mais une demi-douzaine de ses titres (sur la vingtaine de publiée au Japon) ont été traduit en français, principalement dans la collection “Cockpit” des Éditions Paquet.

SousLeCielDeTokyo-1-p034

T. 1, p. 34

Sous le ciel de Tokyo nous raconte la vie quotidienne d’un officier de l’aviation de l’armée vivant avec son épouse à Tokyo pendant la Guerre du Pacifique. Le récit suit en parallèle les missions d’entrainement et d’essai du pilote, le capitaine Shirakawa, et les difficultés journalières rencontrées par sa femme, Mariko, à cause de la militarisation de la société et du rationnement. On retrouve donc un mélange de scènes de combat et de scènes de la routine de tout les jours. C’est un récit plutôt simple et épisodique mais qui reste intéressant et même touchant. L’auteur semble faire un effort pour ne pas glorifier la guerre et démontrer que la population japonaise était elle-même victime d’un gouvernement militariste. Le style de dessin est beau et simple (un peu inspiré de celui de Katsuhiro Otomo) avec des traits fins et précis. L’utilisation de trames fines et de peu de détails d’arrière-plan laisse les cases assez aérées sauf pour les illustrations d’avions qui sont très riches en détails avec des explications sur la capacité des appareils et ce qui distingue les différents modèles. L’auteur rajoute également des cartes et de nombreux détails historiques sur le déroulement de la guerre et la débâcle de l’armée japonaise. C’est un bon manga qui offre une lecture agréable qui sera surtout apprécié des amateurs de mangas historiques, d’aviation et de la deuxième guerre mondiale.

Sous le ciel de Tokyo…, t.1, par Seiho Takizawa. Paris: Delcourt / Tonkam (Coll. Seinen), novembre 2017. 208 pages, 12.8 x 18.2 cm, 7.99 € / $13.95 Can, ISBN 978-2-413-00085-3. Pour un lectorat adolescent (12+). stars-3-0

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© Seiho Takizawa 2015. Édition française © 2017 Éditions Delcourt.

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Astérix #39 – Astérix et le griffon

AsterixEtLeGriffon-cov“Astérix, Obélix et Idéfix sont de retour pour une 39e aventure. Accompagnés du plus célèbre des druides, ils s’apprêtent à partir pour un long voyage en quête d’une créature étrange et terrifiante. Mi-aigle, mi-lion, énigmatique à souhait, le Griffon sera l’objet de ce grand voyage ! Toujours réalisée par le talentueux duo formé par Jean-Yves Ferri au scénario et Didier Conrad au dessin, nul doute que cette nouvelle aventure proposera une quête épique et semée d’embûches à nos héros à la recherche de cet animal fantastique ! Le duo, toujours à pied d’oeuvre pour imaginer de nouvelles aventures, s’inscrit dans le fabuleux univers créé par René Goscinny et Albert Uderzo.”

“Un totem de Griffon planté dans un paysage enneigé, sauvage et apparemment désertique, Astérix aux aguets sur son cheval affichant lui-même un regard inquiet, Idéfix dans tous ses états, appelé par un Obélix troublé… Par Toutatis, où sont donc nos héros ?!?

Promesse d’aventure aux confins du Monde Connu, au pays des Sarmates, l’illustration de la couverture laisse augurer d’un Western transposé dans le grand froid… Didier Conrad, auteur du dessin, nous en dit plus : « C’est un Eastern ! Vous retrouverez dans l’album tous les codes classiques du Western : de grands espaces, des héros venus de loin aider des innocents, des « sauvages » qui subissent l’arrivée conquérante d’une armée… mais à l’Est ! »”

[Texte promo et du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

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Les voyages d’Astérix. © Éditions Albert-René

Au delà des frontières de l’Empire Romain c’est le Barbaricum, le territoire des barbares. Astérix, Obélix, Idéfix et Panoramix s’y aventurent en plein hiver pour aider un ami chaman du druide, Cékankondine. Les troupes de César ont envahi le territoire Sarmate à la recherche de leur animal sacré, le griffon, que César aimerait exhiber au cirque. Car le géographe Terrinconus lui assure que le grand explorateur grec Trodéxès de Collagène y en a vu. La nièce de Cékankondine, l’amazone Kalachnikovna, est prise en otage par les romains. Après moult péripéties, l’expédition des romains est déjouée. Le géographe cherchait plutôt de l’or et le fameux griffon n’est en fait qu’un cératopsidé (un styracosaure) prisonnier d’un lac gelé. César doit se contenter d’une girafe et le périple des gaulois se termine avec un banquet.

AsterixEtLeGriffon-p023

Page 23

Bon, il faut se rendre à l’évidence: Goscinny et Uderzo sont bel et bien morts et leur héritiers ne sont pas à la hauteur. Toutefois, cet album n’est pas si pire et semble offrir un légère amélioration par rapport aux précédents. On y trouve quelques bon gags (à par les habituels noms humoristiques j’ai bien aimé la yourte nature du chaman ou la livraison gratuite d’amazone). Le dessin est excellent et le récit est plutôt intéressant. J’aime bien l’idée de faire voyager nos héros au-delà de l’Empire jusque dans les steppes pontiques où l’on retrouve les Sarmates et les Scythes. Et il est bien vrai que les romains croyaient à l’existence d’un bestiaire aussi fabuleux qu’improbable (César mentionne dans la Guerre des Gaules l’existence de licornes en Germanie et Pline l’Ancien mentionne plusieurs créatures du même genre dans son Histoire Naturelle). Malheureusement, l’action du récit est un peu platte et je trouve irritant le fait d’attribuer aux peuples du passé nos propres excès de rectitude politique. Cela reste une bonne lecture assez divertissante.

Astérix #39: Astérix et le griffon, écrit par Jean-Yves Ferri et illustré par Didier Conrad. Vannes: Éditions Albert René, octobre 2021. 48 p., 22.8 x 29.4 cm.  ISBN 978-2-86497-349-2. 10.50 € / $14.95 Can. stars-3-0

Voir aussi mes commentaires sur les volumes précédents.

Pour en savoir plus vous pouvez consulter les sites suivants:

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© 2021 Les Éditions Albert René / Goscinny – Uderzo.

