Poésie du dimanche [002.021.031]

Dit moi…

Dit moi pourquoi je suis de ce monde
Dit moi pourquoi tout m’est immonde
Dit moi où il faut mettre l’apostrophe
Dit moi… car je finirai en catastrophe

Dit moi où est la fin de l’univers
Dit moi avant la fin de ce vers
Dit moi quand la fin du monde
Dit moi… car je suis dans l’encombre

Dit moi où vais-je mourir
Dit moi pourquoi souffrir
Dit moi pourquoi cette terre
Dit moi pourquoi l’univers

Dit moi pourquoi
Pourquoi je suis là
Et aussi pourquoi toi
Pourquoi tu n’y es pas

Mais j’ai toujours la foi
Si tu ne dit rien parfois
Que tu me diras, moi
Me dira pourquoi…

Biset Lermite
1972

J’ai fait quelques petits changements pour améliorer des rimes très pauvres (répétitions de monde et moi, entre autres) mais dans l’ensemble ce poème est tel que je l’ai écrit à l’âge de dix ans…

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Les Frères Karamazov

FreresKaramazovIwashita-covL’exubérant et avide Fiodor Karamazov a été assassiné. La disparition de ce chef plonge le reste de la famille dans un combat de coq. Quel sens donner à l’existence de Dieu ? A ce qui est admissible ou pardonnable ? Et qui est l’assassin ? Les Frères Karamazov, l’un des piliers de l’oeuvre de Dostoïevski, est superbement adapté dans un manga au trait puissant.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

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Les Frères Karamazov (カラマーゾフの兄弟 / Karamazov no Kyödai) est l’adaptation en manga du chef d’oeuvre littéraire de Dostoïevski publié en japonais par Kôdansha en juin 2018 (reprenant l’édition de novembre 2010 par Nihon Bungeisha) et traduite en français dans la collection Kuro Savoir de Kurokawa. Celle-ci offre un concept très similaire à la collection Soleil Classique qui traduisait des adaptations de classiques de la littérature publié dans la collection manga de dokuha (まんがで読破) de l’éditeur japonais East Press — dont j’ai déjà parlé. De la même façon, la collection Kuro Savoir traduit en français des titres de la série Manga Academic Bunko (まんが学術文庫) de Kôdansha. La qualité tant des adaptations que du dessin semble meilleurs que ce que produit East Press (ce qui expliquerait peut-être la disparition de la collection Classique de Soleil). Au Japon, Les Frères Karamazov a déjà connu deux autres adaptations en manga: l’une par Yumi OKIKAWA (chez Gentosha Comics) en 2010 et l’autre dans la collection manga de dokuha en 2008.

Je n’ai pas lu l’oeuvre de Dostoïevski car j’ai toujours trouvé que la littérature russe me donnait des migraines. C’est une oeuvre compliquée mais il semble que l’adaptation de Hiromi Iwashita en résume bien les grandes lignes. Fiodor Karamazov est un noble parvenu, avide et débauché qui ne s’entend guère avec ses trois fils: Mitia (un ancien militaire, indépendant et avide, qui courtise la même femme que son père), Ivan (un athée imperturbable et sarcastique) et Aliocha (un moine novice d’une nature naïve et généreuse) — et l’on découvre au cours du récit qu’il y a un quatrième fils, illégitime. Ils représentent les archétypes russes et sont tous torturés par des problèmes d’argent, de coeurs, de conscience ou de jalousie… Lorsque le père est assassiné ils s’accuseront les uns les autres. Le récit développe de nombreuses intrigues et histoires parallèles, tout en explorant des questions philosophiques et existentiels sur l’existence de Dieu, le libre arbitre, et la moralité.

Le récit est complexe et parfois un peu difficile à suivre mais demeure fort intéressant. Le dessin, sans être extrêmement sophistiqué, est clair et précis. C’est une bonne lecture, intéressante et tout de même divertissante. Toutefois, le principal intérêt de ce genre d’ouvrage est de rendre plus accessible une littérature et des concepts qui ne retiendraient jamais l’attention des jeunes lecteurs s’ils n’étaient pas présenté sous une forme plus appétissante et plaisante, comme celle d’un manga. Et Les Frères Karamazov rempli bien cet objectif en nous offrant une agréable introduction à ce classique Russe.

Les Frères Karamazov par Fiodor Dostoïevski et Hiromi Iwashita. Paris: Kurokawa (Coll. Kuro Savoir), janvier 2020. 320 pages, 12.8 x 18.2 cm, 6,80 € / $12.95 Can., ISBN 978-2-368-52877-8. Pour lectorat adolescent (14+). stars-3-0

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© 2018 Hiromi Iwashita. All Rights reserved.

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Les fleurs de la mer Égée, vol. 1

FleursMerEgee-1-covDeux jeunes filles en marge de leur époque embarquent pour le voyage d’une vie ! 

À Ferrare, dans l’Italie du XVe siècle, Lisa ne rêve que de voyager à travers le monde. Alors que les jeunes filles de son âge cherchent un mari et ne pensent qu’à la romance, elle est passionnée par les objets exotiques. Un jour, elle rencontre Olha, une jeune fille de Qirim (Crimée actuelle), qui cherche à se rendre sur l’île de Crète pour y retrouver sa petite soeur. Lisa, bien déterminée à lui venir en aide, se met en tête d’embarquer avec elle. Un voyage plein d’aventures et de découvertes commence alors pour les deux jeunes filles ! 

Une grande découverte culturelle aux dessins somptueux ! Préparez-vous à une aventure inoubliable avec Les Fleurs de la Mer Égée ! Deux héroïnes pétillantes vont traverser le bassin méditerranéen en découvrant ses richesses et son histoire. Lisa, une jeune fille en quête de voyage et Olha qui recherche désespérément sa petite sœur, vont vous faire découvrir des lieux et des cultures d’une richesse incomparable. 

Chaque page regorge d’informations sur l’art, la gastronomie ou encore les coutumes du XVe siècle. Les dessins d’Akame Hinoshita sont de toute beauté et retranscrivent à merveille les splendeurs des villes comme Venise ou encore Split. Lisa et Olha, par leur fraicheur et leur curiosité nous font penser bien évidemment à une autre de nos héroïnes : Arte ! Elles portent le récit sur leurs épaules et on s’émerveille à chaque page avec elles. Les Fleurs de la Mer Égée va vous transporter dans une époque passionnante de l’histoire à travers le regard de deux héroïnes attachantes que vous aller adorer !

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

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Les fleurs de la mer Égée (エーゲ海を渡る花たち / Aege-kai wo Wataru Hana-tachi / Lit. “Fleurs traversant la mer Égée”) a été serialisé dans Comic Meteor et publié en volumes chez Softbank – Flex Comic en 2018. C’est une série complète en trois volumes qui ont été traduit en français chez Komikku Éditions.

Un autre manga historique que j’ai pris au hasard parce que cela me semblait intéressant. L’histoire n’est pas toujours vraisemblable (elle est chanceuse la demoiselle de pouvoir voyager comme ça) mais suffisamment bien écrite pour garder l’attention du lecteur. L’auteur a effectué beaucoup de recherches et présente beaucoup d’information historiques et géographiques qui malheureusement alourdissent parfois un peu le récit. Le début de la renaissance est une période fascinante et, en cet aspect, ce manga me rappel un peu Césare mais avec beaucoup moins d’action. Étrangement, c’est considéré comme un manga seinen alors que j’aurais plutôt crû que c’était un shojo… Le dessin est agréable à l’oeil et bien détaillé, avec parfois une petite touche d’humour lorsque les personnages ont des expressions rigolotes.

C’est intéressant, informatif et cela se lit bien. Une bonne lecture pour passer le temps.

Les fleurs de la mer Égée, vol. 1 par Akame Hinoshita. Paris: Komikku Éditions, février 2020. 170 pg (168 pl.), , 13 x 18 cm, 8,50 € / $15.95 Can., ISBN 978-2-372-87491-5. Pour lectorat adolescent (12+). stars-3-0

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© Akame Hinoshita 2019. © Komikku Éditions 2020 pour la version française.

