The Garden of Words

GardenOfWords-dvd-cov“When Takao, a young high school student who dreams of becoming a shoe designer, decides to skip school one day in favour of sketching in a rainy garden, he has no idea how much his life will change when he encounters Yukino. Older, but perhaps not as much wiser, she seems adrift in the world. Despite the difference in their ages, they strike up an unusual relationship that unexpectedly continues and evolves, without planning, with random meetings that always occur in the same garden on each rainy day. But the rainy season is coming to a close, and there are so many things still left unsaid and undone between them. Will there be time left for Takao to put his feelings into actions and words? Between the raindrops, between the calms in the storm, what will blossom in the garden of words?”

[Text from the dvd cover]

>> Please, read the warning for possible spoilers <<

In an ode to the rain, Makoto Shinkai is offering us an exquisitely beautiful anime telling the story of the infatuation of a teenager for a woman nearly twice his age. Together, somehow, they will find a way — in their innocent and platonic relationship — to heal each other of their sentiments of alienation and doubt that is plaguing them. At the beginning of his life, he is uncertain of the path to follow. She is a young teacher bullied by her students to the point of having health problems. 

They are brought together in a park by the rain and by poetry. In the beginning, Yukari recite a Waka / Tanka from Man’yōshū (Book 11, verse 2,513): “A faint clap of thunder / Clouded skies /  Perhaps rain comes / If so, will you stay here with me?” Later, finally understanding was she said, Takao respond with the following verse (Book 11, verse 2,514): “A faint clap of thunder / Even if rain comes not / I will stay here / Together with you”…

It is impossible not to like a Makoto Shinkai movie. Beside a storytelling that is cute, nostalgic, thoughtful and poetic, we finds nice music and, above all, superb CG animation. The background art is so realistic that, in contrast, the standard animation of the character seems a little odd. It is a short movie but all the more excellent. Highly recommended.

The anime was adapted into a manga (illustrated by Midori Motohashi) serialized in Monthly Afternoon (June-December 2013) and published in Japan as a single volume by Kodansha, in English by Vertical (Oct. 2014, 220 pages, $12.95, ISBN 978-1-939130-83-9) and in French by Kazé (Déc. 2014, 208 pages, ISBN 978-2-82031-879-4). It was also adapted into a light novel serialized in Da Vinci (September 2013 – April 2014) and published in Japan by Media Factory (Kadokawa Shoten) and in France by Kazé (2014, 380 pages, ISBN 978-2-82031-880-0).

The Garden of Words (言の葉の庭 / Kotonoha no Niwa), Japan, 2013, 46 mins; Dir./Scr./Ed.: Makoto Shinkai; Char. Des.: Kenichi Tsuchiya; Art dir.: Hiroshi Takiguchi; Studio: CoMix Wave Films; Prod.: Noritaka Kawaguchi; Cast: Kana Hanazawa / Maggie Flecknoe (Yukari Yukino), Miyu Irino / Blake Shepard (Takao Akizuki), Fumi Hirano / Shelley Calene-Black (Takao’s mother), Takeshi Maeda / Crash Buist (Shōta, Takao’s brother), Yuka Terasaki / Brittney Karbowski (Rika, Shōta’s girlfriend), Suguru Inoue / Mike Yager (Matsumoto), Megumi Han / Allison Sumrall (Satō), Mikako Komatsu / Hilary Haag (Aizawa). Available on bilingual Dvd/Blu-Ray from Sentai Filmworks and currently streaming on Netflix. stars-4-0

To learn more about this title you can consult the following web sites:

[ AmazonANNGoogleIMDbNetflixWikipedia ]

Also, you can check the official trailer on Youtube:

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Capsules

Amour Heuristique (IId)

2.5 AFTERMATH

Pour oublier: le travail dès que possible
Ce sont les nuits qui sont les plus pénibles
Sa présence était comme une drogue dans mon sang
Me désintoxiquer des souvenirs réminescent
La douceur de ses lèvres, sa grande tendresse
Le goût de sa sève, ses promptes caresses
Mais surtout sa sollicitude à l’égard de ma détresse

Mon destin s’est accompli et la vie doit suivre son cours
Je suis éveillé, je ne suis plus aveugle, ni sourd
J’ai besoin d’action, de présences, plus qu’avant
Et maintenant seule l’obscurité me terrifie horriblement

Jamais je n’oublierai…
Nos destins se sont rencontré…
Elle m’a grandi, a illuminé mon obscurité…
Elle est toujours là, j’espère au moins son amitié…
Et avec équilibre, espoir de continuité…

Necesito un guia
Usted es muy hermosa
Usted me gusta muchisimo
Yo te quiero

Mucha gracias por su atension, dispenseme…
Cuendo puedo volver a verle?

1988-12-10

2.6 AFTERTHOUGHT

Mais ce ne sont là que des mots, des évidences
Qui sont, quant tout est fini, bien vide de sens
Quel est le poids des impressions anarchiques
Véhiculés par des clichés pathétiques
Devant ce qui fut si magique ?

1988-12-17
Le rêveur gris
Morwajal

Note: Voici les deux derniers morceaux de ce long poème sur ce qu’un bref idylle m’a appris de la vie. Comme toujours il s’agit de vers éclectiques, sans formes précises, ni métrique. Vous noterez deux brèves strophes en espagnol (nous nous échangions parfois de petits billets dans la langue de Cervantes) [pour la traduction demandez à Mr. Google!]… Voir les parties un (IIa: 2.1-2.2), deux (IIb: 2.3) et trois (IIc: 2.4) de cet ensemble. Le poète du dimanche n’en a pas encore fini puisque j’ai toujours dans mon sac quelques fragments épars.