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Acquisition au 37e SLAM

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Nuremberg Chronicle

Le mois dernier je suis allé faire un tour au 37e Salon du Livre Ancien de Montreal qui s’est tenu au pavillon McConnell de l’Université Concordia les 1er et 2 octobre 2022. Comme toujours je recherche surtout des éditions du XVIe ou XVIIe siècle d’auteurs de l’antiquité, dans un état respectable et dans un budget de moins de deux-cent cinquante dollars. Avec des critères aussi restrictifs je ne risque pas trop de dépenser. J’ai trouvé des tas de livres intéressants mais beaucoup trop chers! Comme cet in folio du XVIIIe siècle des Commentaires de [Jules] César [sur la Guerre des Gaules et la Guerre Civile] pour 14,000$ !! Ou un in folio de 1604 des oeuvres de Sénèque pour 1500$ ! En plus petit format il y avait un Tite Live en trois tomes datant de 1634 pour 1250$, ou deux tomes des Tragédies de Sénèque (1659-1664) pour 500$. Un marchand avait plusieurs ouvrages en Flamand ou en Hébreux assez anciens mais dans un piètre état et malgré tout assez cher. Là où j’ai commencé à être intéressé c’est avec une édition de 1683 du Rerum Romanorum de Florus pour 325$ (encore un peu trop cher…). Et il y avait toujours cette page in-folio d’incunable que j’avait vue au salon précédent (à 350$) tirée de La Chronique de Nuremberg (édition allemande de 1493) qui était maintenant juste 300$ — encore au-dessus de mon budget mais si le marchand l’a toujours au prochain salon j’espère peut-être l’obtenir pour moins cher encore, le rêve! Mais pour cette fois-ci, afin de ne pas repartir les mains vides, j’ai porté mon dévolu sur une édition du XVIIIe siècle des Satires de Perse et Juvénal pour un petit 50$… Pas mal tout de même.

IMG_3366La page titre de l’ouvrage se présente comme telle: “TRADUCTION DES SATIRES DE PERSE, ET DE JUVÉNAL. Par le Reverend Pere TARTERON, de la Compagnie de JESUS. NOUVELLE EDITION. Augmentée d’Argumens à chaque Satire. A PARIS, De la Compagnie des Libraires. M DCC LII. [1752] AVEC PRIVILEGE DU ROI.”

On peut décrire l’ouvrage comme un In-12 (10 x 17 cm), 1 feuillet blanc, xxxiv et 355 p., et 10f. (Table, errata, privilège). C’est une édition bilingue (latin et français en regard). C’est une reliure d’époque en veau, en assez bon état (quelques égratignures), basane, dos orné, 5 nerfs, pièce de titre brune, tranches rouges, coins frottés, coiffes limées, une garde marbré détachée. L’intérieur est très beau (à part quelques rares tâches). Le premier feuillet blanc contient un ex-libris moderne au stylo (“Geo.?Caron”). C’est un peu récent selon mes critères mais c’est tout de même un bon achat. [WorldCat]

En fait c’est une acquisition qui tombe à point car je prévois bientôt traiter de l’humour à Rome (et dans l’antiquité) et des auteurs comme Perse, ou même plus particulièrement Juvénal, en sont de bon exemples. Perse est moins intéressant car son style est notoirement obscure. Juvénal est plus léger et se moque sans vergogne, par la satire, de la décadence morale de ses contemporains… À suivre donc.

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Pline #10-11

Tome 10 – Les fantômes de Néron

“L’Histoire a retenu son nom. Mais que savons-nous du plus grand savant de l’Antiquité ?

Trahi par son entourage, rattrapé par son passé, c’est un Néron déjà acculé qui apprend que soulèvements et rébellions se multiplient… Il regagne Rome, mais c’est pour prendre la mesure de toutes les haines qu’il a attisées…

Pline et sa suite, qui ont repris leur périple, quittent précipitamment la Forêt des Cèdres et le courroux de son gardien, et se lancent à travers le désert en direction de Palmyre, le carrefour entre Orient et Occident.”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi  la couverture arrière]

Pline, vol. 10: Les fantômes de Néron, par Mari Yamazaki et Tori Miki (Traduction par Wladimir Labaere et Ryôko Sekiguchi). Paris: Casterman (Coll. Sakka), septembre 2021. 200 pages, 13.2 x 18.3 cm, 8,45 € / $15.95 Can (ePub/PDF: 5,99 €), ISBN: 978-2-203-22164-2. Sens de lecture original, de droite à gauche. Pour lectorat adolescent (14+).


Tome 11 – Une jeunesse romaine

“La naissance du plus grand savant de Rome

Après avoir avoir dépeint la mort de Néron, Mari Yamazaki et Tori Miki nous emmènent loin du chaos de cette fin de règne et nous proposent un saut dans le temps et l’espace. Direction le pied des Alpes, au bord du lac de Côme, où est né et a grandi Pline. C’est là, au contact quotidien d’une nature effervescente, que le futur naturaliste s’éveille à l’observation scientifique du monde qui l’entoure. Puis vient l’arrachement à ce havre de paix : Pline part pour Rome où il se plonge dans l’étude, avant de débuter sa carrière militaire en Germanie”.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi  la couverture arrière]

Pline, vol. 11: Une jeunesse romaine, par Mari Yamazaki et Tori Miki (Traduction par Wladimir Labaere et Ryôko Sekiguchi). Paris: Casterman (Coll. Sakka), mars 2022. 200 pages, 13.4 x 18.0 cm, 8,45 € / $15.95 Can (ePub/PDF: 5,99 €), ISBN: 978-2-203-22163-5. Sens de lecture original, de droite à gauche. Pour lectorat adolescent (14+).

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Pline (titre original: プリニウス / Plinius ) est une biographie du naturaliste romain Pline l’Ancien par Mari Yamazaki (Thermae Romae) et Miki Tori. Prépublié au Japon par Shinchôsa dans le périodique Shinchô 45 et dans le magazine littéraire Shinchô depuis le chapitre 54, ce manga seinen est traduit en français chez Casterman (Collection Sakka). Jusqu’à maintenant il y a onze tomes de disponibles en français. Le douzième tome (à paraître au Japon probablement vers la fin de l’année 2022 ou le début 2023) devrait conclure la série. Le manga original est également disponible en ligne sur le site de Kurage Bunch.  Voir mes commentaires sur les volumes précédents.