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Monnaies anciennes 23

Les Royaumes Environnants 1

L’Empire Romain a accompli son expansion au détriment de peuples dit “barbares” (aux yeux de Romains) qui ont été soit conquis, soit repoussés. Lorsque l’Empire a atteint son expansion maximale il lui a fallut de constantes campagnes militaires pour maintenir ses frontières. Les trois principaux fronts ont été la Bretagne (contre les Pictes), le nord de l’Europe (les provinces de Germanie Inférieure et Supérieure, Rhétie, Norique, Pannonie, Dacie & Mésie où les Romains affrontent une grande variété de tribus germaniques telles les Marcomans, les Quades, les Sarmates, les Alamands, etc.) et le front orientale (principalement contre les Parthes). Avec le temps les frontières se sont plus ou moins stabilisées autour de lignes de fortifications (comme les murs d’Hadrien et d’Antonin en Bretagne) ou des barrières naturelles (comme le fleuve Danube ou le Rhin en Germanie). Et même malgré cela l’Empire a subit un assaut constant de populations qui désiraient reconquérir les territoires perdus ou simplement participer aux richesses de l’Empire. Au IIIe siècle, les frontières sont devenu peu à peu poreuses, permettant à une certaines quantités de migrants de s’assimiler, puis, aux Ve et VIe siècles, elles ont complètement cédé pour permettre à des peuples “barbares” (Goths, Vandales, Huns, Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Lombards, etc.) d’envahir et d’occuper l’Empire d’Occident.

La plupart de ces peuples possédaient une civilisation relativement frustre et n’avaient ni écriture, ni système monétaire. Ce n’était toutefois pas le cas des royaumes orientaux, comme les Parthes, qui possédaient déjà une civilisation assez sophistiquée et qui avaient largement bénéficier de l’influence hellénistique suite aux conquêtes d’Alexandre. Je voudrais donc m’attarder un instant sur quelques uns de ces royaumes environnants qui ont été tout à la fois ennemis et partenaires commerciaux de l’Empire.

Empire Parthe 

D’abord, une brève histoire de l’Empire Parthe. Il aurait prit naissance vers 247 AEC lorsque Arsace Ier, le chef des Parni (une tribu scythe d’Asie Centrale [Indo-Européennes], établie entre la mer Caspienne et la mer d’Aral), décide d’agrandir son territoire. Il conquiert d’abord, vers 238 AEC, la province Parthe (Parthie) que le satrape Andragoras venait de déclarer indépendante de l’Empire séleucide et il fonde la dynastie des Arsacides. Profitant de la secession du Royaume gréco-bactrien et du fait que l’Empire séleucide est au prise successivement avec l’Égypte ptolémaïque et la République romaine, l’Empire Parthe, sous Mithridate Ier (171-135 AEC), conquiert éventuellement l’Hyrcanie, la Médie, la Mésopotamie, l’Élymaïde, la Characène et l’Arménie, pour s’étendre de l’est de l’Indus jusqu’à la Syrie. Au travers de nombreux conflits (dont la guerre parthique de Lucius Verus que j’ai déjà mentionné), les empires Parthe et Romain se disputent l’Arménie, la Mésopotamie et l’est de la Syrie. Affaiblie par ses guerres avec Rome et de nombreux conflits internes, l’Empire Parthe est remplacé par celui des Sassanide en 224 EC. Riche d’un mélange de culture hellénistique, iranienne et arménienne, l’Empire Parthe s’est imposé — grâce à la route de la soie — comme une plaque tournante du commerce entre Rome et la Chine des Han. 

Vologese III (110-147)

Mon intérêt pour les pièces de monnaies Parthes m’est venu de mes recherches sur Lucius Verus et le fait qu’il ait mené campagne contre les Parthes en 161-166. J’aurais aimé mettre la main sur une pièce du roi Parthe de cette époque (Vologèse IV, 147-191) mais il semble que la pièce que j’ai acquise en est plutôt une de son prédécesseur, Vologese III (110-147). Fils de Pacorus II, son règne est caractérisé par une série de conflits où il doit d’abord affronter l’usurpateur Osroes Ier puis, après que ce dernier ait violé le traité de Rhandeia avec les Romains, il doit combattre les troupes de Trajan qui envahissent son territoire en représailles. Il doit également répondre à l’expansion de l’Empire Kushan à l’est et à une invasion des Alains au nord. Vologèse IV, fils de l’usurpateur Mithridate V, lui succède en 147.

IMG_8254-8255Ce très très beau drachme (VF [very fine], AR [argent], 18.0 x 18.5 mm, 3.330 g, payé $85 le 1985/05/03) nous offre un avers qui ne comporte aucune inscription mais simplement une représentation du monarque (si je me fie aux détails de l’apparence, qui correspond au type 78 [variante 78.3b] de la classification de Sellwood, ce serait vraisemblablement un portrait de Vologese III — quoique dans certains textes il peut y avoir une possible confusion entre Vologèse III (105-147, qui fut anciennement numéroté II) et Vologèse IV (147-191, qui fut anciennement numéroté III)). Il s’agit d’un buste, regardant à gauche, coiffé d’une tiare carrée (faite de quatre lignes horizontales, surmonté de neuf pointes), avec une longue barbe pointue (composée de six lignes), une coiffure composée de trois niveaux de vagues de cheveux (quatre lignes et deux fois cinq lignes), portant un diadème (avec une boucle double en haut et trois extrémités pendantes), une boucle d’oreille, et un collier (fait de 3 lignes à peine visibles). Le portrait est entouré d’une bordure de points (absente pour la moitié inférieure).  

Le revers est plus compliqué et est typique du début du IIe siècle. Il représente un archer assis à droite sur un trône (mais qui n’est pas illustré) tenant un arc, entouré d’une légende grecque maladroite (composée de sept lignes de texte: deux en haut [une partiellement visible], deux en bas et à gauche [une invisible], et une à droite). Sous le siège de l’archer, il y a un +, et sous l’arc on retrouve un monogramme (numéro 26 selon la classification de Babelon?) qui indique que la pièce a été frappée à l’atelier d’Ecbatane. L’inscription, qui serait commune aux pièces de Vologèse II (78-80), III (110-147) et IV (147-191), se lit ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΒΑΣΙΛΕΩΝ / ΑΡΣΑΚΟΥ ΟΛΑΓΑΣΟΥ / ΔΙΚΑΙΟΥ / ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΦΙΛΕΛΛΗΝΟΣ (BASILEOS BASILEON ARSAKOU [W]OLAGASOU DIKAIOU EPIFANOUS FILELLINOS) et se traduirait “Roi des rois Arsace, [V]ologèse [Walagaš], juste, glorieux, philhellène [Ami des Grecs]”. 

Aucun élément ne nous permet de dater la pièce avec plus de précision que les dates du règne de Vologèse III (110 à 147 EC) et encore, la confusion sur le nom de celui-ci (Vologèse II? III? IV?) ou même sur la date du règne (soit 110-147 ou 147-191), rends cette identification incertaine. Toutefois, nous sommes sûr qu’il s’agit d’une pièce du IIe siècle.

C’est intéressant comment une simple pièce de monnaie peut nous amenez à découvrir toute une civilisation ancienne.

Sources: Wikipedia [Empire Parthe, Monnaie Parthe, Vologèse FR / EN; note: il y a une différence importante entre les deux versions!], Google, Sear GIC 5830/31; BMC 23.186,66/72, BMC 23.217,1; Sellwood 78; MA-Shop, MA-Shop, CoinArchives, CoinsHome, Parthika, Parthika (Types S.73 à 81), FAC (Parthia, Parthian Coins, Doug Smith’s Parthian Silver Drachms), Parthia (Parthian Coins, Identification, Monograms, Inscriptions, Vologases III). Voir aussi ma fiche.

Bibliographie:

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Images du mer-fleuri [002.021.027]

Zinnia marylandica

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

DSC_0933Le Zinnia du Maryland est une espèce de plante herbacée à fleurs de la classe des Magnoliopsida, de l’ordre des Asterales, de la famille des Asteraceae, de la tribu des Heliantheae (comme les tournesols) et du genre Zinnia (qui regroupe une vingtaine d’espèces qui ont été développées en une centaine de cultivars). Dans ce cas-ci il s’agit du cultivar “Double Zahara Raspberry Ripple”. Les zinnias sont des annuelles caractérisées par leurs feuilles lancéolées et des fleurs à gros capitules qui attirent beaucoup les papillons. C’est une fleur décorative très appréciée à cause de sa grande variété de couleurs et de formes. (Source: Wikipedia [FR/EN], divers sites d’Horticulture)

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Nos Compagnons (Taniguchi)

NosCompagnons-covCe livre réunit les récits de Jirô Taniguchi consacrés aux chiens et aux chats.

C’est la disparition de son chien qui a poussé Jirô Taniguchi à écrire le premier chapitre de cette anthologie, comme une étape logique dans son processus de deuil. Si l’auteur est connu pour ses délicates fresques humaines, Nos Compagnons se penche sur les liens forts unissant le maître et l’animal, unis dans la vie comme dans la mort.”

“C’était juste un chien… Mais ce que nous venions de perdre, c’était beaucoup plus que ça. Et ce qu’il nous avait laissé, c’était encore plus.”