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Amour Heuristique (IIc)

2.4 THE VOID

Je croyais conserver l’affection intime de ma belle
Mais elle n’était pas prête, c’était trop exiger d’elle
Le rideau tombait sur l’acte final, tout était fini
La réalité est vraiment une planche pourrie

J’ai tant pleuré alors, que me reste-t-il, qu’ai-je fait ?
J’avais tant besoin d’elle, rien n’avais plus de sens
Pendant quelques jours j’ai comme été en transe
Il me fallait me reprendre, tirer un trait

J’ai fait le bilan. De l’amour? Je la connaissais si peu
Comment ai-je pu espérer réduire cet amour, le limiter ?
Le cacher au fonds de mon coeur, l’oublier dans un creux ?
Je me suis déçu moi-même. N’avais-je rien appris à aimer ?

J’aurais voulu pouvoir lui crier ma haine
Pour faire le vide, et oublier ma peine
Mais je l’aimais encore et trop fort
Seule la litanie contre la peur m’offrait un réconfort

1988-12-09
Le rêveur gris
Morwajal

Note: Quatrième partie d’un long poème consacré à une expérience amoureuse. Encore une fois, il s’agit de quatre quatrains hétérométriques qui riment mais pas selon un schéma constant (AABB ABBA ABAB AABB)… On note une référence à Philip K. Dick ainsi qu’à la série de romans Dune de Frank Herbert. Intéressant. Voir les deux premières parties (IIa: 2.1-2.2) et la troisième partie (IIb: 2.3). À suivre…

Blogging at the time of Corona

 

Corona_Banner

I am now on indefinite leave
It would feel like staycation
If it was not for this doomsday vibes

The coronavirus (COVID-19) unleashed itself on an unprepared world. Now, we are all in self-confinement to create the social distancing necessary to slow down the onslaught. Therefore the library is closed. We worked for about a week without the public (it was quite fun), but now they have sent us back home (with pay!). I am glad because I was worried that travelling everyday on the bus and the subway would put my family at risk (one of my siblings is immunosuppressed). The governments (both federal, provincial and municipal) asked us to stay home, so we do. I don’t know how long it will last; it might be anything from two weeks to two months. 

I will take advantage of that time to catch up on my reading and movie viewing, do a little clean-up in the house and maybe (if it last for a while) start gardening. I will definitively blog more during this period, mostly to post my reading or viewing comments but also to try to entertain you with bits of knowledge and wisdom. I have already post a list of activities everyone can do during this confinement period.

Hopefully everything will be well. In the meantime, please stay all safe.

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Amour Heuristique (IIb)

2.3 FEW THOUGHTS AT NIGHT

Amour et raison ne s’entendent pas
Les règles du jeu était simple, et nous n’étions pas las
Mais je savais que la douleur viendrait au bout du compte
Je devais agir, tout dire, pour éviter la honte

Je me suis emporté, je n’avais rien connu de tel
J’ai été hors-jeu, j’avais de l’amour pour elle
Tout perdre, son affection, telle était ma peur
Mais la mortelle morsure libérerait mon coeur

J’ai sonné la cruelle retraite
Je devais chercher l’oubli, en pure perte
J’ai fait le bilan, j’avais tant appris
Je devais rester éveiller, conserver l’acquis

J’avais ouvert mon coeur et éviter le pire
Je devais vivre avec et si possible en rire
Secoué aux tréfonds de mon âme pour avoir dit “j’AIME”
Tellement changé que jamais plus je ne serais le même

1988-12-06
Le rêveur gris
Morwajal

Note: Troisième partie de cette série chroniquant une brève mais très intense expérience amoureuse. Quatre quatrains hétérométriques mais qui riment cette fois (tous en AABB). L’ensemble (en six parties — voir partie IIa) écrit en un peu plus deux semaines. Intéressant. À suivre…

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Amour Heuristique (IIa)

(2.1) TSUNAMI SOUL

Une glace épaisse enfermait l’océan de mon coeur
Malgré la brise une tempête ravageait ma torpeur
Des vagues énormes secouaient mon essence
Des tourbillons immenses sapaient mon univers rance
La rage de mon impuissance obnubilait toute connaissance

1988-11-28

(2.2) ENCOUNTER IN DARKNESS

Alors que mon obscurité était ainsi ravagée
Je connu cette expérience inusité
Une petite lumière à la recherche d’une présence
M’appris comment embraser mon essence

En ces quelques petites journées
J’en découvris plus sur l’humanité
Que durant les vingt dernières années
Affection, sollicitude, tout n’était pas vain
Je devins subitement plus humain

1988-12-01
Le rêveur gris
Morwajal

Note: Quand on aime on vit! Une autre série de poèmes en forme libre trouvée profondément dans mes cahiers de notes… d’il y a trente-deux ans! À suivre…

When we love we live! Another series of free form poetry found deep in my notebooks… from thirty-two years ago! To be continued…

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Pluie Printanière

Il tombe une pluie printanière
Qui lave les derniers vestiges de l’hiver
La pluie chaude tombe sur mon visage
Et se mêle tendrement à mes larmes

Car tu es si loin — je me languis de toi
Ma bien aimée qui s’en est allé au loin
Avant que nous puissions resserrer
Les liens de notre si bel amour

Mais nos chaud baisers épistolaires
Ont vaillamment maintenu le feu sacré
De notre bel amour — et nos coeurs
N’ont pas cessé de battre de concert

Malgré que tu soit si loin de moi
Ces larmes mêlés de pluie sont de joie
J’exulte car ce sera bientôt l’été
Et nous serons à nouveau unis

Nous marcherons sous la pluie
Cette pluie chaude de l’été
Et il s’y se mêlera nos larmes
Les larmes de notre bonheur!