T. 10, p. 149

Dans le tome dix (chapitres 64 à 70), Pline et ses compagnon quitte Tyr pour la Forêt des Cèdres de Dieu (appelé ainsi car son bois estimé impérissable est souvent employé pour faire les statues des divinités). Pline y découvre la légende du protecteur de la forêt Humbaba (ici les auteurs trichent un peu car ce récit est tiré non pas de l’Histoire Naturelle de Pline mais de l’Épopée de Gilgamesh) mais lorsque Euclès tente de cueillir de la résine de cèdre pour soigner le mal de dent de Felix, nos compagnons découvrent que la forêt possède des gardiens bien réels! Arrivé à Palmyre, la cité leur révèle un univers multi-culturel jusqu’alors inconnu d’eux et des marchands venu non seulement des coins les plus reculés de l’Empire mais aussi d’au-delà de ses frontières (Parthie, Inde, Chine, Pakistan, etc.) leurs dévoilent des épices et des légendes jusqu’alors inconnues. Intrigué par un relief sculpté, Pline demande au moine qui le vend de le lui expliquer: il vient du Gandhara et représente le bouddha… Pendant ce temps, Néron quitte Corinthe pour revenir à Rome car la révolte gronde. Les machinations de Tigellin viennent enfin à terme et ses motivations deviennent claires. Plusieurs gouverneurs de provinces et généraux se révoltent: Vindex, Galba, et Othon. Dans son délire, Néron se croit toujours aimé du peuple. Il tente de fuir vers Alexandrie mais doit se donner la mort… Toujours à Rome, Priscilla, la jeune esclave muette nouvellement acquise par la maison de Pline, se révèle d’une grande aide pour retranscrire les manuscrits…

Ce manga nous a offer jusqu’à maintenant un double récit: la vie et l’oeuvre scientifique de Pline d’une part et le règne de l’empereur Néron d’autre part. Les auteurs avouent s’être servi de ces deux personnages pour créer une opposition d’ombre et de lumière “l’un symbolisant la part sombre de l’empire, quand l’autre incarne une forme d’idéal romain.” Néron disparu le récit peut maintenant se consacrer entièrement à Pline…

T. 11, p. 8

Le tome onze (chapitres 71 à 77), nous fait le récit de la jeunesse de Pline. Il est né dans le nord de l’Italie, à Côme, et a grandit dans les montagnes entouré de la nature. C’est ce contact journalier avec une flore et une faune diversifiée qui a sans aucun doute aiguisé sa curiosité pour les sciences naturelles. Adolescent, il est envoyé à Rome pour parfaire son éducation. Il a dix-huit ans lors de l’accession de l’empereur Claude. Il retranscrit des textes pour lui et côtoie des individus vénérables comme Castor et Apion. Après un chagrin d’amour (qui le marquera sans doute car il ne se mariera jamais) il entre dans l’armée. Il se retrouve en Germanie inférieure sous les ordre du général Corbulon, puis en Germanie supérieure sous les ordres de Pomponius Secundus. Durant cette période il s’illustre militairement (il est nommé préfet) mais commence à avoir des problèmes de santé (asthme). Il écrit également plusieurs ouvrages: une biographie de Pomponius Secundus, un traité sur l’art de lancer le javelot à cheval, et une histoire des guerres germaniques. Aucun de ces ouvrages ne nous est parvenu. 

Comme nous ne connaissons rien de la véritable enfance et adolescence de Pline, cette partie du récit est pure spéculation de la part des auteurs. Toutefois, cela nous offre tout de même une bonne histoire qui apparait fort plausible. Le récit va se conclure avec le prochain tome qui aborde la rencontre fatidique entre Pline et le Vésuve… J’ai à la fois hâte de lire la suite mais j’appréhende également la fin d’une série qui est parmi les meilleure mangas historiques que j’ai lu…

Comme je l’ai dit mainte fois, Pline est un excellent manga dont le récit est à la fois captivant, divertissant et surtout très éducatif. Le sujet est fort bien documenté et la narration est fluide et agréable. Toutefois, plus que tout, c’est le dessin précis et détaillé de Mari Yamazaki et Tori Miki qui donne à ce manga sa superbe qualité artistique. Beau et intéressant, Pline offre une lecture passionnante pour tout amateur de manga historique et de la Rome antique. Vivement recommandé!

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

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© 2021 Mari Yamazaki, Tori Miki • 2022 Casterman pour la traduction française.

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Monnaies anciennes 107

— EN BONUS —

Sesterce (et autres pièces) de Trajan

J’ai récemment parlé d’un livre qui racontait un voyage aux quatre coins de l’Empire Romain où l’on suit un sesterce frappé à l’effigie de Trajan qui passe de main en main. Cela m’a rappelé que j’avais dans ma collection non seulement un sesterce de Trajan (certes en piètre condition) mais aussi un as et un dupondius — car jusqu’à maintenant, quand j’ai présenté le règne de Trajan, je n’ai parlé que de ma plus belle pièce à son effigie: un denier.

IMG_2974-2975La première de ces pièces est un bel as de Trajan (VG [Very Good], Cu [Cuivre], 27 mm, 10.728 g, payé environ $20 le 1985/01/25, caractérisée par une patine brune sur l’avers et une importante concrétion de vert-de-gris sur le revers; axe: ↑↓). L’avers présente un buste de l’empereur lauré et drapé (sur l’épaule gauche) à droite avec l’inscription latine IMP[erator] CAES[ar] NERVAE TRAIANO AVG[vstvs] GER[manicvs] DAC[icvs] P[ontifex] M[aximvs] TR[ibunicia] P[otestate] CO[n]S[vl] VI [Sextvm] P[ater] P[atriae] (Imperator [commandant suprême des armées], César de Nerva, Trajan, Vainqueur des Germains et des Daces, Grand Prêtre, [détenteur du] Pouvoir Tribunicien, Consul pour la sixième fois, Père de la Patrie). Le revers illustre une Félicité, drapée, debout à gauche, tenant un caducée (caduceus) ailé dans la main droite levée et une corne d’abondance (cornucopia) dans la gauche, entourée d’un large S C (Senatus Consultum / “Décret du sénat”) dans le champs de part et d’autre, avec l’inscription latine FELICITAS AVGVST[i] (“Pour la bonne fortune de l’Empereur”).

L’as est la dénomination de base de la monnaie romaine durant l’Empire. Il vaut un demi dupondius, un quart de sesterce et un seizième de denier. Trajan a été empereur entre le 28 janvier 98 et le 9 août 117 EC. Son règne est l’un des plus hauts points de Rome alors que ses conquêtes militaires amène l’Empire au maximum de son expansion. À cette époque toutes les pièces de monnaie étaient frappées à Rome. La dimension et le poids de la pièce, le fait qu’elle est en cuivre et que l’empereur porte une couronne de laurier nous indique qu’il s’agit d’un as. La partie clairement lisible de la nomenclature et de la titulature de l’empereur (IMP CAES … TRAIANO AVG GERM DAC …) nous confirme qu’il s’agit bien de Trajan. Il a reçu la puissance tribunicienne et le titre de Germanicus lors de son adoption par Nerva en 97, et la plupart de ses autres titres (IMP, PM, PP) lors de son accession au pouvoir en janvier 98. Le titre de Dacicus lui est décerné en 102. Comme la fin de la titulature a été oblitéré par l’usure la titulature incomplète ne nous permet pas de dater la pièce plus précisément que entre 102 et sa mort en 117. Toutefois, le titre de Optimus (décerné par le sénat en 114) n’apparait pas encore dans la titulature ce qui nous permet de réduire la datation à 102-114. Aussi, l’utilisation de l’accord TRAIANO ne se retrouve que sous son cinquième (en 103) et sixième consulat (en 112). Finalement, le revers avec une Felicitas n’est utilisé que durant son sixième consulat (à partir de 112). Nous pouvons donc conclure qu’il s’agit ici d’un as de Trajan, frappé à Rome entre 112 et 114 EC.