“Dans Nos compagnons, Jirô Taniguchi donne à voir et à ressentir l’indéfectible amitié qui nous lie à nos animaux domestiques. L’attachement, la complicité et la tendresse qui naissent et grandissent au fil de journées rythmées par des petits rituels et des joies simples, puis l’inévitable déchirement de la séparation. Par sa mise en scène du quotidien, tout en retenue et en attention portée à ce qui parait insignifiant de prime abord, Jirô Taniguchi saisit l’essence du lien qui nous unit à ces véritables partenaires de vie.

[Texte du site de l’éditeur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Cette anthologie thématique posthume reprends des récits déjà publiés dans Terre de rêve (犬を飼う / Inu o kau / lit. “Élever un chien”, publié au Japon en 1991-92 et en français chez Casterman en 2005) et republiés dans Une anthologie (谷口ジロー選集 : 犬を飼うと12の短編 / Taniguchi Jirō Senshū: Inu o kau to 12 no tanpen / lit. “Sélection de Jirō Taniguchi: Élever un chien et 12 histoires courtes” publié au Japon en 2009 et en français chez Casterman en 2010 — que j’ai déjà commenté).

Dans “Avoir un chien” (犬を飼う / Inu o kau / lit. “Élever un chien”; 40 pages, originalement publié dans le bimensuel Big Comics de Shôgakukan le 25 juin 1991), un jeune couple déménage à la campagne afin d’avoir un chien. Après plus de quatorze ans, celui-ci devient faible pour finalement mourir des suites d’une longue maladie. L’histoire illustre les joies de prendre soin d’un animal mais aussi la douleur que cause sa perte.

 

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Dans “Et maintenant… un chat” (そして…猫を飼う / Soshite… neko o kau / lit. “Et … garder un chat”; 26 pages, originalement publié dans le bimensuel Big Comics de Shôgakukan le 25 décembre 1991), un an après la disparition de Tam, le jeune couple adopte une chatte persane suite à la recommandation d’une voisine. Ils la nomment Boro (chiffon) et, après une période d’acclimatation mutuelle, elle leur donne une portée de chatons et peut-être le bonheur. Il semble que Taniguchi a effectivement eut un chien qui est mort en 1990, suivi d’une chatte persane nommée Boro!

Dans “Vue du jardin” (庭のながめ / Niwa no nagame / lit. “Vue sur le jardin”; 24 pages, originalement publié dans le bimensuel Big Comics de Shôgakukan le 10 avril 1992), le même jeune couple découvre toutes les difficultés que représente trouver preneurs pour des chatons. Aussi, ils partent à la recherche du vieux chien aveugle d’une voisine. Il sera retrouvé mais mourra tout de même six mois plus tard, entouré des soins de sa maîtresse. En bout de ligne, le couple ne donnera qu’un chaton, à une petite voisine, et conservera trois chats!

Dans “Quelques jours à trois” (三人の日々 / San’nin no hibi / lit. “Journées à trois”; 28 pages, originalement publié dans le bimensuel Big Comics de Shôgakukan le 25 septembre 1992), le jeune couple reçoit la visite surprise d’Akiko, une nièce de douze ans, qui a fait une fugue. Son père est décédé cinq ans plus tôt et sa mère songe à se remarier et cela trouble la jeune fille. Elle passe ainsi la dernière semaine des vacances d’été à mener une vie de famille normale: jouer avec les chats, pic-niquer, se lancer la balle, aller voir un match de baseball, etc., puis retourne chez elle. Dorénavant tout ira pour le mieux.

Dans “Une lignée centenaire” (百年の系譜 / Hyakunen no keifu / lit. “Généalogie de 100 ans”; 36 pages, originalement publié dans Big Comics 1 de Shôgakukan le 12 avril 2009 et publié en français pour la première fois dans Une anthologie), la chienne Hana donne naissance à cinq petit chiots. C’est l’occasion pour Kimiko, la grand-mère, de raconter à sa petite-fille l’histoire de cette longue lignée de bergers allemands, qui failli, une fois pendant la 2e guerre mondiale, être interrompue. La lignée remontait à Günter, un berger allemand qu’un architecte prussien avait donné à son grand-père, un médecin militaire, à la fin de l’époque Meiji (1912). Kimiko avait grandie avec Belle, une chienne de la cinquième génération. Malheureusement, elle fut réquisitionnée par l’armée japonaise en 1943 pour contribuer à l’effort de guerre. Mais, après la guerre, elle ne revint pas. La vie reprit peu à peu son cours normal et la famille ouvrit une petite pension pour survivre dans l’économie difficile de l’après-guerre et Belle fut oubliée… jusqu’à ce que Kimiko entendes parler d’un article de magazine racontant l’histoire d’un soldat américain et de son chien Japonais!

Nos compagnons nous offres de belles histoires touchantes, dessinées dans un style agréable et fluide. Ce recueil nous permet donc de relire Taniguchi qui, malgré sa disparition, reste un des mangaka les plus appréciés en Europe. Une très bonne lecture pour les amateurs de chiens et chats et une excellente occasion de découvrir Taniguchi si vous ne le connaissez pas déjà.

Nos compagnons, par Jirô Taniguchi (Traduction par Patrick Honnoré). Paris: Casterman (Coll. Écriture), octobre 2019. 160 p. (154 pl.), 17 x 24 cm, 16.95 € / $C 32.95. ISBN 978-2-203-19329-1. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

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©  1991, 1992, 2009, PAPIER / Jiro TANIGUCHI.

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Poésie du dimanche [002.021.024]

Le poète du dimanche est de retour. Mais comme mon vieux cerveau engourdi ne peut plus cracher que des tanka et des haïku, je ressort des vieilleries. Cette semaine, en cherchant des vieux papiers dans mes boites, je suis tombé sur un cahier de poésie datant des années ’70. Le plus ancien de ces poèmes date de 1972, alors que je n’avais que dix ans. On y voit que mes goûts pour la SF, la philosophie, le morbide et l’Histoire ne datent pas d’hier. La plupart de ces poèmes de jeunesse sont plutôt moches, mais il y a tout de même quelques perles oubliées que je vais vous présenter dans les prochaines semaines…

Je débute avec cette fable de 1975, évidemment inspirée d’Ésope et de Jean de La Fontaine :

L’archéologue et la momie

Dame momie dans son sarcophage couchée
Gardait un secret qui la rendait folle
Maître archéologue, passant par là, intrigué
Lui dit à peu près ces paroles:

“Bonjour, ma dame momie
Que vous êtes bien conservée et que vous êtes jolie
Sans rien vous cacher, si votre bandage
Se rapporte à votre coffrage
Vous êtes le phénix de toute l’Égypte ancienne !”

À ces mots, la momie en peine
Pour montrer ses ornements d’or
Lui mit sous le nez ses trésors

L’archéologue s’en saisit en disant: “Ma chère soeur
Apprenez que tout bon chercheur
Vit au dépend de celui qui détient les secrets
Cette leçon vaut bien un peu d’or, et c’est bien fait !”

Dame momie, pleurant des larmes de numides
Décida, mais un peu tard, qu’elle vivrait dans une pyramide

Biset Lermite
1975/04/03

Je trouve cette fable plutôt amusante. J’ai toutefois fait quelques modifications: j’ai changé “resta figé” par “intrigué”, j’ai remplacé “ornage” (qui n’existe pas) par “coffrage” et l’ai interverti avec “bandage” et j’ai choisi de mettre “larmes de numides” au lieu de “larmes humides” qui fait un peu enfantin (quoi que “larmes de numides” ne veut rien dire non plus mais cela semble moins bête). À l’époque je signais mes poèmes “Biset Lermite” — qui sonnait comme “Bernard-l’hermite” et évoquait l’image d’un pigeon des plus communs et solitaire. C’est bien sûr inspiré de la fable de La FontaineLe Corbeau et le Renard” (elle même volée à Ésope et à Phèdre). C’est pas génial mais c’est tout même pas trop mal pour un gamin de presque treize ans…

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Isabella Bird 6

IsabellaBird-6-covIto s’est enfin décidé à révéler à Isabella qu’il était lié par un précédent contrat. Pour lui, la route s’arrêtera au port d’Akita ! Sans ses multiples talents, c’est tout le périple qui pourrait être compromis… Le jeune homme en est conscient : taraudé par la culpabilité, il a bien du mal à se reposer.

Pourtant, son employeuse ne semble pas affectée outre mesure… On dirait au contraire qu’elle a retrouvé son entrain ! Après tout, les deux voyageurs ont encore du chemin à parcourir avant d’arriver à destination… Qui sait ce que l’avenir leur réserve ?

Lancez-vous à la découverte d’un Japon traditionnel désormais disparu à travers les yeux de l’intrépide Isabella Bird ! Basé sur les écrits réels de l’aventurière, Isabella Bird, femme exploratrice est un récit passionnant sur la rencontre de deux mondes, avec un rare souci du détail par Taiga Sassa, nouveau talent prometteur !