Clodjee
Morwajal
001.996.119

Note: Mis à part quelques haïku ici et là, ceci est l’un des derniers poèmes que j’ai écrit. Et cela fait plus de vingt ans déjà. Je pense bien essayer de m’y remettre si j’ai encore le feu sacré en moi. Ce dernier hallali me semble un peu faible: cinq quatrains sans rimes et hétérométrique… Hélas, la poésie nait de l’oisiveté et du désespoir. Les gens trop occupé et heureux n’écrivent pas de vers. Le poète du dimanche reviendra-t-il? C’est ce qu’on verra…

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Haïku to end February

Knowledge is key to everything —
It opens the doors to a harmonious life
And to the understanding of the universe

Η γνώση είναι το κλειδί για τα πάντα
Ανοίγει τις πόρτες σε μια αρμονική ζωή
Και στην κατανόηση του σύμπαντος

Quae clavis est scientia
Qui dilatat viam ad concordiam
Et universe intellectum de

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Floraison Printanière

Le printemps est un si beau mois
La douce nature partout se réveille
Des fleurs éclosent, et même en moi
Quelque chose d’étrange s’éveille

Une plante pousse dans mon coeur
Se nourris de mon âme, O! douleur
Car tu n’es pas là pour l’arroser
Et de ta tendre voix la réconforter

Le ciel est bleu mais si terne sans toi
Le soleil brille mais j’ai encore froid
Ma fleur est d’une beauté inimaginable
Qui m’est de jour en jour insupportable

Puisse-tu bientôt en ces lieux revenir
Pour entre tes mains la cueillir
Et ainsi mettre fin à ce tourment
Qu’est maintenant devenu le printemps

Clodjee
Morwajal
001.996.074

Note: Un autre poème sur les affres d’une relation longue distance… Il a une forme assez standard de quatre quatrains, hétérométrique (entre huit et douze syllabes), avec des rimes principalement masculines et sur un schéma AABB (sauf pour le premier quatrain qui est en ABAB). C’est un peu fleur bleue et cliché. Je sens que dès lors mon inspiration commençait à s’étioler… Le poète du dimanche sera-t-il bientôt à court de matériel ?

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Métamorphose Florale

Viens, ma douce, ma bien-aimée
Quittons nos kimonos chaleureux
Pour nous baigner des rayons radieux
De nos brulants regards enchevêtrés

Dans l’ombre vacillante des lanternes
Sur des rites millénaires on se prosterne
Toi, tu es celle qui embrasse le démon
Et moi, je suis celui qui mange le lotus

Nos voix s’élèvent à l’unisson
Pour chanter l’hymne à Vénus
D’abord, ma divine offrande je dépose

Puis tu me tend une sublime fleur close
Entre mes doigts ses fragiles pétales éclosent
Et enfin notre bonheur éclate en apothéose!

clodjee
Morwajal
001.996.042

Note: Un sonnet toujours plus coquin. À partir de cette année là j’ai presque toujours noté les dates en format GIST (Galactic Imperial Standard Timeline).

Amour en hiver

Je m’éveille dans le matin d’hiver
Et, craignant la froide morsure de l’air
Sous la couverture j’écoute la radio
Me languissant pour ton corps chaud

Je te sais si loin de cette froidure
Sous une latitude pleine de verdure
A ce moment tu penses à moi peut-être
A notre amour qui vit malgré les kilomètres

Je secoue quelques lambeaux de rêves
Pensant à toi, je trouve courage et me lève
Car je sais que chaque nouveau jour qui passe
Me rapproche de celui où encore je t’enlace

Ici, partout, la neige recouvre le monde
De son manteau de poussières vagabondes
Un linceul blanc qui endors l’âme, tranquillise
Une chape qui enfreint le corps, immobilise

Mais mon coeur bat pour toi, me réchauffe
Il me donne l’énergie pour lutter, être sauf
Toujours continuer, sans arrêt il faut travailler
Car par ce labeur nous pourrons nous retrouver

L’hiver c’est la mort, mais je vis quand même
L’hiver c’est l’ennui, pourtant je suis bohème
L’hiver c’est stérile, malgré tout j’écris ce poème
Tout ça, tout ça, mon amour, parce que je t’aime!

Clodjee
Morwajal
001.995.348 *

Note: Après un long intervalle sans écrire de poésie (mon esprit trop préoccupé par le travail et les difficultés), un nouvel amour m’amène une fois de plus l’inspiration… Après trois ans de correspondances et de visites sporadiques, elle deviendra mon épouse… Six quatrains pour autant de vers qu’il y a d’heures dans une longue journée solitaire…

Comme toujours les vers sont hétérométriques (huit à quatorze syllables) mais on retrouve une certaine homogénéité dans le genre (presque tout les quatrains ont des rimes féminines, sauf le premier où elles sont masculines et le cinquième qui est mixte) et dans la rime (tout les quatrains sont en AABB, sauf le dernier en AAAA). Malheureusement, la rime est souvent pauvre. Un poème naïf et un tantinet coquin pour garder le moral quand le froid et la distance attriste le coeur…

* Notez que la date est donnée en format GIST (Galactic Imperial Standard Timeline), ce poème ayant été écrit le trois-cent-quarante-huitième jour, de la neuf-cent-quatre-vingt-quinzième année, du premier millénaire de l’ère commune (EC).

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The curse of the running water

For some, water is joy and cleanliness
The nice tingling sound of its droplets
The light and shadows of its stream
Its freshness that make it esteemed

But water is not always what it seems
Behind its tingling I only hear screams
Ancient people for it had great fears
For it hides spirits, demons, gods’ tears

Rivers were snakes, on the land creeping
Rain and torrents were curses of Heaven
Springs deep from the hells were gushing
And in lakes various monsters were hidden

Water is cursed for me; it has a memory
When poured on my head it tells its story
Every single one who drowned in its bosom
Willingly or fatally brought to its bottoms

All those deaths full of fear and despair
Panicking and gasping, searching for air
Have left in water an invisible impression
The souvenirs of their eternal damnation

I feel in their scream a great tragedy
This is the taste of the lacrima mundi
I can hear it everytime in the shower
This is the curse of the running water

Sejanus
Morwajal
1993-07-13/10-06

[ Traduire ]

Note: Again a poem in the form of six quatrains, with rather weak rhymes (this time mostly in the scheme AABB save for the third quatrain which follows ABAB). The stanzas look almost isometric but, in fact, they’re not (it’s heterometric, of course, with a metrical length varying from eight to thirteen syllables, averaging at eleven syllables).