Sources: Wikipedia, Google, acsearch, numismatics, numista, WildWinds (text, image). RIC v.2: 625. Voir aussi ma fiche.

IMG_2970-2972La seconde pièce est un assez beau dupondius de Trajan (G [Good], Ae [Bronze], 25 mm, 11.875 g, payé environ $7, caractérisé par une patine uniforme verte; axe: ↑↓). L’avers présente un buste de l’empereur radié et drapé (sur l’épaule gauche) à droite, avec l’inscription latine  IMP[erator] CAES[ar] NERVAE TRAIANO AVG[vstvs] GER[manicvs] DAC[icvs] P[ontifex] M[aximvs] TR[ibunicia] P[otestate] CO[n]S[vl] V [quintum] P[ater] P[atriae] (Imperator [commandant suprême des armées], César de Nerva, Trajan, Vainqueur des Germains et des Daces, Grand Prêtre, [détenteur du] Pouvoir Tribunicien, Consul pour la cinquième fois, Père de la Patrie). Le revers illustre une Salus (Santé) drapée, assise à gauche sur un trône, nourrissant de sa patère (dans la main droite) un serpent enroulé autour d’un autel, le bras gauche reposant sur l’appui-bras du trône, avec l’inscription latine S·P·Q·R· (Senatus Populusque Romanus / “Le sénat et le peuple romain”) OPTIMO PRINCIPI  (“pour le meilleur des princes”) et un S C (Senatus Consultum / “Décret du sénat”) en exergue. 

Le dupondius est une dénomination intermédiaire de bronze ou d’orichalque (laiton), d’un poids assez lourd (son nom, duo pondus, signifie “deux livres” mais elle n’a jamais pesé autant, son poids se situant entre douze et quatorze grammes) et qui, depuis Vespasien, représente toujours l’empereur avec une couronne radiée (ce qui est bien le cas avec cette pièce). Elle vaut deux as, un demi-sesterce ou un huitième de denier. Le portrait et la partie lisible de l’inscription de l’avers nous confirme qu’il s’agit bien d’une pièce de Trajan (98-117). Comme nous l’avons vu avec la pièce précédente, l’orthographe TRAIANO n’apparait que sous les cinquième (103-111) et sixième (112-117) consulats. Toutefois, le type de revers avec une Salus et l’inscription SPQR Optimo Principi, lui n’apparait que sous le cinquième consulat. Cela nous permet donc de conclure que ce dupondius de Trajan a été frappé à Rome entre 103 et 111 EC.

Sources: Wikipedia, Google, CoinArchives, numismatics, WildWinds (text, image). RIC v.2: 516. Voir aussi ma fiche.

IMG_2978-2985La troisième est un sesterce de Trajan dans un état de conservation plutôt médiocre (P [Poor], Orich. [Orichalque/laiton], 31 mm, 17 g, payé environ $5 le 1986/09/21, caractérisé par une grande usure, de la corrosion et des traces de vert-de-gris; axe: ↑↓). L’avers semble présenter une buste de l’empereur lauré et drapé à droite avec une inscription probablement similaire au deux pièces ci-haut (COS V ou COS VI, toujours sans le titre d’Optimus décerné en 114). Les quelques indices que nous fournit le revers sembleraient indiquer qu’il illustre une Arabia, debout de face, la tête tournée à gauche, tenant une branche de la main droite et un objet indistinct (un fagot de cannes ou de bâtons de cannelle?) dans la gauche, avec à ses pieds un chameau, entouré de l’inscription SPQR OPTIMO PRINCIPI, un S C dans le champs de part et d’autre, et ARAB[ia] ADQ[vis] (“Annexation de l’Arabie”) en exergue.

Le spécimen frappé durant le COS V comporte en l’exergue l’inscription longue (ARAB ADQVIS) alors que pour celui frappé durant le COS VI l’inscription est abrégée (ARAB ADQ). L’espacement laisse supposer qu’il s’agit ici de cette dernière. Ce sesterce de Trajan aurait donc été frappé à Rome entre 112 et 114 EC pour célébrer l’annexion de la province d’Arabie à l’Empire (en 106 EC).

Sources: Wikipedia, Google, acsearch, CoinArchives, CoinTalk, FAC, numismatics, WildWinds (COS V [RIC 466]: text, image; COS VI [RIC 610]: text, image). RIC v. 2: 610. Voir aussi ma fiche.

IMG_8602-8604J’ai déjà parlé de mon denier de Trajan mais je vous le présente à nouveau brièvement. Il s’agit d’une très belle pièce de Trajan (F [Fine], Ar [Argent], 17 x 18 mm, 2.0 g, payé environ $35 le 1987/09/21; axe: ↑↓). L’avers présente un buste de l’empereur lauré et partiellement drapé (sur l’épaule gauche), à droite, avec l’Iinscription latine IMP[erator] TRAIANO AVG[vstvs] GER[manicvs] DAC[icvs] P[ontifex] M[aximvs] TR[ibvnica] P[otestate]. Le revers illustre une Aequitas (Équité) assise à gauche, tenant une balance dans la main droite et une cornucopia dans la gauche, avec l’inscription latine CO[n]S[vl] V [quintum] P[ater] P[atriae] S[enatus] P[opvlvs] Q[ve] R[omanvs] OPTIMO PRINC[ipi] (“Consul pour la cinquième fois, Père de la Patrie, [proclamé par] le sénat et le peuple de Rome meilleur des princes”).

Le consulat nous offre la meilleur datation possible. Trajan a été nommé consul une cinquième fois en 103 et nommé une sixième fois en 112. Ce denier de Trajan a donc été frappé à Rome entre 103 et 111 EC.

Sources: Wikipedia, Google, acsearch, CoinArchives, CoinProject, FAC (Optimus), numismatics, Wildwinds. RIC v.2: 119. Voir aussi ma fiche.