[Texte de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Isabella Bird, femme exploratrice (ふしぎの国のバード / Fushigi no Kuni no bādo [Bird] / littéralement: “Bird au pays des merveilles”) nous offre le récit de voyage de la célèbre exploratrice britannique au Japon du début de l’ère Meiji en se basant sur sa correspondance avec sa soeur Henrietta qui fut publiée en 1880 sous le titre Unbeaten Tracks in Japan.

Écrit et dessiné par Taiga Sassa, ce manga seinen historique a d’abord été publié en feuilletons dans le magazine Harta (Enterbrain), puis compilé en volumes chez Kadokawa. Le premier volume est paru en mai 2015 et le plus récent volume, le septième, est paru au Japon en août 2020 et en France en décembre 2020.

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Dans le premier chapitre de ce sixième volume, Ito est surpris de l’enthousiasme de Miss Bird même après qu’il lui ait annoncé qu’il devra quitté l’expédition lorsqu’ils arriveront à Akita. À la ville-étape de Innai, ils rencontrent un jeune docteur japonais, Kobayashi, qui étudie la médecine occidentale et s’est donné pour mission de guérir le Béribéri. Cette maladie cause une paralysie des jambes et on la croit contagieuse, mais le Dr. Kobayashi croit qu’elle est en fait due à une déficience alimentaire liée à la consommation de riz blanc et la traite en prescrivant une diète de mugimeshi (un mélange de blé et de riz complet).

Lorsqu’ils arrivent à l’étape suivante, Yuzawa, un incendie fait rage. C’est l’occasion pour Miss Bird d’apprendre comment les pompiers japonais travaillent. Les maisons sont démolies pour éviter que l’incendie se propage et, comme elles sont construite très légèrement, elles sont rapidement rebâties par la suite. Miss Bird s’étonne également de l’incroyable résilience des habitants qui acceptent le drame comme une chose parfaitement naturelle.

Le lendemain (19 juillet de l’an 11 de l’ère Meiji [1878]), Miss Bird trouve des papiers dans la rivière. Il s’agit d’un registre comptable qu’un commerçant aura probablement jeté à la rivière pour le protéger des flammes. Elle est surprise par la résistance du papier, alors ils font un détour par le hameau de Jumonji pour visiter un atelier de fabrication de papier “kamisuki.” L’écorce d’un mûrier “kozo” est pilonnée pour faire une pâte à laquelle on ajoute une glue tirée d’un hortensia “noriutsugi”. La pâte est ensuite coulée dans une sorte de tamis “sukisu” pour être séchée au soleil. Le résultat est un papier extrêmement résistant. 

Sur la route d’Ushu, Ito et Miss Bird rencontre un homme qui a un malaise. Ils le ramènent à la maison dont il est le serviteur dans le village de Rokugo. La maîtresse de la maison, Yuki, leur apprend que son époux vient de mourir mais les invite quand même à partager son hospitalité. Malgré le drame, Yuki est très forte et sourit pour cacher son chagrin. Miss Bird assiste au rituel du lavement du corps (yukan), puis on rase le crâne du défunt, et l’habille d’un yukata couvert d’idéogrammes—des sutras qui aideront le défunt à voyager dans l’autre monde. Ensuite c’est la cérémonie de fermeture du cercueil, que l’on fait passer sous une arche de roseaux, puis c’est la mise en terre. Yuki leur parle un peut de son époux. Plus tard, Ito tente de convaincre Miss Bird de remettre le voyage vers Ezo à plus tard, lorsque la température sera plus clémente, mais elle lui dit que c’est impossible. Cette expédition est son ultime aventure car elle a l’intention de se marier à son retour en Angleterre!

Sans trop savoir pourquoi, le dessin m’apparaît légèrement différent, mais toujours aussi détaillé et agréable. Le dessinateur semble prendre de l’expérience. Malgré cela, ce volume ne me semble pas aussi bon que les précédents. C’est peut être que l’originalité du récit s’estompe un peu plus avec chaque nouveau volume. Ou alors c’est le fait que le récit m’apparait un peu artificiel et pédagogique. Il est moins anecdotique que les volumes précédent, chacun des chapitres se concentrant plutôt sur quatre grands thèmes (le Béribéri, les pompiers, le papier japonais et les rituels funéraires). Je remarque également qu’il n’y a aucune scène où Miss Bird écrit à sa soeur, ce qui serait peut être la façon de l’auteur de montrer que cette partie du récit est originale et non pas inspirée de l’oeuvre de Miss Bird. En effet, j’ai lu le récit original de Bird et je ne me souviens pas d’y avoir vu aucune des anecdotes racontées dans ce volume. Avec une histoire principalement fictive, l’auteur en profite pour ajouter sa propre description du Japon de cette époque mais il le fait d’une façon peut-être un peu trop didactique…

Ceci dit, cela reste une très bonne lecture et un sujet fascinant pour tout amateur de mangas historiques et d’histoire japonaise. 

Isabella Bird, femme exploratrice T06 par Taiga SASSA. Paris: Ki-oon (Coll. Kizuna), septembre 2020. 224 pg (206 pl.), , 13 x 18 cm, 7,90 € / $14.95 Can., ISBN 979-10-327-0664-0. Pour lectorat jeune (7+). stars-3-5

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Voir mes commentaires sur les volumes précédents:

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Monnaies anciennes 22

Les femmes romaines (6)

Theodora

J’ai plusieurs pièces byzantines, généralement en piètre état, et celle-ci est donc probablement l’une des rares dont je vais vous parler. Considérant l’état de la pièce, son identification est incertaine. Quoi qu’il en soit c’est une occasion pour moi de parler d’une femme qui n’a pas seulement été l’épouse d’un empereur mais qui a véritablement régner sur Constantinople. 

Bien sûr, lorsque l’on parle de l’impératrice Theodora, il faut faire attention de ne pas la confondre avec la demi-douzaine d’impératrices byzantines qui ont porté le même nom, dont la plus célèbre est sans aucun doute l’épouse et co-imperatrice de Justinien (527-548) — mais il y a aussi, entre autres, l’épouse de Constance 1er (293-306) et l’épouse de Théophile (830-842). Dans ce cas-ci il s’agirait d’une pièce de l’impératrice Théodora Porphyrogénète, qui fut la dernière descendante de la dynastie macédonienne à régner sur le trône de Constantinople.

Theodora III Porphyrogenita (Θεοδώρα Πορφυρογενίτη) est la plus jeune des trois filles de l’empereur Constantin VIII: Eudoxie (qui prend le voile jeune après avoir souffert de la petite vérole), Zoé (née vers 978) et Théodora (née vers 980). Pour assurer sa succession, son père marie d’abord Zoé à un vieux sénateur, Romain III Argyre, avec qui elle est co-impératrice de novembre 1028 à avril 1034. Zoé, jalouse de sa soeur Théodora (qui était, dit-on, plus belle et plus intelligente), l’accuse de comploter contre elle et l’exile au monastère de Petrion. À la mort de son époux, Zoé se remarie à Michel IV (avec qui elle continue de régner de avril 1034 à décembre 1041). Lorsque celui-ci décède à son tour, elle adopte son neveu, Michel V (décembre 1041 à avril 1042), mais celui-ci l’exile pour prendre le pouvoir seul. Toutefois, une révolte populaire le force à fuir et le peuple réclame le retour de Théodora pour qu’elle partage le pouvoir avec Zoé. La bonne entente ne durera cependant que trois mois. Zoé se marie pour une troisième fois à Constantin IX, avec qui les deux soeurs partagent le pouvoir de juin 1042 à juin 1050. 

À la mort de Zoé, Théodora retourne au couvent et Constantin IX règne seul jusqu’à sa mort en janvier 1055. Théodora revient alors à Constantinople où elle peut enfin régner sans avoir à partager le trône. Elle tient les rênes du pouvoir d’une main ferme: elle préside le sénat, fait une purge parmi les hauts fonctionnaires et le commandement militaire (les remplaçant par ses propres eunuques), contrôle les excès des nobles et s’ingère même dans le choix des évêques — ce qui lui attire de nombreux ennemis. Ne s’étant jamais marié, elle n’a aucun successeur désigné lorsqu’elle meure de troubles intestinaux (possiblement d’une appendicite) en août 1056, à l’âge de soixante-seize ans. Ses conseillers mettent sur le trône Michel VI, un vieux fonctionnaire et ancien ministre des finances militaires. Après un bref règne et des troubles civils, Isaac Ier prends le pouvoir, signalant le début de la dynastie des Comnène. Théodora aura été une impératrice intelligente et forte dont le règne tumultueux a malheureusement eut des répercussions néfastes, puisque sa politique étrangère causa non seulement le schisme de 1054 mais aussi créa des tensions avec le Califat fatimide qui bloqua alors l’accès des pèlerins aux Saint-Sépulcre.