Have you ever wondered what’s hidden in the white noise made by the off channel TV or by running water ?

Viol funèbre

La mort est mon amante de toujours
De longue date je l’ai courtisée
Et jamais elle ne s’est offerte à moi

Elle aussi a refusé mon amour
Mes avances, désirs, professions de foi
Auront donc tous été repoussés

Est-ce la décence ou une peur retorse
Qui m’empêche de la prendre de force ?

Séjanus
Morwajal
1991-08-06
1992-08-13

Note: Pour ceux qui ont de la difficulté à lire entre les lignes, je tiens d’emblée à préciser (avant que tout le “me too” me tombe dessus) que, malgré le titre, ceci est un poème sur le suicide ! Juste pour être clair. J’y ai souvent pensé mais ai toujours résisté. Au bout du compte, pourquoi forcer les choses? Elle viendra bien assez vite…

Toutefois, quand on est jeune, la mort peut avoir une attraction romantique. On se décourage pour un rien et le moindre obstacle ou contre-temps est source de désespoir. On sent que la mort nous appel et quand elle ne vient pas on voudrait “la prendre de force”… Heureusement, cela fini par passer… Cela aide d’en parler ou d’épancher nos émotions sur le papier.

Je me suis d’ailleurs fait la réflexion, un soir sous la douche, que plus je vieillis et moins j’y pense. L’expérience de la vie nous rends plus apte à affronter les défis et les revers de la vie (“les frondes et les flèches de la Fortune outrageante”, comme disait Shakespeare). On acquiert un peu une attitude “je-m’en-foutiste” et on réalise qu’il n’y a vraiment rien de romantique dans la mort. On deviens aussi de plus en plus conscient du peu de temps qu’il nous reste, qu’il suffit de pas grand chose pour que tout finisse subitement et on réalise l’énormité des choses que l’on voudrait encore accomplir avant qu’elle ne vienne. Alors, non, je ne perd plus beaucoup de temps a y penser… Mais cela reste une source d’inspiration.

Comme d’habitude ce poème ne respecte aucune forme: il s’agit de deux tercets et d’un distique, dont les vers sont  hétérométrique (10/10/11 10/12/9 11/10) mais rimés (abc acb dd — sans toutefois n’avoir de genre structuré: M/F/M M/M/M F/F).

C’est néanmoins un poème que j’aime beaucoup.

[ Translate ]

Let me out of here!

I’m crying because I’m alone
My heart is cast of stone
If I feel other lights in the Realm
It seems that I can’t reach them

Let me out of here!

Everything is cold and mute
I’m a prisoner in a jail of flesh
I will escape, I’m resolute
I will be the new Gilgamesh

Let me out of here!

I knocking my bloody fist
Against the wall of my humanity
I want to go, cease to exist
Escape from all this insanity

Let me out of here!

As ever nothing is totally free
Sometime the price of freedom
Is another kind of captivity
So who want of this kingdom?

Let me out of here!

No, the universe is not perpetual partying
But a gaping hole where we keep falling
Fear the day when we’ll hit the ground
‘Cause the Styx’ freezin’ water will touch our crowns

Let me out of here!

Yes, I go around alone in society
‘Cause I hate the disembodied presence
Of this awkward and unsightly humanity
Only in suffering there’s less repugnance

Obsecro, libera me!

Séjanus
Morwajal
1991-07-17/10-09
1993-07-13/10-06
2019-12-23

Note: This poem doesn’t respect any traditional form as it is made of six quatrains (stanza of four lines) with loose or poor rhymes (predominantly crossed, ABAB). As usual for me, it is heterometric (the metrical length varying from six to twelve syllables with an average of nine).

It explains the feeling we can find in the expression “please stop the planet ‘cause I want to get off” ! I felt cramped and trapped in this physical form and I wanted to be more (by killing myself?) or I felt dead and I wanted to really live? I felt lonely and disappointed in my fellow humans… 

I was not satisfied with this poem and I reworked it several time, adding a few more stanza. The last two were added in French and it felt awkward to have a bilingual poem, so (luckily) I succeeded to translate them while somehow preserving the rhyming (although it still sounds better in French, see bellow). I also added the last line in latin (please, free me!). [2020/01/08]

[ Traduire ]

(…)

Non, l’univers n’est pas une perpétuelle fête
Mais un trou béant où nous tombons sans cesse
Craignez le jour où nous toucherons le fond
Car alors l’eau glacée du Styx touchera nos têtes

Laissez-moi sortir d’ici!

Oui, Je vais seul de par le monde
Car je hais la compagnie désincarnée
De cette disgracieuse humanité
Et seul, la souffrance est moins immonde

Laissez-moi sortir d’ici!

Voeux

O ! Gracile papillon stellaire
Ne soyez pas éphémère
Je ne désire pas que vous périssiez
Au contraire je veux que vous demeuriez
Que votre perfection, votre beauté, témoigne du passé.

Croyez-moi, il n’était pas dans mon intention de vous blessez
Si je vous retire mon amitié, c’est qu’elle m’était insupportable
Qui sait si dans l’avenir je n’en serais pas à nouveau capable
Il me faut juste guérir un peu, fortifier, oublier, apprendre la solitude
Je ne crains pas pour vous: des amitié vous en avez une multitude

Ne vous privez pas pour moi et ne dérobez pas aux autres votre charme
C’est à moi seul de subir les conséquences de mon drame
C’est si difficile: une partie de moi sanglote de regret à votre souvenirs
L’autre essaie d’être forte: l’espérance aurait rendu la douleur pire
Mais je pense encore souvent à vous; en moi aussi c’est la guerre

Sur ce, belle ange, soyez heureuse et bon anniversaire !