Trajan est considéré comme l’un des meilleurs empereurs romains. Bon administrateur et grand militaire, ses conquêtes (notamment en Dacie et les territoires Parthes) ont non seulement considérablement étendu les frontières de l’Empire mais ont aussi renfloué ses coffres, ce qui a permis de payer pour un imposant programme de constructions publiques (aqueducs, routes, thermes, temples, forum, marchés, et monuments — dont la fameuse colonne Trajane). Il institue également une aide alimentaire pour les citoyens les plus pauvres. Il adopte son petit-neveu Publius Aelius Hadrianus qui lui succède lorsqu’il meurt le 8 ou 9 août 117 à Selinus (Turquie) des suites d’un accident vasculaire cérébral (possiblement lié à une crise de paludisme) sur le chemin de retour d’une campagne contre la révolte judéo-parthe.

Bon, après cent-sept entrées et un peu plus de deux ans de chroniques hebdromadaires (ça c’est quand on boss dur toute les semaines!), là je le jure c’est la dernière entrée de cette chronique! 😅

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Monnaies anciennes 106

Pièces modernes d’autres pays (4)

La Russie

Comme tous les pays d’Europe, la Russie a une histoire riche et complexe. Cette pièce de monnaie va toutefois nous permettre d’ouvrir une toute petite fenêtre sur le passé de cette grande nation (avec plus de vingt millions de kilomètre-carrés, c’est déjà à cette époque la plus grande nation du globe [même aujourd’hui avec seulement 17 M km2], devant le Canada [9.9 M km2], les États-Unis [9.63 M km2] et la Chine [9.6 M km2] — elle est même plus grande que l’Union Européenne [4.2 M km2] ou l’Empire Romain à son apogée en 117 E.C. [5 M km2]!).

Le rouble (рубль, ₽) a toujours été l’unité monétaire de la Russie, quoi qu’au XIIIe siècle (au temps de la République de Novgorod) il n’était pas une monnaie mais simplement un petit lingot d’argent que l’on découpait en morceaux en échange de marchandises (son nom vient d’ailleurs du verbe russe рубить [roubit] qui signifie découper). Au Moyen-Âge, la “Russie” (qui a prit naissance avec l’état Rous de Kiev) est composée de plusieurs petits royaumes dont les plus importants sont la République de Novgorod et la Principauté de Moscou. Avec le mariage de Ivan III et de Sophie Paléologue (fille du dernier empereur Byzantin) en 1472, le Tsarat de Moscou s’impose comme le successeur de Byzance et devient la “Troisième Rome.” Mais ce n’est qu’avec l’unification du territoire, sous Ivan IV Le Terrible (1533-1584), qu’apparaissent les premières pièces de monnaie grossièrement frappées. Elle devient une véritable monnaie avec l’Empire Russe fondé par Pierre 1er le Grand (1682-1725, cinquième tsar de la dynastie des Romanov).  S’inspirant des états européens il déplace la capital à Saint-Petersbourg et entreprend plusieurs réformes pour moderniser la Russie, dont une réforme monétaire qui fait du rouble une monnaie basé sur l’argent (thaler) et décimale (qui se divise en cent kopecks) ce qui lui permet d’intégrer les échanges internationaux et de faire commerce avec l’Europe.

La modernisation et l’expansion de l’Empire se poursuivra avec ses successeurs (notamment Catherine II la Grande, 1762-1796) mais au XIXe siècle, la surextension du territoire, de nombreuses guerres et une industrialisation tardive appauvrissent l’Empire, amènent une instabilité monétaire et causent un mécontentement populaire. Le Tsar Nicolas II (dix-neuvième monarque Romanov, 1894-1917) tente quelques réformes (dont une réforme monétaire qui ajuste le rouble sur l’étalon-or) mais c’est trop peu, trop tard. Après une première révolution en 1905, il doit abdiquer en mars 1917 puis est assassiné l’année suivante, mettant ainsi fin à l’Empire et à la dynastie des Romanovs. De la Révolution Russe de 1917 nait d’abord la République Russe, puis l’URSS en 1922 et finalement, depuis 1992, la Fédération de Russie. Durant toutes ces périodes plutôt troubles, le rouble est resté l’unité monétaire russe.

IMG_3047-3050Ma seule pièce de monnaie russe est une très belle pièce de trois Kopecks de 1903 (F [Fine], Cu [Cuivre], 28 mm, 9 g, axe: ↑↑). L’avers illustre un aigle impérial bicéphale couronné, entouré (dans une cartouche d’entrelacs carrés) de l’inscription cyrillique МѢДНАЯ РОССІЙСКАЯ МОНЕТА (MEDNAYA ROSSÍYSKAYA MONETA / “monnaie russe en cuivre”) en haut et ТРИ КОПѢЙКИ (TRI KOPEYKI / “trois Kopecks”) en bas. Le revers présente simplement la valeur nominale de la pièce en cyrillique flanquée de deux étoiles à l’intérieure d’un cercle perlé (★ 3КОПѢЙКИ / 3 KOPEYKI / “3 Kopecks” avec, en dessous d’une bordure décorative, l’inscription С.П.Б. — S.P.B., abréviation pour St.Petersburg), entourée d’une couronne ouverte formée de deux branches (de laurier?) attachées par un ruban, et, au-dessus, l’inscription cyrillique 1903 ГОДА (1903 GODA / “An 1903”). C’est donc une pièce en cuivre russe d’une valeur de trois kopecks frappée à Saint-Petersbourg en 1903.

Il est a noter que ce type de pièce n’offre aucun portrait d’empereurs mais plutôt un symbole de l’Empire. L’aigle bicéphale n’est que l’évolution de l’Aigle Impériale romaine qui acquiert deux têtes dans l’héraldique byzantine de la dynastie des empereurs Paléologue (pour représenter la division de l’Empire Romain). Il est transmis, par la dot de son épouse, au Tsar Ivan III (de la dynastie ruthène, puis moscovite, des Riourikides), et devient un symbole de l’Empire Russe, de plusieurs nations slaves et même du Saint-Empire-Germanique. Ici ce sont les petites armoiries de l’Empire Russe qui sont représenté: l’aigle à deux tête (dont chacune est couronnée) est surmonté d’une grande couronne d’où descendent deux rubans; il est couvert par neuf boucliers (au centre: l’écu de saint Georges, entouré de la chaîne de l’ordre de Saint-André, avec de part et d’autre les armoiries d’Astrakhan, de Sibérie, de Géorgie, de Finlande, de KievVladimirNovgorod, de Tauride, de Pologne et de Kazan) et tient dans ses serres un sceptre (patte dextre) et une orbe crucigère cerclée (patte sénestre).