IMG_8739-8744L’aspect caractéristique et aisément reconnaissable de ce nummus (aussi appelé follis) de qualité plutôt passable (Fair, Ae, 30 x 32 mm, 9.164 g, payé environ $5 le 1985/01/06, flan mince et possiblement refrappé) c’est son revers qui nous offre l’inscription IC-XC / NI-KA divisée par les quatre angles d’une croix ornée de bijoux (ou du moins c’est ce que suggère le motif granulé). Sur l’avers aucune inscription n’est visible mais on y retrouve une figure du Christ, dont on voit le trois-quart du corps, debout de face, la main droite levée en une bénédiction, et la main gauche tenant les Évangiles. Si l’on consulte le Catalogue of the Imperial Byzantine Coins in the British Museum (IBC) les seules pièces similaires sont attribuées à Théodora et datées entre le 11 janvier 1055 et le 31 août 1056.

Dans la description de l’avers, le IBC (vol. 2, # 6 à 16, pp. 507-508) ajoute qu’il y a une auréole derrière la tête du Christ (qui forme une croix avec des points), qu’il porte une tunique et un manteau, que les Évangiles sont aussi décorés de points et qu’il y a une inscription: +EMMA NOVHL (translitération grecque de l’hébreux Emmanuel [עמנואל / Εμμανουήλ] qui signifit “Dieu [est] avec nous”) avec IC – XC dans le champs de part et d’autre. Ce Chrisme (ou Christogramme) est le même que l’on retrouve sur le revers et constitue un monogramme formé des première lettres grecques du nom du Christ (IC = ΙΗϹΟΥϹ / IESOYS / Jesus et XC = ΧΡΙϹΤΟϹ / KRISTOS / Christ). Sur le revers, il s’y ajoute le mot Nika pour former l’inscription “Jésus-Christ est victorieux”.

Étrangement, la plupart des sources sur l’internet (voir plus bas) semblent attribuer ce type de revers à Michel IV (ce qui est à peu près de la même époque que Theodora, en fait quelques années plus tôt, soit 1034-1041). Pourtant, les pièces de cette époque comportent surtout des avers montrant juste le torse du Christ (la moitié du corps) et des revers avec beaucoup plus de texte (du genre “IS-XS / BASILE / BASILE” ou “+INSYS / XRISTYS / BASILEY / BASILE”, ce qui veut dire à peu près “Jésus Christ Roi des rois” — voir IBC v.2, pl. LVIII pour exemples). Il y aurait-il eut de nouvelles découvertes depuis la parution du IBC au début du siècle dernier? C’est possible. Toutefois, le IBC mentionne que plusieurs de ces pièces sont refrappées (overstruck) sur des pièces plus anciennes, ce qui pourrait expliquer la confusion… Quoiqu’il en soit, il serait sans doute plus sage de considérer cette pièce comme anonyme…

Sources: Wikipedia, Google, IBC v.2: 6-16, FAC (Byzantine Coins of the Macedonian Dynasty), CoinArchives, CoinArchives, CoinArchives, acsearch, Numista, CoinTalk. Voir aussi ma fiche.

Ceci conclu cette sous-série de billets sur les femmes vue à travers mes monnaies romaines. Évidemment, la vie d’une impératrice devait être bien différente de la vie d’une femme ordinaire romaine. Comme la société romaine est de nature patriarcale, on s’attendrait à ce que la femme n’y ait aucun pouvoir. En effet, par la loi, elle est toujours dépendante soit de son père, soit de son époux, et son rôle est surtout de gérer le domaine familiale (l’entretient, l’approvisionnement, les esclaves, etc.), de tisser et d’avoir des enfants. Toutefois, la matrone romaine était tout de même assez libre. Elle pouvait témoigner devant un tribunal, recevoir un héritage, posséder et gérer une entreprise, divorcer, confier ses enfants à des nourrices et éducateurs, s’adonner à de nombreux loisirs (aller aux thermes, flâner sur le forum, participer à des débats, aller au théâtre, assister aux jeux du cirque ou à des courses de chars), etc. Et, si elle ne pouvait pas occuper de fonctions politiques ou militaires, elle pouvait exercer une grande influence et même participer à des conspirations! Rome avait même une journée consacré aux matrones, les Matronalia, qui était célébré au printemps (aux Calendes de mars [1er du mois], car c’est le mois de la fertilité). Ce serait d’ailleurs l’origine de la fête des mères (maintenant généralement fêté en mai). 

Sources: Wikipedia [FR / EN], Google, National Géographic, Revue des Deux Mondes.

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Images du mer-fleuri [002.021.020]

Anchusa officinalis

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

DSC_0907La Buglosse officinale (aussi appelé common bugloss ou alkanet en anglais) est une espèce de plante herbacée à fleurs de la classe des Magnoliopsida (sous-classe des Asteridae), de l’ordre des Lamiales, de la famille des Boraginaceae, et du genre Anchusa (qui regroupe environ trente-cinq espèces de Buglosses). Le nom Buglosse vient du grec (βούγλωσσον / Bouglosson / “langue de boeuf”) et fait référence à la forme de ses feuilles. Elle est caractérisée par ses fleurs bleue saphir, composées de cinq sépales et de cinq pétales, qui sont groupées en plusieurs cymes axillaires radialement symétriques. Elle est utilisée dans les jardins de rocaille. C’est également une plante mellifère qui produit beaucoup de nectar (dans le top dix des plantes les plus productives, selon des données du Royaume Unis) et attire donc les pollinisateurs (oiseaux et insectes). (Source: Wikipedia)

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cogitationes me

I. Le savoir sur le bout des doigts

Je me sert maintenant beaucoup de l’internet pour identifier (ou vérifier l’identification) de mes monnaies anciennes ainsi que pour des tas d’autres choses (comme des applications de traduction). C’est fou ce qu’on trouve sur l’internet de nos jours. Par, exemple, des scans complets de vieux livres de référence! Si j’avais eut accès à autant de documentations quand je travaillais sur ma thèse, les choses auraient sûrement été plus faciles (cela m’aurait peut-être évité d’aller passer un mois en Europe pour faire la tournée des bibliothèques universitaires afin de rassembler ma bibliographie et de faire des photocopies…).

Tout ce savoir à porté de la main et pourtant on retrouve toujours autant (sinon plus) d’idiots dans le monde. Comme quoi qu’il est insuffisant d’avoir accès au savoir, encore faut-il connaître comment chercher ce que l’on a besoin, avoir la capacité de l’interpréter et en avoir la volonté. Il n’y a pas pire Humain que celui qui refuse d’apprendre, car cette capacité à apprendre (accumuler et retransmettre le savoir) est ce qui nous distingue vraiment de l’animal. Le refus de l’amélioration de soi nous rabaisse donc au niveau de la bête.

[002.021.016]

(Inspiré du COMMENTARIORUM QUOS IPSE SIBI SCRIPSIT de Marcus Aurelius — oui, je sais, le vrai titre en était Τὰ εἰς ἑαυτόν parce qu’en homme éduqué il écrivait en grec, ce qui m’est impossible)

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Monnaies anciennes 21

Les femmes romaines (5)

Salonina

Salonina, dont j’ai trois antoniniani, était l’épouse de Gallienus, empereur romain du IIIe siècle qui a régné durant la période dite des “trente tyrans”, entre octobre 253 et septembre 268 EC. À la mort de son père et coempereur, Valérianus, aux mains des Perses, il devient seul empereur en 260 EC. Il hérite d’un empire assaillit de tout côtés par des envahisseurs (Perses et Alamands) mais surtout divisé par des rébellions et de nombreuses tentatives d’usurpations — principalement par Postume, qui créa l’Empire des Gaules au nord-ouest, et Odénat, qui fonda avec son épouse Zénobie le Royaume de Palmyre en Orient. Ce qui rend Gallienus intéressant c’est qu’il a été un empereur hellénisant et humaniste, adepte du néoplatonisme et tolérant envers le christianisme — ce qui a facilité son avancement. Il a également fait des réformes militaires où le commandement des armées a été confié à des Magister equitum, des officiers expérimentés d’origine illyrienne ou pannonienne. Il a été assassiné alors qu’il affrontait l’usurpateur Auréolus à  Mediolanum en septembre 268. Claudius Gothicus, l’un de ses maîtres de cavalerie illyriens, lui succède pour mettre fin à l’anarchie militaire — débutant ainsi l’époque des empereurs illyriens. J’ai de nombreuses pièces de monnaies de Gallienus, Postumus ainsi que de Claudius Gothicus et ses successeurs, alors j’y reviendrai bientôt. 