Morwajal
1991-01-22

Note: Charmant petit poème écrit pour une carte d’anniversaire et dédicacé “Pour Z.” Signé encore Séjanus, il ne respecte aucune forme poétique et utilise des rimes simples et pauvres. Il offre un complément (en français, mais toujours aussi embarrassant) à “My heart is not a spark plug”. Cute, mais sans plus.

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My heart is not a spark plug

My heart is not a spark plug

That I can turn off at will
Your voice is still making me chill
But am I for you just a lost dog?

My heart is not a spark plug

I’m loving you and you don’t care
I’m mad because it’s not fair
Nothing will do and that’s the bug

My heart is not a spark plug

For you I’ll try everything
You are so fascinating
At my heart-string I feel a tug

My heart is not a spark plug

You’re beautiful like a star
Such grace but you’re too far
More than those girls in Vogue

My heart is not a spark plug

I know you will never love me
You know, a friend I cannot be
Don’t give my memory a jog

My heart is not a spark plug

You treat me like a pervert monk
I’m old, stupid and drunk
I’m a short, ugly and fat slug

My heart is not a spark plug

Each time I see you it hurts
Why do you wear that short skirt
I try to forget you in a liquid drug

My heart is not a spark plug

You always make it worse
When you do it in purpose
In my eyes there’s nothing but fog

My heart is not a spark plug

Or you’re naïve and careless
And you made my life a mess
Reducing me to a wandering rogue

My heart is not a spark plug

You play a game, you’re sensual
Tell me why you’re so cruel?
In your machination, am I only a cog?

My heart is not a spark plug

I really don’t want to get lost
But that’s the best for both of us
Please take me out of your log

My heart is not a spark plug

I can’t stop loving you
I tried but no can do
All I wanted was a least a hug

But my heart is not a spark plug.

Morwajal
1990-11-20

Note: A few months later, another infatuation and another heartache… Ah, the beauty of youth! It is signed again Sejanus and, this time, dedicated “To Z.” This poem does’t follow any form, but it rhymes (sometimes in a quite lazy way) and could also probably be the lyrics of some song. There would be no poetry if everyone was happy all the time! It is almost funny… However, even if the memory is hurtful (some great moments, an embarrassing puppy love and some dark times) I like this poem.

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Derelict in a sea of corruption

As you see my soul is rotten
Lost somewhere between hell and heaven
In one of those grey areas of twilight
Between darkness and light

I fear that darkness is more fascinating
As death and corruption fills my writing
Do we find boredom only in yang’s territory?
Or is it because I enjoy being unhappy?

The evil Lord was right:
Darker is the feeling
Stronger it will be

But before my troth to you I plight
Indeed, I beseech you in believing
That there’s still something good in me

Morwajal
1990-09-15

Note: For some reason, in the late eighties, I started writing poetry in English (probably because I was reading a lot in this language and was getting more at ease with it). In this specific case, as it is dedicated “To J.”, it reminds me that at the time I was courting a young woman from Ontario. We met in Montreal, at the university, and kept corresponding for a while (after she started attending the University of Ottawa). Of course, I was writing poetry for her! She was a comic books fan so you’ll notice the Star Wars’ reference…

The poem was signed “Sejanus” (a Latin name which evoke my first name, C.J., and Janus, the roman god of beginnings and endings, therefore of transitions, of past and future). It is a sonnet which, although heterometric, has rhymes (aabb ccdd ecf ecf)…

You can read more of my poetry here

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Descendance

Et moi, mon cher ami, je vous dis
Qu’en de telles pensées parfois je croupis:
Pourquoi est-ce moi qui eut cette enfant tarée
Eusse mieux fallut que je l’eu étranglée;
Mais parfois, heureux, je la regarde trottiner
Admirant cette enfance qui n’a que trop durée…

J’ai pour cette humanité des sentiments contradictoires:
Une haine méchante doublée d’un triste espoir,
D’horrible volontés destructrices et nihilistes;
Et un doux amour fort paternaliste.

Isléaval
1983-03-04

Note: ce poème était signé “le rêveur gris” et a d’abord été écrit sous forme manuscrite à la page 155 de mon carnet de note ID-010… Sinon pas grand chose a signaler à part qu’il ne respecte aucune forme poétique précise, est hétérométrique, mais rimé… C’est plutôt moyen (certes pas l’un de mes préférés) mais tout de même amusant…

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L’Emmerdeuse

La mort…

C’est une gonzesse qui t’bute dans ton plumard
Marre, Marre
La mort, mort…

C’est ton frangin qui s’envoit dans l’métro
Pas trop, pas trop
La mort, mort…

C’est le gaz qui s’met à faire des conneries
Merci, merci
La mort, mort…

C’t’un con qui t’balance des pruneaux
Pas beau, pas beau
La mort, mort…

C’est une poufiasse qui t’flingue pour ton pognon
Des gnons, des gnons
La mort, mort…

C’est ta frangine qui r’coit une suicido
D’bien haut, bien haut
La mort, mort…

C’est ta copine qui plante sa bagnole
Pas d’bol, pas d’bol
La mort, mort

C’t’une salope qui t’suce la vie
Ah! oui! Ah! Oui!
La mort, mort

A vient t’chercher la nuit
Sans d’mander ton avis
C’t’avec elle qu’tu passe l’aut’bord
La mort !