Ce type de pièce a été frappé tel quel entre 1867 et 1914 durant les règnes d’Alexandre II (1855-1881), Alexandre III (1881-1894) et Nicolas II (1894-1917). À cette époque on a frappé, en argent, des pièces de un rouble, de cinquante, vingt-cinq, vingt, quinze, dix et cinq kopecks, et, en cuivre, des pièces de cinq, trois, deux, un, un-demi et un-quart de kopecks. Un rouble valait alors deux francs et soixante-sept centimes ou deux shilling et un pence et quart. De nos jours, le rouble ne vaut guère mieux, soit environ deux cents canadiens (2¢ soit €0.062 ou US$0.016). Autant dire que le kopeck (un centième de rouble) ne vaut pas grand chose, d’où l’expression “ça ne vaut même pas un kopecks”! Ou encore, un anglais pourrait dire “Ruble, is that your currency or the state of your economy?” (Le rouble c’est votre monnaie ou l’état de votre économie? [rubble = décombres, gravats])! Cette pièce de trois kopecks vaut donc trois fois rien. Quoiqu’il en soit, elle a tout de même pour moi un intérêt historique puisqu’elle a été frappé sous le dernier des tsars, juste deux ans avant la première révolution russe.

Sources: Wikipedia (Kopeck [FR/EN], Rouble [FR/EN], Rouble Impérial [FR/EN], Empire Russe [FR/EN], Nicolas II [FR/EN]), Google, CGB, CoinsBook, eBay, ngccoin, numista, ucoin, vcoins.

C’est déjà la fin de cette aventure monétaire… Un jour peut-être, lorsque je serai à la retraite, je prendrai le temps de cataloguer la collection de mon père et je vous en présenterai les plus belles pièces… Toutefois, dans un premier temps je vais d’abord prendre une pause (car une chronique hebdomadaire assidue demande beaucoup de temps et d’énergie et, avec un nouveau travail, je reprend un horaire sur cinq jours ce qui va me laisser moins de temps pour faire des recherches et écrire). Cela va me permettre de me reposer mais aussi de me consacrer un peu à mes lectures. Par la suite, je vais probablement me lancer dans un projet un peu plus littéraire et traiter de la littérature romaine: les ouvrages écrits par des empereurs mais aussi des thèmes particuliers (comme l’humour à Rome) et quelques-uns de mes auteurs favoris dont Lucien de Samosate — et peut-être aussi quelques romans historiques ayant pour sujet la Rome antique. Ce ne sera cependant pas une chronique régulière mais qui viendra plutôt au gré du temps disponible… À bientôt!

Voir l’index des articles de cette chronique.

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Empire

Empire-cov“En suivant l’itinéraire d’une pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur Trajan, nous sillonnons tout l’Empire romain à l’époque de son extension maximale et découvrons toutes les couches de la société au travers de ses propriétaires successifs : un véritable docufiction sur papier qui rend l’Histoire plus passionnante qu’un roman et s’est vendu à 200 000 exemplaires en Italie.

Romancées et émaillées d’exemples savoureux, voici la vie et les aventures d’une… pièce de monnaie romaine du IIe siècle de notre ère, de sa fonderie d’origine jusqu’à son retour du sud de l’Inde ! En l’espace de trois années, ce sesterce en bronze va parcourir l’Empire romain d’un seul tenant, et nous faire découvrir le modèle économique de ce qui fut et reste la base de nos racines européennes. On découvre (ou redécouvre) que l’Empire Romain a conquis de nouveaux territoires et leurs populations par le glaive mais tout autant par la soie : qui devient citoyen romain accède à un univers lui donnant une armée le protégeant, des lois, des routes, des bains publics, une monnaie reconnue et acceptée dans le monde romain et au-delà, un État gérant les ressources servant à créer les pièces en bronze, en or, en cuivre – c’est la mondialisation avant l’heure ! Un confort pour celui qui décide de partir à la conquête de sa richesse personnelle… mais aussi un enfer pour celui qui n’est pas au bon bout de la pyramide sociale, écrasé par le règne absolu de la puissance par l’argent. Entre un esclave et l’empereur, c’est une liste de mots qui sépare : népotisme, cupidité, clientélisme. Ou parfois rapproche : mansuétude, altruisme, désintéressement. Avec toute sa cohérence et toutes ses inégalités, l’Empire Romain se révèle étonnamment contemporain !”

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Publié en Italie en 2010 (sous le titre Impero:Viaggio nell’impero di Roma seguendo una moneta), cet essai de l’anthropologue Alberto Angela me rappel beaucoup La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire de Jérôme Carcopino (publié chez Hachette en 1939 et toujours disponible au Livre de Poche) mais enrobé dans une histoire romancée. D’ailleurs, ce livre s’insère dans une trilogie de l’auteur sur l’Empire Romain: il fait suite à Une Journée dans la Rome Antique (Una giornata nell’antica Roma. Vita quotidiana, segreti e curiosità, publié en 2007 [ Goodreads • Nelligan ]) et est complété par Amour et sexe dans la Rome antique (Amore e sesso nell’antica Roma, publié en 2012). L’ouvrage a également été traduit en anglais (The Reach of Rome, New York: Rizzoli Ex Libris, 2013, ISBN 978-0-8478-4128-8). Une collègue des bibliothèques m’a dit que ma chronique hebdomadaire sur la monnaie ancienne lui rappelait cet ouvrage et elle me l’a chaudement recommandé.

Empire nous raconte les différents aspects de la vie quotidienne à l’époque de Trajan mais, au lieu de s’attarder seulement sur la ville de Rome, il nous fait voyager à travers tout l’Empire à la suite d’un sesterce, qui passera de main en main. Les personnages, les lieux et les événements de ce récit sont véridiques et ont été tiré des sources anciennes (Martial, Juvénal, Ovide, Pline l’Ancien et le Jeune, Dion Cassius, Flavius Josèphe, etc.), épigraphiques (stèles funéraires, graffiti et autres inscriptions) ou même archéologiques. L’histoire débute à Rome dans l’atelier monétaire où le sesterce est frappé. Puis les pièces fraîchement frappées sont livrées aux quatre coins de l’Empire (capitales régionales, villes commerciales, forts de l’armée, etc.) par un escadron de cavalerie appelé turme qui amène notre sesterce d’abord à Londinium, puis au fort frontalier de Vindolanda. Aux thermes, la pièce change de propriétaire et passe dans le main d’un marchand de vin qui l’amène à Lutèce, puis à Augusta Treverorum. Un centurion l’amène ensuite sur le champs de bataille en Germanie. Et un marchand d’ambre l’amène à Mediolanum. Puis un soldat l’amène à Modena, où il passe à un esclave qui se rend à Rimini, puis il est de retour à Rome où il passe à un prétorien, et ensuite à un vieil homme qui va faire des paris sur les courses de chars au Circus Maximus. Et ainsi de suite… Il passe par le port d’Ostie, va à une mine d’or en Hispanie, est amené par un marchand de garum à Massilia, puis à un banquet à Baïes, traverse la Méditerranée jusqu’à Carthage, puis Thamugadi, Leptis Magna, Alexandrie, Thèbes, le port de Bérénice sur la mer Rouge vers un comptoir commercial en Inde appelé Muziris. Finalement, il revient à Charax en Mésopotamie, passant par Antioche, Ephèse et Athènes pour revenir à Rome et être enterré avec un défunt… pour être découvert par une archéologue près de deux mille ans plus tard! Quel périple!