D’origine Bithynienne (selon l’Historia Augusta), Julia Cornelia Salonina épouse probablement Gallienus en 243 et est faite Augusta au début du règne de son beau-père, Valerianus, en 253. L’Histoire (par les monnaies et les inscriptions lapidaires) ne retient le nom que de seulement deux de ses enfants, Valerianus II et Saloninus (qui ont été associé au pouvoir mais sont mort jeunes), toutefois des allusions à sa grande fécondité et des monnaies illustrants plusieurs jeunes enfants semblent indiquer une plus large progéniture. Aucune source ne mentionne d’anecdote négative à son égard et elle semble avoir été aimé du peuple (comme l’indique une inscription sur un arc dédié à Gallien à Rome, la qualifiant de “très sainte Augusta Salonina”, SALONINAE SANCTISSIMAE AVG); elle aurait été une bonne épouse, très proche de Gallienus (des monnaies font l’éloge de la “concorde des augustes”, CONCORDIA AVGVSTORVM), participant même au pouvoir (puisque près de 10% du monnayage du règne lui fut consacré). Elle aurait visité les thermes de Berthemont-les-Bains, dans les Alpes-Maritimes, pour s’y soigner en 261 (cet événement est illustré dans la bande dessinée Ad Roman que j’ai récemment commenté) et y aurait professé la liberté de culte, se montrant particulièrement clémente envers les Chrétiens. Elle a probablement été exécuté avec l’entourage de Gallienus, après le décès de ce dernier en 268, dans une purge ordonnée par le sénat.

IMG_8753-8757Ce beau antoninianus (VG/G, billon/Ae, 19 mm, 1.740 g, payé $US 5.00 le 1985/04/14, caractérisé par des taches vertes d’oxyde de cuivre) nous offre sur l’avers un buste de Salonina, drapé et diadémé à droite, reposant sur un croissant, avec l’inscription SALONINA AVG[VSTA]. Le revers nous présente une Pietas debout à gauche, la main droite levée et tenant une boite à parfums dans la main gauche, avec l’inscription PIETAS AVG[VSTI] (“piété de l’auguste”) — aucune marque d’officine (lettre “P” pour Rome ou lettre “P” à d. avec “II” à g. pour Siscia) ne peut être distingué dans le champs droit ou gauche (ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas). Le type du revers représente la piété et la dévotion de l’impératrice envers les dieux et sa famille. Rien ne permet de dater précisément cette pièce (c. 260-268). 

Sources: Wikipedia, RIC 5a: 22 (p. 193), Sear RCV (1983): 2942, C 77, vcoins, Wildwind (text, image), numismatics, Gallienus & family, ERIC, FAC (Salonina, Pietas). Voir aussi ma fiche.

IMG_8760-8764Cet assez beau antoninianus (G/P, billon/Ae, 20 mm, 2.781 g, payé $US 5.00 le 1985/04/14, flanc vaguement triangulaire du à l’usure, traces d’oxyde de cuivre) nous offre sur l’avers un buste de Salonina, drapé et diadémé à droite, reposant sur un croissant, avec l’inscription SALONINA AVG[VSTA]. Le revers nous présente l’empereur (Valerianus ou Gallienus), à gauche, recevant une victoire de Rome, à droite, assise vers la gauche, une couronne (ou étoile?) dans le champs au-dessus, avec l’inscription ROMAE AETERNAE (Rome éternelle”). Il existe plusieurs variantes de cette pièce frappée en Asie (soit à Antioche ou à Samosate) durant le règne conjoint de Valerianus et Gallienus (253-260). Le revers commémore sans doute une victoire militaire, probablement contre les Perses Sassanides de Shapur Ier (puisque la pièce a été frappée en Asie). Certaines sources (dont le RIC) la date de 255-56 et d’autre de 258-60 (selon la variante). 

Sources: Wikipedia, RIC 5a: 67 (p. 115), C 103, vcoins, CoinArchives, numiscmatics, ma-shops, Wildwinds (text, image), Wildwinds (text, image), acsearch, acsearch, acsearch,  ERIC, FAC (Salonina, Romae Aeternae). Voir aussi ma fiche.

IMG_8765-8768Cet antoninianus dans un état passable (G/Fair, Ae argenturé, 19 mm, 1.961 g, payé $US 15.00 le 1985/04/14, caractérisée par une couleur grisâtre et un aspect rugueux) nous offre sur l’avers un buste de Salonina, drapé et diadémé à droite, reposant sur un croissant, avec l’inscription SALONINA AVG[VSTA]. Le revers nous présente une Vénus debout à gauche, tenant un casque (ou une pomme?) dans la main droite, un long sceptre dans la main gauche et avec un bouclier à ses pieds. L’inscription est VENVS VICTRIX (“Vénus victorieuse”). Aucune marque d’officine (comme la lettre “H” ou les chiffres “IV” ou ”VI”) ne peut être distingué dans le champs droit (le RIC indique bien une variante sans marque). Le type du revers fait référence à la légende du jugement de Pâris et de la fameuse “pomme de la discorde” et est sans doute une allusion à la beauté de Salonina. Il existe plusieurs variantes de cette pièce frappée à Rome et rien ne permet de la dater précisément, mais le RIC l’indique comme une pièce frappée sous le règne seul de Gallienus (c. 260-268). 

Toutefois, l’instabilité politique et le coût économique des constantes campagnes militaires ayant amené une importante dévaluation monétaire, les dénominations traditionnelles du IIe siècle disparaissent complètement et les antoniniani, d’abord frappé en billon (avec à peine 10% d’argent) au début du règne de Gallienus, ne sont plus à la fin de son règne que des pièces de cuivre argenturées (trempées dans l’argent ou plaquées). L’état de cette pièce (où le noyau de cuivre apparait sous l’argenture) semble indiquer une période tardive du règne de Gallienus (c. 267-68).

Sources: Wikipedia, RIC 5a: 31 (p. 194), Sear RCV (1983): 2947, C 129, vcoins, Wildwinds (text, image), Wildwinds (text, image), Numista, Numista, numismatics, Gallienus & family, ERIC, FAC (Salonina, VENVS VICTRIX, billon). Voir aussi ma fiche.

Ces trois pièces de monnaie, à travers Salonina, représentent bien l’image de la femme romaine éclairée et forte.

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Images du mer-fleuri [002.021.013]

Malva sylvestris

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[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

DSC_0904La Grande mauve ou Mauve sylvestre (aussi appelé “common mallow” ou “tall mallow” en anglais) est une espèce de plante herbacée à fleurs bisannuelles de l’ordre des Malvales, de la famille des Malvaceae et du genre Malva. Je l’ai déjà illustré par le passé mais sans donner de détails. C’est une plante vivace comestible qui peut être consommée crue en salade ou cuite en soupe et comme légume. C’est également une plante médicinale dont les propriétés anti-inflammatoires peuvent soulager la peau et les muqueuses irritées (pulmonaires, de la gorge, utérines, de la vessie, gastro-intestinales, etc.). Toutefois ces propriétés proviennent du mucilage qui est encore plus prononcé chez sa cousine Althaea officinalis (la Guimauve officinale ou marsh-mallow en anglais — dont la racine a servit originellement a confectionner la confiserie du même nom, qui est maintenant produite avec du sucre, du blanc d’oeufs et de la gélatine). On l’apprécie surtout comme plante ornementale, caractérisée par ses fleurs voyantes d’un mauve-violet vif, avec des veines plus sombres, et sa nature vigoureuse qui fait qu’elle pousse librement dans les prairies, les haies et les champs en jachère. (Source: Wikipedia)

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Mariko Parade

“Bref, ce que je voulais dire, Casanova occidentaux… Faites donc un peu gaffe avec les Japonaises. La gentille fille que vous avez séduite et qui prends soin de votre solitude… Un jour, c’est sûr, elle disparaîtra… Peut-être en souriant, comme ça. Ce sera soudain. Et ça fera mal.

C’est la saison des pluies, les hortensias sont en fleur. Le mangaka français, 42ans, et Mariko, ja jeune japonaise de 24 ans, son modèle, partent trois jours en repérages sur l’île d’Enoshima. Depuis leur rencontre quatre ans plus tôt, Mariko est devenue indispensable au dessinateur, dans son travail comme dans sa vie. Après deux journées, elle révèle qu’elle a décidé de quitter le Japon pour quelques années…”

[Texte du volet intérieur et de la couverture arrière]

(Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs)

Un dessinateur de bande dessinée français et sa jeune modèle japonaise se rendent sur l’île d’Enoshima pour une séance de photos et faire des sketches. C’est l’occasion de réminiscer sur leur relation amoureuse. Toutefois, la jeune femme lui annonce qu’elle le quitte pour aller étudier à l’étranger…

Comme elle nous l’apprend dans sa préface, en 2002, Kan Takahama publie des histoires dans la revue alternative Garo et se demande si elle doit continuer dans le manga alternatif ou faire plus dans le commercial. Le concept de “Nouvelle Manga” lancé par Frédéric Boilet l’intrigue et elle invite donc le dessinateur à la rencontrer au Café des Relations Humaines. Ils discutent toute la nuit de décident de collaborer ensemble. Boilet, déjà connu pour L’Épinard de Yukiko, pensait déjà rassembler en un album les illustrations et histoires courtes semi-biographiques inspirées par sa modèle japonaise. Ils ont donc l’idée de créer ensemble une histoire complète qui relira ensemble “tous éléments, un peu comme dans les Mickey Parade d’autrefois.” C’est ainsi que Mariko Parade est né.