1980-12-02
1992-03-14

Note: Voilà un premier poème inédit, écrit à l’âge de dix-huit ans. Ceci ne respecte aucune forme poétique, ou bien cela constitue des paroles à chanter sur un air populaire?! C’est humoristique mais reflète tout de même cette fascination que j’avais pour la mort à cette époque. Je l’ai retravaillé une douzaine d’années plus tard pour y incorporer des éléments de deuil plus personnels (le décès de ma soeur, la polytechnique, etc.). Lorsque j’avais une douzaine d’années, j’ai lu beaucoup de romans de San-Antonio (pour imiter mes soeurs) et j’ai développé une fascination pour l’argot parisien qui s’exprime également ici. Amusant, mais est-ce de la poésie? (J’ai mis le lien pour la traduction automatique mais, franchement, c’est plutôt intraduisible !)

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De ma poésie

Après avoir partagé sur ce blogue des extraits de mon [maintenant vieux] recueil — une douzaine de poèmes sur les vingt originalement publiés [vingt-et-un en fait avec celui de la couverture arrière] — je partage ici également la préface qui offrait un peu de perspective sur mon écriture…

Préface [à Inscriptions sur une pierre tombale icosaèdrique datant de 1986]

Ce petit recueil pseudo-poétique est un vieux rêve. Il se veut rassembler la quintessence des quelques vers ou proses poétiques que j’ai commis ces dix-sept dernières années. Il est certes incomplet puisque ce sont, d’une part, des pièces choisies et, d’autres part, parce qu’elles doivent être remises dans le contexte du reste de ma petite oeuvre prosaïque: quelques fictions, commentaires et réflexions que j’ai cru bon de coucher sur papier [pour les partager]. Je ne veux pas être considéré un auteur, ni un poète; je ne suis qu’un îlot [obscur] qui cherche la lumière…

Il peut paraître étrange que la majorité de ces vers soit morbide. Sans doute la mort m’apparaît-elle fascinante. La puissance des sentiments vient de notre propre impuissance. Pour moi, poème rime avec anathème, amor avec mort, strophe avec catastrophe, poésie avec agonie. Pourquoi les moments heureux suscitent-ils moins de vers? Lorsque l’on est heureux on se soucie peu de faire des rimes. On boit la vie à grandes gorgées. Lorsque la douleur nous étreint, on s’apitoie sur soi-même, on plonge dans l’univers de la ténébre et les plus belles perles rythmées voient alors le jour. Solitude, douleur, amour refusé, désespoir, onirisme, telles sont les clefs de mon univers. Étrangement, je ne découvre que maintenant quelle a été la puissance de mon imaginaire, ayant réussi à exprimer des sentiments vécus seulement en rêve. Ils paraissent bien fades sur le papier une fois qu’on les a vécus… J’ai été plongé dans un silence obscur pendant une longue période de ma vie. Un long sommeil. [Un long hiver.] La vie m’a giflé comme un éclair, et je m’éveille à la lumière. [Avec ce recueil,] Je fais donc une sorte de bilan, par crainte de retourner à la ténébre avant d’avoir vraiment vécu.

Pourquoi un tel titre à ce recueil? Je ne sais trop, une image vue en rêve. J’aimerais avoir un tel monument, symbole du hasard, du chaos qui a mené ma vie [1]. Une sorte de testament littéraire. De plus, je croyais que 1986 serait pour moi une sorte de point tournant: vingt-trois ans, l’année de la Grande Comète. Quelle déception!

Jeune, je signais toujours mes vers du nom de Biset, en référence au pigeon commun qui hante les rues de nos grandes villes. Une sorte d’anti-idéal de l’anonymat, de la noblesse oubliée, d’ésotérisme. Adulte, j’ai plutôt choisi Le Rêveur Gris, plus en accord avec mon style et mes influences. La grisaille du béton, le yin et le yang tout à la fois, le chaos. [Pendant un temps j’ai aussi adopté Sejanus [CJ en forme latine, incluant Janus] mais, maintenant, je signe simplement clodjee…]

Mes influences? Ce furent Lovecraft, Nelligan surtout, toutes mes lectures de fiction spéculative (dont P.K. Dick) et ce qui se trouvait là où me portaient mes pas, mes rêves… Étrangement, ce n’est que récemment que j’ai découvert en Baudelaire un maître. Ainsi, si certaines pièces appartiennent à la SF ou à la Fantasy (et même [parfois] au mainstream) la plupart ont une forte teinte de fantastique. Il est amusant de constater que la majorité des textes ont été écrits en automne, particulièrement en novembre ou en décembre. Il faut croire que c’est la saison qui m’inspire le plus, de par la puissance qu’elle dégage.

À noter également que sous les noms de lieux fantaisistes où m’est venue l’inspiration, se cachent les différentes scènes de ma vie: Isléaval, c’est ce petit archipel obscur [où j’ai vu le jour –] aux sources de la rivières Des Prairies; Daphné, c’est un petit lac en Mauricie [près du village fictif de Saint-Eloi-de-Paxton] où je médite parfois sur les joies simples de l’existence; Morwajal, c’est cette montagne-cité où je me suis maintenant établi.

La plupart de ces vers ont été [écrit entre l’âge de dix et vingt-sept ans et ont été] légèrement remaniés le six décembre mil neuf cent quatre-vingt-neuf [en préparation pour la publication — mais, pour paraphraser FDR, c’est malheureusement un jour que l’on se remémorera dans l’infamie].

Voilà, je vous ouvre mon coeur, prenez garde de vous y blesser.

To the one I loved.

Clodjee Pelletier

Morwajal
1988/12/17
1989/12/06
[2019/11/18]

InscriptionsInscriptions sur une pierre tombale icosaèdrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [BAnQWorldCat]

Extraits de douze poèmes mis en ligne dans la série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!]SabbatVision morbide en rondelL’attenteLa sentence du sonnetEn la demeure d’HadèsCar elle était mortelleExcroissanceFantôme.