J’ai déjà parlé dans ma chronique de numismatique d’un denier de Trajan. J’ai toutefois aussi un as, un dupondius et un sesterce de cet empereur et je vous en parlerai très bientôt. Je me suis souvent moi-même demandé en manipulant mes pièces de monnaie romaine par combien de mains et de gens différents elles avaient bien pu passer. Cet ouvrage nous en donne une idée. Aussi, on me demande souvent ce que valait un sesterce dans la vie de tout les jours des romains. L’auteur de cet ouvrage mentionne qu’un sesterce valait environ deux Euros (2€) c’est à dire environ $2.60 canadien (ou $2 US). Probablement de quoi s’acheter une grosse miche de pain. Toutefois, le sesterce de ce livre m’aura permis de faire le tour du monde romain…

À travers ce voyage du sesterce l’auteur raconte de nombreux anecdotes et parle d’à peu près tous les aspects de la vie et de la culture romaine au début du IIe siècle. C’est un ouvrage fascinant et très riche en informations mais qui demeure une lecture abordable et agréable qui diverti tant l’érudit que le profane. Je l’ai trouvé très intéressant et je suis sûr que tout amateur d’histoire en fera autant. Je vous le recommande donc à mon tour.

Empire: Une fabuleux voyage chez les Romains avec un sesterce en poche, par Alberto Angela. Paris: Éditions Payot & Rivages, avril 2016. 462 pages, 20.5 x 14 cm, prix, ISBN 9782228915397. Pour lectorat adolescent (12+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© Arnoldo Mondadori, Editore S.p.A., Milan, 2010 • Éditions Payot & Rivages, Paris, 2016, pour la traduction française.

Monnaies anciennes 105

Pièces modernes d’autres pays (3)

La France

La France a une histoire nationale assez complexe que nous ne ferons qu’effleurer en abordant sa monnaie. Comme nous l’avons vu en discutant les pièces médiévales et de la “Renaissance”, l’unité monétaire utilisée en France sous l’Ancien Régime était la livre (un système complexe qui a évolué de la livre Parisi à la livre tournois et qui se divisait en sous [1/20e] et en deniers [1/240e]). Au Moyen-Âge, entre 1361 et 1364, le franc fait une première apparition sous le règne de Charles V pour désigner un écu d’or (appelé le franc à cheval car le roi y était représenté sur un destrier). Quelques années plus tard, entre 1365 et 1575, il fait frapper un autre franc d’or, le franc à pied (où le roi est représenté à pied sous un dais), qui équivaut plus ou moins à un florin. Dans les régimes subséquents, de 1575 à 1643, on frappe une nouvelle pièce, le franc d’argent (il remplace le teston et se subdivise en demi et quart de franc), qui deviendra, avec la réforme monétaire de Louis XIII, le Louis d’argent (aussi appelé écu blanc). Toutefois, ces différentes incarnations du francs ne sont jamais plus que la livre sous un autre nom.

Le franc ne devient l’unité monétaire officielle de la France (franc français, FF) qu’avec la Révolution alors que le pays adopte le système décimale (loi du 18 germinal an III) en 1795. Le franc se divise maintenant en cent centimes mais il reste l’équivalant de la livre tournois. Ce n’est qu’en 1800, avec la création de la Banque de France, que le franc prend vraiment une identité propre: le Franc Germinal ou Franc-or (1803-1928). On démonétise les vieilles dénominations, renoue avec le bimétallisme et imprime des billets de banque. Le XXe siècle amène son lot de crises qui déstabilisent la monnaie. Suite à la Première Guerre mondiale et à une importante inflation, le franc ne peut plus être basé sur l’or et on adopte des taux de change flottant avec le “Franc Poincaré” (dit l’ancien franc) en 1928. Toutefois, sous la Cinquième République, plusieurs dévaluations subséquentes (dues à la Dépression et la seconde guerre mondiale) imposent une nouvelle réforme monétaire en 1959 avec le “Franc Pinay” (dit “Franc lourd”). Un “Nouveau Franc” (NF) équivaut à cent anciens francs. Cette nouvelle monnaie aura cours jusqu’en 2002, alors qu’elle sera remplacée par l’Euro.

Je vous présente ici mes deux plus anciennes pièces de monnaie de la France moderne…

IMG_3029-3034Le premier spécimen est une assez belle pièce de cinq centimes frappée en 1863 sous Napoléon III (G [Good], Ae [Bronze], 25 mm, 5 g, axe: ↑↓). L’avers présente une tête de l’Empereur à gauche, laurée et barbue, dans une cercle de pointillés, entourée de l’inscription française NAPOLÉON III EMPEREUR (encadrée par une ancre couchée sur le côté [⚓︎] à gauche et d’une croix [✠] à droite — ces pictogrammes semblent avoir de nombreuses variantes) et 1863 en exergue. Sous la tête on note l’inscription BARRE qui est la signature du graveur Désiré-Albert Barre. Le revers illustre une aigle impériale (ailes déployées, la tête tournée à droite, tenant dans ses serres un foudre) dans un cercle de pointillés, entouré de l’inscription française EMPIRE FRANÇAIS (en haut) et ★ CINQ CENTIMES   (en bas). On note en-dessous de l’aigle un double B (en partie superposé) qui est une marque d’atelier pour Strasbourg.

Il est intéressant de constater que le pictogramme à gauche de l’inscription de l’avers semble associé au graveur (soit Jacques-Jean Barre [un chien] de 1843 à 1855, soit son fils Désiré-Albert Barre [une ancre] de 1855 à 1878), alors que celui de droite serait associé à l’atelier monétaire (les portraits à tête nue ont été frappé à Paris [A / une main pointant de l’index], Rouen [B / un pic et un marteau croisés], Strasbourg [BB / une abeille], Lyon [D / un lion], Bordeaux [K / une feuille de vigne], Marseille [MA / un coquillage] et Lille [W / une lampe], alors que les portraits laurés ont été frappé seulement à Paris [A / une abeille], Strasbourg [BB / une croix] et Bordeaux [K / un marteau]). 