Mariko Parade (まり子パラード) a d’abord été publié au Japon chez Ohta Shuppan, en janvier 2003, puis en France chez Casterman, en septembre de la même année. Les éditions espagnoles et anglaises sont parues en 2004 chez Ponent Mon et Fanfare. L’histoire, qui tourne autour des thèmes de l’amour et du chagrin, est assez intéressante. On distingue aisément le style de chacun des artistes (Takahama a un style plus traditionnel alors que Boilet travaille surtout à partir de modèle et de photographies retouchées). Cela permet au public de l’un des artistes de découvrir l’autre. Pour ma part, je n’avait jamais lu du Boilet.

Frédéric Boilet est considéré par certain comme un mangaka. Toutefois, personnellement, je n’aime pas l’utilisation du terme mangaka pour un auteur non-japonais. Pour moi, si un artiste français dessine une histoire au Japon, dans le style japonais, cela reste toute de même de la bande dessinée. Il est donc un auteur de BD, pas un mangaka. Néanmoins, dans ce cas-ci, comme c’est une  collaboration avec une artiste japonaise, on peut considérer l’ouvrage comme un manga.

Chose amusante, il y a de nombreuses années j’ai reçu plusieurs copies de presse de chez Fanfare / Ponent Mon. Comme j’étais surtout intéressé à leur traduction de Jiro Taniguchi j’ai mis tout le reste des mangas reçu de côté, dans le bas d’une tablette, parce que ce n’était pas le genre de manga que j’aimais lire à cette époque. Je les ai redécouvert ce matin par hasard, alors que je termine ce commentaire, pour me rendre compte que dans le tas il y avait une copie de Mariko Parade ! Maintenant mes goûts en manga sont plus éclectiques et j’en suis fort heureux.

Quoiqu’il en soit, même si le style de Mariko Parade est plutôt inégal, c’est un charmant récit qui se lit bien et qu je recommande aux amateurs de Kan Takahama ou de la “Nouvelle Manga”.

Mariko Parade, par Kan Takahama et Frédéric Boilet. Paris: Casterman (Coll. Écriture), septembre 2003. 188 p., 17 x 24 cm, 13.75 € / $C 27.95. ISBN 2-203-39603-2 (9782203396036). Pour lectorat jeune adulte (16+). 

Mariko Parade, by Kan Takahama and Frédéric Boilet. Wisbeck: Fanfare / Ponent Mon, July 2004. 192 p., 6 1/2 x 9 3/8 in., 10.99 € / $US 17.99. ISBN 9788493340919. For young Adult readership (16+). 

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© Takahama / Boilet. © Casterman 2003 pour l’édition française. © 2004 Ponent Mon / Fanfare for the English edition.

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Monnaies anciennes 20

Les femmes romaines (4)

Herennia Etruscilla 

Herennia Etruscilla, dont je n’ai qu’une seule pièce de monnaie, était l’épouse de Trajan Decius (possiblement marié vers 230), qui règna de l’automne 249 à juin 251, pendant l’anarchie militaire qui suivi la dynastie des Sévères. Les sources sont pauvres à cette époque et on connait donc peut de choses d’elle. Elle serait d’une vieille famille sénatoriale italienne (possiblement d’une origine étrusque). Elle reçoit le titre d’Augusta lors de l’accession au pouvoir de son époux en 249. Elle a participé au pouvoir puisqu’elle gérait les affaires de l’Empire durant les campagnes militaires de Decius (et même, plus tard, comme régente d’Hostilianus). Son fils Herennius Etruscus fut très brièvement co-empereur (en mai et juin 251) aux côtés de son père mais tous les deux meurent durant la bataille d’Abrittus, alors qu’ils défendaient la frontière danubienne contre des envahisseurs Goths. Le gouverneur de Mésie, Trebonianus Gallus, est proclamé empereur par les troupes et succède à Decius. Elle leur survit et continue même d’être associé au pouvoir puisque son second fils, Hostilianus qui n’a que treize ans, est fait co-empereur de Trebonianus Gallus et que sa fille aurait possiblement été mariée au fils de Trebonianus, Volusianus. Etruscilla serait peut-être morte de la peste qui a aussi emporté Hostilianus en novembre 251 — quoiqu’il en soit, elle sombre dans l’obscurité après cette date. Elle demeure néanmoins un bon exemple de femmes romaines fortes qui ont joué un rôle politique.

Cet assez beau antoninianus (billon, 20 mm, 3.128 g, acheté à Paris le 1986/02/07 pour 80 FF) nous offre sur l’avers un buste diademé et drapé d’Etruscilla (les cheveux disposés horizontalement en vagues), regardant vers la droite et reposant sur un croissant, avec l’inscription HER[ENNIA] ETRVSCILLA AVG[VSTA]. On distingue un possible point dessous le buste. Sur le revers on retrouve une Pudicitia (représentant la pudeur et la modestie) debout de face, regardant à gauche, levant un voile de son visage avec la main droite et tenant de travers un long sceptre de la main gauche, avec l’inscription PVDICITIA AVG[USTAE]. Rien dans l’inscription, le portrait de l’avers ou le type du revers n’indique une datation précise. On doit donc se contenter de la dater entre 249 et 251 EC.

Les pièces d’Etruscilla comportent deux types de coiffures: le type (a), dont c’est le cas ici, où les cheveux sont disposés horizontalement en vagues (de façon similaire à ses prédécesseurs, Tranquillina (épouse de Gordianus) et Otacilia Severa (épouse de Philippus)), et le type (b) où les cheveux sont lisses et portés à l’arrière de la tête en une tresse. Les spécialistes ne s’entendent pas sur lequel de ces styles serait le plus ancien, mais j’aurais tendance à croire que c’est le type (a)…

Les pièces d’Etruscilla ont été frappé à trois ateliers (officines): Rome, Antioche et, quoique très rare, Mediolanum (Milan). Le type de revers avec Pudicitia aurait été frappé tant à Rome qu’à Antioche mais, si la frappe de Rome semble plus fréquente, la possible présence d’une marque de contrôle (a.k.a. Notae Monetales ou “mint marks”) de l’officine d’Antioche (le point dessous le buste) pourrait suggérer que la pièce ait été frappé à Antioche (quoique le RIC ne référence des Pudicitia frappées à Antioche seulement qu’avec le type de Pudicitia assise).

Cette pièce est le premier exemple d’antoninianus que je vous présente. C’est une dénomination monétaire de l’Empire Romain du IIIe siècle qui a été créé par Caracalla en 215. Il était théoriquement en argent et avait la valeur de deux deniers, mais il a rapidement connu une forte dévaluation alors qu’il était frappé en billon, un alliage moitié-moitié argent et cuivre. Le pourcentage d’argent de l’alliage (aloi ou titre en argent) diminue encore par la suite: sous Decius on estime qu’il était environ de 35% à 40% mais tombe à 10% sous Gallienus (en 260) et même dessous 3% sous Claudius Gothicus (268). Le titre en argent conserve toutefois un pourcentage raisonnable plus longtemps (jusqu’en 265) dans l’Empire des Gaules, qui avait accès à plusieurs mines d’argent.

Sources: Wikipedia, Sear RCV (1983): 2630, RIC IV Part 3: 58b, Sear RCV [M. Ed.]: 9494, C 17, CoinArchives, CoinArchives, CoinProject, Wildwinds, vcoins, vcoins, cointalk, numiscmatics, coincommunity, acsearch, deamoneta, ERIC, FAC (Etruscilla, Antioch officinae, PUDICITIA AVG, Pudicitia). Voir aussi ma fiche.