[1] Dans plusieurs jeux de rôle (e.g. le d20 system de D&D), le dé à vingt côtés (un icosaèdre qu’on appel d20 dans le jargon ludique) sert à déterminer la réussite d’une action (le résultat du roulé devant être inférieur au niveau de l’habilité du personnage (force, dextérité, charisme, etc.) nécessaire pour accomplir cette action) ou la quantité de dommage infligé à l’adversaire. D’où le fait que, en plus d’être une figure géométrique fascinante, l’icosaèdre peut aussi être considéré comme un symbole de hasard et de chaos… Évidemment, l’icosaèdre a vingt côtés et le recueil comporte vingt poèmes…

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Fantôme

Fantome_(2-93)-lowres

[Illustration: Miyako Matsuda]

Mon coeur est une grande maison vide
Où j’ai vécu un bref instant de bonheur
Lui offrant mon gîte en quelques mots timides
Pour que nous partagions un peu de notre chaleur

Mais elle s’en est allé et je suis resté seul
Avec mes souvenirs sous leurs housses tristes
Cherchant son odeur imprégnée du linceul
M’enivrant de tout ce qui d’elle subsiste

Oubliant la douleur, j’ai nettoyé la demeure
Il ne reste que son fantôme, faible lueur
Qui sourit candidement à mon regard lucide
Depuis qu’elle hante cette grande maison vide

Morwajal
1989/01/17•22

InscriptionsPublié originalement (page 49) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaèdrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente • La sentence du sonnet En la demeure d’Hadès Car elle était mortelle • Excroissance

Voir aussi mes haïku

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Note : Ce poème est un triple quatrain qui s’inspire du douzet mais, encore une fois, n’en respecte pas la forme (pentamètre iambique, rime en abba cddc abcd). Dans ce cas-ci la forme est hétérométrique (10/11/11/13, 13/11/11/11, 13/13/13/13), rimée (selon abab, cdcd, bbaa) en genre croisé sauf pour les deux derniers vers (F/M/F/M, M/F/M/F, F/M/F/F).

C’est l’un de mes poèmes préférés de ce recueil (au côté de  Sabbat et de Vision morbide en rondel). Ceci termine les extraits (douze poèmes sur vingt) de Inscriptions sur une pierre tombale icosaèdrique datant de 1986. Dans les prochaines semaines, je mettrai en ligne des inédits !

Jour du souvenir

Souvenons-nous de quoi, au juste ?
Que de chair à cannon il a fallut servir…
Pour les intérêts d’un empire mourant ?

Qu’on nous avait promis que ce serait…
Une guerre pour qu’il n’y en ait plus jamais ?
Que pour les autres on meure vaillamment…
Mais refusons d’agir pour assurer l’avenir ?

Moi, j’oublierais volontiers ces temps injuste !

Morwajal
2019/11/11

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Excroissance

J’ai tant cherché la lumière
Que telle une plante de l’ombre
J’ai poussé de guingois

Mes frèles racines s’enfoncent
Désespérément dans l’humus malodorant
D’un passé ténébreux

Ma carcasse noueuse
Et mon pâle feuillage s’étirent
Dans une quête infructueuse
Vers des lendemains embrumés

J’ai ployé sous la lourdeur
De mon espoir futile
Tellement que même mon âme
Est maintenant tordue…

Isléaval
1984/11/14•19

InscriptionsPublié originalement (page 43) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente • La sentence du sonnet En la demeure d’Hadès Car elle était mortelle 

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Note : Ceci est un sonnet inversé (les tercets d’abord suivi des quatrains), complètement hétérométrique et sans rimes. Chaotique (et tordu comme son sujet), il ne respecte aucune forme (quoiqu’ il y a une prédominance de vers octosyllabique [7/8/6, 8/12/6, 6/9/8/8, 7/6/8/6] et de rimes féminines [F/F/M, F/M/M, F/F/F/M, M/F/F/F])…

Car elle était mortelle

Car_elle_etait_mortelle_(1-93)

[ Illustration par Miyako Matsuda ]

Car elle était mortelle
Et moi je rêvais de sa tendresse
Je serais descendu
Et je l’aurais cueillie

J’aurais exposé la candeur
De ses frêles pétales roses
S’ils n’étaient condamnés à se flétrir
Dès que je les eusse humés

Ô ! Douce Panthée !
Y a-t-il un monde
Où nous puissions nous rejoindre
Sans l’un et l’autre se blesser
Sur l’aiguillon cruel
De la vie immortelle
Où suinte le poison amer
De ce qui ne peut être ?

Ma tristesse est si grande
Que d’elle naît un monde cristallin
Enveloppant un océan de larmes retenues
Qui frémissent avec lenteur
Au cri de ma mélancolie
Mon désir est si vaste
Que son rift rencontre parfois l’océan
En un grondement de vapeur iridescente

Dans ma nuit éternelle
J’attendais son jour chaud et vif
Mais il ne vint pas éclairer mon récif
Car elle était mortelle…

Isléaval
1984/11/03

InscriptionsPublié originalement (page 41) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente • La sentence du sonnet En la demeure d’Hadès 

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Note: Ici, aucune forme, métrique ou rimes. Seulement un certain rythme et des images suggérées… C’est une forme de poème en prose (poésie prosaïque ?). Coïncidence étrange, ce poème a été écrit il y a trente-cinq ans, jour pour jour !