Napoléon III est, quant à lui, un personnage assez intéressant. Né Louis-Napoléon Bonaparte en avril 1808, il est le fils du roi de Hollande Louis Bonaparte (frère de Napoléon Bonaparte) et de Hortense de Beauharnais (fille de Joséphine de Beauharnais et de son premier mari, le vicomte Alexandre de Beauharnais) ce qui en fait à la fois le neveu de Napoléon et le petit-fils de l’Impératrice Joséphine! Il n’est donc pas surprenant qu’il ait voulu faire valoir cette double ascendance impériale. Toutefois, après deux tentatives de coup d’état avortées (à Strasbourg en 1836 et à Boulogne-sur-Mer en 1840), il choisit une voie vers le pouvoir plus légitime. Emprisonné six ans, il s’évade en 1846 vers Londres mais, profitant de la révolution de 1848 (la troisième!), il se fait élire à l’Assemblée nationale constituante dans quatre départements et présente sa candidature aux présidentielles. Ses adversaires sont, entre autres, Cavaignac, Lamartine et Raspail. Grâce à un support paysan et à une opposition divisée, il reçoit 74% des voix et est élu le premier président de la Seconde République. Il tente des réformes constitutionnelles (notamment pour se permettre un deuxième mandat) mais se retrouve constamment en confrontation avec les députés de l’Assemblée nationale. Ainsi, le 2 décembre 1851 (anniversaire du Sacre de Napoléon et de la victoire d’Austerlitz), il réalise un coup d’état et se proclame Empereur des Français! Le Second Empire dure dix-sept ans. Il prend fin durant la guerre Franco-Allemande avec la défaite de Sedan (1er septembre 1870) où Napoléon III est capturé. En septembre 1870 un gouvernement provisoire est formé et ce sera le début de la Troisième République. Napoléon III s’exile en Angleterre mais meurt en janvier 1873 des suites d’une lithiase vésicale.

Sources: Wikipedia (Franc [FR/EN], Franc français [FR/EN], le Franc sous le Second Empire, Napoléon III [FR/EN]), Google, CGB, CoinArchives, coinect, numista, vcoins.

IMG_3037-3041Le deuxième spécimen est une très belle pièce de cinq centimes de la IIIe République (VF/G [Very Fine / Good], Ae [Bronze: 95% Cu, 4% Sn, 1% Zn], 25 mm, 5 g, axe: ↑↓). L’avers présente une tête de la République à gauche en Cérès, déesse des moissons, portant un collier de perles, un double chignon et une couronne composite de blé, fleurs, olivier et olives, chêne et glands, nouée par un ruban descendant sur le cou et passant sur le front où est inscrit le mot CONCOR; sous la tranche du cou l’inscription OUDINÉ (signature du graveur Eugène-André Oudiné), le tout dans un grènetis (cercle de pointillés), entouré de l’inscription française ★ RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ★ avec 1872 en exergue. Le revers illustre une couronne ouverte nouée par un ruban à sa base, formée de deux branches d’olivier, entouré de l’inscription française ★ LIBERTÉÉGALITÉFRATERNITÉ (la devise de la République Française), ayant en son centre l’inscription (sur deux lignes) 5 / CENTIMES avec, en-dessous, un petit A (marque d’atelier de Paris) flanqué de deux pictogrammes (les “différents” qui sont des marques de séquences liées au graveur et/ou à l’atelier): une abeille à gauche et une ancre couchée sur le côté à droite.

Malheureusement, si l’avers est en très bonne condition (à part une petite tache de vert-de-gris sur le haut et le manque de détails de la couronne d’épis et du bandeau), le revers comporte beaucoup plus d’usure qui oblitère complètement la valeur de la pièce. Par contre, nous savons que la pièce de cinq centimes a un diamètre de 25 mm et pèse 5 g alors que la pièce de dix centimes, elle, a une diamètre de 30 mm et un poids de 10 g. Il s’agit donc ici clairement d’une pièce de cinq centimes. Les “différents” sont également difficiles à distinguer mais en sachant que les exemples observés de “A” du début des années 1870 comportent une abeille (possiblement en association avec l’atelier de Paris) et une ancre (le pictogramme du graveur Désiré-Albert Barre qui aurait donc été le graveur du revers?), les formes floues qui entoure le “A” prennent du sens. Pour le “A” il existe deux variantes: le grand “A” (plus grand que les “différents”) et le petit “A” (même taille que les “différents”) — ici il s’agit d’un petit “A”. Les petites dénominations avec le type “Cérès” ont été frappé en pièces de un, deux, cinq, dix, cinquante centimes, un et deux francs entre 1870 et 1898 (quoi que le cinq centimes n’a pas eut d’émission en 1870 et en 1895). La pièce de cinq centimes a surtout été frappé à Paris (A) sauf entre 1871 et 1878 où elle a également été frappé à Bordeaux (K).

La IIIe République est proclamée le 4 septembre 1870. Elle débute avec un gouvernement de la Défense nationale dirigé par le général Trochu mais dès février 1871 une nouvelle Assemblée Nationale est élue et Adolphe Thiers est choisi comme chef du pouvoir exécutif (Président) — il démissionnera en mai 1873 pour être remplacé par Patrice de Mac Mahon. La priorité est d’abord de conclure un accord de paix avec l’Allemagne (dont le chancelier est Otto von Bismarck). Comme l’Assemblée Nationale est composé d’une majorité de Monarchistes (62% — dont 214 orléanistes et 182 légitimistes — contre 35% de Républicains [112 de Gauche, 72 de Centre-Gauche/Libéraux et 38 radicaux de l’Union Républicaine] et 3% de bonapartistes) la tendance est d’abord vers une nouvelle Restauration. Toutefois, aux Législatives suivantes, les Républicains sont majoritaires et la République est de nouveau sur le droit chemin. Malgré quelques problèmes (les communes insurrectionnelles de 1870-71, la crise Institutionnelle de 1877, et l’affaire Dreyfus), la IIIe Républiques est marquée par une nouvelle expansion coloniale ainsi que plusieurs réformes constitutionnelles (lois de 1875) et sociales (liberté de presse en 1881, légalisation des syndicats en 1884, laïcité en 1905 et instauration de l’impôt sur le revenu en 1914). Elle prendra fin en juillet 1940 avec le régime de Vichy dirigé par le maréchal Philippe Pétain. 

Sources: Wikipedia (Franc [FR/EN], Franc français [FR/EN], le Franc sous les IIIe et IVe Républiques, la IIIe République [FR/EN]), Google, acbon, AllYourCoins, BourseDuCollectionneur, CoinArchives, CollecOnline, eBay, NumisCorner, numista.

La semaine prochaine je vous présente une pièce de monnaie moderne Russe !

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