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Images du mer-fleuri [002.021. 006]

Hypericum perforatum

[ Nikon D3300, Jardin botanique, 2018/06/26 ]

Le Millepertuis officinal (appelé St John’s wort en anglais) est une espèce de plante herbacée vivace à fleurs de l’ordre des Theales, de la famille des Clusiaceae, et du genre Hypericum (qui regroupe environ quatre cents espèce de millepertuis). Il est caractérisé par ses fleurs jaunes à cinq pétales qui possèdent de nombreuses étamines. Ses propriétés médicinales sont connue depuis longue date. Sous la forme d’une huile rouge (macération des fleurs au soleil dans de l’huile d’olive produisant le pigment hypéricine) il a des effets anti-inflammatoires, cicatrisants et analgésiques — mais peut aussi créer une photosensibilisation. Sèchée, il a des propriétés antidepressantes (les anciens l’auraient surnommée le “chasse-démons”). Toutefois, tout comme le pamplemousse ou l’ail, il peut interagir avec de nombreux médicaments (hydrocortisone, anticoagulants, contraceptifs, immunosuppresseurs, etc.) et en diminuer les effets. Il peut aussi accentuer certains problèmes cardiaques (palpitation, arythmie). (Source: Wikipedia)

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Reality check

We are all quite happy to have turned a new page into 2021. However, to be frank, the first half of 2021 will certainly be as bad as 2020. So don’t expect an overnight miracle! It will surely get worse before it gets better… Trump will still be in power until the third week of January and who knows what kind of horrors he can still come up with, we will soon experience a post-holiday jump in the number of COVID-19 cases, the new variants will spread more and more, we will still have to follow the sanitary measures (masks, distanciation, etc.) for a while and the vaccines will not start having any effect on the pandemic until spring, if not early summer. So, please be patient. Our sanity and decency will eventually be restored, hopefully before the end of the year.

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Terre errante (Liu Cixin)

TerreErrante-cov“Je n’avais jamais vu la nuit. Je n’avais jamais vu les étoiles. Je n’avais jamais vu le printemps, ni l’automne, ni l’hiver. Je suis né à la fin de l’Ère du freinage. La Terre venait tout juste d’arrêter de tourner.”

Lorsque les astrophysiciens découvrent que la conversion de l’hydrogène en hélium s’est accélérée à l’intérieur du Soleil, ils comprennent que notre étoile est sur le point de se transformer en une géante rouge qui absorbera de manière inéluctable la Terre. Pour contrer cette extinction programmée de l’humanité, les nations se regroupent pour mettre en branle un projet d’une ambition folle : élaborer des moteurs gigantesques afin de transformer la planète bleue en véritable vaisseau spatial et de l’emmener à la recherche d’une nouvelle étoile…

Dans cette novella écrite en 2000, Liu Cixin manifeste déjà tout le talent que l’on retrouvera à l’œuvre dans la trilogie du Problème à trois corps. Disponible sur Netflix sous le titre The Wandering Earth, l’adaptation cinématographique qui en fut tirée en 2019 se hissa au troisième rang du box-office mondial.

[Texte du site de l’éditeur; voir aussi la couverture arrière]

>> Attention, lire l’avertissement de possible divulgacheurs <<

Vers la moitié du vingtième siècle les scientifiques découvrent que le soleil va se transformer beaucoup plus tôt que prévu en géante rouge, ce qui anéantira la Terre. Deux solutions s’opposent: le clan des Vaisseaux (qui propose de construire une armada de vaisseaux pour que l’humanité quitte le système solaire en laissant le Terre derrière elle) et le clan de la Terre (qui propose de transformer la planète en un énorme vaisseau). C’est ce dernier qui l’a emporté. Une coalition planétaire a été créée afin de coordonner les efforts de cette entreprise gigantesque. Il a fallut près de quatre-cent ans pour se préparer: construire douze mille propulseurs géants en Amérique du Nord et en Asie, puis éloigner la Lune de son orbite. L’opération devait se réaliser en cinq étapes. D’abord l’ère du freinage: les propulseurs ont été actionné en angle pour arrêter la rotation de la Terre, ce qui a pris quarante-deux ans. Cela a eut des conséquences dévastatrices puisque la chaleur des propulseurs changea les climats, causant des tempêtes, et l’arrêt de la rotation causa des raz de marée qui força l’humanité à habiter des cités souterraines — de toute façon l’éloignement du soleil transformerait la planète en un désert de glace. 

Puis vain l’ère de la fuite: la Terre ferait une quinzaines d’orbites, de plus en plus elliptiques, puis utiliserait la gravité de Jupiter pour accélérer jusqu’à atteindre la vitesse de libération qui lui permettrait de quitter le système solaire. C’est le moment le plus dangereux de l’opération particulièrement quand la planète passait en périhélie (au plus proche du soleil), lorsqu’elle traversait la ceinture d’astéroïdes, puis devait manœuvrer précisément pour échapper à la gravité de Jupiter. La crainte était surtout que le soleil n’explose avant que la Terre se soit suffisamment éloignée… Puis viendrait la Première ère de l’errance alors que la Terre sortirait du système solaire et accélèrerait pendant cinq-cent ans, atteignant une vitesse de 0.5% de la vitesse de la lumière, pour ensuite voguer en direction de son objectif pendant mille-trois cents ans. Puis ce serait la Seconde ère de l’errance, où la Terre se retournerait pour décélérer pendant cinq cents ans. Finalement, ce serait l’ère néosolaire, lorsque la Terre s’insèrerait dans l’orbite de Proxima Centauri. L’opération durerait une centaine de générations, soit deux mille cinq cents ans… Toutefois, alors que la Terre commençait à peine à accélérer, le soleil n’avait toujours pas explosé et la populace crue avoir été dupée et se révolta. Heureusement, l’explosion se produisit juste à temps pour empêcher l’irréparable…

La narration se fait au travers d’un seul personnage, un jeune chinois né à la fin de l’ère du freinage et qui est donc déjà assez âgé à la fin du récit alors que débute l’ère de l’errance. Le récit est fluide et captivant, les explications scientifiques étant claires mais suffisamment simple pour ne pas embêter le lecteur. Toutefois, c’est le genre de récit qui demande un sérieux effort de suspension de l’incrédulité car, si tout cela est scientifiquement possible, c’est tout de même assez invraisemblable… La seule chose qui m’a réellement agacé dans cette histoire c’est que, si l’auteur prend la peine d’expliquer que les propulseurs sont “nourrit” des rochers extraits des montagnes environnantes et que les humains se réfugient dans des cités souterraines, il n’explique aucunement ce qui est fait pour préserver la faune et la flore afin de repeupler la planète à la fin de son errance. C’est une grosse lacune.

Terre errante (流浪地球 / liúlàng dìqiú — originalement publié en mai 2019 dans le magazine Monde de la Science Fiction [科幻世界]) nous offre une courte lecture (c’est une novella) qui se lit fort bien. C’est aussi un excellent exemple de la littérature de science-fiction chinoise — quoique Liu Cixin reste encore l’un des rares auteurs chinois de SF a être traduit en anglais et en français [sur ce sujet voir La Presse, Slate, Res Futurae, Open Edition, Le petit journal]. Terre errante a reçu un “Galaxy”( prix chinois de la SF) en 2000. Liu Cixin a reçu le prix Hugo du meilleur roman en 2015, pour Le Problème à trois corps.

Terre errante, par Liu Cixin (traduction par Gwennaël GAFFRIC). Arles: Actes Sud, janvier 2020. 80 p., 10 x 19 cm, 9.00 € / $C 10.99. ISBN 978-2-330-13053-4. Pour lectorat jeune adulte (16+). stars-3-5

Vous trouverez plus d’information sur les sites suivants:

[ AmazonGoodreadsGoogleNelliganWikipediaWorldCat ]

© Liu Cixin (Ltd), 2000. © Actes Sud / FT Culture (Pékin) Co. & Chongqing Publishing & Media Co., Ltd, 2020 pour la traduction française.

WanderingEarth-movieCe court roman a également été adapté en un film chinois à grand déploiement que je me dois de mentionner ici. Malheureusement, le film s’est surtout inspiré de l’idée de base (à cause de l’explosion imminente du soleil, la Terre est transformée en vaisseau spatial) et offre un récit très différent de la novella. Ce n’est pas le même narrateur et l’aspect dramatique du récit tourne autour du fait que les scientifiques se sont trompé et que le Terre est capturée par la gravité de Jupiter, la mettant sur une trajectoire de collision destructrice. Les effets de la gravité causent l’arrêt des propulseurs et le jeune héros malgré lui doit aider un groupe disparate de militaires et de scientifiques à les repartir. Ce sera toutefois insuffisant et seulement un acte désespéré tout à fait invraisemblable sauvera la planète ! Sans être bien original, cela reste un film très divertissant mais qui est intéressant surtout parce qu’il démontre tout le progrès que le cinéma chinois a accompli ces dernières années.

The Wandering Earth (流浪地球 / liúlàng dìqiú / Terre errante): Chine, 2019, 125 min.; Dir.: Frant Gwo; Scr.: Gong Ge’er, Yan Dongxu, Frant Gwo, Ye Junce, Yang Zhixue, Wu Yi et Ye Ruchang; Phot.: Michael Liu; Ed.: Cheung Ka-fai; Mus.: Roc Chen, Liu Tao; Prod.: Gong Ge’er; Cast: Wu Jing, Qu Chuxiao, Li Guangjie, Ng Man-tat, Zhao Jinmai. Disponible sur Netflix. stars-2-5

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