Le nom de Panthée ne fait pas référence au personnage mythologique (roi de Thèbes) ou littéraire (dans la Cyropédie de Xénophon elle est la femme d’Abradate; elle réapparait souvent chez les modernes, par exemple dans la tragédie de Tristan L’Hermite ou même dans Prometheus Unbound de Shelley, et inspire aussi le court leitmotiv de Satie). Je fais plutôt allusion à la maîtresse de Lucius Verus [1] (sur lequel je travaillais à l’époque [2]). Il l’aurait rencontré à Antioche durant la campagne contre les Parthes; elle est mentionnée par Marcus Aurelius (Pensées: VIII, 37) et Lucien de Samosate la décrit comme une femme d’une beauté exceptionnelle (dans Les portraits / Εικόνες / Imagines). Toutefois, ici, je mets surtout l’accent sur le sens grec du nom [3] pour suggérer une femme idéale, qui incarne toutes les qualités féminines…

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[1] “Lucien, également du IIe siècle, fait dire, dans ses Εικόνες, par un des personnages, que Verus est un empereur « grand, bon et aimable ». Cette œuvre curieuse célèbre la grande beauté physique et morale d’une femme, nommée Panthée, que Verus a dû connaître à Antioche et qui a peut-être été sa maîtresse. Telle que  Marc-Aurèle nous la représente dans ses Pensées (VIII, 37), pleurant Verus sur sa tombe, longtemps après sa mort, elle ne donne  point l’impression d’être une de ces femmes légères auxquelles Antioche devait sa renommée à cette époque.” [ P. Lambrechts , “L’empereur Lucius Verus. Essai de réhabilitation” in L’antiquité classique, Tome 3, fasc. 1, 1934. pp. 173-201]

[2] Étrangement, c’est ce même texte de Lambrechts, cité plus haut, qui m’a inspiré et qui me servi de base pour l’argumentaire de mon mémoire de maîtrise — sur Lucius Verus et l’image qu’en a rendue la Vita Veri de l’Histoire Auguste — sur lequel j’ai travaillé entre 1984 et 1987. C’est incroyable toute l’information que l’on retrouve sur l’internet de nos jours. Si seulement cela avait existé à l’époque !

[3] πάνθειος / pantheios : « commun à tous les dieux », qui réunit les attributs de toutes les divinités.

En la demeure d’Hadès

Où sont ces matins de printemps rieurs
Et ces après-midi calmes d’été
Où nous avions encore le temps de cueillir les fleurs
Et d’aller aux champs pour nous y amuser

Je ne vois plus que des carcasses d’arbres
Qui tendent leurs branches nues au fouet du vent
L’univers s’est figé dans la froideur du marbre
Et un désert blanc s’est substitué aux champs

C’est l’hiver éternel qui envahit mon esprit
C’est une prison de métal qui enferme mon coeur
Dans ma nuit, je rêve et je prie
Mon passé est mort et je le pleure

Mon sommeil est troublé par le poids de mes chaînes
Et mes chairs sont meurtries par une folle cadence
Je m’enveloppe d’un manteau de haine
Pour attendre que vienne ma renaissance

Isléaval
1983/12/03

InscriptionsPublié originalement (page 39) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente • La sentence du sonnet

Voir aussi mes haïku

Note: Baudelaire chérissait beaucoup la forme comportant quatre quatrains en alexandrins. Je m’en suis beaucoup inspiré, quoique je les ai presque toujours présenté de façon hétérométrique. En effet, la seule constance ici est la rime (ABAB, quoique généralement pauvre) alors que la métrique (10/10/14/11, 10/12/12/12, 13/14/8/9 et 12/13/10/11) et le genre des rimes (M/M/M/M, F/M/F/M, M/M/F/F et F/F/F/F) varient constamment ! J’ai toujours considéré qu’en poésie les règles étaient faites pour être brisées !

Note extra (2019/12/09): En me relisant, je viens de réaliser que ce poème fait allusion à la fin de l’innocence de l’enfance (le “printemps rieur”) et à la douloureuse oppression créée par le deuil (“une prison de métal”) — ma soeur ainée étant décédée (“Mon passé est mort et je le pleure”) dans un accident quelques mois plus tôt (en août).

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La sentence du sonnet

Dans la froide étincelle de septembre
La voix des irréelles Immortelles se fait entendre
Douce crécelle qui morcelle l’ennui de la noire prison
Où, dans un frisson, s’entend encore une oraison

“La perfidie de ces siècles de barbarie”, disent-elles
“A sonné le glas de leurs complices ici-bas
Que le moindre faux-pas condamnera au trépas
Ne survivront à l’utopie que les infidèles”

Par une étrange alchimie mes exhalaisons se parsèment
Dans le cimetière, irradiant une froide lumière
Au travers des cyprès où le vent chante un requiem

Et les voix des Immortelles me tirent de ma tourbière
L’incroyant s’éveille car les anges ont crevé l’abcès
Et les mortels blèmes paient enfin leurs excès

Isléaval
1982/09/23

InscriptionsPublié originalement (page 35) dans Inscriptions sur une pierre tombale icosaédrique datant de 1986, par Claude J. Pelletier. Laval: Publications Ianus, Février 1990. 54 pages. ISBN 2-9801683-1-9. Édition limitée à soixante-quinze exemplaires.  [ BAnQWorldCat ]

Série “Poésie du dimanche” : La danse du cafardDivagation sous la pluie • RideauJe veux m’évader [Et pourtant je suis libre!] • Sabbat • Vision morbide en rondel • L’attente 

Voir aussi mes haïku

Note: le sonnet est une forme poétique composée de quatorze vers divisés en deux quatrains et deux tercets qui doivent rimer selon une forme stricte (qui comporte cependant plusieurs variantes). De plus, la longueur du vers (la métrique syllabique) n’est pas fixe (en français) mais reste généralement isométrique. Comme à mon habitude, je m’inspire de la forme mais ne la respecte pas: ici mes vers n’ont aucune isométrie et suivent un schéma chaotique (AABB CDDC EFE FGG) et non une des variantes traditionnelles (sonnet pétrarquin: ABBA ABBA CDE CDE, marotique: ABBA ABBA CCD EED, Peletier: ABBA ABBA CCD EDE, ou élisabéthain: ABAB CDCD EFEF GG). Par contre la rime a souvent une résonance à l’intérieur même du vers allant parfois jusqu’à l’assonance ou l’allitération

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